Paul de Tarse

Paul de Tarse ou saint Paul ([pɔl]), portant aussi le nom juif de Saul ([sol], hébreu שאול - Šā’ûl qui signifie « demandé [à Dieu] »[1] et qui se prononce [ʃaul] en hébreu) (né probablement à Tarse en Cilicie au début du Ier siècle et mort vers 67 - 68 à Rome), est un apôtre de Jésus-Christ, tout en ne faisant pas partie des « Douze ». Il est citoyen romain de naissance et juif pharisien. Le Nouveau Testament le présente comme un persécuteur des disciples de Jésus jusqu'à sa rencontre mystique avec le Christ, vers 32-36[2], mais l'historicité de ces persécutions fait débat dans la recherche moderne, tout comme l'emploi du terme de « conversion » à son propos.

Pour les articles homonymes, voir Saint Paul.

Paul de Tarse

Statue de saint Paul dans l'église Santi Severino e Sossio, Naples (it) à Naples.
Apôtre des nations
Naissance Date inconnue (autour du début du Ier siècle)
Tarse, Cilicie, Empire romain
Décès vers 67-68 selon la plupart des historiens ; vers 64 pour la tradition chrétienne 
à Rome
Autres noms L'Apôtre des gentils
Vénéré à Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome
Fête 25 janvier (Fête de la conversion de saint Paul)
10 février (Fête du naufrage de saint Paul à Malte)
29 juin solennité de saint Pierre et saint Paul

30 juin Commémoraison de saint Paul (calendrier traditionnel)
18 novembre (Fête de la dédication des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul)

Attributs Épée (symbole de son martyre) et livre (symbole de ses écrits)
Portrait antique de saint Paul, revêtu du pallium des philosophes, IVe siècle.

Au cours des années 40, Paul fonde plusieurs Églises dans le territoire de la Turquie actuelle, et effectue un deuxième voyage missionnaire en Asie Mineure et en Grèce. Dans les années 50 et 60, tout en poursuivant sa mission itinérante, il adresse un certain nombre de lettres à ces nouvelles Églises.

Ces lettres, dites « épîtres pauliniennes », sont les documents les plus anciens du christianisme. Elles représentent l'un des fondements de la théologie chrétienne, en particulier dans le domaine de la christologie, mais aussi, d'un point de vue historique, une source majeure sur les origines du christianisme.

Biographie

L'Apôtre Paul, peinture de Rembrandt (1635).

Les sources

La biographie de Paul repose uniquement sur deux types de sources : « ses treize lettres (dont sept sont admises comme authentiques par la presque totalité des commentateurs), et les Actes des Apôtres de Luc, dont la deuxième partie est presque tout entière un récit de la vie missionnaire de Paul jusqu'à son arrivée à Rome[3] ».

Cependant, il arrive que certaines données des Actes ne se concilient pas avec les informations puisées dans les lettres. Les historiens considèrent celles-ci comme la source la plus fiable : « On sait mieux aujourd'hui que Luc, aussi bien dans son premier que dans son deuxième livre [des Actes], était d'abord un théologien du Fils de Dieu et de son Église, et que ses relations avec les « faits historiques » n'étaient pas aussi naïves qu'on le croyait[3]. »

Lieu et date de naissance

Selon les écrits de Paul lui-même, on peut savoir qu'il est issu d'une famille juive et qu'il peut tracer son ascendance généalogique à la tribu de Benjamin[4], comme on peut lire dans les passages suivants : « moi, circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d'Hébreux [...][p 1], » « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis israélite, de la postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin[p 2]. » et « Sont-ils Hébreux ? Moi aussi. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d'Abraham ? Moi aussi[p 3]. » De plus, selon Luc, il provient de Tarse en Cilicie, une région située dans la partie méridionale de l'actuelle Turquie, comme on peut le lire dans les passages suivants[5] : « Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans importance. [...][p 4] » et « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie [...][p 5] ». Selon saint Jérôme, il serait plutôt né à Giscala en Galilée et sa famille aurait été déportée à Tarse alors qu'il était encore un enfant[5],[6].

La date de naissance de Paul est inconnue, mais il est possible de déterminer qu'il est probablement venu au monde juste avant ou juste après le début du Ier siècle[7].

Études à Jérusalem

Paul aurait été instruit à un jeune âge à Jérusalem pour y apprendre la loi par Gamaliel[6]. Il le mentionne lui-même en disant : « Je suis juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui[p 5]. »

Persécutions contre les chrétiens

Paul fit preuve d'un zèle profond pour sa religion, le judaïsme enseigné selon la tradition des pharisiens, et fut un persécuteur des premiers disciples de Jésus-Christ. Selon les Actes des Apôtres, il participa à la lapidation de saint Étienne[p 6].

Conversion

La Conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas, par Luca Giordano (vers 1690).

La conversion de Paul a eu lieu entre 31 et 36[8],[9],[10]. Selon les Actes des Apôtres, celle-ci s'est produite au cours d'un voyage pour se rendre à Damas lorsque celui-ci rencontra Jésus-Christ ressuscité. En effet, ceux-ci rapportent que « [Paul] tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons[p 7]. » Paul sortit de cette rencontre profondément bouleversé et définitivement persuadé que celui qu'il persécutait était le seigneur donné par Dieu pour le salut de son peuple. Selon les Actes des Apôtres, suite à ce bouleversement, il perdit la vue pendant trois jours[p 8]. À la suite de ces trois jours, il fut baptisé au nom du Christ par Ananie de Damas lorsque ce dernier « [...] imposa [ses] mains à Saul, en disant : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint Esprit[p 9]. » Immédiatement après cela, « [...] il recouvra la vue. Il se leva, et fut baptisé[p 10]. »

Sa fonction d'apôtre est confirmée par les trois « colonnes » qui dirigent le mouvement (Jacques le Juste, saint Pierre et saint Jean) (Galates 2, 7:9) « 2.7 Au contraire, voyant que l'Évangile m'avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, 2.8 car celui qui a fait de Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des païens, 2.9 et ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d'association, afin que nous allassions, nous vers les païens, et eux vers les circoncis. 2.10 Ils nous recommandèrent seulement de nous souvenir des pauvres, ce que j'ai bien eu soin de faire », il se présente alors lui-même lors de ses voyages comme un apôtre désigné directement par le Christ, et comme le bénéficiaire de la dernière apparition de Jésus (1 Co 15,8).

Décapitation de saint Paul, peinture de Enrique Simonet, 1887 (plan rapproché).

Il fut l'apôtre qui favorisa activement, sans en être cependant l'initiateur, l'« ouverture vers les gentils » de l'Église naissante. À cette époque, l'enseignement du messie s'adressait principalement aux Juifs que l'on cherchait à convertir. Pour les premiers chrétiens, juifs d'origine, cet enseignement ne remettait pas en question la loi de Moïse. Ainsi, les incirconcis demeuraient des personnes peu fréquentables, auxquelles le message du Christ ne semblait pas destiné. Paul, à la suite de Barnabé, alla prêcher chez eux. Selon Luc, au Concile de Jérusalem, il réussit à convaincre les autres chefs des premières communautés chrétiennes que l'on pouvait être baptisé sans avoir été au préalable circoncis (Ac 21, 18), développant ainsi l'adresse universelle du message chrétien. Les tensions persistèrent avec le courant mené par Jacques (Ga 2, 11s). Paul, grand voyageur, a fondé et soutenu des Églises dans tout l'est du bassin méditerranéen, plus particulièrement en Asie Mineure. Quand il ne leur rendait pas visite personnellement, il communiquait avec eux par lettres (épîtres).

