Lugdunum

Lugdunum (ou Lugudunum), aujourd'hui Lyon, est le nom du site gaulois où une colonie de droit romain fut fondée en 43 av. J.-C. par Lucius Munatius Plancus, alors gouverneur de la Gaule chevelue, sous la titulature initiale de Colonia Copia Felix Munatia Lugudunum. Cette colonie, fondée à l'occasion des troubles qui suivent l'assassinat de Jules César en 44 av. J.-C., devint la capitale des Gaules à partir de 27 av. J.-C.

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Lugdunum

Théâtre antique de Lyon, sur la colline de Fourvière
Localisation
Pays  Empire romain
Province romaine Haut-Empire : Gaule lyonnaise
Bas-Empire : Lyonnaise première
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Rhône
Commune Lyon
Type Colonie romaine
Capitale de la Gaule lyonnaise
Coordonnées 45° 45′ 35″ nord, 4° 50′ 32″ est
Altitude de 162 à 305 m
Superficie 200 hectares
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
Lugdunum
Histoire
Époque Antiquité (Empire romain)

Cependant, le site avait été occupé de façon continue depuis le VIe siècle av. J.-C., soit bien avant l'arrivée des Romains. Ceux-ci établirent leur colonie au sommet de la colline de Fourvière, mais la cité déborda largement du site initial, occupant les pentes de la colline de la Croix-Rousse et la Presqu'île actuelle. Certains historiens[N 1] ont émis l'hypothèse qu'il s'agissait d'une île, l'île des Canabæ.

Les origines de Lugdunum

Les connaissances sur ce qui précède la fondation romaine ont longtemps été nébuleuses et fantasmées. De nombreuses théories ont été proposées sur l'origine du nom « Lugdunum / Lugudunum », le consensus étant à présent pour une construction avec Lug : « Lumière » et Dunum : « Forteresse ». Au-delà des mythes de fondation rapportés par des auteurs anciens, les historiens et archéologues ont à présent acquis la certitude qu'il existait une présence gauloise sur un temps long, mais probablement discontinu à de nombreux endroits de la future cité romaine, avec la construction d'une fortification gauloise peu avant l'arrivée des colons et de Plancus.

Toponymie

Le premier nom attesté est Lugudunum, dès le Ier siècle av. J.-C. sur le tombeau de Plancus[CIL 1], le fondateur de la colonie. Cette graphie est confirmée par Dion Cassius qui écrit au IIIe siècle que Lugudunum est l'ancien nom de Lugdunum[A 1]. De fait, dans les textes antiques, les deux formes Lugudunum et Lugdunum sont utilisées aussi abondamment et il n'est pas du tout assuré que le nom usité ou officiel soit Lugdunum[c 1].

De nombreux autres sites, souvent associés à des sanctuaires en hauteur, ont porté le nom de Lugdunum, entre autres Laon dans l'Aisne, Saint-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Convenarum) dans la Haute-Garonne[1]. Le nom de Leyden (Leithon en 860, Legihan pour *Legthan au IXe siècle) aux Pays-Bas représente vraisemblablement un ancien Lugdunum[2],[3], mais il s'agit probablement d'une transposition de l'ancien nom de Katwijk.[pas clair]

Le toponyme Lugdunum, ou Lugudunum, est issu du celtique Lugu-dunon, de -duno, forteresse, colline[4], et du nom de Lugus, irlandais Lug, gallois Lleu, divinité majeure de la mythologie celtique[5], auquel un sanctuaire aurait été consacré sur l'actuelle colline de Fourvière (dont le nom vient lui-même de Forum Vetus, le Vieux-Forum, à la suite de l'installation de la colonie romaine sur la colline).

Lugdunum signifie donc « colline, forteresse du dieu Lugus ». Mais l'étymologie de Lugus est plus difficile à reconstituer.

Il existe de multiples théories. L'une affirme que Lugus devrait être rapprocher du gaulois lugos ou lougos, qui aurait signifié « corbeau ». Elle repose entièrement sur le texte Peri potamôn, rédigé en grec et connu sous le nom latin De fluviis par un pseudo-plutarque[c 2],[A 2] et est rejeté par les spécialistes depuis longtemps[6], le dernier a y avoir accordé du crédit étant Amable Audin dans les années 1960[g 1]. Le terme lugos « corbeau » n'est pas attesté dans aucune langue celtique. Le thème principal servant à nommer le « corbeau » est bran(n)o- (cf. le terme gaulois branos et les termes gallois, cornique, breton bran, qui désignent le « corbeau »). L'étymologie lugos est peut-être symbolique, le corbeau étant, avec la corneille, l'un des oiseaux les plus fréquemment sacralisés par les Gaulois. Fausse ou non, l'explication du nom de Lyon par un nom gaulois du corbeau va vivre dans les imaginaires et se répercuter dans des représentations figurées comme des monnaies antiques ou des médaillons. Le nom de Lugdunum / Lyon a pu être compris d'une manière emblématique comme la « Colline du Corbeau »[7],[8].

D'autres théories proposent le nom du lynx, le nom de Loki, ou encore une épithète de théonyme signifiant « le Lumineux, le Brillant »[N 2]. En ce cas, le nom du dieu serait lié à la racine indo-européenne *leuk- « briller » que l'on retrouve par exemple dans le grec leukos « brillant, blanc », le latin lux « lumière », ou le gaulois leucos, « brillant, clair »[c 3] ; Lugus étant une divinité solaire et de la lumière[9],[10].

Légendes liées à la fondation

Une fondation mythique est rapportée par le texte en grec Peri potamôn, également connu en latin sous le nom de De fluviis, rédigé par un pseudo-Plutarque. Ce texte postérieur à la fondation de la ville invente toute une série de fondations mythiques pour de nombreuses villes, utilisant des rapprochements entre les noms de fleuves et de montagnes, ainsi que des récits mythiques antérieurs[c 4]. Aucun auteur moderne ne se permet d'utiliser le pseudo-Plutarque pour en extraire une information historique[g 1]. À l'instar de Rome fondée par Romulus et Rémus, Lugdunum devrait donc sa naissance à deux personnages celtes, le druide Momoros et le roi Atepomaros :

« L'Arar[N 3] est un cours d'eau de la Gaule celtique, ainsi nommé jusqu'à sa réunion avec le Rhône (…) Auprès de cette rivière s'élève un mont appelé Lougdouno [-u?] n ; il a changé de nom pour la raison que voici : Mômoros et Atépomaros, chassés du pouvoir par Sésèroneus, vinrent sur cette colline, obéissant à un oracle, pour y fonder une ville. Alors qu'on creusait ses fondations, tout à coup, apparurent des corbeaux, voltigeant de tous les côtés, qui emplirent les arbres alentour. Alors Mômoros, expert en présages, appela cette ville Lougdounon. En effet, dans leur dialecte, on appelle corbeau lougos et une éminence dounon comme le rapporte Clitophon, au livre 13 de ses fondations urbaines[A 2]. »

Présence gauloise avant la fondation romaine

Murus gallicus, maquette réalisée par Nicolas Hirsch (Service archéologique de la Ville de Lyon).

Pendant longtemps, les historiens ont fait remonter la naissance de la ville à la fondation romaine, certains comme Amable Audin supposant uniquement, à cause de la toponymie, une présence temporaire pour des motifs religieux. Au cours des trente dernières années, les découvertes archéologiques ont totalement renouvelé la chronologie de la présence humaine à Lyon. Il est à présent attesté que des peuplades ont vécu dans le quartier de Vaise et de Fourvière à la préhistoire et que des lieux d'échanges installés sur la durée ont été établis sur les bords de Saône. Peu avant la fondation romaine au cours du Ier siècle av. J.-C., une fortification de type « murus gallicus » a été également établie à l'endroit où les romains créent leur mur d'enceinte quelques décennies plus tard[c 5].

Le seul texte tangible relatif au site de la future cité et rédigé par un témoin direct est la Guerre des Gaules de Jules César. Le bref passage qui évoque ce lieu ne permet pas d'affirmer ou d'infirmer la présence d'une certaine urbanisation :

« Il y a une rivière, la Saône, qui va se jeter dans le Rhône en traversant le territoire des Éduens et des Séquanes, avec une lenteur si incroyable qu'on ne peut juger à l'œil du sens de son courant Les Helvètes étaient en train de la franchir à l'aide de radeaux et de barques assemblés[A 3],[g 2]. »

Histoire

Née au moment où la République romaine s'achève, la cité suit une partie des évènements de l'empire. Les premiers siècles sont fastes, surtout lorsque les empereurs se servent le Lugdunum comme base arrière de leurs conquètes germaniques. Les derniers siècles de l'empire, marqué par la montée du christiannisme, sont ceux d'une stagnation pour la ville.

Fondation de la colonie romaine

Les différentes parties de la Gaule (58 av. J.-C.).

La décision du sénat romain de fonder une colonie romaine à Lugdunum est due à des circonstances fortuites ; tenir éloigné de Rome un gouverneur devenu suspect dans le cadre de la guerre entre Rome et Marc Antoine. Il s'agissait toutefois bien de donner une nouvelle cité à des colons militaires chassés peu de temps auparavant probablement de Vienne par les Allobroges.

Une création décidée lors de circonstances troublées

La fondation en 43 av. J.-C. de la colonie de Lugdunum par Lucius Munatius Plancus, alors gouverneur de la Gallia comata a lieu dans la période troublée qui suit l'assassinat de Jules César le 15 mars de l'année précédente. Nous n'avons qu'un seul texte présentant les raisons et circonstances de la fondation de Lugdunum, rédigé par Dion Cassius dans son Histoire romaine au début du IIIe siècle[A 1].

Rome est alors en pleine guerre civile, opposant Marc Antoine au Sénat et aux pouvoirs réguliers. Plancus est un fidèle de César, de même que Lépide, gouverneur de la Gaule narbonnaise. Le Sénat leur demande dans un premier temps de passer en Italie avec leurs légions pour prêter main-forte aux troupes régulières opposées à Marc Antoine. Mais un lieutenant de Lépide, Silanus, parti en éclaireur, rejoint les forces de Marc Antoine. Inquiet de ce ralliement, le Sénat se ravise et demande à Lépide et à Plancus de rester en Gaule[c 6].

« Lorsque les sénateurs apprirent que Silanus embrassait la cause d'Antoine, ils craignirent que Lépide et Lucius Plancus ne s'unissent à lui eux aussi, et ils leur envoyèrent un message, leur disant qu'ils n'avaient plus besoin d'eux. Et pour éviter qu'ils ne conçoivent quelque soupçon et, de ce fait, ne se montrent déloyaux, ils leur ordonnèrent de fonder une colonie en rassemblant les gens qui avaient alors été chassés de Vienne en Narbonnaise par les Allobroges, et qui s'étaient installés entre le Rhône et l'Arar[N 3], à leur confluent Ils obéirent et ainsi fondèrent la ville qu'on nomma alors Lugudunum, et qui s'appelle maintenant Lugdunum.[g 2]. »

C'est la seule source connue sur les circonstances ayant amené la fondation de la colonie romaine de Lugdunum. Elle est vague, car Dion Cassius s'intéresse surtout à la guerre civile pour le pouvoir à Rome, et elle a fait l'objet de diverses interprétations. Elle montre que la fondation de Lugdunum ne correspond pas à un plan prémédité, mais à une décision de circonstance, c'est-à-dire contrôler des gouverneurs importants et résoudre un problème local. Savoir qui sont exactement les colons est difficile, car il exuste très peu de traces historiques ou archéologiques[c 7].

Épitaphe du mausolée de Plancus à Gaète

Toutefois, Lépide devient le 30 juin 43 ennemi public car il prend le parti de Marc-Antoine. Il ne participe donc pas à la fondation de Lugdunum, qui doit avoir eu lieu après cette condamnation. L'épitaphe de la tombe de Munatius Plancus indique ainsi qu'il est bien l'unique fondateur de la cité[CIL 1]. On connait le retour à Rome de Plancus, après la fondation donc, en novembre 43[i 1]. La fondation a donc eu lieu dans cet intervalle, sans que l'on ai le moindre indice pour statuer sur une date. « Il n'est en revanche pas possible de suivre Amable Audin, qui avait fixé la « date de naissance » de Lyon au 9 octobre sur la base d'un raisonnement erroné »[c 7]. Une source plus tardive, Eusèbe de Césarée, attribue aussi la fondation à Munatius Plancus mais en l'an 728 de Rome, soit en 25 av. J. C., ce qui est une erreur manifeste[A 4].

Plancus ayant fondé seul Lugdunum, la première titulature de la ville lui rend honneur en étant : Colonia Copia Felix Munatia[N 4],[c 7].

Origine et nature des colons

Il n'existe aucun indice direct permettant de connaître un tant soit peu la nature et l'origine des colons. Dion Cassius ne dit pas grand chose sur eux et aucun autre auteur antique ne donne d'informations sur l'évènement.

Selon une première hypothèse exposée par Camille Jullian[11], plus retenue aujurd'hui mais longtemps majoritaire, les Romains chassés de Vienne l'auraient été lors de la révolte de Catugnatos en 62 av. J.-C. Il s'agirait de negotiatores qui se seraient alors implantés sur le site de Lyon, fournissant un noyau romain disponible pour la fondation d'une colonie romaine. Cette hypothèse souffre cependant de deux importantes invraisemblances ; le Sénat n'aurait jamais attendu 18 ans, qui plus est en pleine guerre civile, pour se soucier du sort de citoyens romains, marchands ou non, réfugiés en Gaule alors indépendante. De plus, il n'aurait jamais accordé le privilège du droit romain (statut le plus élevé pour une fondation, rarement attribué, surtout pour la Gaule chevelue) qui sera accordé à la colonie de Lugdunum, pour de simples marchands de Vienne. Cette hypothèse n'est plus acceptée à présent[c 7],[i 1].

En interprétant la correspondance de Plancus et de Cicéron[Cicéron 1], Christian Goudineau reprend et améliore le scénario de l'origine militaire[12],[13] de la colonie de Lugdunum[14] : profitant des troubles consécutifs à l'assassinat de Jules César en 44 av. J.-C., les Allobroges expulsent de leur capitale Vienna [N 5],[15]. Ceux-ci fuient sur le site de la future Lugdunum où se trouve déjà un emporium dirigé par des compatriotes. Les réfugiés protestent auprès du Sénat probablement au travers du gouverneur local, Plancus. Le Sénat, dans cette période de troubles, tarde à réagir. En effet, réinstaller les colons à Vienne peut relancer un processus de révolte malvenu. Plancus envoie plusieurs lettres[Cicéron 2] pour obtenir du sénat non seulement une fondation sur le site de Lugdunum même, mais également le privilège d'une fondation de droit romain. Il obtient finallement satisfaction[g 2].

« Plancus, Général en chef, Consul désigné, à Cicéron.

Au camp en Gaule, 43 av. J.-C.

Comment ne pas t'adresser mes remerciements pour les services que tu m'as rendus en tous les domaines. (...)

Tu t'es occupé des intérêts des soldats. Pour moi, ce n'était pas pour renforcer mon influence (car je sais que je n'ai aucun projet contraire à l'intérêt public) que j'ai souhaité qu'ils reçoivent les honneurs du sénat. C'est d'abord parce que je jugeais qu'ils l'avaient mérité ; ensuite parce que je voulais, en toute occasion, les attacher davantage à la République ; en dernier lieu, pour pouvoir vous les maintenir à l'écart de toute tentation, comme ils l'ont toujours été jusqu'à maintenant. (...) »

 Dernière réponse de Plancus à Cicéron.[g 3]

Cette origine militaires des premiers colons de la colonie est également appuyée par deux autres indices certes plus faibles. Même si elle est difficile à interpréter, la découverte de pièces d'équipement militaire à Lyon renforce cette idée. Enfin, Tacite[Tacite H 1] mentionne quelques décennies plus tard que les Lyonnais se reconnaissent eux-mêmes comme descendants de militaires en utilisant le terme : colonia Romana et pars exercitus[N 6],[c 8].

La fondation rituelle et le premier visage de la cité

Reconstitution hypothétique du Palais du gouverneur pour l'exposition au musée des Beaux-Arts de Lyon Claude, un empereur au destin singulier - 2018

La ville est fondée sous la titulature de Colonia Copia Felix Munatia Lugudunum, avec les épithètes Copia l'Abondance, Felix la Fortunée, et Munatia du nom de son fondateur. Le choix de l'emplacement est fait probablement part défaut, les sites près des cours d'eau étant trop instables. Plancus aurait choisi donc une hauteur, le plateau de la Sarra[c 9]. L'axe du decumanus est situé au niveau de l'actuelle rue Roger-Radisson, comme l'ont montré les fouilles menées sur le plateau de la Sarra[i 2]. Il a longtemps été considéré comme étant dans l'axe de la rue Cléberg, à la suite d'une théorie d'Audin[a 1].

Il n'existe aucun texte décrivant le rituel et ses modalités pour le site de Lugdunum. Le rite de fondation de toute colonie romaine est cependant bien renseigné : le prélude à la fondation de la cité consiste pour les agrimensores (arpenteurs) à dresser les plans et déterminer le périmètre de la cité, et aux metatores (métreurs) à procéder à la division du terrain en lots. L'imperium que possède le gouverneur Lucius Munatius Plancus lui confère tous les pouvoirs, religieux, civils et militaires :

  • pontife et assisté d'un augure, il allume le feu sacré, source de tous les foyers de la colonie et offre un premier sacrifice, la « consécration » symbolisant l'abandon fait aux immortels d'un terrain désormais sacré. Il enfouit ensuite, dans un trou creusé devant l'autel, une motte de terre provenant du sol de Rome, conférant ainsi la romanité et l'inviolabilité au terrain. Ce terrain, le templum, cœur de la colonie, est délimité jusqu'au pomerium l'enceinte sacrée en traçant un sillon à l'aide d'un araire au soc d'argent attelé d'une vache et d'un taureau blancs[d 1].
  • magistrat, il distribue les lots et règle les conflits que la répartition fait naître.

Les premières décennies de la colonie sont mal connues, car les éléments archéologiques ne datent que de 30 av. J.-C. environ. L'archéologue Christian Goudineau s'interroge sur l'existence d'un délai entre la fondation et l'installation des premiers colons mais conclut que rien ne permet de l'affirmer ou de l'infirmer en expliquant que les couches stratigraphiques de référence, pour la période 50 av. J.-C. à 20 av. J.-C. concernant des camps romains qui ont été fouillées, sont postérieures à 20 av. J.-C. si bien que la datation pour cette période est malaisée, davantage encore en l'absence de céramique[16].

La dernière campagne de fouilles[d 2] (19912001), effectuée sur le site improprement appelé sanctuaire de Cybèle, renseigne sur la nature du premier établissement : le decumanus identifié par Amable Audin sous l'actuelle rue Cléberg serait en fait l'actuelle Rue Roger-Radisson. La colonie est fondée sur un plan hippodamique avec comme base la future voie d'Aquitaine (rue Roger Radisson). Les réfugiés viennois que Christian Goudineau voit dans la zone comprise entre les deux cours d'eau (instable du fait de sa soumission aux régimes hydrologiques du Rhône et de la Saône qui butent sur ses flancs) auraient très bien pu s'installer au sommet, proche de l'emporium (dirigé par des Italiques ou des Massaliotes ?) décrit plus haut, situé dans la plaine alluviale de Vaise. Il n'est donc pas exclu qu'un camp ait précédé la colonie. Le fait que le camp des réfugiés soit placé au sommet de la colline ou entre les deux cours d'eau ne change rien.

La colonie de Munatius Plancus n'est pas pourvue de muraille, tout au plus une levée de terre avec fossés et palissades à l'image des camps romains. Les premiers bâtiments sont faits de bois et de terre. On ne connaît que des îlots d'habitations reconnus sous les sites du pseudo sanctuaire de Cybèle et du Clos du Verbe Incarné. Ne comportant aucun bâtiment de taille, ni forum, la colonie est de taille réduite, tout au plus un quadrilatère de 400 mètres de côté. Ces dimensions sont à rapprocher de celles des colonies contemporaines de Nyon (Noviodunum en Suisse) et Augusta Raurica. Toutes les trois semblent être destinées à l'accueil des légions de vétérans[d 3].

La ville semble ne pas occuper la bordure nord-ouest du plateau comme l'atteste la découverte des ateliers de potiers de Loyasse et de la Sarra. La topographie du site impose des îlots carrés de petite taille d'environ 36 mètres de côté (dimensions à mettre en rapport étroit avec celles trouvées précisément à Nyon) bien que ce phénomène soit rare, il permet une plus grande souplesse dans l'aménagement de cette colline au relief accidenté.

La ville de terre et de bois laisse la place à des bâtiments aux soubassements en maçonnerie de pierres. L'essor de la cité est rapide du fait de son emplacement éminemment stratégique.

Lugdunum, capitale des Gaules sous les Julio-Claudiens (-27 / 69)

Au cours des Ier siècle av. J.-C. et Ier siècle, la ville fait l'objet d'attentions multiples de la part des empereurs. Auguste vient trois fois entre 16 av. J.-C. et 8 av. J.-C., Drusus, frère du futur empereur Tibère, réside à Lyon entre 13 av. J.-C. et 9 av. J.-C. où naît son fils, le futur empereur Claude, en 10 av. J.-C. La cité reçoit également la visite des empereurs Caligula entre 37 et 41 et Claude en 43 et 44.

Auguste (-27 / +14) : Lugdunum est capitale des Gaules

En 27 av. J.-C., le général Agrippa, gendre et ministre d'Auguste, divise la Gaule. Lugdunum devient la capitale de la province de Gaule lyonnaise et le siège du pouvoir impérial pour les trois provinces gauloises. Elle acquiert alors son titre de « capitale des Gaules ».

Dès 19 av. J.-C., Auguste aménage le réseau urbain qui accueille les quatre voies ouvertes à travers la Gaule[a 2]. Strabon indique également qu'« Agrippa traça les routes à partir de Lugdunum (Lyon), la première (…) vers le pays des Santons et d'Aquitaine, la deuxième vers le Rhin, la troisième vers l'océan par le pays des Bellovaques et des Ambiens, la quatrième vers (…) Narbonne et Marseille[A 5] ».

  • La voie d'Aquitaine, qui fait partie des voies d'Agrippa, se confond avec le chemin des Ségusiaves (rue Roger Radisson) et se relie à l'extrémité du decumanus (angle des actuelles rue Cléberg et Roger Radisson). Son départ est commun avec la voie de l'océan. Elle se dirige vers Saintes en Charente-Maritime.
  • La voie du Rhin descendant de la ville haute par la montée Saint-Barthélemy, franchissant la Saône vers Saint-Vincent, jouxtant l'amphithéâtre des Trois Gaules, et suivrait la montée des Carmélites.
  • La Via Agrippa de l'Océan : le tracé à la sortie de la ville haute est connu : carrefour des rues de la Favorite et avenue Barthélemy Buyer[17], puis rue Pierre-Audry, rue du sergent-Michel-Berthet, rue des Tanneurs, place Valmy.
  • La voie Narbonnaise s'embranche à Choulans, elle est située sous l'actuel chemin des Fontanières, à la limite entre Lyon et Sainte-Foy-lès-Lyon.

On ajoute à ces quatre voies, une cinquième en direction des Alpes grées :

  • La voie d'Italie. Le franchissement du Rhône n'est pas défini avec exactitude, mais les mausolées retrouvés, notamment rue de l'Université, permettent d'imaginer la voie romaine sous cette rue[18].
Aureus d'Auguste, émis à Lugdunum, 10 av. J.-C.

L'alimentation en eau de la cité reste une énigme tant la datation des aqueducs est difficile. Les archéologues placent la construction du premier aqueduc, celui de l'Yzeron, sous le règne d'Auguste, probablement entre 20 av. J.-C. et 10 av. J.-C.[19] en partant de l'hypothèse d'un accès au bassin de cette rivière facilité par le nouveau réseau de voies romaines (dont la voie d'Aquitaine) mis en place par Agrippa.

Le plus ancien théâtre des trois Gaules, comportant environ 4 500 places, est inauguré entre 16 av. J.-C. et 14 av. J.-C. sous l'empereur Auguste[20] (il sera agrandi sous l'empereur Hadrien). Le rôle privilégié de Lugdunum est renforcé par l’installation en 15 av. J.-C. du second atelier monétaire impérial (jusqu'en 78) puis par la dédicace en l’an 12 av. J.-C. du sanctuaire fédéral des Trois Gaules, sur les pentes de La Croix-Rousse, où se rassemblent chaque année les délégués des tribus gauloises pour célébrer le culte de Rome et de l'empereur. On connaît les premiers sacerdotes (prêtres) du sanctuaire fédéral : l'Éduen Caius Julius Vercondaridubnus le 1er août 12 av. J.-C., puis le Cadurque M. Lucterius Sencianus et le Santon Caius Julius Rufus[21].

Le futur empereur Tibère passe à Lugdunum entre 5 av. J.-C. et 4 av. J.-C. dans son avancée vers le nord[a 3].

Tite-Live commente : « Lyon commandait les Gaules, comme l'acropole domine une cité ». Quant à Strabon, dont la venue à Lugdunum paraît peu probable, il décrit la cité à la fin du règne de l'empereur Auguste (vers 14) :

« La ville même de Lugdunum, qui s'élève adossée à une colline, au confluent de l'Arar[N 3] et du Rhône, est un établissement romain. Il n'y a pas dans toute la Gaule, à l'exception cependant de Narbonne, de ville plus peuplée, car les Romains en ont fait le centre de leur commerce, et c'est là que leurs préfets font frapper toute la monnaie d'or et d'argent. C'est là aussi qu'on voit ce temple ou édifice sacré, hommage collectif de tous les peuples de la Gaule, érigé en l'honneur de César Auguste : il est placé en avant de la ville, au confluent même des deux cours d'eau, et se compose d'un autel considérable, où sont inscrits les noms de soixante peuples, d'un même nombre de statues, dont chacune représente un de ces peuples, enfin d'un grand naos ou sanctuaire. »

Tibère (14 – 37) : le modeste

Buste de Tibère, Cabinet des Medailles

En 19 est inauguré l'amphithéâtre des Trois Gaules, grâce notamment aux dons du Santais Caius Julius Rufus[22] (agrandi vers 130136).

Selon Tacite, en 21, les cités gauloises « essayèrent une rébellion dont les plus ardents promoteurs furent, parmi les Trévires, Julius Florus, chez les Éduens, Sacrovir (…). Ils conviennent de soulever, Florus la Belgique, Sacrovir les cités gauloises les plus proches de la sienne[Tacite A 1] ». « (…) Il n'y eut presque pas de cité où ne fussent semés les germes de cette révolte. Les Andécaves furent réduits par le légat Acilius Aviola, qui fit marcher une cohorte tenant garnison à Lyon[Tacite A 2] ». Rappelons que seuls trente kilomètres séparent Lugdunum et Vienne, capitale des Allobroges.

Caligula (37 – 41) : un tyran fou ?

Caligula, Musée du Louvre

L'empereur Caligula vient au moins une fois à Lugdunum, pendant son règne entre 37 et 41, où selon Suétone « il ouvrit (…) un concours d'éloquence grecque ou latine (…) Quant aux concurrents qui avaient particulièrement déplu, on leur ordonna (…) d'effacer leurs écrits avec une éponge ou avec la langue, à moins qu'ils ne préférassent être battus à coups de férule ou précipités dans le fleuve voisin[A 6] ». Il faut ici préciser que Suétone est incohérent, notamment quand il indique que la cruauté de Caligula s'était transmise à sa fille : il accuse celle-ci de chercher à crever les yeux de ses petits camarades. Mais elle est assassinée avec son père avant d'avoir atteint son premier anniversaire[e 1].

Quelques certitudes sur la présence de Caligula à Lugdunum : il est resté en Gaule aux côtés de Galba d'octobre 39 au printemps 40 pour préparer l'invasion de la Bretagne. Pour financer cette campagne, il lance les ventes à l'encan qui ont lieu à Lugdunum durant cette période. Il souhaite vendre les effets de ses sœurs après qu'elles eurent ourdi un complot contre lui. De Rome, il fait venir bijoux, meubles et esclaves qu'il met en vente. Devant ce succès, il décide de céder les biens de sa propre famille, et fait lui-même le boniment de la marchandise. Si les enchères ne montent pas assez, il fustige les participants et les encourage à augmenter l'enchère[e 2]. Il revêt alors son troisième consulat. L'argent de la campagne est réuni, il quitte Lugdunum pour rejoindre Galba sur le Rhin.

C'est également durant le règne de Caligula que la cité de Lugdunum (ou bien Lugdunum des Convènes (Saint-Bertrand-de-Comminges), on ne peut savoir) aurait accueilli l'exil forcé du tétrarque de Galilée et de Pérée, Antipas, beau-frère d'Hérode Agrippa après la fameuse affaire du temple de Jérusalem en 40 (l'érection d'une statue de l'empereur à l'intérieur du temple en réponse à la révolte des Juifs à Jamnia durant l'hiver 3940)[e 3].

Caligula fait enfin assassiner Ptolémée de Maurétanie, petit-fils de la reine Cléopâtre et de Marc Antoine, à Lugdunum en 40.

Claude (41 – 54) : le natif de Lugdunum

Claude, Musées du Vatican

Claude, succédant à Caligula au trône impérial en 41, passe à Lugdunum, sa ville natale, en 43 et 44 à l'aller et au retour de la conquête de la Bretagne. On lui attribue généralement la construction de l'aqueduc de la Brévenne grâce au témoignage d'une trentaine de tuyaux de plomb à ses initiales[a 4] (bien que ces tuyaux puissent avoir fait l'objet d'un réemploi, auquel cas il faudrait reculer cette datation). La plus importante trace que Claude laisse à Lyon est le fameux discours qu'il prononce en 48 devant le Sénat et qui accorde aux Gaulois l'accès à la magistrature publique de Rome. Les habitants de Lugdunum, reconnaissants, font graver le discours sur une plaque de bronze (aujourd'hui connue sous le nom de Tables claudiennes) et la placent dans le sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Cette table, retrouvée en 1528, se trouve désormais présentée au musée de la Civilisation gallo-romaine dont elle constitue l'un des trésors.

Sous Claude, le nom de la cité évolue en Colonia Copia Lugdunum auxquels on ajoute les cognomina d'Augusta et Claudia. La référence à Munatius Plancus (Munatia) disparaît[23].

Néron (54 – 68) : l'incendie de 65

Néron, œuvre en marbre du Ier siècle, Musée du Palatin.

Sous le règne de Néron en 64, les notables de Lugdunum ont connaissance de l’incendie qui a ravagé Rome, et envoient quatre millions de sesterces d’aide pour la reconstruction. L’année suivante en 65, Lugdunum est lui-même victime d’un terrible incendie. Sénèque indique : « Assez souvent on a vu des villes endommagées par le feu, mais jamais tellement qu'il ne restât quelque vestige de ce qu'elles étaient auparavant… Après cela, qui croirait que tant de palais capables d'embellir plusieurs villes se soient évanouis en une nuit… Lyon qu'on avait accoutumé de montrer dans la Gaule comme l'un de ses plus beaux ornements, se cherche aujourd'hui et ne se trouve plus[A 7]. » L'historien lyonnais André Steyert indique, en 1899, que Sénèque use de figures stylistiques et tempère : « Le feu s'est propagé dans la ville basse, s'est étendu sur les flancs de la colline, mais n'a pas atteint la partie la plus élevée. »[24] Néron fait à son tour un don de quatre millions de sesterces à Lugdunum pour sa reconstruction. Selon Tacite, « Le prince (Néron) soulagea le désastre de Lyon par le don de quatre millions de sesterces qu'il fit à la ville pour relever ses ruines ; les Lyonnais nous avaient eux-mêmes offert cette somme dans les malheurs de notre ville[Tacite A 3] ».

Les fouilles de la ville haute n'ont montré aucune trace d'incendie dans les couches stratigraphiques[m 1], ce qui corroborerait l'hypothèse selon laquelle seules les parties basses de la cité auraient été touchées (rive droite, Canabæ, Vaise ?). Il faut également comparer cette somme de quatre millions de sesterces aux cent millions que coûta la reconstruction d'une partie du cirque et des maisons particulières détruites par l'incendie de 36 à Rome[Tacite A 4] ainsi qu'aux dix millions accordés à la colonie de Bologne ruinée par l'incendie de 53[Tacite A 5]. Ces quatre millions ne paraissent plus aussi considérables et relativisent l'étendue de l'incendie.

La position clé de Lugdunum, au confluent de l'Arar (Saône) et du Rhodanus (Rhône), en fait un important port fluvial. C'est aussi un nœud routier, relié au Sud de la Gaule (la Narbonnaise), à l'Aquitaine, la Bretagne, la Germanie et bientôt l'Italie. Cette double position met Lugdunum en contact avec l'ensemble de l'Empire. Son statut de colonie romaine accordé par le Sénat et le rôle de capitale des Gaules favorisent l'essor de la ville.

Galba (68 – 69), Othon (69), Vitellius (69) : Lugdunum et Vienne, cités rivales

Les événements antérieurs à la colonisation révèlent un antagonisme entre les deux cités. En 50 av. J.-C., Vienne (Colonia Julia Vienna) obtient le statut de colonie latine. On rappelle que les premiers habitants de Lugdunum sont des vétérans chassés de Vienne par les Allobroges vers 44 av. J.-C. Bien que les motifs ne soient pas connus, on sait que les Allobroges font partie des dernières tribus gauloises à se soumettre à Rome. Tiberius Néron aurait permis à ces vétérans (dont la légion reste inconnue) de s'installer sur le territoire des Allobroges, et dans leur capitale Vienne. Auraient-ils vécu cette colonisation comme une provocation, et en conséquence auraient chassé les intrus ? Auraient-ils été jaloux du statut supérieur de colonie de droit romain obtenu par Lugdunum, alors qu'elle serait restée colonie de droit latin ?

Leurs descendants respectifs ont manifestement développé une certaine rancune, ce que révèle la crise de 69. Les habitants de Lugdunum se sentent déshonorés, ce que rappelle la correspondance entre Cicéron et Munatius Plancus[Cicéron 2] après leur expulsion.

Lors des événements de 68, Julius Vindex, légat de la Gaule lyonnaise, se révolte contre Néron et soutient son rival Galba. Les Lyonnais restent fidèles à Néron, tandis que leurs voisins viennois prennent le parti de Galba. Selon Tacite, « la colonie de Lyon, par haine pour Galba et dans sa fidélité à Néron était particulièrement fertile en rumeurs[Tacite H 2] ». Tandis que Vindex est vaincu à Besançon par l’armée du Rhin, les Viennois montent une expédition armée contre Lugdunum, qui parvient à résister. La fin de Néron et l’arrivée au pouvoir de Galba marquent une pause dans ce conflit. En guise de représailles, Galba confisque la rente que les Viennois versaient aux habitants de Lugdunum depuis 43 av. J.-C. au profit du fisc impérial[Tacite H 3]. Mais l’année suivante, en 69, la situation politique est toujours confuse : l’armée du Rhin de Vitellius, marche contre l'Italie et contre Othon. Il passe à Divodorum (Metz) où il répand la terreur en faisant exterminer 4 000 hommes « par rage et sans savoir pourquoi[Tacite H 4] ». De telle sorte qu'« ensuite, à l'approche de leurs colonnes, les cités tout entières accouraient avec leur magistrats et des prières ». Les armées de Vitellius, dont une partie est commandée par Fabius Valens, cherchent « un prétexte de guerre contre les Éduens : sommés de remettre de l'argent et leur armes (…) Ce que les Éduens avaient fait par peur, les Lyonnais le firent avec joie. Mais on leur retira les légions Italica et Tauriana[Tacite H 5]. » Vitellius descend la Saône en barque à la tête de 40 000 hommes durant l'hiver 6869[Tacite H 6] et arrive à Lugdunum fort de sa réputation de sanguinaire et où « Julius Blæsus, chef de la Gaule lyonnaise prend son parti[Tacite H 7] ». Le gouverneur lui donne une maison où il trouve ses deux généraux Fabius Valens et Alienus Cæcina. Vitellius désire que l'armée admire son fils au berceau. Cette armée est probablement une milice provinciale levée et commandée par les autorités locales[Tacite H 8]. Seule la XVIIIe cohorte demeure à Lugdunum où elle a généralement ses quartiers d'hiver. Vitellius apprend la victoire de ses partisans à Bedriac et quitte Lugdunum vers la fin avril 69 (Selon Tacite, il ne s'est pas passé quarante jours entre Bedriac et son arrivée pour contempler les restes hideux de la victoire[Tacite H 9]).

Les habitants de Lugdunum vont profiter de la présence de ces troupes pour se venger des Viennois. Cependant, toujours selon Tacite, Fabius Valens dissuade ses troupes de ravager Vienne, « toutefois, la cité dut livrer ses armes, et les habitants fournirent chacun aux soldats toute sorte de provisions (…) Valens lui-même s'était laissé acheter à bon prix[Tacite H 10] ».

Apogée (69 – 192)

Odéon de Lyon sur la colline de Fourvière.

Sous les Flaviens (de 69 à 96), puis sous les Antonins (de 96 à 192) Lugdunum prospère et connaît la paix à l'instar du monde romain. Sa population est estimée entre 50 000 et 80 000[a 5] habitants, ce qui en fait l'une des plus grandes villes de la Gaule avec Narbo Martius (Narbonne).

L'étude de l'épigraphie permet de définir la proportion de Grecs à Lyon au cours de cette période. Sur un total de 522 épitaphes, on trouve 243 noms grecs sur 1 116[a 6] : de 19 % au début du Ier siècle, ils sont 24 % au milieu du IIe siècle et 30 % à la fin du siècle. Cette population nombreuse est composée des esclaves et des affranchis des riches notables de la ville haute. Le tombeau de Turpio révèle l'existence de cinq affranchis dont deux portent des noms grecs. Le fléchissement de la proportion de noms grecs au cours du IIe siècle s'explique par le discrédit qui frappe une origine modeste ou servile. La tendance s'accentue au cours du IIIe siècle où les noms grecs ne représentent plus que 18 %. Amable Audin explique le phénomène, non pas par une diminution de la population d'origine orientale (qui constitue jusqu'à 35 % des habitants du quartier des Minimes, quartier qu'il désigne comme le cœur administratif de la cité), mais par une latinisation des noms. Ce phénomène est également constaté chez les Celtes du bourg de Condate (autour de l'amphithéâtre), mais le faible nombre d'épitaphes permet une interprétation moins évidente.

Schéma de Lugdunum.

Cette prospérité est visible par l'embellissement de la ville haute et par les nombreux échanges commerciaux et artisanaux dont les traces sont nombreuses. Les communautés commerciales s'enrichissent : les bateliers (ou nautes) du Rhône et de la Saône, les négociants en vin, les utriculaires (des fabricants d'outres, ou des nautes utilisant des radeaux dont les flotteurs sont des outres[25]), les artistes stucateurs, les potiers. Ces communautés de marchands ou d'habitants possèdent leur siège, leur conseil, leurs dignitaires et bien souvent leur cimetière. Les dernières campagnes de fouilles[d 4] de l'ex-sanctuaire de Cybèle attribuent l'un des stades du bâtiment au siège d'une de ces importantes communautés, peut-être celle des nautes.

La ville s'étale principalement sur quatre zones particulièrement délimitées : la ville haute (lieu où a été fondée la colonie originelle), le bourg celtique de Condate, les Canabæ et la rive droite de la Saône en contrebas de la ville haute. Les nécropoles sont situées le long des voies d'accès à la cité.

La cité se dirige en théorie de manière autonome, mais en cas de problème, elle peut recevoir de la part du pouvoir central un curateur (curator) destiné à l'aider à contrôler ses comptes. Un curateur est attesté pour Lyon durant le règne de Marc Aurèle, il s'agit du sénateur Fulvius Æmilianus[26]. Il supervise notamment la réfection de cinq cents places du cirque aux frais du collège des centonniers[CIL 2]. La cité conserve des liens étroits avec la famille de ce puissant personnage, un de ses descendants fut sans doute patron de la ville, et peut-être aussi curateur, sous Alexandre Sévère[26].

La cité vue vers le nord-ouest. Au premier plan, le quartier des Canabæ, imaginé sur une île. À l'arrière-plan, la ville haute, le théâtre et l'odéon côte à côte, le cirque à l'extérieur. À droite, l'amphithéâtre et le Sanctuaire fédéral. Maquette du musée gallo-romain de Fourvière.

Ville haute

L'amphithéâtre des Trois Gaules.
  • L'enceinte : son existence est attestée de façon lacunaire depuis les fouilles archéologiques exécutés en 2015. Son érection reste un privilège accordé à une cité par l'empereur romain, phénomène plutôt rare en Gaule. L'apport archéologique est plutôt réduit : en 1957, des travaux à l'est de la place de l'Abbé-Larue (5e arr.) mettent au jour un élément de mur et la base d'une tour, et en 1968, dans la partie nord de cette place, à proximité de la rue des Farges, sont dégagés des restes d'un mur antique rectiligne, large d'1,80 m et long de 41 m. Amable Audin interprète ces restes comme étant ceux de l'enceinte romaine : « Le cardo (…) monte (…) jusqu'au mur d'enceinte qu'il traverse[a 7] ». Toutefois, aucune épigraphe ou aucun texte ne corroborent cette hypothèse et il peut tout aussi bien s'agir d'un mur de soutènement[m 2]. Les fouilles de 2014 sous la résidence universitaire de la place de l'Abbé-Larue attestent la présence d'une section de muraille romaine comportant une tour circulaire.
  • Le forum est situé sous l'actuelle esplanade devant la basilique Notre-Dame de Fourvière. Il est entouré de bâtiments dont certains nous sont connus :
    • Le temple capitolin[a 8] : abritant la triade religieuse essentielle de la religion romaine traditionnelle, le temple capitolin est en théorie un des éléments essentiels de toute fondation urbaine. Au début de notre ère, les écrits de Vitruve sur l’urbanisme[27], se référant à une vieille tradition, celle de la science des haruspices, et faisant ainsi un écho à Servius[28], conseillent de placer les sanctuaires de Jupiter, Junon et Minerve au lieu le plus élevé, d’où l’on peut découvrir le plus de murailles. Cette recommandation est respectée à Lugdunum : le temple est à l'emplacement de l'actuelle basilique Notre-Dame de Fourvière. Il nous est connu par l'existence de quelques tambours de colonnes d'un diamètre de 2 mètres (longtemps conservés dans un local voisin de la basilique, ils disparaissent définitivement pendant la Seconde Guerre mondiale), une tête en marbre de Jupiter trouvée en 1899 dans un égout romain de la montée de Fourvière et un fragment de main colossale trouvée sous la maison des Missions de Syrie en 1933, et une griffe d'aigle en bronze trouvée dans les fondations d'une tour de la basilique. Jupiter se serait naturellement substitué au dieu celtique Lug.
    • La curie (délibérations municipales) et la basilique (délibérations judiciaires) doit être située sur le pourtour du forum. Bien que leur emplacement ne soit pas connu avec exactitude, ces deux lieux peuvent être identifiés par la découverte de nombreux marbres précieux, notamment sur la façade ouest du forum, ainsi que dans les puissantes substructions découvertes en 1961 lors de travaux montée Nicolas-de-Lange.
    • Le palais impérial : il serait situé à l'extrémité nord-est du plateau (au nord de la basilique, à proximité de la tour métallique de télécommunication) selon les archéologues. Y vécurent Auguste, Tibère, Caligula, Vitellius, Hadrien puis, plus tard, Septime Sévère et Clodius Albinus et y naquirent Claude et Caracalla.
  • La rue d'Aquitaine[a 9] (l'actuelle rue Roger Radisson), orientée sud-ouest/nord-est, prend son départ à l'angle sud-ouest du forum. Les fouilles récentes l'identifient au decumanus bien qu'Amable Audin lui préfère la rue Cléberg. La voie traverse le plateau en une diagonale large de 12 m dont le dallage est constitué de grands blocs de granit remarquablement assemblés. Cette rue débouche, au nord-ouest de la cité, sur un temple identifié par les fouilles du clos du Verbe Incarné comme le sanctuaire municipal du culte impérial de Lugdunum où le podium du temple de Jupiter est découvert. On relève des colonnes hautes de 15 m, dont les proportions sont indiquées par la base d'une modénature ornée de l'inscription Vital[a 10].
  • Le decumanus : son identification est incertaine. Deux hypothèses existent :
    • Amable Audin le place sous la rue Cléberg : large de 8,88 m et long de 300 m, il est bordé sur sa façade nord, par un édifice (un temple ?) bâti sur une terrasse et, sur sa façade sud, de portiques qui abritaient probablement des échoppes. L'archéologue lyonnais se base sur l'orientation de la rue pour fixer la date de fondation de la colonie au 9 octobre 43 av. J.-C.
    • Plus récemment, la trame urbaine contemporaine de la fondation est retrouvée dans l'axe de la rue Roger-Radisson, qui serait le decumanus originel imprimant l'orientation des rues du quartier de la Sarra. Ceci remet en cause la date de la fondation de la colonie.
  • Au sud du decumanus, le théâtre voit sa capacité passer de 4 500 à 10 700 places sous l'empereur Hadrien[a 11].
L'odéon et son dallage de marbre.

Antonin parachève l'œuvre de ses prédécesseurs : vers 160[a 12] on adjoint au théâtre un odéon de 3 000 places, consacré à la musique.

  • Le cirque, serait selon Amable Audin situé dans le fossé de Trion, suffisamment plat pour abriter cette structure, probablement bâti en bois vue l'absence de tout vestige. La proximité des nécropoles renforce cette supposition, car les jeux du cirque et la mort sont souvent liés dans la Rome antique. Cette proximité est à mettre en parallèle avec le cas de la Vienne antique en Isère, où nécropole et cirque sont géographiquement proches. Une mosaïque visible au musée gallo-romain de Fourvière, la mosaïque des Jeux du cirque, présente le monument lyonnais. La spina est étonnamment formée de bassins aquatiques, ce qui confirmerait sa proximité avec l'aqueduc du Gier dont l'eau est nécessaire à l'alimentation des bassins. Un bloc est découvert dans le quartier Saint-Irénée (1,90 × 0,75 m) qui, du fait de ses dimensions, ne pouvait pas venir de très loin. Ce bloc et une inscription désormais perdue[a 13] nous renseignent plus sur ce cirque : au cours du IIe siècle, 500 places sont aménagées par les soins de l'édile Sextus Julius Januarius. Détruits ou dégradés par la suite, ces gradins sont rétablis sous Marc Aurèle ou Septime Sévère[N 7] par la communauté des centonaires[29] (chiffonniers). On sait également que Sextus Ligurius Marinus, questeur et duumvir, offrit des jeux du cirque à son accession au pontificat perpétuel[a 13].
Vestiges de l'aqueduc romain du Gier à Chaponost.
Vestiges de l'aqueduc romain du Gier à Chaponost.
  • Les aqueducs : au moins trois des quatre aqueducs desservent la cité : l'aqueduc de la Brévenne, l'aqueduc de l'Yzeron et l'aqueduc du Gier. Ce dernier est le plus long des quatre : dans sa partie lyonnaise, quelques arches sont encore visibles au bout de la voie d'Aquitaine (actuellement rue Roger-Radisson, à l'opposé du forum). Le réservoir terminal est encore visible sous la forme de deux des quatre cuves de décantation à l'arrière (ouest) du pseudo-sanctuaire de Cybèle. L'aqueduc des monts d'Or desservait le quartier des Minimes (5e arrondissement de Lyon actuellement).

Bourg celtique de Condate

Noyau primitif de la bourgade gauloise, ce site accueille deux monuments majeurs de la cité. On y accède par une rue qui descend de la ville haute (probablement l'actuelle montée Saint Barthélemy), puis par un gué ou un pont situé approximativement vers l'actuelle passerelle Saint-Vincent sur la Saône. C'est le départ de la voie du Rhin. Cette voie borde un quartier artisanal sur la rive gauche de la Saône en amont du passage sur la rivière.

La voie débouche sur l'amphithéâtre. Celui-ci est agrandi sous l'empereur Hadrien : les quelques gradins de bois font place à un nouvel édifice mesurant 80 m × 105 m. Il fait aussi remplacer les colonnes de l'autel du sanctuaire fédéral des Trois Gaules, situé plus à l'est sur le plateau, auquel on accède par une double rampe figurée par l'actuelle rue Burdeau. L'autel des Trois Gaules est vraisemblablement situé sous la place Chardonnet. Ces colonnes probablement en calcaire du Rhône ou en briques recouvertes de marbre font place à deux magnifiques colonnes en syénite égyptienne (vers l'an 1100, les deux colonnes sont transportées à la basilique Saint-Martin d'Ainay et, tronçonnées en deux, elles servent de piliers de la croisée du transept).

Canabae

Ce lieu désigne habituellement les espaces réservés à la population civile situés à l'extérieur des casernements militaires. Il nous est connu par une épigraphe (présentée au musée de la Civilisation gallo-romaine). Il est situé aux alentours de la place Bellecour. Les archéologues[Poux 1] réfutent actuellement l'idée depuis longtemps propagée qu'il s'agissait d'une île. Le confluent, à cette époque, devait probablement se situer au sud de la place Bellecour. Les récentes fouilles géomorphologiques montrent l'existence de zones déprimées, envahies par les eaux lors de crues. C'est notamment le cas de l'actuelle place des Célestins qui fait l'objet de drainage et qui subit d'importants remblais jusqu'au IIIe siècle[30].

Ce quartier comporte de nombreuses résidences (attestées par de très nombreuses mosaïques découvertes lors des percements du métro et des parkings souterrains), principalement situées entre les places Bellecour et Carnot, des entrepôts pour le commerce du vin, dont les marchands de Lugdunum détiennent le monopole (ainsi que celui de l'huile d'Espagne). Ces entrepôts sont matérialisés par des bases de piliers et des trames serrées de murs, des vides sanitaires faits d'amphores retournées, traces généralement interprétées comme étant celles de ces zones de stockage.

Rive droite de la Saône

L'actuel quartier est un espace mal défini du point de vue archéologique. On peut cependant dégager quelques idées grâce aux campagnes de fouilles sur plusieurs îlots d'habitations ou bien lors du percement du métro ou du tunnel de Fourvière.

  • En 1957, d'importants travaux pour la construction d'un immeuble d'habitations au 3 rue Tramassac révèlent l'existence d'un bras d'eau. Amable Audin suppose qu'il se détachait de la place du Change, courant sous les actuelles rues du Bœuf et Tramassac, avant de rejoindre la Saône au niveau de Saint-Georges. D'autres fouilles permettent de confirmer la présence de ce bras de la Saône qui est large de 13 mètres. Un appontement est découvert lors d'une fouille au pied de la colline de Fourvière : la laboratoire Archeolabs fournit une datation dendrochronologique de 27 av. J.-C. à 18. Parallèlement, un second bras de la Saône se met en place 150 m plus à l'est[31]. Dans le troisième quart du IIe siècle, un habitat gallo-romain existe sur la partie ouest de l'île que délimitent ces deux bras d'eau[h 1]. Fait d'une maçonnerie de petits moellons (opus incertum) brut de granite, schiste et calcaire des Monts d'Or et lié d'un mortier jaune, un petit bâtiment abrite deux bassins dont l'étanchéité est assurée par un mortier de tuileau. Il faut attendre la première moitié du IVe siècle pour que le bras entre l'île Saint-Jean et la colline soit comblé et colonisé.
  • Au débouché du vallon de Choulans, vers l'entrée actuelle du tunnel de Fourvière côté Saône, se trouve le quartier des nautes de la Saône, un quartier bruyant où sur le rivage les statues des patrons des communautés s'alignent sur la berge à côté des entrepôts.

Habitat en terrasse

Certaines zones de la ville haute possèdent une forte déclivité ce qui impose un habitat en terrasse, notamment dans la zone située au-dessus du complexe thermal (actuelle rue des Farges) où ont été découvertes des maisons bâties sur des terrasses aménagées.

Bien que les limites de la ville haute ne soient pas connues avec une parfaite exactitude, notamment dans sa partie nord et est, il est possible d'établir le tracé du pomerium, et donc d'une prétendue enceinte. Ce tracé n'implique pas que l'espace extérieur à l'enceinte, à l'exception du quartier des Canabae et du quartier autour du sanctuaire fédéral des Trois Gaules, soit vide de toute construction. Il est attesté notamment la présence de villas suburbaines (voir la maison aux Xenia). La présence d'un habitat dense en terrasse contigu à la ville haute, sur les flancs nord et est de la colline au sommet de laquelle se trouve la ville haute, a également été prouvée :

  • maisons I, II et III bâties sur des terrasses d'orientation est-ouest entre la rue des Tourelles et la place de l'Abbé Larue (5e arr.)[m 3], au sud, donc à l'extérieur, de ce qu'Amable Audin interprète comme étant le mur d'enceinte.
Voûtes du puy d'Ainay, au centre, en contrebas du lycée Saint-Just
  • habitat contemporain de la fondation ou au plus tard de l'époque augustéenne, plusieurs fois remanié, attesté en terrasse dans l'actuelle cour du lycée Saint-Just, découvert en 1989 : cet habitat muni d'un portique borde une voie d'orientation nord-sud[m 4]. Cet habitat se prolonge peut-être jusqu'aux murs de soutènement également d'orientation nord-sud, constitués d'arcades aveugles longtemps nommés les « voûtes du Puy d'Ainay » (situés à 40 m à l'est de l'actuel lycée Saint-Just et surplombant la rue Saint-Georges). Ce mur de soutènement est aujourd'hui partiellement enchâssé dans les constructions actuelles.
  • habitat en terrasse gallo-romain découvert lors de fouilles en 2000 et 2001 dans le clos des Lazaristes (5e arr.), sur le flanc est de la colline de Fourvière : l'occupation est antérieure à la fondation (trous de poteaux, fosse rubéfiée, fossé contenant des amphores de type Dressel 1A) et remanié lors de son urbanisation au début du Ier siècle : une rue en terrasse d'orientation nord-sud, perpendiculaire à la pente, bordée de bâtiments à portique : à l'est la rue donne sur le premier étage du bâtiment qui s'ouvre sur une terrasse inférieure[m 5].

Nécropoles

Les plus anciennes tombes connues sont datées du règne d'Auguste. Elles bordaient les deux côtés de la voie d'Aquitaine (prolongement sud-ouest de la rue Roger Radisson) au bord du vallon de Trion[a 5]. Vers la moitié du Ier siècle, la nécropole a envahi l'intégralité du vallon, parfois entrecoupée de rares fours de potiers.

Les voies sont bordées de mausolées monumentaux, puis derrière se trouvent les tombes moins remarquables, puis, plus en retrait encore, les enclos réservés aux tombes des communautés (utriculaires, nautes, centonaires (chiffonniers).

Il existe au moins sept nécropoles parfaitement identifiées : l'une, située à Trion, occupe un espace mesurant 400 mètres sur un kilomètre. Dans le vallon de Gorge de Loup, en direction de la plaine de Vaise, une nécropole moins dense côtoie la voie de l'Océan à proximité de celle de Saint-Pierre à Vaise qui livre de très riches tombes. La nécropole de Saint-Clair semble attribuée entre autres aux morts de l'amphithéâtre[a 14] et celle située sous la rue de l'université, le long de la voie d'Italie a livré le magnifique mausolée des Acceptii (épitaphe et sarcophage remarquables, visibles au musée de la Civilisation gallo-romaine). Enfin, une nécropole est attestée le long de la voie du Rhin, sur la colline de La Croix-Rousse, et une autre à Choulans qui se prolonge à l'époque mérovingienne.

Lugdunum sous les Sévères (193-235)

Septime Sévère, musée du Louvre.

On connaît par l'épigraphie le fonctionnement du système exécutif de Lugdunum à l'instar d'autres cités romaines (sauf exception comme à Vaison-la-Romaine dirigé par un praetor (préfet) assisté de chargés de missions, les praefecti[32]) : les plus riches citoyens forment une assemblée qui siègent à la curie pour les délibérations municipales. Ces citoyens appelés décurions forment l'« ordre des décurions », l'ordo decurionum. Ils nomment annuellement deux magistrats exécutifs parmi eux, les deux duumvirs (juridiction civile et criminelle). Ils sont assistés de deux questeurs (finances) et de deux édiles (police et voirie)[33].

Capitale administrative, la ville abrite la résidence des gouverneurs, notamment Septime Sévère en 187-188. C'est là que nait son fils ainé Caracalla.

Peu après les martyrs des chrétiens, la cité est frappée indirectement par une querelle de succession impériale. Après la mort de l'empereur Commode s'instaure un régime de pronunciamientos militaires. Trois rivaux finissent par s'affronter : Septime Sévère, l'Africain, Pescennius Niger, commandant des armées d'Orient et Clodius Albinus, un aristocrate romain soutenu par les légions de Bretagne. Sévère écarte Niger au cours de l'année 196 et entre en campagne contre Albinus. Celui-ci réagit, traverse la Gaule et s'installe à Lyon dans l'attente de la traversée des Alpes par son adversaire. Son passage est attesté par l'émission d'un numéraire à son effigie, en compagnie du Génie de Lyon. Mais Sévère contourne les Alpes par l'Alsace, récupère des forces sur le Danube. La bataille de Lugdunum a lieu à l'extrémité du plateau des Dombes ou aux pieds des monts d'Or, ou bien sur le plateau à l'ouest de la ville à l'emplacement de l'actuelle commune de Tassin-la-Demi-Lune[a 15]. Bien qu'indécise, la victoire est acquise par les armées de Sévère qui poursuivent les partisans d'Albinus jusque sous les murs de la ville, et pénètrent dans la cité, qu'ils pillent car elle avait eu le tort de soutenir Albinus.

La crise passée, les faveurs impériales s'éloignent de la ville. Bien que né à Lyon, Caracalla n'apprécie pas sa ville d'origine. Les Sévères ne marquent pas la ville de leur empreinte, à l'exception d'Héliogabale auxquels les habitants offrent vers 220 une statue dont la base a est retrouvée parmi les pierres qui constituent le pont de la Guillotière détruit en 1953[a 16].

En 235, le dernier des empereurs sévériens, Sévère Alexandre, se fait assassiner après avoir traversé Lugdunum pour rejoindre les légions du Rhin[a 17].

Déclin et crises de l'Empire romain

En 254, Faustin se fait porte-parole de l'épiscopat gaulois pour faire pression, avec Cyprien de Carthage[34], sur le pape Étienne pour faire destituer Marcien d'Arles qui avait embrassé la doctrine de Novatien[35].

En 259, les raids alamans déferlent dans la vallée du Rhône jusqu'à Arles. Ils auraient évité Lugdunum, mais cet épisode, pour le bonheur des archéologues, est marqué par la découverte de deux trésors :

  • Le trésor de Vaise : un habitant a enseveli ses biens les plus précieux, mais n'est jamais revenu les récupérer. Ce trésor comporte une riche vaisselle d'argent, des bijoux, des pièces de monnaie et des statuettes religieuses. Il est exposé au musée de la civilisation gallo-romaine[36].
  • L'équipement et le pécule d'un militaire : lors des fouilles de l'avenue Adolphe Max[h 2], sont retrouvés un coffre de bois contenant des éléments d'armement (cotte de maille, glaive, fibule, boucle de ceinture), ainsi qu'une bourse de cuir contenant 182 antoniani (antoniniens) d'argent. Ces éléments permettent une datation vers 259-260, contemporaine des raids germaniques ; il est cependant étonnant qu'un militaire ait enterré son trésor dans ce contexte.

À partir de 274 et jusqu'en 413, la ville accueille à nouveau un atelier monétaire (après la période de 12 av. J.-C. à 78).

Selon l’Histoire Auguste vers 280 ou 281, les habitants de Lugdunum auraient soutenu l'usurpation de Proculus, vite éliminé par l'empereur légitime Probus[A 8],[A 9],[37].

À la fin du IIIe siècle, lors des réorganisations de la Tétrarchie, Lugdunum perd son rang de capitale des Gaules en 297, au profit de Trèves, plus proche de la frontière du Rhin. Lugdunum n'est plus que le siège administratif de la petite province de Première Lyonnaise (Lyonnais, Bourgogne et Franche-Comté).

Dans les premières années du IVe siècle[a 18], la cité reçoit le coup de grâce. Les pouvoirs municipaux n'ont plus les moyens de surveiller les aqueducs et leurs indispensables tuyauteries de plomb (notamment dans les siphons). Dès lors que des pillards coupent les sources d'eau indispensable à la vie de la cité, les habitants sont contraints de descendre vers la Saône : la colline de Fourvière est désertée. Du jour au lendemain, l'opulente cité se voit réduite à néant. Seuls deux endroits sont susceptibles de satisfaire cette demande nouvelle de sécurité : l'île Saint-Jean dont le bras occidental ne sera comblé qu'au milieu du IVe siècle et le secteur des Canabae où l'on sait qu'on continue, vers 360, à embellir des demeures du quartier[a 19]. Ce déplacement crée le noyau urbain qui devient le cœur du Lyon médiéval. La campagne alentour traverse une période de troubles attestée par la découverte de plusieurs trésors monétaires que leurs propriétaires avaient enfouis dans le sol.

En 353, l'usurpateur Magnence se suicide[A 10] à Lugdunum après sa fuite et sa défaite en 351 à Mursa en Croatie contre Constance II. Magnus Maximus fait assassiner l'empereur Gratien à Lugdunum le [m 6].

Fin de Lugdunum romaine

En 437, des tribus germaniques burgondes sont installées en Savoie et Romandie comme peuple fédéré par le patrice Aetius après la destruction de leur royaume de Worms par les Huns.

En avril 457, le général romain Ægidius, envoyé par l'empereur Majorien, reprend provisoirement la ville aux Burgondes. Ceux-ci l'enlèvent à nouveau et en font une capitale de leur royaume en 461, avec Vienne et Genève. Le marque la fin de l'Empire romain d'Occident avec l'abdication de l'empereur Romulus Augustule.

Dans cette Burgondie, le roi Gondebaud organise l'intégration des Burgondes et des Gallo-romains par la proclamation de la loi gombette, introduisant une égalité de droit avec la convergence des droits personnels. Sur le plan religieux, le passage progressif des Burgondes de l'arianisme au catholicisme, sera plus particulièrement le but de son fils le roi Sigismond.

En 532, les fils de Clovis, à l'instigation de sa veuve Clotilde, princesse burgonde poursuivant une vengeance personnelle, font passer ce royaume sous la domination franque[38].

À l'automne 840, le forum de Fourvière s'écroule, les colonnes roulent jusqu'aux pieds de la colline. Vers 1080, la construction du pont sur la Saône marque le début de l'utilisation du site antique comme carrière de pierres. Lors de sa destruction sont retrouvées de nombreuses pierres datant de l'antiquité. Vers l'an 1100, les deux colonnes de l'autel du sanctuaire des trois Gaules sont transportées à la basilique Saint-Martin d'Ainay. Tronçonnées en deux, elles servent de piliers de la croisée du transept. En 1183, la construction du pont de la Guillotière nécessite une grande quantité de pierres, dont une partie provient des ruines de la ville antique.

Vie quotidienne

Communautés

La vie quotidienne est rythmée par l'activité des corpora, ou communautés de métiers, qui sont nombreuses et clairement identifiées sur le site de la ville antique. Les archéologues estiment que l'un des stades de l'édifice longtemps désigné comme étant le sanctuaire de Cybèle pourrait finalement être le siège d'une de ces communautés. Il faut citer les negotiatiores vinarii (les puissants négociants en vin, dont la présence est attestée dans le quartier des Canabae[m 7]), les fabrii tignari (artisans de la construction de bâtiments), l'administration de la capitale des Trois Gaules (que Amable Audin situe dans l'actuel quartier des Minimes, à proximité des théâtres), les nautes du Rhône, de la Saône, et ceux du Rhône naviguant sur la Saône. On peut par exemple mentionner Minthatius Vitalis, patron des utriculaires et des nautes[m 7]. Ces utriculaires sont des fabricants d'outres ou bien des bateliers fonctionnant à l'aide de bateaux ou de radeaux dont les flotteurs sont des outres. Il faut encore mentionner les centonaires (ou chiffonniers), des fabricants d'étoffes et de lainages.

Artisanat

Stèle funéraire du verrier carthaginois Julius Alexander - Musée gallo-romain de Fourvière
  • La poterie : c'est l'artisanat qui a laissé le plus de traces bien que les ateliers ne semblent avoir été en activité qu'au Ier siècle. Ces ateliers ont produit toutes les catégories de poteries : amphores, mortiers, céramiques communes à pâte calcaire et culinaires à pâtes siliceuses, sigillée, imitation de sigillée, céramiques en parois fines (de l'atelier du chapeau rouge découvert dans un état de conservation remarquable en 2000 à Vaise), gobelets d'Aco (atelier de Loyasse découvert en 1967[39]) et lampes à huile. Aucun atelier de tuiles ou de briques n'a encore été découvert. Les sites de production semblent avoir privilégié les bords de la Saône. On trouve notamment sur sa rive gauche, l'atelier de la Muette qui est le seul à avoir produit des sigillées de type italique, étant une succursale de l'atelier d'Arezzo (comme le démontre la découverte de moules importés et d'estampilles italiques)[m 8] et l'atelier Saint-Vincent, le plus ancien, qui daterait du début de la colonie[40].
  • Le verre : l'artisanat du verre est attesté, notamment par la stèle de Julius Alexander, verrier carthaginois[CIL 3]. Des fours de verrier sont connus sur la rive gauche de la Saône et les pentes de la Croix-Rousse[m 9]. Il s'agit d'ateliers de transformation utilisant du verre importé, non pas d'ateliers primaires. Les ateliers ont été trouvés sur les sites suivants : La Butte, Les Subsistances, La Muette et quai Saint-Vincent.
  • La métallurgie du fer : bien que disséminés, les sites sont nombreux. On peut citer les ateliers des Hauts de Saint-Just, de la rue des Farges et du site du Verbe Incarné. Une seule inscription évoque un forgeron[CIL 4].
  • La métallurgie du plomb : bien qu'aucun atelier n'ait été identifié, de nombreux tuyaux de plomb sont signés L.F. ou LVG. FAC., Lugdunum fecit (fait à Lyon). On connaît une quinzaine de ces artisans. Leur activité, quoique mal datée, est variée : fabrication de tuyaux, d'urnes cinéraires, de sarcophages[41] et des chaudières pour les thermes[m 10].
  • Le textile : la découverte de poids pour le tissage atteste l'existence de cet artisanat sans pouvoir affirmer qu'il ait dépassé le cadre domestique. On connaît toutefois l'existence d'un fabricant de toiles[CIL 5] et de centonaires[CIL 6]. Bien que les fouilles du parking Saint-Georges aient livré des amphores à alun des îles Lipari qui supposent l'existence de fullonica (ateliers de foulage du tissu), on n'a trouvé nulle trace d'ateliers comme à Saint-Romain-en-Gal[42].
  • La tabletterie (travail de l'os et de l'ivoire) : cet artisanat est attesté par la découverte de « chutes » de fabrication[m 10].
  • Les métiers du bâtiment : une communauté de fabrii tignari est attestée par plusieurs inscriptions, des dendrophores (bûcherons et marchands de bois), artistes stucateurs, fabricants de poix (pour le poissage des amphores), de savon, de radeaux, d'outres…

Lettres

Dans sa lettre à Géminus, Pline le Jeune (vers 100) s'étonne de la présence de nombreuses librairies à Lugdunum et de la vente de ses livres qui remportent le même succès à l'« étranger » qu'à Rome[43].

Commerce

L'artisanat de Lugdunum produit des amphores, non pas pour la production agricole locale, mais pour le conditionnement de denrées arrivées en vrac par bateaux dans des dolia ou des tonneaux. On retrouve ainsi des inscriptions sur des amphores mentionnant muria hispana ou garum hispanum (saumure et garum d'Espagne)[m 11].

  • L'huile et la saumure : l'huile est d'abord importée de Brindisi et de Tripolitaine puis, par la suite, comme également la saumure, de Bétique dans le sud de l'Espagne actuelle (région d'origine de très nombreuses amphores globulaires, type Dressel 20, trouvées dans les fouilles lyonnaises).
  • Le vin : le commerce du vin est attesté bien avant l'arrivée des colons romains dans la région : l'existence d'un commerce au IIe siècle av. J.-C., contrôlé par des Italiques ou des Massaliotes installés dans un emporium, est attesté dans la plaine alluviale de Vaise, légèrement au nord de la future colonie romaine. Des vins italiques de la côte tyrrhénienne parviennent à Lyon à une époque antérieure à la fondation (attestés par la présence de nombreuses amphores type Dressel 1)[m 11]. Une nouvelle population romaine aux goûts nettement méditerranéens amène, avec la fondation en 43 av. J.-C., de nouveaux produits et de nouvelles habitudes : les vins d'Italie cèdent la place aux vins grecs, vins de Rhodes, de Cnide, de Cos, et également, le vin de Chios, réputé pour être le plus cher et le plus luxueux. Le rang de capitale qu'Auguste confère à Lyon renforce le pouvoir économique de la cité. Les vins accompagnés d'olives de Bétique (Andalousie) et les vins de Tarraconnaise sont également présents (attestés par la présence d'amphores de type Haltern 70 et Pascual 1), ainsi que ceux du sud de la Gaule, ou encore ceux d'Italie (désormais conditionnés dans des amphores Dressel 2/4). Au cours du Ier siècle, la provenance des vins s'élargit (Crète, côte levantine), mais va bientôt être majoritairement gauloise : les amphores à fond plat du sud de la Gaule représentent jusqu'à 80 % des approvisionnements (amphores type gaulois 4) à la fin du IIIe siècle. Parallèlement, le vin des provinces africaines fait son apparition à la fin du IIe siècle (Maurétanie césarienne et Afrique, l'actuelle Tunisie). On trouve enfin au cours des IVe siècle et Ve siècle, des vins orientaux (notamment des amphores de Gaza[m 11].

Ces conjectures sont toutefois établies à l'aide des fouilles et du nombre d'amphores retrouvées, ce qui exclut de façon notoire les autres formes d'approvisionnement (dolia et tonneaux). La part des vins méditerranéens ne semble pas représenter une grande part de la consommation de Lugdunum.

Numismatique

Sesterce de Néron, émis à Lugdunum, 66.
Au revers de la pièce, Annona (debout à droite) tient une corne d'abondance, face à Cérès (assis à gauche).

Le second atelier monétaire impérial fonctionne jusqu'en 78. Durant les règnes de Tibère, Claude et Néron, l'atelier de Lugdunum est le seul à frapper l'or et l'argent jusqu'à la réforme monétaire de 64. L'atelier rouvrira quelques mois à la fin de l'année 196 et fermera début 197 pour ne rouvrir qu'à la réforme monétaire de 274 pour fermer définitivement en 413[m 12]. On trouve notamment l'autel du sanctuaire fédéral des Trois Gaules frappé sur les sesterces d'Auguste (de 10 à 14) et sur les as de Tibère (vers 10)[m 13].

Religion

De très nombreux vestiges et objets archéologiques permettent de déterminer les différents cultes présents à Lugdunum depuis sa fondation jusqu'à la domination du christiannisme[44]. La présence de divinités gallo-romaines est attestée et le culte impérial est particulièrement représenté dans la cité. Lugdunum est l'une des premières cités des Gaules où le christiannisme est apparu, avec une persécution en 177.

Cultes romains

Comme toutes les cités romaines, Lyon, aux premiers temps de son existence, connait les cultes officiels de la cité et de l'empereur. Contrairement à d'autres, le culte impérial semble avoir ici une importance nettement supérieure aux autres formes cultuelles. Sur l'ensemble du IIe siècle, il n'y a mention que de trois flamines, pour soixante-dix sévirs augustaux, qui forment même une « fratres augustales ». Les sévirs jouissent à Lyon d'une position sociale prestigieuse, au même rang que les chevaliers, juste après les décurions[45].

Divinités romaines

Le culte le mieux attesté à Lyon est celui de Mercure. Outre de nombreuses statues de bronze, de multiples inscriptions ou médaillons d'applique, trois sanctuaires dédiés nous sont connus. Le premier a été bâti par un affranchi, Marcus Herennius, dans l'actuel quartier Sant-Just. Le sanctuaire abritait une statue du dieu, accompagné d'une autre de Maia et d'un protrait de Tibère. Les deux autres lieu de culte étaient dans les quartiers actuels de la Sarra et de Choulans. Mercure est fréquemment associé à la divinité Maia mère et parèdre, par exemple sur un beau relief retrouvé en 1959 à la Duchère où il est représenté avec un coq en compagnie de la déesse tenant une corne d'abondance[b 1].

L'autre divinité romaine importante à Lyon est Mars ; elle est la seule à avoir un prêtre particulier dédié à son culte, portant le titre de Flamine de Mars. Toutefois, s'il semble logique qu'un temple exiete, il n'a jamais été localisé et les traces archéologiques se réferant à ce dieu sont peu nombreuses[b 2].

Apollon est également un dieu important à Lugdunum, avec un sanctuaire attesté à Vaise. Un établissement thermal était sous son patronage. En tout cinq dédicaces avec son nom ont été retrouvées. Diane possédait un autel établi à Condate[b 2]. Jupiter est bien représenté par de nombreuses dédicaces, où il est quelquefois qualifié de depulsor ou associés aux Numina augustorum. Pour lui non plus, aucun temple capitolin n'a été retrouvé. Les divinité Sylvanus et Fortuna ont également des dédicaces[b 3].

Divinités orientales

Autel taurobolique, musée Lugdunum de Lyon.

Plusieurs cultes orientaux sont attestés à Lyon.

Le culte oriental le plus importants est celui dédié à Cybèle. Le culte métroaque est représentés par un grand nombre d'autels tauroboliques. Il a existé un temple dont l'emplacement n'a pas été identifié[N 8] qui a été inauguré en 160 ; même s'il est probable que le culte existe bien avant. On a retrouvé une atestation datant de 184 d'un culte organisé, composé d'un archigalle, d'une prétresse, d'un ordonnateur et d'un joueur de flute, citoyens romains ou ingénus. Le culte est soutenu par la corporation lyonnaise des dendrophores, bucherons et marchands de bois[b 4].

Culte municipal

Lugdunum a une divinité protectrice propre, comme toutes les villes romaines, la Tutelle. Cette divinité est connue par un petit bronze où elle est coiffée d'une couronne tourelée et d'un buste sur médaillon d'applique[b 5].

Culte impérial

Le culte impérial a été fondé par Drusus en 12 av. J.C.[b 6]. Il est attesté en particulier par la découverte en 1979 lors des fouilles[N 9] du quartier du Verbe-incarné d'un temple consacré à ce culte, plus grand édifice de ce type découvert en Gaule. Ce culte était auparavant connu grâce à une soixantaine d'inscriptions mentionnant un important groupe de sévirs augustaux[b 6]. Le temple contenait au minimum des statues de Tibère, de Caligula flanqué de Claude, et de Néron. Au cours du IIe siècle, le culte de l'empereur régnant semble avoir été remplacé par celui des empereurs défunts et divinisés[b 7].

Structure des cultes

Les collèges de prêtres de Lugdunum sont ceux des pontifes et des augures. Leurs membres sont désignés par les décurions. Quelques-uns des membres de ces collèges sont connus ; ils font partie de l'élite décuriale et cumulent souvent des fonctions religieuses et administratives[b 8].

Le culte impérial est tenu par le flamine, dont au moins cinq titulaires, de grands personnages locaux, sont connus. Le culte de l'impératrice est tenu par une flaminique[b 7].

Les sévirs augustaux représentent une élite sociale, juste derrière les décurions et les chevaliers. Les patrons connus de ce collège sont tous également de grands personnages. Le collège est dirigé au quotidien par un curateur, qui gère les finances[b 9].

cultes gallo-romains

Sucellos, Musée Lugdunum.

Il existe un certain nombre d'artefacts qui indiquent l'adoration de divinités gauloises à Lugdunum à l'époque romaine. Un certain nombre sont liés à Sucellos, le dieu au maillet. Plusieurs autres aux déesses-mères, nommées Matrae et souvent qualifiées d'Augustes. Plusieurs reliefs les présentent par groupe de trois, portant fruits et corne d'abondance[b 10].

Le plus bel objet retrouvé lié au culte de divinités gauloises est un bol en argent retrouvé en 1929 rue Sala. Il représente notamment Teutatès et Cernunnos, ce dernier paré d'un torque gaulois et tenant une corne d'abondance[b 11].

Rites funéraires

Durant la période romaine l'inhumation remplace petit à petit la crémation, comme l'attestent les découvertes de matériels funéraires livrés par les tombes[46]. La crémation est une pratique en usage depuis un bon siècle quand les Romains envahissent la Gaule. Comme le montre l'étude de l'épigraphie funéraire, la présence de Grecs est importante à Lugdunum. Ces peuples ont été en contact avec les Perses qui rejettent la crémation, car le corps mort souille le feu, principe de toute vie. Les Gaulois ont plusieurs fois changé de rites, mais au moment de l'invasion romaine, ils pratiquent l'inhumation. Cette pratique perdure aux portes mêmes de la capitale des Gaules pendant le Ier siècle. Il semble donc exister deux rites différents, selon que l'on est Romain, ou Gaulois et Grec. Mais à la fin du Ier siècle, les Romains adoptent l'inhumation[a 20].

Le rite de l’ascia, un outil en fer, est très implanté en Gaule, spécialement à Lugdunum et dans la vallée du Rhône, et en Dalmatie, comme l'attestent les nombreuses découvertes de stèles marquées du signe de cet outil ou inscrite sub ascia dedicavit. Selon certains, il serait né en Dalmatie au tournant du Ier siècle ou en Orient[47]. Militaire par son origine (les légionnaires de la VIIe et IXe Claudia en Dalmatie), le rite passe à l'administration hellénophone de Lugdunum, puis à tous les habitants de la cité. Amable Audin tente d'établir une histoire de l'implantation de ce rite dans la cité en étudiant la proportion de tombes à ascia sur l'ensemble des sépultures. Il établit que seules quelques rares tombes portent la marque de l’ascia, de l'origine de la fondation jusqu'en 115 environ (3 sur 135), mais le mouvement va en s'intensifiant : le rite prend pied au début du IIe siècle. La période de 115 à 140 livre 37 tombes à ascia sur 45 (soit 85 %), de 140 à 240, 147 tombes sur 153 (soit 92 %) et enfin de 240 à 310, 95 tombes à ascia sur 96. Ces données brutes montrent l'importance de l'inhumation chez les Celtes et les Asiatiques hellénophones qui rejettent la crémation en usage dans l'Empire romain[a 21].

Christianisation

Des martyrs de 177 à Irénée

L'amphithéâtre des trois Gaules, avec au fond le poteau évocateur des martyrs de Lyon en 177.

Dans le cadre de l’expansion du christianisme, c’est à Lyon qu’est attestée la première communauté chrétienne de Gaule. Ce sont les martyrs de 177 qui nous la font connaître, à travers le récit d’Eusèbe de Césarée[A 11]. La communauté chrétienne apparaît comme diverse, structurée autour de la figure de son vieil évêque, Pothin, mais composée pour l’essentiel de membres venus de la partie hellénophone de l’Empire romain, et en particulier de Phrygie : les textes relatant la persécution sont en effet adressés par « les serviteurs du Christ, qui pérégrinent à Vienne et à Lyon en Gaule aux frères de l’Asie et de la Phrygie qui ont la même foi et la même espérance que nous en la rédemption[48] ». La position géographique de Lyon, son importance démographique, économique et commerciale expliquent la présence de populations variées et aux origines lointaines. À quelle date se sont installés les premiers chrétiens ? On ne peut le savoir avec précision. Beaucoup de martyrs portent un nom hellénique mais un nombre important possède la citoyenneté romaine, le groupe compte des « gens en vue[49] » comme Vettius Epagathus, mais aussi des esclaves comme Blandine. La cause exacte de la flambée de persécutions qui les toucha a été discutée, les difficultés propres au règne de Marc Aurèle (la peste, les invasions barbares), ont pu accentuer l’hostilité envers les chrétiens, coupables de ne pas honorer les dieux de la cité et de Rome, et de se mettre hors de la communauté civique. Il est possible aussi que des facteurs locaux aient joué, en particulier les besoins liés aux spectacles : si un groupe de martyrs comme Pothin mourut en prison, un certain nombre, dont Blandine, furent tués dans l’amphithéâtre à l’occasion de cérémonies.

Saint Irénée, évêque à partir de 177.

Irénée succède à Pothin. Comme lui, il vient de Smyrne et est lié à Polycarpe. Il est l'un des premiers théologiens chrétiens de langue grecque et se préoccupe de lutter contre les hérésies qui menaçaient l’unité de la petite communauté chrétienne, ou lui faisait concurrence. Son ouvrage Contre les hérésies témoigne ainsi des menées d’un certain Marc d’Égypte dans la région lyonnaise, professant le gnosticisme. Marc est décrit comme un personnage séducteur, corrompant les femmes honnêtes en les incitant au plaisir des sens[A 12]. Irénée participe aussi aux discussions avec l'évêque de Rome Victor Ier sur la fixation de la date de célébration de la résurrection, question qui divise les chrétiens d'Orient et d'Occident.

Une communauté structurée par la mémoire de ses martyrs

Avec le IIIe siècle, la communauté chrétienne entre dans une époque troublée mais décisive, entre les persécutions de Dèce et celles de la Tétrarchie, d'impact mal connu à Lyon. La petite paix de l'Église permet aux communautés de se développer plus posément. La lettre 68 de Cyprien de Carthage montre que l’évêque de Lyon, Faustin est en relation avec lui et s’inquiète du développement de l’hérésie novatianiste en Gaule. Les relations entre les chrétiens d’Afrique et de Lyon continuent par la suite et peuvent s’appuyer sur l’histoire du christianisme africain la plus ancienne : les chrétiens de Lyon fêtent les martyrs scillitains, morts en Afrique sous Commode, et Lyon accueille par la suite des reliques de Cyprien. Cependant ce sont les martyres lyonnais qui servent de fondement historique aux chrétiens lyonnais. En effet, les martyres offraient aux communautés chrétiennes un récit structurant, le soutien d’une identité locale, un ancrage dans le temps à travers un passé exemplaire et à travers le retour régulier des fêtes des saints martyrs, moment de fête, de commémoration et de sociabilité. À cet ancrage temporel il faut ajouter la géographie religieuse mise en place par la construction des lieux de culte et surtout par les lieux d’inhumation des bienheureux et des martyrs. Les reliques conservées dans l’enceinte urbaine témoignent de la protection des saints et de leur intercession, leur proximité est recherchée et désirée, elles créent dans la ville un espace sacré, on espère d’elles la guérison : Grégoire de Tours relate comment les malades accourent au tombeau d’Épipoy pour ingérer la poussière du sépulcre et s’en trouver guéris[A 13]. Logiquement, les saints lyonnais ont donné lieu à une importante littérature martyrologique qui s’est développée à partir de l’antiquité tardive et du récit fait par Eusèbe. Aux quarante-huit martyrs de 177, s’ajoutèrent notamment les figures d’Épipode et Alexandre de Lyon ainsi que d’Irénée. Cette vision édifiante déforme les souvenirs historiques : ainsi Grégoire de Tours transforme les massacres qui ont accompagné le pillage de Lyon sous Septime Sévère en une persécution : « Une persécution s'étant élevée, le démon suscita, par la main du tyran, de telles guerres dans ce pays, un si grand nombre de fidèles furent égorgés parce qu'ils confessaient le nom du Seigneur, que des fleuves de sang chrétien coulaient sur les places publiques, et que nous ne pourrions dire le nombre ni les noms des martyrs »[A 14]. Quoique inexact, cet épisode est repris sans critiques des sources par un historien de Lyon[50].

L'évêque, figure nouvelle dans la cité

Aux martyrs s’ajoutèrent ensuite les figures de chrétiens exemplaires : Saint Just évêque de Lyon puis retiré dans la vie monachique et même saint Germain d'Auxerre dont on célèbre le bref passage à Lyon[m 14]. Avec les édits de Galère en 311 et de Milan en 313 le christianisme est devenu une religion licite, favorisée même par l’empereur avant de devenir, sous Théodose Ier religion de l’empire. Il ne pouvait plus y avoir de martyrs mais l’évêque devint alors un personnage essentiel de la cité. L’évêque Patiens à Lyon, dans la seconde moitié du Ve siècle témoigne de cette évolution : devenu évêque après une carrière civile, il exerce une autorité morale dans la ville et un rôle charitable important, grâce à sa fortune personnelle. Ainsi, les lettres de Sidoine Apollinaire décrivent la construction de la cathédrale durant l’épiscopat de Patiens et relate sa dédicace. Entourée de portiques, la cathédrale est ornée de matières précieuses – marbre, feuilles d’or – et de poèmes, sa dédicace est l’occasion d’une semaine de fêtes et de célébrations[51]. Son rôle religieux et culturel est plus important encore. Il assure « la promotion du martyr local ou de ses saints prédécesseurs (Irénée, Just […])[52] » avant de servir à son tour d’exemple proposé aux croyants ou de susciter d’autres récits : c’est à la déposition du corps de Patiens que fut rédigée une vie de saint Germain selon le Martyrologe d’Adon de Vienne et Florus de Lyon[m 15]. La cité antique s’est transformée : ses temples ont fermé et ont été détruits avant la fin du IVe siècle et sur la rive de la Saône un centre épiscopal se développe autour d'un baptistère[53]. Les sacrifices ont été interdits, et les messes et les processions ont remplacé les célébrations religieuses polythéistes, les églises ont animé une nouvelle géographie urbaine : les voyageurs de passage font « le tour des lieux saints de la ville de Lyon[54] ». Lyon est l'un des centres intellectuels de la chrétienté, illustré au Ve siècle par Sidoine Apollinaire ou Eucher. Alors que le pouvoir romain s’efface et que s’installe celui des Burgondes, puis des Francs, les évêques de Lyon ont le titre de métropolitain et la prééminence dans de nombreux conciles. Au VIe siècle, la figure de l’évêque Nizier est encore plus prestigieuse que celle de Patiens au siècle précédent ; à sa mort un culte se constitue rapidement.

Du IVe au VIe siècle, les inscriptions chrétiennes, dont plus de cent cinquante sont connues, et particulièrement les épitaphes, offrent un autre regard sur la communauté chrétienne de Lyon à la fin de l’Antiquité : avec le temps leur nombre augmente, la longueur du texte augmente, insistant sur les qualités du défunt, à l’image du négociant Agapus « assidu aux tombeaux des saints et zélé pour l’aumône et la prière[CIL 7]. »

Fouilles de Lugdunum : des découvertes fortuites à l’archéologie préventive

La glorieuse cité gallo-romaine tombe dans l’oubli total après le XIIe siècle. Le forum s’est définitivement écroulé au IXe siècle, la ville antique sert de carrière de pierre dès le XIe siècle. Il est probable que l’œuvre humaine d’arasement systématique n’a laissé que de rares restes au XIIe siècle. Conjointement, la nature fait son œuvre et l’érosion naturelle recouvre lentement les ruines romaines. La colline, comme la quasi-totalité des coteaux à l’ouest de l’axe Rhône-Saône, se couvre de vignes et de quelques cultures[55].

Entre 1505 et 1514, Pierre Sala, bourgeois de Lyon, acquiert une parcelle de vignes pour y construire une maison de campagne. Il la nomme rapidement Antiquaille à cause des vestiges gallo-romains qu’il découvre aux moindres travaux[N 10]. Se référant aux auteurs antiques, seul document dont ils disposent, les érudits identifient à tort l'Antiquaille comme le palais de Septime Sévère, un temps gouverneur de Lugdunum[56].

En 1528, on découvre les Tables Claudiennes sur le site supposé du sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Le plan scénographique de 1550 laisse apparaitre quelques voûtes de soutènement du dernier maenianum (volée de gradins) de l'odéon. Ces restes sont alors interprétés comme étant ceux de l'amphithéâtre jusqu'à ce que de nouveaux calculs du rayon de courbure de la cavea excluent cette hypothèse. Le site réel de l'amphithéâtre nommé « Corbeille de la Déserte[N 11] » est également visible, identifié par quelques arches et une cuvette naturelle à l’emplacement de l’arène.

Au cours du XVIIe siècle, les découvertes fortuites sur le site de l’Antiquaille nourrissent des légendes. Le propriétaire du terrain, Claude de Rubys, pense avoir trouvé le palais impérial. L’idée est reprise par les religieuses du couvent de la Visitation, et par quelques historiens jusqu’au XXe siècle. Mais en 1934, l’archéologue lyonnais Philippe Fabia réinterprète les découvertes et exclut l’hypothèse du palais impérial[57]. Malgré cela, les Visitandines découvrent trois mosaïques sur le terrain de l’Antiquaille en 1639, 1695 et 1758. Ces découvertes démontrent que, bien que très abrupt, le terrain à l’extrême est du plateau de Fourvière abrite un quartier dense d’habitations luxueuses.

En 1704 est découvert dans la vigne d’un certain Bourgeat, l’autel taurobolique. Cette découverte influera sur les interprétations historiques (notamment la fausse dénomination du sanctuaire de Cybèle). Le vignoble de la colline de Fourvière disparaît définitivement au début du XIXe siècle.

En 1818-1820, les fouilles identifient l’amphithéâtre sur le bas de la colline de la Croix-Rousse, mais on rebouche le tout. En 1827, lors de la construction de la buanderie à l’hôpital de l’Antiquaille, on découvre les restes d’un établissement thermal de petite dimension (sans qu’il soit possible de dire s’il s’agit de bains privés ou publics)[58].

Entre 1900 et 1903, lors de travaux à l’hôpital de l’Antiquaille, l’architecte Jean Berger décrit « des restes de grandes salles avec quelques vestiges de mosaïques et de stucs colorés[59] ».

En 1925, l’archéologue Camille Germain de Montauzan dresse le plan de la grotte Bérelle, dont on ne sait toujours pas s’il s’agit de la citerne de la cohorte urbaine qui protégeait l’atelier monétaire ou bien le réservoir terminal d’un aqueduc. En 1926, il dégage les ruines à l’ouest du théâtre. Il les met en relation avec l’autel taurobolique découvert en 1704 et propose d’attribuer ces vestiges à un temple de Cybèle (ces hypothèses longtemps admises seront contredites par la campagne de fouilles achevée en 2001). En 1933, il reprend les fouilles dans le quartier des Minimes, en entreprenant notamment le dégagement du théâtre.

En 1946, on met au jour l’odéon et le four à chaux médiéval dans lequel on retrouve de trop rares restes des statues du théâtre qui ont fini tristement réduites en poudre pour la fabrication d’enduit, une caryatide et des éclats de marbre.

En 1955, Amable Audin effectue des sondages sur le site de l’Antiquaille et découvre les restes de voies romaines qu’il intègre au réseau viaire qu’il a imaginé[a 22].

En 1956, les fouilles sérieuses au pied de la colline de la Croix-Rousse remettent au jour l’amphithéâtre dont toute la partie sud a été détruite par les constructions du XIXe siècle. Pendant les travaux du percement du métro, des mosaïques et des amphores de drainage sont découvertes en grande quantité dans la presqu’île sur le site des Canabae.

Archéologie préventive

Au cours des années 1970, l’importance des vestiges et les destructions massives engendrées par les travaux d’envergure (immeubles de la rue des Farges, métro de Lyon…) nécessitent la mise en place d’un plan d’étude et de sauvegarde du patrimoine antique. En 1975, sous l'impulsion de l'archéologue Amable Audin, le musée gallo-romain de Fourvière est inauguré sous le mandat du maire Louis Pradel.

En 1978, une commission archéologique indépendante est créée et en 1980, trois zones d’intérêt dégressif sont mises en place (le sommet de Fourvière étant jugé d’importance majeure[60]). Durant les trente dernières années, l’étendue du périmètre a été revue au regard des nouvelles connaissances sur l’histoire de la ville antique (ajouts de Vaise, du Point du jour et de la Guillotière). Depuis ce consensus, tous les travaux sont soumis à un avis préalable de la direction régionale des affaires culturelles. À Lyon, depuis cette date, plus de 600 opérations archéologiques ont été réalisées posant le problème du devenir de ce patrimoine : ligne D du métro en 1989, reconstruction du Grand Bazar en 2006

Détail des découvertes

Des fouilles ont permis d'exhumer de nombreux monuments et vestiges. Certains ne sont pas ou plus visibles, car ils ont laissé la place à des bâtiments les ayant recouverts ou bien parce qu'ils ne sont pas encore présentés au public.

Jardin archéologique de Fourvière

Des vestiges sont visibles gratuitement[N 12] :

Musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon

Lugdunum, anciennement « musée gallo-romain de Fourvière », présente la collection permanente issue des fouilles de la région lyonnaise et accueille également des expositions[N 13]. L'entrée est gratuite pour tous les jeudis. On peut y voir notamment les trésors découverts lors de fouilles :

Autres édifices

Un des mausolées romains de Lyon : le tombeau de Turpio.
Vestiges de l'aqueduc du Gier, rue Radisson à Lyon
  • L’Amphithéâtre des Trois Gaules : visible de la rue, jardin des plantes, Lyon 1er arrondissement ;
  • les grands thermes : les seuls découverts dans la ville haute, jouxtant des habitats en terrasses (pas de restriction d'heure), rue des Farges, Lyon 5e arrondissement ;
  • le tombeau de Turpio, un des cinq mausolées bordant l'une des voies romaines menant à la ville haute (pas de restriction d'heure), montée de Choulans, Lyon 5e arrondissement ;
  • le parc archéologique de Saint-Jean, petit jardin public qui conserve les vestiges du baptistère paléochrétien, un des plus anciens baptistères connus en Gaule romaine à ce jour ;
  • l’aqueduc du Gier, qui mesure 75 km, est le plus long des quatre aqueducs : quelques arches sont visibles au bout de la rue Radisson, Lyon 5e arrondissement. De très beaux restes (quatre-vingt-douze arches) dans la commune de Chaponost ;
  • la Grotte Bérelle : citerne d'eau sous la colline de Fourvière. Classée monument historique (non ouvert au public) ;
  • des thermes publics d'époque tardive découverts lors des travaux du métro de Lyon sous l'avenue Adolphe Max : le faible périmètre des fouilles ne permet pas d'interpréter correctement l'aménagement des pièces. L'ensemble est daté du IVe siècle[61]. Les bâtiments ont été détruits après les fouilles pour la construction du métro ;
  • les fouilles du Clos du Verbe Incarné[Poux 2].

Habitat

Les maisons à atrium

Elles sont bâties sur la base d'un style méditerranéen précoce dans cette partie de la Gaule. Elles datent généralement de la fin du Ier siècle av. J.-C. :

  • La maison à l'opus spicatum découverte sous le pseudo-sanctuaire de Cybèle. Il s'agit de l'exemple type de maison à atrium tétrastyle, édifiée à la fin du Ier siècle, démontrant l'adoption précoce de plan de type méditerranéen. Elle occupe une superficie d'environ 200 m2 (16 × 12 m). On accède à la maison par un seuil donnant d'un côté sur le portique de la rue et sur l'autre sur un vestibule (couloir) bordé de deux boutiques donnant également sous le portique. Le vestibule conduit à un atrium tétrastyle dont le centre est occupé par un bassin pour récupérer les eaux de pluie, l’impluvium, dont le fond est en opus spicatum, d'où la maison tire son nom. La pièce principale est une exèdre dans l'alignement du bassin intégralement ouvert sur l'atrium. Les fondations maçonnées supposent une élévation en briques crues (adobe) et torchis[m 16].
  • La maison au bassin de calcaire découverte sous le pseudo-sanctuaire de Cybèle. Elle partage l'îlot avec la maison à l'opus spicatum. Son élévation est constituée de pans de bois. Une cage d'escalier a été identifiée attestant l'existence d'un étage.
  • La maison du laraire découverte lors des fouilles du Clos du Verbe Incarné[62]. L'accès se fait par la rue à portiques, par un vestibule, séparant quatre boutiques de chaque côté. Ce couloir conduit à un atrium tétrastyle qui donne accès à neuf pièces. Une cage d'escalier atteste l'existence d'un étage, peut-être au-dessus des boutiques[62].
  • La maison à l'emblema mosaïqué découverte lors des fouilles du Clos du Verbe Incarné[62].

Maisons à péristyle

  • La maison aux masques, découverte lors du dégagement des grands thermes publics de la rue des Farges[f 1]. Elle est construite sous le règne de Tibère[m 17]. Cette maison à péristyle doit son nom aux masques en terre cuite découverts lors des fouilles, dont deux sont complets (environ 22 × 18 cm) parmi les fragments d'une dizaine d'autres masques[j 1]. Elle a également livré des décors peints, la peinture aux emblemata du 3e style pompéien : de grands panneaux jaunes et petits panneaux noirs portant des décors de candélabres avec oiseaux, un reste de la composition centrale comportant un édicule jaune bordé sur chaque côté d’emblema, avec des scènes de paysages, notamment Priape entouré de nature.
  • La maison aux Xenia[63] : les fouilles du quartier Saint Pierre, à proximité de Gorge-de-Loup à Vaise, mettent au jour une maison occupée au Ier siècle. Les bâtiments sont détruits, mais certains décors peints sont visibles au musée de la Civilisation gallo-romaine.

Habitat divers

  • La maison aux fresques ou maison à l’hippocampe, chemin de Montauban, lors des fouilles du Clos de la Solitude en juillet et [64] dans l’angle sud est du terrain. Cette villa, qui comporte au moins cinq pièces desservies par un vestibule, dont au moins une petite pièce (3,30 × 2,65 m) est dotée d’un hypocauste et une autre, probablement un triclinium, possède un décor mural de scènes animales d’où la villa tire son nom : hippocampe ailé et dauphin, chien et coq, poissons. Le dallage est en béton de tuileau[j 1].
  • La maison au char découverte lors du dégagement des grands thermes publics de la rue des Farges[f 1] doit son nom aux pièces métalliques d'un char découvertes lors des fouilles[m 18].
  • Une maison fouillée au nord de la rue à portique découverte en 1962 lors des fouilles du Clos de la Solitude. Le sol est à la cote 240,04 mètres. Un vestibule d’entrée, dirigé vers le nord, débouche sur un atrium à bassin entouré de plusieurs pièces d’utilisation indéterminée[65].

Divers

  • Des barques gallo-romaines ont été découvertes au cours des travaux du parking Saint-Georges dans le Vieux Lyon sous la place Benoît-Crépu entre 2003 et 2005. La présentation au public est prévue après leur traitement toujours en cours à Grenoble ().

Personnages romains nés à Lugdunum

Deux empereurs romains sont nés à Lyon :

Ainsi que :

Chronologie simplifiée


Bibliographie

Cette section regroupe les ouvrages et articles traitant de manière large ou précise de Lugdunum, classés selon leur usage pour construire et étayer l'article.

Bibliographie générale

Sont regroupés dans cette première section les ouvrages et articles non utilisés pour la rédaction du présent article et indiqués dans des ouvrages de synthèse récents[66].

  • Auguste Allmer et Paul Dissard, Musée de Lyon, inscriptions antiques, Lyon, Léon Delaroche et Cie, 1889-1893 (notice BnF no FRBNF34096839, 5 vol.)
  • Pierre Wuilleurmier, L'administration de la Lyonnaise sous le Haut-Empire, Les Belles lettres, (notice BnF no FRBNF31670327, Annales de l'Université de Lyon. 3e série. Lettres, fasc. 16)
  • Pierre Wuilleurmier, Lyon métropole des Gaules, Les Belles lettres, , 123 p. (notice BnF no FRBNF36252462)
  • Amable Audin, Essai sur la topographie de Lugdunum, Lyon, coll. « Institut des études rhodaniennes de l'Université de Lyon. Mémoires et documents. » (no 11), , 3e éd. (notice BnF no FRBNF31740402)
  • Christian Goudineau (dir.), Aux origines de Lyon : actes d'un séminaire tenu le 24 janvier 1987 au Musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon, Lyon, Circonscription des antiquités historiques, coll. « Documents d'archéologie en Rhône-Alpes / série lyonnaise ; 1 » (no 2), (ISBN 2-906190-06-3)
  • Jean-François Reynaud, Lugdunum Christianum Lyon du IVe au VIIIe s. : topographie, nécropoles et édifices religieux, Paris, MSH, (recension dans la Revue Archéologique de l'Ouest)
  • P. Leveau (dir.), « Le Rhône romain. Dynamiques fluviales, dynamiques territoriales », Gallia, no 56, (Lire sur Persée)
  • Gérard Aubin, Le trésor de Vaise, Lyon, Direction régionale des affaires culturelles, Service régional de l'archéologie, coll. « Documents d'archéologie en Rhône-Alpes / Série lyonnaise » (no 17), (ISBN 2-906190-21-7)
  • Catherine Arlaud, Lyon, les dessous de la presqu'île Bourse-République-Célestins-Terreaux, Lyon, Direction régionale des affaires culturelles, Service régional de l'archéologie, coll. « Documents d'archéologie en Rhône-Alpes / Série lyonnaise » (no 8), (ISBN 2-906190-24-1)
  • Gérard Bruyère, « Jalons pour une histoire des collections épigraphiques lyonnaises, XVIe-XXe siècle », Bulletin des musées et monuments lyonnais, nos 2-4, , p. 8-129
  • Les aqueducs romains de Lyon, Lyon, PUL, (ISBN 2-7297-0683-6)
  • Le monnayage de l'atelier de Lyon, Editions Numismatique romaine, 1972-2003 (11 tomes parus.)
  • Odile Faure-Brac, Carte archéologique de la Gaule. 69/1. Le Rhône, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, (ISBN 2-87754-096-0)
  • Matthieu Poux (dir.), « Lyon, capitale de la Gaule romaine », Archéothéma, no 1,
  • Grégoire Ayala, Lyon, les bateaux de Saint-Georges : une histoire sauvée des eaux, Lyon, Édition lyonnaise d'art et d'histoire - Inrap, (ISBN 978-2-84147-209-3)
  • Christian Goudineau, Rites funéraires à Lugdunum : Ouvrage réalisé à l'occasion de l'exposition : "Post mortem ? Les rites funéraires à Lugdunum" présentée au Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, du 27 novembre 2009 au 30 mai 2010, Paris, Errance, (ISBN 978-2-87772-406-7)
  • François Bérard, Monique Dondin-Payre (dir.) et Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier (dir.), « L'organisation municipale de la colonie de Lyon », dans Cités, municipes, colonies : les processus de municipalisation en Gaule et en Germanie sous le Haut-Empire romain, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 53), (ISBN 978-2-85944-640-6)
  • M. Monin et D. Fellague, « Le cirque de Lugdunum. Données anciennes et récentes », Gallia, nos 67, 2, , p. 41-68
  • F. Blaizot (dir.), « Archéologie d'un espace suburbain de Lyon à l'époque romaine. Paléogéographie de la plaine alluviale, axes de communication et occupations », Gallia, Paris, CNRS, no 67,
  • D. Frascone, « Une nouvelle hypothèse sur le sanctuaire des Trois Gaules à Lyon », Revue archéologique de l'Est, no 60, , p. 189-216
  • