Mantoue

Mantoue (Mantova en italien ; Mantua en latin ; Mantoa en lombard) est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom en Lombardie, région de la plaine du Pô.

Mantoue

Place Sordello.
Noms
Nom italien Mantova
Administration
Pays Italie
Région Lombardie 
Province Mantoue 
Maire Mattia Palazzi
2015-
Code postal 46100
Code ISTAT 020030
Code cadastral E897
Préfixe tel. 0376
Démographie
Gentilé Mantouan
Population 49 445 hab. (30-11-2017)
Densité 775 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 09′ 23″ nord, 10° 47′ 28″ est
Altitude 19 m
Min. 16 m
Max. 28 m
Superficie 6 381 ha = 63,81 km2
Divers
Saint patron Anselme
Fête patronale 18 mars
Localisation
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Mantoue
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Mantoue
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Mantoue
Liens
Site web Site officiel

    Gouvernées par la maison de Gonzague, Mantoue et Sabbioneta sont liées par une même histoire mais aussi par une tradition urbanistique, architecturale et artistique commune fondée sur les principes de la Renaissance. À ce titre, les deux villes sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité établie par l'Unesco en juillet 2008[1]. Mantoue a été nommée « Capitale de la culture italienne 2016 ».

    Géographie

    Au XIIe siècle, l'architecte et ingénieur hydraulique Alberto Pitentino, à la demande de la commune de Mantoue, organisa un système de défense de la ville en utilisant la configuration du fleuve Mincio de façon à entourer complètement le centre habité par quatre étendues d'eau qui formèrent les quatre lacs : Supérieur, du Milieu, Inférieur et Paiolo : vue de loin, Mantoue ressemblait à une île. Puis, lors des décrues, le lit du fleuve devenait marécageux et malsain[2]. De la campagne, on accédait grâce à des ponts ; aujourd'hui deux de ces ouvrages, le pont des Molini et le pont de San Giorgio, existent encore.

    L'organisation de la défense fut améliorée avec des murs d'enceinte ; la ville atteignit sa plus grande splendeur.

    Au XVIIe siècle, une forte inondation signa le début d'une rapide décadence : le Mincio, en emportant des matériaux solides, transforma les lacs en marécages malsains qui influèrent sur l'avenir du développement de la ville ; le lac Paiolo, au sud, fut alors asséché de sorte que la ville resta entourée d'eau sur trois côtés seulement - comme une péninsule - et aujourd'hui encore, la situation est identique. Ce sont ces trois étendues d'eau artificielles, provenant d'une boucle du fleuve Mincio qui donnent à Mantoue une particularité presque magique puisqu'elle fait penser à une ville sortie de l'eau. En 1984, une partie de la commune a été incluse dans le Parc naturel régional du Mincio.

    La présence de fleurs de lotus dans les lacs mantouans est l'œuvre d'Anna Maria Pellegreffi, botaniste parmesane qui, revenant du sud-est asiatique en 1921, voulut tenter l'expérience de tirer de la racine du lotus de la farine pour la panification. La farine ne passa pas dans la gastronomie mantouane alors que la fleur colonisait une grande partie des lacs mantouans.

    Histoire

    La ville fut fondée sur les bords du Mincio en 2000 av. J.-C. environ. Elle fut ensuite, au VIe siècle av. J.-C., un village étrusque. Son nom pourrait venir de Mantus, l'équivalent du dieu Hadès chez les Étrusques. Les Romains, qui conquirent la ville entre la première et la deuxième guerre punique, confondirent Mantus avec Manto, une fille de Tirésias. En effet, selon la légende, que Dante évoque dans le chant XX de l'Enfer, celle-ci aurait quitté Thèbes à la mort de son père et serait arrivée dans ce lieu inhospitalier où elle se serait s'installée[2].

    Virgile, né non loin de la ville, est surnommé « le cygne de Mantoue ». Avant que la ville ait un saint patron, le poète en fut à la fois le protecteur et le symbole. Des statues de Virgile qui devait inspirer le nouvel esprit civique communal furent érigées devant les Palazzo del Podestà et le Palazzo della Ragione par les représentants de la ville au XIIIe siècle (Seule la première demeure à sa place initiale, la seconde est maintenant conservée au Palazzo San Sebastiano)[2].