Son engagement auprès des gentils et ses convictions religieuses lui attirèrent l'inimitié de certains juifs. Il fut arrêté à Jérusalem et manqua d'être lapidé. Arrêté par les Romains, il argua de sa citoyenneté romaine, affirmant Civis romanus sum (« je suis citoyen romain ») pour être jugé non par le Sanhédrin mais par le gouverneur, qui le fit emprisonner durant deux ans à Césarée. Puis, à sa propre demande, il fut conduit à Rome pour comparaître devant l'empereur. Une tempête le détourna vers Malte, où il resta quelques mois. Il s'installa ensuite à Rome, d'abord en liberté surveillée puis complètement libre. Il y mourut décapité (en tant que citoyen romain), probablement en 67[11], à la suite de l'incendie de Rome (64), et après un procès probable sous le règne de Néron :

« On raconte que, sous son règne, Paul eut la tête coupée à Rome même […] » (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, XXV, 5)

L'expression « Chemin de Damas »

Paul de Tarse, envoyé à Damas pour persécuter les premiers chrétiens, dit avoir eu une apparition du Christ. Selon les Écritures il eut la révélation de la foi sur le chemin de Damas (Ac 9,3-18). Les chrétiens le connaîtront surtout sous son nom romain de Paul, « Apôtre des Nations ». L'épisode, rapporté dans les Actes des Apôtres, symbolise, depuis, tout lieu où un retournement subit de convictions permet l'accès à la religion. Il s'agit plus d'une rencontre intime avec le Christ. Le terme de conversion, Paul l'utilisera pour les païens qui se convertissent au christianisme.

Voyages de Paul

Après sa conversion, Paul séjourne quelque temps à Damas, puis en Arabie, ensuite à Jérusalem, Tarse, avant d'être invité par Barnabé à Antioche. C'est de cette ville qu'il partira pour ses voyages missionnaires. On peut raisonnablement dater ses voyages dans un intervalle de quelques années de 45 à 58 environ[p 11].

Carte du premier voyage missionnaire.

Premier voyage (estimé de 45 à 49)

C'est un voyage aller-retour qu'il effectue en compagnie de Barnabé et de Jean Marc (cousin de Barnabé). Il visite Chypre (Paphos), la Pamphylie (Pergé) et prêche autour d'Antioche de Pisidie. Paul et Barnabé cherchent à convertir des Juifs, prêchent dans les synagogues, sont souvent mal reçus et obligés de partir précipitamment – à cause de leur annonce du salut et de la résurrection en Jésus (Actes 13:15-41) mais pas forcément mal reçus (Actes 13:42-49). Sur le chemin du retour, ils ne repassent pas par Chypre et se rendent directement de Pergé à Antioche.

La réunion de Jérusalem et le conflit d'Antioche

La réunion de Jérusalem et le conflit d'Antioche  que l'on date généralement autour de l’année 50[alpha 1] et dont l'ordre de déroulement lui-même fait l’objet de débats[14]  sont les deux premiers épisodes attestés d'un profond différend qui s'est développé à l'intérieur même du mouvement des disciples de Jésus. Il va opposer, de manière parfois très vive et durant plus d'une décennie, Paul représentant les chrétiens d'origine grecque, à Pierre et Jacques représentant les chrétiens d'origine judéenne[12].

De manière plus générale, ces événements  avec d'autres péripéties conservées dans certaines lettres de Paul[p 12], citées par Mimouni[15].  ont eu une incidence considérable sur les rapports entre les deux tendances principales : les « pauliniens », d'une part, qui soulignent la valeur de la croyance dans le Messie et les « jacobiens » et « pétriniens », d'autre part, qui maximalisent la portée de l'observance de la Torah[16] : en d'autres termes, est-ce que le salut s'obtient par la croyance au Messie ou par l’observance de la Torah[17] ? Les premiers sont à l’origine du courant rétrospectivement appelé « pagano-christianisme » et les seconds à celui nommé « judéo-christianisme »[18].

Paul rapporte de façon assez détaillée, mais naturellement de son point de vue, ce conflit et la réunion de Jérusalem dans une lettre écrite aux communautés de Galatie, probablement la communauté d'Éphèse, dans les années 54-55[19], alors que le « document paulinien » qui a servi à rédiger la partie relative à cet épisode dans les Actes des Apôtres daterait d'une trentaine d'années après les faits.

La réunion de Jérusalem

Reconstitution de la ville de Jérusalem à l'époque de Jésus. Vue de l'enceinte fortifiée dans le secteur de l'Ophel.

Les débats que soulèvent ces événements ne sont pas doctrinaux ni liés à la théologie de Paul  qui semble se développer ultérieurement  mais d'ordre rituel[12] et consécutifs à un phénomène nouveau, l'apparition d'adeptes non juifs au sein du mouvement de Jésus, Grecs issus du paganisme. L'observance des règles prescrites dans la Torah par ces chrétiens d'origine polythéiste  par exemple la question de la circoncision, déjà problématique médicalement pour un adulte à l'époque, mais en plus interdite pour un non-juif dans la société romaine[alpha 2]  est devenue une question épineuse.

Lors de la réunion de Jérusalem, l'observance de la Torah par les chrétiens d'origine polythéiste est examinée[19] et la question de la circoncision y est notamment soulevée par des pharisiens devenus chrétiens. Examinée par les apôtres et les presbytres (« anciens ») en présence de la communauté, elle est arbitrée par Pierre qui adopte le principe suivant, accepté par Jacques, l’autre dirigeant de la communauté hiérosolymitaine : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il n'y a plus de raison de leur imposer le « joug » de la Torah[20].

Toutefois, Jacques reste inquiet par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les « communautés mixtes »[19] qui réunissent les chrétiens d'origine juive et ceux d'origine païenne[alpha 3] : les premiers ne doivent pas avoir à craindre de souillure à la fréquentation des seconds qui doivent observer un minimum de préceptes qui sont communiqués par une lettre à destination de ces derniers, connue sous le nom de « décret apostolique »[21]. Mais il n'y est plus question de la circoncision, pourtant à l’origine du débat[17].

Le conflit d'Antioche

La réunion de Jérusalem n'a pas réglé le problème de la coexistence de chrétiens de divers courants et origines culturels, notamment au moment des banquets cérémoniels, le partage eucharistique[22]. C'est à la même époque que prend place un épisode de tension entre Paul et Pierre, connu sous le nom de « conflit » ou « rupture » d'Antioche, au terme duquel Paul quitte Antioche, dans ce qui s'apparente à un exil d'une communauté qu'il a contribué à fonder[23].

Après la réunion de Jérusalem, les Actes des Apôtres[p 13] mentionnent la lettre écrite par les apôtres Jacques, Pierre et Jean avec les anciens de la communauté de Jérusalem est envoyée aux communautés d'Antioche, de Syrie et de Cilicie - zone de mission confiée à Paul et Barnabé - et probablement portée par ceux qu'une épître de Paul appelle les « envoyés (apostoloi, apôtres) de Jacques »[24]. On ne sait toutefois pas si ce document, qui soulève de nombreuses questions d'ordre littéraire et historique[21], est à l'origine du différend ou s'il a été rédigé pour apaiser les esprits après l’incident[22].

Il y est demandé aux destinataires d'observer un compromis défini par Jacques. Cette lettre contient probablement les quatre clauses que la tradition chrétienne appelle « décret apostolique »[21], et dont voici l'une des versions :

« L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu[p 14]. »

À la lumière d'une lettre de Paul[24], il est possible que l'observance de ces quatre clauses ait visé à résoudre l’épineux problème de la communauté de table entre les disciples d'origine juives et d'origine païenne[21], même s'il n'en est fait aucune mention dans le décret tel qu'il a été conservé[alpha 4].

En tout état de cause, la venue des « envoyés de Jacques » à Antioche, avec probablement des directives orales, semble avoir provoqué un bouleversement dans les habitudes des communautés chrétiennes de la ville où les judéo-chrétiens et les « pagano-chrétiens » avaient pris l'habitude de prendre les repas symbolisant l'eucharistie en commun[25]. Ce à quoi la venue des émissaires de Jacques, muni de ses directives, semble avoir voulu mettre un terme. Cela ne se passe pas sans émoi et Paul prend vertement[26] à partie l'apôtre Pierre[27] qui, alors qu'il partageait jusque-là les repas en compagnie des « paganos-chrétiens », se tient à l'écart de ceux-ci consécutivement au passage des envoyés de Jérusalem[25], se voyant alors reprocher son hypocrisie[26].

