Typologie linguistique

La typologie linguistique est une méthode de classification des langues en fonction de plusieurs critères grammaticaux et linguistiques et non en fonction de leurs familles génétiques. Par ailleurs, les 5 000 langues parlées dans le monde n'ont pas toutes un système différent. Des schémas communs à des langues X ou Y existent mais n'ont pas de liens génétiques ou historiques. L'observation de ces schémas permet d'établir une typologie.

Critères de classification

Plusieurs jeux de critères permettent souvent de classer les langues[1]. Les types de langues ne sont pas fermés et peuvent coexister : une langue du type flexionnel peut être aussi très synthétique, un peu flexionnelle et parfois isolante. Par exemple, le français a un ordre des mots isolant et une flexion, souvent compliquée, des verbes.

Classement morphologique

  • les types de variabilité des signifiants selon les traits grammaticaux et le mode de formation des mots>. On distingue d'abord les langues flexionnelles comme les langues indo-européennes parlées par environ 45% de l'humanité, où les radicaux sont variables (par ex. verbes être, to be, sein en allemand etc.) ; ensuite les langues agglutinantes parlées par environ 5% de l'humanité (turc, japonais, swahili, espéranto...) où , le plus souvent, les mots sont composés de mots simples (ou monèmes) invariables , enfin les langues isolantes parlées par environ 25% de l'humanité (chinois...) où les monèmes sont écrits le plus souvent isolément. On peut aussi observer un grand nombre de situations mixtes. La structure interne des langues agglutinantes et isolantes est plus facile à comprendre et à mémoriser, le nombre de monèmes ou éléments de vocabulaire étant nettement moins nombreux puisqu'ils sont généralement indépendants, invariables et combinables à l'infini.
  • Le nombre de morphèmes, les moindres unités avec un sens, par mot.

L'utilisation ou non de classificateurs

L'utilisation de l'ergatif ou de l'accusatif

L'ordre des fonctions syntaxiques (SVO, SOV, VSO, VOS, OSV ou OVS)

  • Le type VSO (SO V1), unidirectionnel, représente 15 % des langues connues : sémitiques et celtiques....
  • Le type SVO (SO V2) représente lui 36 % des langues connues (romanes, slaves, germaniques, mon-khmères...).
  • Le type SOV (SO V3), également unidirectionnel mais de sens inverse, représente 39 % des langues du globe comme le turc, le japonais, le hindi et de nombreuses langues amérindiennes et océaniennes.
  • Le type OSV ne représente que 10 % des langues, de même que les types OVS et VOS (notamment, le malgache et les langues polynésiennes et mélanésiennes).

Ensemble, les types SO représentent donc 90 % des langues connues, ce que Joseph Greenberg présente comme le premier des universaux linguistiques.

D'après Claude Hagège, dans L'Homme de parole : « cette forte inégalité de répartition entre SOV et OSV laisse supposer que le naturel de type conceptuel, en vertu duquel l'agent, moteur de l'action, est envisagé et nommé le premier, l'emporte sur le naturel de type spatial, par l'effet duquel le patient affecté peut, surtout lorsque l'action comporte un mouvement, être aperçu, comme dans l'espace visuel du sourd, avant l'agent. De fait, les trois séquences minoritaires, OSV, OVS et VOS, présentent toutes trois une succession O + S, médiate ou immédiate, et non S + O. »[2].

Présence ou absence de propositions subordonnées relatives

La parataxe concrétise les subordinations par des renvois dans une suite de phrases.

  • Une maison a brûlé hier. Elle avait été bâtie il y a quelques années. Cette année-là, Pierre et Magali étaient venus.

L' hypotaxe concrétise les subordinations par des propositions relatives.

  • La maison qui a été bâtie l'année où Pierre et Magali sont venus a brûlé hier.

La parataxe, plus fréquente dans la langue parlée, est favorisée par certaines langues.

Au contraire, certaines langues hypotaxiques, comme l'allemand, tolèrent des imbrications importantes dans une même phrase.

Pour rendre compte de ces imbrications, les grammaires formelles liées aux langues hypotaxiques recourent en général à la récursivité. Dans la phrase :

  • La maison ( qui a été bâtie l'année ( où Pierre et Magali sont venus )) a brûlé hier.

chaque proposition relative joue le rôle d'un adjectif.

Statut de langue

Le type d'utilisation qu'en font les locuteurs en tant qu'elle joue sur la structure même de la langue (langue véhiculaire, vernaculaire, liturgique, koinè, créole, sabir, pidgin, etc.)

Classement phonétique et phonologique

Nombre de phonèmes, le jeu de phonèmes employé et leurs combinaisons permises.

Phénomènes linguistiques universels

En effet, malgré l'apparente diversité des langues, on constate l'existence de traits ou de phénomènes concrets de linguistique, communs à chaque langue, les universaux. Ils ont été recensés et organisés par Greenberg en 1963 (Greenberg J., Universals of Language). Toutes les langues possèdent des éléments pour désigner le locuteur, l'interlocuteur et le monde de référence (le français a les pronoms fondamentaux je/tu/il) : ce sont des universaux fonctionnels. Chaque langue a des éléments linguistiques qui permettent de distinguer l'assertion de l'interrogation ou de l'ordre (éléments intrinsèques aux fonctionnalités du langage). Il y a aussi partout les concepts de négation et de modalisation.

Notes

  1. http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/monde/origine-langues.htm
  2. Claude Hagège, L'homme de parole, p. 229-230

Bibliographie

  • Jack Feuillet, Introduction à la typologie linguistique, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de grammaire et de linguistique » (no 19), , 716 p., 23 cm (ISBN 2-7453-1269-3 et 978-2-7453-3014-7, ISSN 1278-3889, OCLC 300511156, notice BnF no FRBNF40153083, présentation en ligne)
  • Paolo Ramat, La typologie linguistique, Paris, PUF.
  • (en) Bernard Comrie, Language universals and linguistic typology : syntax and morphology, University of Chicago Press, 1989, 2e éd., (ISBN 978-0226114330)
  • (en) Language typology and syntactic description, sous la dir. de Timothy Shopen, Cambridge University Press, 2007 (2e éd.), 3 volumes :
    • Vol.1 : Clause structure (ISBN 978-0521588577)
    • Vol.2 : Complex constructions (ISBN 978-0521588560)
    • Vol.3 : Grammatical categories and the lexicon (ISBN 978-0521588553)
  • (en) Martin Haspelmath (dir.), Matthew S. Dryer (dir.), David Gil (dir.) et Bernard Comrie (dir.), The World Atlas of Language Structures Online, Munich, Max Planck Digital Library, (ISBN 978-3-9813099-1-1)
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