    Jusqu'au IXe siècle, la ville est gouvernée par son évêque qui est investi par l'empereur germanique des pouvoirs du gouvernement citadin. À la fin du Xe siècle, l'empereur attribue le comté de Mantoue aux Attoni de Canossa, comtes de Modène et de Reggio d'Emilie, marquis de Tuscie. Jugeant le lieu stratégique, Boniface de Canossa transfère sa capitale à Mantoue où il installe sa cour. Sa fille Mathilde lui succéda en 1076. Comme tous les Attoni de Canossa qui furent de fidèles vassaux de l'État pontifical, elle soutint le pape Grégoire VII dans le conflit qui opposait celui-ci à Henri IV, empereur du Saint-Empire germanique, dans la guerre des investitures ecclésiastiques. En 1081, l'empereur envahit les territoires de la Seigneurie de Canossa. Dix ans plus tard, Mantoue, s'opposant ainsi à Mathilde, choisit de se rendre à l'Empereur et obtint ses premières libertés communales. Mathilde parvient à reconquérir la ville l'année précédant sa mort en 1115. Celle-ci met fin à la Seigneurie de Canossa et à la Commune. Pendant cette période, Mantoue connue une forte activité de constructions, notamment religieuses[2].

    Le , saint Anselme de Lucques meurt à Mantoue et devient ainsi le saint patron de la ville.

    À la mort de Mathilde, après une courte période pendant laquelle Mantoue est de nouveau gouvernée par un pouvoir ecclésiastique, le ville est placée sous l'autorité d'un podestat venant de Bergame, Attone da Pagano.

    Louis III de Mantoue, 1474
    Chambre des époux
    Palais ducal de Mantoue.

    Du début du XIIe et au début du XIVe siècle, Mantoue est une république urbaine dotée d'un gouvernement communal. Puis, dans le cadre de la lutte entre les Guelfes et les Gibelins, elle passe en 1273 sous l'autorité des Bonacolsi (guelfes), avant que ceux-ci ne soient supplantés en 1328 par les Gonzague (gibelins), qui furent ducs de Mantoue.

    Dès 1272, Pinamonte Bonacolsi mit en place les fondations del la constitution d'une seigneurie. Le 16 août 1328, la seigneurie de Rinaldo Bonacolsi, surnommé Passerino, fut renversée par son allié Louis Gonzague et ses fils grâce à l'aide des Della Scala de Vérone. Les Gonzague s'emparèrent des biens immobiliers des Bonalcosi dont le Palazzo del Capitano. Ils prirent le titre de capitaines du peuple et obtinrent la charge de vicaire de l'empereur ce qui leur permit d'administrer seuls la ville. Ils restèrent les intrépides mercenaires qu'ils étaient tout au long de leur règne, accroissant leur richesse et leur prestige grâce à leur habileté dans l'art de la guerre qu'ils mirent à la solde des grandes puissances italiennes[2].

    En 1433, l'empereur Sigismond attribue le titre héréditaire de marquis à Jean-François Gonzague moyennant une forte somme d'argent. L'héritier du marquisat, Ludovic Gonzague est pour cette occasion uni à une des nièces de l'empereur, Barbara de Brandebourg afin de renforcer cette nouvelle alliance. Dès lors les Gonzague vont mener une véritable politique de consolidation dynastique, aussi bien au niveau de leurs choix d'alliances militaires que matrimoniales, tout en veillant à faire de Mantoue un centre culturel et artistique[2].

    En faisant venir à sa cour l'humaniste Vittorino Da Feltre qui devint précepteur de ses enfants, Jean-François Gonzague attira dans sa ville les héritiers des dynasties voisines, comme Frédéric de Montefeltre, ce qui lui donna encore un peu plus de prestige culturel et politique[2].

    Entre 1459 et 1460, un concile se tient à Mantoue, réuni par Pie II, pour organiser une croisade contre les turcs qui avaient conquis Constantinople six ans auparavant. A cette occasion, Ludovico Gonzague transporte sa cour du palais ducal au château Saint-Georges, aux marges de la ville, l'éloignant ainsi du centre civique communal pour la rapprocher de l'ancien centre du pouvoir épiscopal. La venue du pape et de sa suite dans la ville amena Ludovico Gonzaga à prendre conscience, outre de son état malsain, de son aspect gothique et inadapté, de ses rues poussiéreuses ou embourbées, et à appeler en toute urgence Luca Fancelli, Leon Battista Alberti et Luciano Laurana pour qu'ils réaménagent l'espace urbain au plus vite[3]. Pendant huit mois, Mantoue ainsi fut le centre du monde chrétien.

    La cour ducale fut très attractive pour les artistes au XVe et XVIe siècles. C'est le marquis Louis III Gonzague qui nomma Andrea Mantegna artiste de cour en 1460. Celui-ci y exerçait toutefois avec de nombreux autres artistes comme Domenico Morone et les frères Bonsignori, mais aussi Léonard de Vinci et Francesco Francia qui vinrent à la demande d'Isabelle d'Este[2]. Cette dernière appela Lorenzo Costa pour le remplacer dans cette fonction. Au XVIe siècle le marquis Frédéric II poursuit la tradition de mécénat et commande à Giulio Romano le Palais Te. Cet artiste a eu de nombreux collaborateurs et élèves qui ont poursuivi l'école de Mantoue, dont Teodoro Ghigi à qui le duc de Mantoue confia la tâche de terminer certaines œuvres inachevées par le maître[4]. Un de ses élèves, Giovan Battista Bertani lui succéda en 1549 comme préfet des Bâtiments à la suite d'une décision du cardinal Hercule Gonzague alors régent du duché. Celui-ci acheva la reconstruction de la cathédrale et constuisit la basilique palatine de Sainte-Barbara[2].

    En 1567-1568, le duc régnant, Guillaume de Mantoue, dut affronter l'Inquisition qui subodorait des rapports entre certains membres de la cour, dont des artistes, et des hérétiques pendant le règne de son père et la régence d'Hercule Gonzague[2].

    La disparition de la lignée ducale directe fut la cause, au XVIIe siècle, de la guerre de succession de Mantoue, épisode périphérique de la guerre de Trente Ans ou Mantoue fut assiégée (décembre 1629-18 juillet 1630) et prise par les Espagnols de Rambaldo di Collalto (it) sur Charles de Mantoue. Le duché revint cependant à une branche cadette (française, des ducs de Nevers) jusqu'en 1708, date où il fut annexé à l'empire d'Autriche.

    En 1796, durant la campagne d'Italie, le siège de Mantoue, alors tenue par les Autrichiens, dura près de 8 mois. La ville ne fut prise par les troupes de Bonaparte qu'en janvier 1797.

    Au Congrès de Vienne (1815), la ville de Mantoue fit à nouveau partie des possessions de la monarchie autrichienne (Royaume de Lombardie-Vénétie), gouvernement de Lombardie, chef-lieu de la province de même nom.

    En 1866, elle est annexée au royaume d'Italie.

    Patrimoine architectural

    Civitas vetus, la "vieille ville"

    Cette partie de la ville date du XIe siècle et était à l'époque fortifiée. Le fossé fut recouvert au XVe. La plupart des édifices de cette époque a aujourd'hui disparu. Subsistent le Théâtre Bibiena, encore appelé Teatro Scientifico, construit par Antonio Bibiena au XVIIIe siècle, et l'arc de San Pietro sur la Piazza Broletto[2].

    Avec l'arrivée au pouvoir des Bonacolsi au XIIIe siècle, la résidence de la famille régnante fut installée à l'intérieur de l'enceinte défensive, à proximité de la Cathédrale San Pietro de Mantoue et de l'évêché. Guido Bonacolsi, désigné capitaine du peuple en 1299, occupe le Palazzo del Capitano, qui fut ensuite intégré au Palais ducal[2].

    Le château Saint-Georges fut construit par François Gonzague de 1395 à 1406 environ. Forteresse stratégique, il permettait de relier la zone urbaine au contado, au-delà du pont de San Giorgio. Il devint une résidence seulement dans la seconde moité du XVe siècle, lorsque Ludovic II Gonzague abandonna sa fonction militaire. La basilique palatine de Sainte-Barbara fut édifiée de 1562 à 1572 par Giovan Battista Bertani à la demande du duc Guillaume[2].

    A la suite des Bonalcosi, les Gonzague y accumulèrent des biens fonciers considérables, imposant ainsi leur présence au cœur de l'espace civique, tout en élargissant leur base familiale et en développant leurs liens de clientèle[3].

    Civitas Novas

    Cette partie de la ville s'est développée avec le pouvoir communal au-delà de l'arc de San Petro. Dès 1037, le couvent de Sant'Andrea s'y installe ainsi que les familles les plus puissantes dont le pouvoir ne cessait de croître. Le centre est dédié au commerce et au marché. La Basilique Saint-André de Mantoue, due à l'architecte Leon Battista Alberti, est construite sur cet emplacement à partir de 1472.

    La Commune y édifia au début du XIIe siècle les sièges des principales activités publiques de la ville, le Palazzo del Podestà et le Palazzo della Ragione[2], sur la piazza delle Erbe, où est également construite la Rotonde San Lorenzo. À cette époque, la lutte des communes contre la souveraineté impériale entraine souvent la destruction des palais impériaux. Ainsi, en 1116, l'Empereur Henri V donne le droit aux mantouans de détruire le palais et ses fortifications pour le reconstruire dans les faubourgs[3].

    Autres monuments remarquables

    En 1459, Ludovic Gonzague, qui souhaitait offrir à sa ville un nouvel aspect, confia à Leon Battista Alberti la construction de l'Église Saint-Sébastien, située non loin du Palais du Te, et la réfection de la Rotonde de San Lorenzo.

    Le Palazzo San Sebastiano, qui abrite le musée de la ville, fut construit par Frédéric Gonzague dont ce fut la résidence préférée.

    Le palazzo d'Arco, résidence de la famille D'Arco (it), originaire de Trente, fut construit à partir de 1784 par l'architecte Antonio Colonna et abrite les collections de la famille D'Arco.

    Le Rio

    Personnalités liées à Mantoue

    Antiquité
    Renaissance
    Epoque moderne
    • Giuseppe Bazzani (1690-1769) peintre de style rococo qui à partir de 1760, exécute des ensembles picturaux et des retables pour divers édifices religieux de Mantoue notamment pour les églises de Sainte-Marie-de-la-Charité, de Saint-Maurice et Saint-Barnabé[5].
    • Abraham Vita de Cologna (1755-1832), membre de l'assemblée des notables convoquée par Napoléon, vice-président du grand Sanhédrin et grand-rabbin du Consistoire central français
    Contemporains

    Manifestations

    Timbre du Royaume lombardo-vénitien de 1864, 10 soldi oblitéré à MANTOVA.

    Festivaletteratura de Mantoue

    Depuis 1997, la ville accueille, la première quinzaine de septembre, une centaine d'écrivains du monde entier pendant quatre à cinq jours.

    Les lectures, spectacles, débats littéraires investissent tous les lieux historiques de la ville ; auteurs et lecteurs se retrouvent dans le palais ducal, le palais San Sabastiano, la maison de Mantegna, le palais d'Arco, le palais Canossa, le théâtre Bibiena, sur la Place aux Herbes, dans les cloîtres et les églises.

    C'est un moment d'intense activité culturelle où l'on parle toutes les langues dans la ville et aussi un grand moment de découvertes gastronomiques.

    Administration

    Les foyers de la Renaissance artistique en Italie :
    Nord : Venise, Padoue, Ferrare, Mantoue, Milan, Parme.
    Centre : Florence, Urbino, Pérouse
    Sud : Rome.
    Les maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    1945 1946 Carlo Camerlenghi PSI  
    1946 1955 Giuseppe Rea PCI  
    1955 1956 Piero De Nicolai PCI  
    1956 1960 Eugenio Dugoni PSI  
    1960 1973 Luigi Grigato PSI  
    1973 1985 Gianni Usvardi PSI  
    1985 1990 Vladimiro Bertazzoni PSI  
    1990 1993 Sergio Genovesi PSI  
    1993 1995 Claudia Corradini PRI  
    1995 1996 Chiara Pinfari PPI  
    1996 2005 Gianfranco Burchiellaro DS  
    2005 2010 Fiorenza Brioni PD  
    2010 2015 Nicola Sodano PDL  
    2015 En cours Mattia Palazzi PD  
    Les données manquantes sont à compléter.

    Hameaux

    Castelletto Borgo, Formigosa

    Communes limitrophes

    Bagnolo San Vito, Curtatone, Porto Mantovano, Roncoferraro, San Giorgio di Mantova, Virgilio.

    Jumelages

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    1. « Mantoue et Sabbioneta », sur UNESCO (consulté le 12 avril 2015).
    2. Barbara Furlotti et Guïdo Rebecchini, L'art à Mantoue, Paris, Hazan, , 278 p. (ISBN 978-2-7541-0016-8)
    3. Patrick Boucheron, De l'éloquence architecturale, Milan, Mantoue, Urbino (1450-1520), B2, , 70 p. (ISBN 978-2-36509-037-7)
    4. (en) Michael Bryan et Robert Edmund Graves (éditeur), Dictionary of Painters and Engravers, Biographical and Critical, vol. 2 : L-Z, York St. #4, Covent Garden, London, George Bell and Sons, , Original de Fogg Library, numérisé le 18 mai 2007 (lire en ligne), p. 280.
    5. Raffella Bentivoglio Ravasio, « Notices biographiques », dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires, (ISBN 2-84459-006-3), p. 633
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