C'est peut-être l'attitude tranchante de Paul dans certaines de ses lettres à la suite de ces événements  et d'autres dans ses missions ultérieures  qui a fourni au « parti des circoncis »[25], insatisfait de l’arbitrage de Jérusalem et n’ayant pas renoncé à imposer l’observance de la Torah pour le salut des fidèles[28], une raison de considérer ce dernier comme rompu par lui, initiant contre Paul, lors de sa visite à Jérusalem de 58, un cycle de procès et d'incarcérations qui le mèneront, si l'on suit les Actes[29]  de Jérusalem à Rome[30].

Deuxième voyage (estimé de 50 à 52)

Carte du deuxième voyage missionnaire.

Paul effectue ce deuxième voyage en compagnie de Silas.

Son premier objectif est de rencontrer à nouveau les communautés qui se sont créées en Cilicie et Pisidie.

À Lystre, il rencontre Timothée qui continue le voyage avec eux. Ils parcourent la Phrygie, la Galatie, la Mysie. À Troie, ils s'embarquent pour la Macédoine. Paul séjourne quelque temps à Athènes puis à Corinthe où il rencontre le proconsul Gallion.

Il retourne ensuite à Antioche en passant par Éphèse et Césarée.

Carte du troisième voyage missionnaire.

Troisième voyage (estimé de 53 à 58)

C'est un voyage de consolidation : Paul retourne voir les communautés qui se sont créées en Galatie, Phrygie, à Éphèse, en Macédoine jusqu'à Corinthe. Puis il retourne à Troie en passant par la Macédoine. De là, il embarque et finit son trajet par bateau jusqu'à Tyr, Césarée et Jérusalem où il est arrêté.

Arrestation de Paul à Jérusalem

Dans les Actes des Apôtres[p 15], il est rapporté que lors de son dernier séjour à Jérusalem en 58[31], Paul a été accueilli très chaleureusement par Jacques le Juste[30], le « frère du Seigneur » et chef de la communauté des nazôréens, ainsi que par les anciens (Actes 21:17-26). Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de « Moïse », c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives[30]. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi[30], il doit entamer son vœu de naziréat et payer les frais pour quatre autres hommes qui ont fait le même vœu. Puis, ils lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'aurait pas remplies[30].

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des juifs d'Asie entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[p 16],[32]. Paul est accusé d'avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d'Éphèse, dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée »[32] puis plus tard à Rome[32]. Selon Simon Claude Mimouni, cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[32], probablement lié à la crise provoquée par les Zélotes, qui aboutira en 66 « à une révolte armée des Juifs contre les Romains »[32].

Le procès de l'apôtre Paul, par Nikolai Bodarevsky, 1875. Agrippa et Bérénice sont assis face à Paul.

Paul comparait devant le procurateur Antonius Felix[33], alors que le grand-prêtre Ananie[34], soutient l'accusation contre lui[31]. L'orateur Tertullus l'accuse alors d'être un chef de la « secte » des Nazôréens et de « susciter des séditions chez tous les Juifs de la terre habitée »[p 17]. Toutefois, Felix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à Césarée[33]. Pour décider du sort de Paul, Porcius Festus le successeur de Felix, organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice[33].

Selon le récit des Actes des Apôtres cité par Schwentzel, Bérénice « fait son entrée en grande pompe dans la salle d'audience où elle siège aux côtés d'Agrippa II, lors de la comparution de Paul à Césarée. Après le procès, elle participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Porcius Festus[p 18],[35] (procurateur de Judée de 60 à 62[36]). »

Ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, Paul est renvoyé à Rome pour y être jugé[p 19].

Voyage de la captivité

Pendant le voyage de Césarée à Rome, l'action d'évangélisation de Paul  dont les gardiens semblent complaisants  se poursuit (Actes 28, 30-31). C'est au cours de ce voyage qu'il fait naufrage à Malte « où les habitants lui témoignent une humanité peu ordinaire » (Actes 28:1-2). Après il débarque à Pouzzoles où il est reçu par une petite communauté chrétienne (Actes 28:13-14). Il serait arrivé à Rome vers 60. On aurait permis à Paul de vivre dans une maison privée sous la garde d’un soldat, avec l'assistance de l'esclave Onésime (Phil 8-19). D’après une ancienne tradition, l’Apôtre vécut dans une maison louée près du méandre du Tibre, sur sa rive gauche, à la hauteur de l’Île Tibérine, zone très peuplée où il y avait de nombreux Juifs. Des fouilles archéologiques ont permis d’identifier qu’ils étaient tanneurs, pour la plupart. Ce logement se situerait à l'emplacement de l’église San Paolo alla Regola, la seule se trouvant à l’intérieur du Mur d'Aurélien qui soit dédiée à l’apôtre. La présence d’un silo spacieux, évoqué dans des documents du IIe siècle décrivant la demeure de Paul, explique que, dès son arrivée dans la ville, l'apôtre ait pu convoquer chez lui un grand nombre de juifs qui vivaient à Rome pour leur annoncer le royaume de Dieu.

La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l'indication qu'il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Ainsi, ni le martyre de Jacques le Juste (62), ni celui des deux héros des Actes  Pierre et Paul  ne sont racontés. Par contre, plusieurs sources évoquent sa mission à Éphèse vers 65 et une deuxième arrestation le conduisant à nouveau à Rome[37],[38].

Un dernier voyage en Orient ?

Selon Eusèbe de Césarée, « après avoir plaidé sa cause, l'apôtre repartit de Rome, de nouveau, dit-on, pour le ministère de la prédication[p 20] » : Marie-Françoise Baslez estime « vraisemblable » la mission en Espagne, que Clément de Rome évoque dans son épître à la fin du Ier siècle[40]. « Les Actes de Pierre, biographie romancée composée vers 180, affirment la réalité du voyage espagnol et l’interprètent comme une nouvelle étape dans l'évangélisation du monde païen[40]. » Selon les Actes de Pierre, « pour accomplir cette tâche ses fidèles de Rome lui donne un an »[p 21],[42].

Sans préjuger de leur authenticité, la lettre à Tite ainsi que les deux adressées à Timothée situent les dernières années de Paul dans la province romaine d'Asie[42]. Elles sont écrites par des contemporains de Paul et « les indications de personnes et de lieux, dépourvues de significations particulières, ont toutes chances d'avoir un caractère historique[42]. » Paul arrive à Éphèse vers 65, « alors que le groupe chrétien de la ville est en crise[38]. » Il oblige Timothée à lui céder sa place à la tête de la communauté des chrétiens, « mais face aux difficultés que lui font ses opposants, il se retire à Milet et demande à Tychique de lui succéder[38]. »

Durant deux années, Éphèse constitue la base de la mission de Paul en direction des « Juifs et des Grecs » de la province romaine d'Asie[38]. C'est à cette communauté que Paul adresse son épître aux Éphésiens,  dont l'authenticité est discutée[38].

Paul est arrêté dans la province d'Asie[43]. Cette fois encore, l'accusation de subversion motive son arrestation[44].

La maladie de Paul : « l'écharde dans la chair »

Plusieurs passages des épîtres pauliniennes laissent entendre que l'apôtre souffrait d'une maladie chronique potentiellement mortelle. Lorsqu’il aborde cette question, Paul en parle comme d’une « écharde » enfoncée dans sa chair. Le mot grec qu'il utilise, skolops, désigne littéralement un « pieu » ou un « pal ». Plusieurs pathologies ont été suggérées : ophtalmie purulente, épilepsie, thalassémie, paludisme. Plusieurs chercheurs se sont prononcés en faveur de cette dernière hypothèse dont l’archéologue écossais William Mitchell Ramsay, le père Ernest-Bernard Allo et l'historien Thierry Murcia[45]. Le paludisme était, tout comme aujourd'hui, la maladie la plus répandue dans l'Antiquité et les crises paludéennes, dont on ignorait l'origine, étaient alors fréquemment attribuées à l'action d'un démon. Thierry Murcia précise :

« Paul identifie le responsable supposé du mal dont il souffre : un « ange de Satan chargé de [le] souffleter » (2 Corinthiens 12, 7). Malgré ses prières, confie-t-il, ce messager démoniaque revenait périodiquement à la charge pour le torturer (2 Corinthiens 12, 8-9). Et c’est lors d’une de ces fameuses crises que Paul annonce pour la première fois l’Évangile aux Galates. Dans la lettre qu’il leur adresse, l’Apôtre oppose alors, par antithèse, à l’oppression de cet « ange de Satan », l’accueil digne d’un « ange de Dieu » qu’ils lui ont réservé (Galates 4, 13-14). Paul s’en félicite et les loue plus spécialement de s’être abstenus de « cracher » devant lui (Galates 4, 14). Mieux qu’une simple marque de dégoût ou de mépris – comme l’ont compris la plupart des traducteurs – il faut plutôt y voir ici une forme de conjuration : un geste de rejet superstitieux visant à se protéger de l’esprit maléfique qui était censé avoir pris possession du corps du malade ou qui, du moins, le tourmentait »[46].

La mort de Paul

Traditionnellement, la mort de Paul est associée à la répression collective des chrétiens de Rome, accusés d'avoir incendié la ville en 64. Il n'existe cependant aucune source qui établisse un lien entre cette répression et la condamnation de Paul[47]. En outre, la Première épître de Clément (5,7 et 6,1) « distingue clairement le martyre de l'apôtre et la persécution de 64[48] ». Les plus anciennes indications chronologiques au sujet de sa mort datent du IVe siècle et font référence aux années 67-68[47]. Pour M.-F. Baslez « les Actes du martyre de Paul, tel que le souvenir s'en conserva dans la province romaine d'Asie jusqu'au IIe siècle, situent l'événement dans le même contexte que la lettre aux Philippiens et que la Deuxième épître à Timothée[49]. » Paul aurait donc continué ses activités missionnaires après avoir été relâché, avant d’être de nouveau arrêté et ramené à Rome pour y être jugé.

Après sa condamnation, Paul est conduit à la sortie de Rome, sur la Via Ostiense, pour y être décapité[49]. Outre Luc et Tite, il aurait été entouré par des convertis issus de la maison impériale[49]. La tradition orale des chrétiens de Rome indique qu'il se tourna vers l'orient pour prier longuement. « Il termina sa prière en hébreu pour être en communion avec les Patriarches. Puis il tendit son cou, sans plus prononcer un mot[p 22],[49]. »

Les historiens modernes : doutes concernant la biographie de Paul

Plusieurs aspects de la vie de Paul demeurent mal expliqués : sa double appartenance juive et romaine, sa conversion radicale, ses contacts avec les autorités romaines. Quant à sa citoyenneté romaine réelle ou supposée, elle embarrasse de nombreux historiens. Toutefois les recherches modernes montrent que bien des citoyens de son époque disposaient d'une tribu (inscription électorale), nécessairement romaine, et d'une origo, une cité d'origine (père, grand-père, etc.) pérégrine ou même étrangère de droit à l'empire. Voltaire ignorait manifestement cette situation.

Paul indique que la citoyenneté romaine lui vient de son père. Celui-ci ou un de ses ancêtres, aurait-il bénéficié de cette citoyenneté sur décision impériale ? C'est peu probable si l'on se fie à une inscription datant de l'époque d'Auguste trouvée à Pergame, en Asie mineure, où l'on ne compte aucun citoyen romain parmi les notables, tandis que des octrois de citoyenneté romaine à des magistrats de haut rang sont attestés aux époques plus tardives de Trajan et d'Hadrien[50]. La présence de Juifs citoyens romains à Éphèse en 48 av. J.-C. ainsi qu'à Sardes et Délos est cependant mentionnée par Flavius Josèphe[51].

L'information donnée par Jérôme de Stridon (qui la tiendrait d'Origène), selon laquelle la famille de Paul était originaire de Galilée, déplacée à Tarse à la suite d'exactions commises par les armées romaines dans la province de Judée (en 4 avant l'ère chrétienne, ou 6 après l'e.c.), « cette version des faits permet d'accorder une certaine confiance à quelques données jusque-là difficiles à expliquer », écrit Michel Trimaille. La revendication de Paul d'être « hébreu, fils d'Hébreux » (Philippiens, 3, 5 ; 2e lettre aux Corinthiens, 11, 22), suppose, avec la Judée, des relations plus étroites que celles d'un quelconque Juif de la Diaspora. « Si la famille de Paul a été déportée depuis une génération seulement, il n'est pas étonnant que dans sa famille, on n'ait pas oublié l'appartenance à la tribu de Benjamin (Philippiens 3, 5), alors que la plupart des Juifs des anciennes diasporas avaient perdu la mémoire de leurs racines tribales. Ses anciennes études à Jérusalem (Actes, 22, 3) deviennent plus vraisemblables[52] ».

Selon Michel Trimaille encore, la citoyenneté romaine de Paul peut être mise en doute : en effet, même si elle « n'imposait pas d'obligations inconciliables avec la foi juive », elle impliquait malgré tout « la reconnaissance d'institutions, y compris culturelles et religieuses, difficilement acceptable pour un pharisien strict. On peut considérer que Luc [qui présente Paul comme citoyen romain dans les Actes des Apôtres] a vu là une simple manière de situer son héros au sommet de la hiérarchie sociale ».

Paul connaissait l'araméen et l'hébreu. Sa langue maternelle est le grec de la koinè[53], et c'est dans la traduction des Septante qu'il lit la Bible. Il ajoute à son nom hébraïque, Saül, le cognomen romain de Paulus. Les études récentes ont fait apparaître une maîtrise de la diatribe grecque[54], ce qui suppose une éducation sérieuse à Tarse. Il était de famille apparemment aisée, puisqu'elle possédait le droit de cité romain, ce qui ne l'a pas empêché, selon une pratique assez courante à l'époque dans les familles juives, et en particulier parmi les rabbins, d'apprendre un métier manuel : les Actes nous apprennent qu'il fabriquait des tentes, c'est-à-dire qu'il était probablement tisserand ou sellier.

Doutant que le Sanhédrin de Jérusalem ait pu disposer du pouvoir d'extrader des Juifs de Damas, Alfred Loisy a jugé invraisemblable cet aspect de la mission répressive de Paul contre les chrétiens de Damas racontée en 9,2[55]. Flavius Josèphe nous apprend qu'un tel pouvoir d'extradition avait été accordé par les Romains à Hérode le Grand, mais c'est insuffisant pour conclure[55].

L'arrestation de Paul est consécutive à une accusation liée à une supposition non avérée d'introduction d'un païen dans le sanctuaire de Jérusalem, ou à sa présence elle-même.

[Actes 21:27-30]

« 21.27 Sur la fin des sept jours, les Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, 21.28 en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l'homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. 21.29 Car ils avaient vu auparavant Trophime d'Éphèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l'avait fait entrer dans le temple. 21.30 Toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts. Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées. »

Ce qui était passible de mort selon la loi juive, mais son état de citoyen romain empêchant qu'il ne soit livré au Sanhédrin a embarrassé les deux procurateurs qui se sont succédé en Judée et ont fait traîner l'affaire, de même que la juridiction impériale devant laquelle il demanda à comparaître. La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l'indication qu'il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Il serait mort en 64 lors de la persécution des chrétiens ordonnée par Néron, à moins que, relâché, il ait continué ses activités missionnaires avant d’être de nouveau arrêté, ramené à Rome, puis décapité en 67.

Statue de saint Paul à Damas.

Les épîtres de Paul

Saint Paul en prison, par Rembrandt, 1627.

Définition

Dans le Nouveau Testament, 13 épîtres sont explicitement attribuées à Paul (l’épître aux Hébreux étant anonyme) :

  1. Épître aux Romains (Rm) ;
  2. Première épître aux Corinthiens (1 Co) ;
  3. Deuxième épître aux Corinthiens (2 Co) ;
  4. Épître aux Galates (Ga) ;
  5. Épître aux Éphésiens (Ép) ;
  6. Épître aux Philippiens (Ph) ;
  7. Épître aux Colossiens (Col) ;
  8. Première épître aux Thessaloniciens (1 Th) ;
  9. Deuxième épître aux Thessaloniciens (2 Th) ;
  10. Première épître à Timothée (1 Tm) ;
  11. Deuxième épître à Timothée (2 Tm) ;
  12. Épître à Tite (Tt) ;
  13. Épître à Philémon (Phm).

On peut grouper[réf. souhaitée] ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles auraient été écrites :

  • lettres à dominante eschatologique (les deux lettres aux Thessaloniciens ; la première aux Corinthiens) ;
  • lettres traitant de l'actualité du salut et de la vie des communautés (les deux lettres aux Corinthiens, lettres aux Galates, aux Philippiens et aux Romains) ;
  • lettres dites « de captivité » (l'épître à Philémon date de cette époque) qui parlent du rôle cosmique du Christ (Col ; Ép), parfois attribuées à un disciple ;
  • lettres dites « pastorales », traitant de l'organisation des communautés (épîtres 1 et 2 à Timothée et celle à Tite), (dont l'attribution est contestée).

D'après un passage de l'épître aux Romains, les épîtres auraient été dictées à un secrétaire[p 23]. On sait en effet que l'écriture n'était pas chose aisée et que les écrits étaient dictés à un ou plusieurs scribes.

Le discours paulinien a un aspect très répétitif. Cette parole insistante a souvent été comparée à la parole d'un bègue. Jacques-Bénigne Bossuet par exemple écrivait que les beaux esprits ont appris « à bégayer humblement dans l'école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul » (cité par Chateaubriand, Le Génie du christianisme, livre V, chapitre 2, note 21). Ernest Renan quant à lui se demandait : « Le style de saint Paul […], qu'est-il, à sa manière, si ce n'est l'improvisation étouffée, haletante, informe, du « glossolale » ? […] On dirait un bègue dans la bouche duquel les sons s'étouffent, se heurtent et aboutissent à une pantomime confuse, mais souverainement expressive[56]. »

Authenticité

L'attribution des lettres de Paul n'a pas été remise en question avant 1840, quand les travaux de l'Allemand Ferdinand Christian Baur l'amenèrent à n'accepter que quatre lettres comme authentiques (Romains, Corinthiens 1 & 2, et Galates). Si les courants exégétiques de la critique radicale estimèrent longtemps que rien des lettres de Paul n'était authentique, les théologiens Adolf Hilgenfeld (1875) et Heinrich Julius Holtzmann (1885) rajoutèrent à la liste de Baur les épîtres à Philémon, aux Thessaloniciens 1 et aux Philippiens, pour constituer ce qui est généralement considéré aujourd'hui comme les sept « lettres incontestées » de Paul ou épîtres « proto-pauliniennes ». De nos jours, l'authenticité ou l'attribution des autres est plus ou moins discutée. On distingue classiquement :

Les épîtres « proto-pauliniennes »

Elles sont considérées comme étant de Paul, avec des dates de rédaction allant de 51 (la première aux Thessaloniciens) à 55 (pour la première aux Corinthiens), ce qui en fait les plus anciens écrits chrétiens qui nous soient parvenus[57].

Ce sont :

Les épîtres « deutéro-pauliniennes »

Ces trois lettres seraient l'œuvre de disciples de Paul sans qu'on puisse identifier ces auteurs.

En 2000, la question de l'authenticité des épîtres se présente comme suit :

  • l'épître aux Colossiens[p 31] est considérée comme pseudépigraphique par 60 % des exégètes. Un argument tient à la destruction de la ville par un tremblement de terre sous le règne de Néron : la lettre serait un faux car adressée à une ville inexistante. Il faut noter que cet argument présuppose la date de rédaction de la lettre comme tardive ;
  • l'épître aux Éphésiens[p 32] est considérée comme pseudépigraphique par 80 % des exégètes. Ce serait une réécriture de l'épître aux Colossiens développant le prolongement de l'action du Christ Sagesse de Dieu dans l'Église ;
  • pour la deuxième épître aux Thessaloniciens[p 33], les avis sont partagés de manière égale.

Ces statistiques évoquées par Régis Burnet sont reconnues par la communauté scientifique dans son ensemble[58].

Les épîtres « trito-pauliniennes » ou « pastorales »

Les trois épîtres pastorales sont probablement dues à des disciples de Paul : il est très généralement admis par les exégètes (par exemple Raymond E. Brown) que ces épîtres sont des pseudépigraphes[59].

Ce sont :

L'épître aux Hébreux

Depuis 1976 et les travaux d'Albert Vanhoye, il est admis que l'épître aux Hébreux n'est pas une épître mais un traité et que Paul de Tarse n'en est pas l'auteur.

Enseignement de Paul

Saint Paul de Tarse, place Saint-Pierre du Vatican.
« Les tentatives pour reconstruire sa théologie (ou reconstruire le christianisme à partir d’elle) ont généralement amplifié et souligné certaines idées aux dépens des autres, sans tenir compte des tensions, parfois des antinomies et des contradictions qu’il y a entre elles. Il faut tenir compte en effet de la diversité de leur origine (Écritures, traditions chrétiennes, révélations personnelles), de la dualité de sa culture, hellénique et juive, et surtout du fait que la plupart de ses écrits sont des écrits de circonstance[60]. »

La théologie paulinienne

Les différences entre le Jésus de Paul et celui des Évangiles ont parfois été jugées considérables. Selon certains, Paul mène une réflexion sur le rôle du Christ et ses implications dans la vie plus qu'il n'en répercute le message direct.

Inversement, il est aussi mis en évidence la continuité entre l’enseignement de Jésus de Nazareth et celui de Paul concernant l'interprétation de l'histoire, l'amour de Dieu pour tous les hommes, la justification par la foi, l'éthique[61].

Cet enseignement est centré sur le Christ, « mort pour nos péchés, selon les Écritures », « ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Co 15, 3-4), désigné comme le « Seigneur » (1 Co 12, 3), le « Fils de Dieu » (Rm 1, 4, etc.) qui est l’« Esprit de vie » (Rm 8, 2), et en qui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2, 9) :

« S'il n'y a point de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. » (1 Co 15, 13-14).
« Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. » (1 Co 1, 22-24).

La rédemption s’adresse à tous, indépendamment de la race, de la condition sociale, du sexe, etc.

« Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » (Ga 3, 28).

Ainsi, l’Église ne représente plus seulement une communauté de croyants mais devient un corps mystique (Ep 1, 23 ; Col 1, 24).

Saint Paul met l'accent sur la foi, l'espérance et donne une place fondamentale à l'amour, sans lequel toute recherche de vie intérieure, de spiritualité profonde ou de salut est vaine :

« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien. » (1 Co 13, 1-3).

Importance de la pensée de saint Paul

L'« Apôtre des gentils » a structuré la doctrine chrétienne.

L'épître aux Romains a servi de référence à Luther pour fonder sa doctrine de la justification par la foi. Elle sert aussi de référent au théologien Karl Barth et au juriste Carl Schmitt pour penser l'origine de l'État ou les impasses de la démocratie[56].

Alain Badiou déclare à son sujet : « Pour moi, Paul est un penseur-poète de l'événement, en même temps que celui qui pratique et énonce des traits invariants de ce qu'on peut appeler la figure militante. Il fait surgir la connexion, intégralement humaine, et dont le destin me fascine, entre l'idée générale d'une rupture […], et celle d'une pensée-pratique, qui est la matérialité subjective de cette rupture[56]. »

Jean-Michel Rey, dans son essai Paul ou les ambiguïtés[62], souligne l'étrange actualité de l'apôtre : « La pensée paulinienne imprègne toute notre conception de la politique ; elle en organise, le plus souvent à notre insu, les principales articulations[56] ». En effet, que l'on soit réformiste ou révolutionnaire, nous sommes incapables de dire la nouveauté autrement que sur un mode violent : une conversion absolue, où l'accueil de l'inédit appelle non seulement une émancipation à l'égard du passé, mais encore le désaveu de l'antérieur. Ce modèle propre aux philosophies de l'histoire, ce prototype des idéologies progressistes est propre à la structure de pensée de Paul. Son discours sépare en toute netteté le présent du passé. Le passé est désigné comme ne pouvant pas comprendre et reconnaître les formes de la nouvelle réalité[56].

Critiques de l'enseignement de Paul

Divers aspects de l’enseignement de Paul ont été très critiqués. Dans L'Antéchrist, pour dénoncer la valorisation de ce qu'il désigne comme une décadence à imputer au christianisme, Nietzsche rappelle plusieurs paroles de Paul, dont celle-ci présente en 1 Co 1, 28 : « « Dieu a choisi ce qui est faible devant le monde, ce qui est insensé devant le monde, ce qui est ignoble et méprisé » : c'est là ce qui fut la formule, in hoc signo, la décadence fut victorieuse[63]. » Voici les versets concernés :

« Mais ce que le monde tient pour insensé, c'est ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; et ce que le monde tient pour rien, c'est ce que Dieu a choisi pour confondre les forts ; et Dieu a choisi ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n'est rien, pour réduire au néant ce qui est, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. » (1 Co 1, 27-29, traduction Chanoine Crampon)

Dans l’Antéchrist (fin de l'aphorisme 45), le philosophe (anti-nationaliste, anti-chrétien et « anti-antisémite », et même parfois philosémite, sous l'influence de Paul Rée[64]) écrit également :

« Qu’on lise la première partie de ma Généalogie de la morale : pour la première fois, j’y ai mis en lumière le contraste entre une morale noble et une morale de tchândâla [« mangeur de chien » en sanskrit, hors-caste dans l'hindouisme], née de ressentiment et de vengeance impuissante. Saint Paul fut le plus grand des apôtres de la vengeance[65]… »

Pour Nietzsche, le christianisme, inventé par Saint Paul (et non par Jésus, vu comme un « surhomme »), dévalorise le monde vivant et matériel au profit d'un « arrière-monde » idéal ; le philosophe allemand considère en effet que le christianisme de Saint Paul (qui est pour lui un platonisme vulgarisé) promeut l'idée que la Création, le monde sensible, est un monde mauvais et en le considérant ainsi le christianisme a rendu réellement mauvais le monde (contrairement aux Anciens grecs, par exemple, qui acceptaient le monde sensible ou la Nature pour l'embellir, pour y puiser leur mythologie, pour s'en inspirer et créer en son honneur des fêtes sacrées, source de puissance et de beauté, toujours selon Nietzsche).

Les propos de Paul concernant les femmes lui ont été vivement reprochés et ont été opposés à la sollicitude que Jésus a manifestée à leur égard. Ils doivent cependant être contextualisés : il s'agit de rappels à l'ordre témoignant justement du fait que les femmes jouissaient d'une participation active au sein des premières communautés chrétiennes[66]. Pour Paul, comme dans la relation entre maîtres et esclaves (1 Co 7, 21-23), le statut compte moins que la fraternité dans les relations sociales ; de même l'autorité étatique doit être acceptée si elle s'exerce avec justice :

« Comme cela a eu lieu dans toutes les Églises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car elles n'ont pas mission de parler ; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la Loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leurs maris à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans une assemblée. » (1 Co 14, 34-35) ; « Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme c'est le Christ, que le chef de la femme, c'est l'homme, et que le chef du Christ, c'est Dieu. » (1 Co 11, 3). « Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari » (1 Co 7, 3).
« C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité, résiste à l'ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes une condamnation. » (Rm, 13, 2). « Rendez à tous ce qui leur est dû : l'impôt à qui vous devez l'impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l'honneur à qui vous devez l'honneur. Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son prochain a accompli la loi. » (Rm 13, 7-8).

Rôle de Paul dans la fondation du christianisme

Du fait de sa théologie et du rôle qu’il a joué dans la propagation du message chrétien aux païens, un courant minoritaire soutient que Paul est le fondateur véritable du christianisme. Reimarus, au XVIIIe siècle, en fait l’inventeur du christianisme. Pour Nietzsche, au siècle suivant, il en est le fondateur[67].

Cette idée est réfutée par d'autres auteurs, comme Étienne Trocmé, qui dit à ce sujet :

« Sans sous-estimer l’immense portée de la pensée paulinienne, on doit dire que l’apôtre n’est pas le créateur des idées centrales de la doctrine chrétienne. Sa doctrine de Dieu vient tout droit de l’Ancien Testament et du judaïsme. La christologie qui définit la personne du Christ remonte pour une large part à la primitive Église de Jérusalem (cf. les discours de Pierre en Actes 2 à 4), et le titre de « Seigneur » (« Kurios ») si fréquent sous la plume de Paul, a une origine palestino-syrienne. La doctrine du Saint-Esprit, que Paul a beaucoup développée, n’est pourtant pas sa création, puisqu’elle a de profondes racines bibliques et qu’elle est préfigurée, non seulement à Qumrân, mais aussi chez les chrétiens palestiniens de la première génération (Mc 3, 28-30 et par ; Ac 2, 1-13 ; 8, 29-39 ; 15, 28). Quant à la doctrine du salut, exposée par Paul avec tant de vigueur dans ses épitres aux Romains et aux Galates, elle véhicule bien des notions venues du judaïsme palestinien (la mort du Christ interprétée comme un sacrifice, Rm 3, 25 ; ou encore comme un acquittement judiciaire, Rm 3, 31-24 ; etc.). Bref, Paul est ici un génial interprète, non le créateur qui aurait donné au christianisme son système doctrinal propre[68]. »

Sur l’importance de Paul dans la propagation du message christique en dehors du judaïsme, il faut là aussi nuancer et ne pas oublier que Jésus et les premiers disciples étaient originaires de Galilée, une région où se côtoyaient Juifs et non-Juifs comme le rappelle Marie-Françoise Baslez : « Terre de contacts, la Galilée était aussi à l’époque de Jésus, une terre de contrastes et d’antagonismes. Dans la prédication apostolique qui s’adressa, au-delà des Juifs, à la terre entière, l’insistance sur l’enracinement galiléen permit d’affirmer d’emblée la perspective universaliste d’une religion dont le fondateur n’était presque jamais sorti de Palestine. On comprend mieux aussi la vocation des apôtres[69]. »

Néanmoins, ainsi que le relève Henri Persoz, pourquoi Paul cite-t-il si peu les paroles du Christ[70] ? Il ne suffit pas de dire comme Christophe Senft que « la comparaison de la prédication de Jésus et l'évangile de Paul fait apparaître de surprenantes convergences entre la parole de Jésus et celle de son apôtre »[71]. Selon Charles L'Eplattenier :

« [...] le caractère des lettres de Paul, écrits de circonstance, n'appelait pas la référence aux paroles et à la vie de Jésus, et que Paul pouvait davantage s'y référer dans son enseignement aux Églises (il faut ici distinguer le kérygme, proclamant la mort et la résurrection de Jésus comme événements de salut, de l'enseignement...). Or nous ne savons rien de la catéchèse de Paul lors de ses longs séjours à Antioche, Corinthe ou Éphèse[72]. »

Paul se veut relativement indépendant des autres apôtres. Étant directement inspiré du Ressuscité, il ne se sent pas lié à une tradition humaine concernant Jésus (Gal. 1:16-17, cf. II Cor, 5: 16). Son christianisme a des points communs avec le christianisme hellénistique d'Étienne mais est distinct de lui. Le christianisme « paulinien » s'est fédéré a posteriori avec les tendances dirigées par Pierre et Jacques (Gal. 2:9).

La tombe de Paul : données du Vatican

Une tradition chrétienne[73] rapporte qu'en 258, au cours des persécutions de Valérien, les reliques de Paul et de Pierre furent placées temporairement dans les catacombes de Saint-Sébastien appelées à cette époque « Memoria Apostolorum » en raison du culte de ces deux saints, des graffiti sur les murs attestant de ce culte.

Une autre tradition chrétienne attestée depuis le IVe siècle attribue à Paul de Tarse un tombeau situé au-dessous de l'autel majeur de l'actuelle basilique Saint-Paul-hors-les-Murs au sud de Rome[74]. Des fouilles récentes y ont été effectuées qui ont été rapportées dans un communiqué de l'Agence de presse internationale catholique (APIC) du 17 février 2005 :

Statue de saint Paul devant la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome, construite sur le tombeau présumé de saint Paul.

« Un sarcophage pouvant contenir les reliques de l’apôtre Paul a été identifié dans la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs, selon Giorgio Filippi, responsable du département épigraphique des Musées du Vatican.
Sous le maître-autel actuel, une plaque de marbre du IVe siècle, visible depuis toujours, porte l’inscription Paulo apostolo mart (Paul apôtre martyr, ndlr). La plaque est munie de trois orifices probablement liés au culte funéraire de saint Paul. D’après Giorgio Filippi, ces trous étaient utilisés « pour la création de reliques par simple contact » avec le tombeau de l’apôtre.
Le long de la voie Ostiense, un édicule aurait été élevé sur la tombe de l’apôtre Paul, après sa mort dans le cours du Ier siècle. Comme pour saint Pierre, l’empereur Constantin entreprit ensuite au début du IVe siècle de faire construire une basilique pour abriter la tombe. Puis, en 386, un demi-siècle après la mort de Constantin, devant l’afflux des pèlerins, une basilique plus grande fut construite à la demande des empereurs Valentinien II, Théodose et Arcadius[75]. »

Le , le pape Benoît XVI a confirmé qu'un sondage a été effectué dans le sarcophage de pierre. Une petite perforation a été pratiquée afin d'introduire une sonde, grâce à laquelle ont été relevées des traces d'un tissu précieux en lin coloré de pourpre, laminé d'or fin, d'un tissu de couleur bleu avec des filaments de lin. On a aussi relevé la présence de grains d'encens rouge, de substances protéiques et calcaires et de fragments d'os, qui ont été soumis à l'examen du carbone 14 effectué « par des experts ignorant leur provenance ». Ceux-ci ont conclu qu'il s'agissait d'ossements appartenant à « une personne ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle ». Pour Benoît XVI, « cela semble confirmer la tradition unanime et incontestée qu'il s'agisse des restes mortels de l'apôtre Paul[76] ».

Plusieurs reliques du saint ont été transférées ailleurs. En 665, le pape Vitalien envoie des reliques au roi Oswiu de Northumbrie et pour la reine fait un cadeau d'une croix avec une clé d'or fabriquée à partir des chaînes de Pierre et de Paul[77]. Le 2 mars 1370, le pape Urbain V fait porter les chefs de Pierre et Paul, placées dans des reliquaires, dans le ciborium de la basilique Saint-Jean-de-Latran[78].

Saint Paul dans le calendrier liturgique

Dans le calendrier liturgique romain, Paul est fêté :

  • le 25 janvier, jour de sa conversion au christianisme ;
  • le 29 juin, jour de son martyre avec celui de Pierre ;
  • et le 30 juin. (dans l'ancien calendrier du rite romain, utilisé par les traditionalistes, commémoraison de saint Paul).

L'année 2008-2009 allant du 29 juin 2008 au 29 juin 2009 est déclarée « année jubilaire œcuménique saint Paul » par le pape Benoît XVI[79].

Représentation dans les arts

Attributs

  • L'épée, instrument de son supplice.
  • La lettre (ou le livre) de ses écrits.
  • La chute du cheval lors de sa conversion.

Œuvres notables

Musique

Notes et références

Notes

  1. Dans une fourchette oscillant, selon les auteurs entre 48 et 52 ; voir par exemple Mimouni[12] (48-50) et Lémonon[13].
  2. Les ectomies de type castration et circoncision — réprimées par les Romains — « sont considérées par ceux-ci comme une menace pour les mores [mœurs] du fait d'un marquage génital qui induit […] un comportement anomique et incontrôlable […] mettant en péril l'idéal civique romain et sa discipline de virilité » ; Pierre Cordier, « L'étrange sexualité des castrats dans l’Empire romain », dans Philippe Moreau (éd.), Corps romains, Jérôme Millon, , p. 74.
  3. Selon François Blanchetière, « Païen est un terme qui n'apparaît dans le sens qui lui est resté aujourd'hui qu'au IVe siècle, il est donc anachronique pour parler des origines du mouvement chrétien ; c'est de plus un terme typiquement chrétien. Il conduit en conséquence et subrepticement à adopter un point de vue « christiano-centrique », à la différence du terme plus objectif et neutre polythéiste. », cf. Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 150.
  4. Selon Simon Claude Mimouni, on admet en général que ce décret a été émis après la réunion de Jérusalem en l'absence de Paul qui paraît l'ignorer (1Co 8. 10) et n'en apprendre son existence que par Jacques lors de son dernier voyage à Jérusalem en 58 (Ac 21. 25)[21].

Sources primaires

  1. Ph 3,5
  2. Rm 11,1
  3. 2Co 11,22
  4. Ac 21,39
  5. Ac 22,3
  6. Ac 7,58
  7. Ac 9,4-5
  8. Ac 9,1-22
  9. Ac 9,17
  10. Ac 9,18
  11. T.O.B Traduction œcuménique de la Bible, Éditions du Cerf, 1988, (ISBN 2-204-03079-1), Tableau chronologique, p. 3073 et suivantes.
  12. Ph 3 et 2Co 10-13
  13. Ac 15. 22-29.
  14. Ac 15. 27-29
  15. Ac 21,17-26.
  16. Ac 21,27-36.
  17. Ac 24,5.
  18. Ac 26,30-31.
  19. Ac 26,32.
  20. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 2, 2, cité par Marie-Françoise Baslez[39].
  21. Actes de Pierre, I, 3, épisode surtout développé dans la version latine (Actes de Verceil), cf. Marie-Françoise Baslez[41].
  22. Acta Pauli, traduction d'après l'édition du papyrus de Hambourg par C. Schmidt et W. Schubart, Hambourg, 1936, p. 68-69, cité par Marie-Françoise Baslez
  23. Rm 16,22 / Rm 16. 22.
  24. Première épître aux Thessaloniciens, version L. Segond (1910).
  25. Épître aux Galates, version L. Segond (1910).
  26. Épître à Philémon, version L. Segond (1910).
  27. Épître aux Philippiens, version L. Segond (1910).
  28. Épître aux Romains, version L. Segond (1910).
  29. Première épître aux Corinthiens, version L. Segond (1910).
  30. Deuxième épître aux Corinthiens, version L. Segond (1910).
  31. Épître aux Colossiens.
  32. Épître aux Éphésiens.
  33. Deuxième épître aux Thessaloniciens.

Références

  1. Pierre Geoltrain et Simon Claude Mimouni, Pierre Geoltrain, ou Comment faire l'histoire des religions ?, Brepols, (ISBN 9782503523415), p. 241
  2. Rainer Riesner, Paul's Early Period: Chronology, Mission Strategy, Theology, Eerdmans Publishing, 1998, p. 27, donne un tableau synthétique sur l'état de la question concernant la chronologie de Paul
  3. Michel Trimaille, "Que sait-on de Paul aujourd'hui ?", dans Pierre Geoltrain, Aux origines du christianisme, Gallimard / Le Monde de la Bible, 2000, p. 309.
  4. Wolter 2015, p. 9.
  5. Wolter 2015, p. 11.
  6. (en) Jérôme de Stridon, De Viris Illustribus (en) (lire en ligne) : « Paul, formerly called Saul, an apostle outside the number of the twelve apostles, was of the tribe of Benjamin and the town of Giscalis[2] in Judea. When this was taken by the Romans he removed with his parents to Tarsus in Cilicia. »
  7. Wolter 2015, p. 10.
  8. (en) Geoffrey William Bromiley, International Standard Bible Encyclopedia: A – D, Em. B. Eerdmans Publishing Company, (ISBN 0-8028-3781-6) p. 689
  9. (en) Paul Barnett, Jesus, the Rise of Early Christianity: A History of New Testament Times, InterVarsity Press, (ISBN 0-8308-2699-8) p. 21
  10. (en) Richard L. Niswonger, New Testament History, Zondervan Publishing Company, (ISBN 0-310-31201-9) p. 200
  11. Dans les Hommes illustres, Jérôme écrit qu'il a été décapité la 14e année du règne de Néron, ce qui donne 67-68. Il ne donne pas le motif de sa condamnation.
  12. Mimouni et Maraval 2007, p. 204.
  13. Jean-Pierre Lémonon, Les débuts du christianisme : De 30 à 135, L'Atelier, , p. 192.
  14. voir Simon Légasse, Paul apôtre : Essai de biographie critique, Fidès, , p. 89 et ss..
  15. Mimouni et Maraval 2007, p. 134.
  16. Mimouni 2004, p. 133-134.
  17. Mimouni et Maraval 2007, p. 205.
  18. Mimouni 2004, p. 135-136.
  19. Mimouni 2004, p. 134.
  20. Mimouni 2004, p. 134-135.
  21. Mimouni 2004, p. 135.
  22. Baslez 2012, p. 182.
  23. Baslez 2012, p. 186.
  24. Nouveau Testament, Épître aux Galates (Ga ).
  25. Baslez 2012, p. 183.
  26. Paul Mattei, Le christianisme antique de Jésus à Constantin, Armand Colin, , p. 91
  27. voir Ga 2. 11-14, dans un épisode ignoré par les Actes des Apôtres, cité par Paul Mattéï, op. cit., 2008, p. 91
  28. Mimouni et Maraval 2007, p. 206.
  29. Ac 21. 27-31
  30. Mimouni 2004, p. 136.
  31. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 258.
  32. Mimouni 2004, p. 137.
  33. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 259.
  34. Certaines sources chrétiennes identifient cet Ananie avec Ananias de Zébédée qui n'est plus grand-prêtre depuis 6 ans au moment de la comparution de Paul de Tarse. Il existe de nombreux autres grands-prêtres qui s'appellent Anan, Ananie ou Ananias.
  35. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 269.
  36. Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p.  264.
  37. Baslez 2012, p. 271-293.
  38. Mimouni 2012, p. 786.
  39. Baslez 2012, p. 277.
  40. Baslez 2012, p. 278.
  41. Baslez 2012, note 7, p. 441.
  42. Baslez 2012, p. 280.
  43. Baslez 2012, p. 282.
  44. Baslez 2012, p. 283.
  45. Thierry Murcia, Marie appelée la Magdaléenne. Entre Traditions et Histoire. Ier - VIIIe siècle, Presses universitaires de Provence, Collection Héritage méditerranéen, Aix-en-Provence, 2017, p. 319-320.
  46. Thierry Murcia, op. cit., p. 320.
  47. Baslez 2012, p. 291.
  48. Baslez 2012, note 79, p. 448.
  49. Baslez 2012, p. 293.
  50. Jacques Giri, « Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme », 3e édition revue et enrichie, Karthala, 2010, p. 218-219
  51. Simon Légasse, « Paul apôtre, essai de biographie critique », Fides, 1991, (ISBN 9782762115123), p. 27
  52. Michel Trimaille, Que sait-on de Paul aujourd'hui ?, dans Pierre Geoltrain, Aux origines du christianisme, Gallimard / Le Monde de la Bible, 2000, p. 310-311.
  53. Voir page 11 in Paul : the man and the myth, Calvin Roetzel, First Fortress Press, 1999
  54. Voir page 136 in One untimely born : the life and ministry of the Apostle Paul, Robert Cate, Mercer University Press, 2006
  55. Daniel Marguerat, « Les Actes des Apôtres (1-12) », Labor et Fides, 2007 (ISBN 9782830912296), p. 327, note 31
  56. Jean Birnbaum, « Paul ou les ambiguïtés, de Jean-Michel Rey : Paul, la révolution en bégayant », Le Monde, 5 décembre 2008.
  57. Régis Burnet, Des textes qui ont fait le christianisme, Cerf, , p. 4
  58. Régis Burnet op. cit.
  59. Régis Burnet, Épîtres et lettres Ier, IIe siècles, éd. du Cerf, 2003, (ISBN 2204071706).
  60. Dictionnaire encyclopédique de la Bible, article « Paul », Brepols, 2003.
  61. Daniel Marguerat, « Paul interprète de Jésus », in Les premiers temps de l’Église, Folio histoire, Gallimard, 2004.
  62. Jean-Michel Rey, Paul ou les ambiguïtés, Ed. de l'Olivier, 2008.
  63. Friedrich Nietzsche, L'Antéchrist, 51, trad. par Henri Albert, révisée par Jean Lacoste, in Œuvres, t. II, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1993, p. 1088.
  64. Rüdiger Safranski, Nietzsche - Biographie seines Denkens (2000), München, Hanser ; Eng. Nietzsche : A Philosophical Biography, translated by Shelley Frisch, New York, W.W. Norton, 2002, (ISBN 0393050084) ; voir notamment Matthias Schubel, Nietzsche, le philosémite européen, Faculté des lettres et sciences humaines, Besançon, 2007.
  65. Friedrich Nietzsche, L'Antéchrist, 45, in Œuvres, t. II, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1993, p. 1081.
  66. Daniel Marguerat, « Saint Paul contre les femmes ? », in Le Dieu des premiers chrétiens, Labor et Fides, 1990.
  67. Cf. Alain Decaux, L’avorton de Dieu. Une vie de saint Paul, Perrin/Desclée de Brouwer, 2003, p. 13.
  68. Étienne Trocmé, « Paul, fondateur du christianisme ? », in Aux origines du christianisme, Folio histoire, Gallimard, 2000.
  69. Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire, Folio histoire, Gallimard, 1998.
  70. Henri Persoz, Enquête sur Paul et Jésus, Pourquoi Paul cite-t-il si peu les paroles du Christ ?, Édition : Paris, Ed. Église Réformée de la Bastille, 2001. « D'une part les passages où Paul paraît citer explicitement ou implicitement une parole de Jésus : I Th. 4,2.15 ; I Co. 7,10s et 9,14 ; Rm. 14,14 (ch. III). D'autre part ceux où Paul évoque, de près ou de loin, l'enseignement ou la vie de Jésus : Rm. 12,14. 20 ; 13,8b ; 15,3 ; I Co. 15,3 ; I Th. 4,9, Ga. 5,14 ; 6,2 : Rm. 10, 14-17 ; I Co. 1,5. 2,16 ; Ph. 3,8 ; I Co. 2,1-12 ; II Co. 5,16 ; Ga. 1,12 ; 15-17 (ch. IV) »
  71. Christophe Senft, Jésus de Nazareth et Paul de Tarse, Labor et Fides, 1985.
  72. Charles L'Eplattenier, recension mise en ligne en mars 2005 (Protestants.org, Fédération protestante de France).
  73. "Secondo la tradizione", Touring Club Italiano, Roma e dintorni (1965) p. 395.
  74. Le Monde de la Bible, no 178, juillet-août 2007.
  75. « Rome : Des archéologues du Vatican ont identifié le tombeau de saint Paul sous la basilique », Apic, .
  76. « Un sondage a été effectué dans le sarcophage de Saint-Paul-hors-les-Murs », Zenit, .
  77. Edina Bozóky, La politique des reliques de Constantin à Saint Louis. Protection collective et légitimation du pouvoir, Editions Beauchesne, (lire en ligne), p. 126
  78. Jean Favier, Les Papes d'Avignon, Fayard, , p. 421
  79. Site de l'Année jubilaire œcuménique Saint-Paul

Voir aussi

Bibliographie

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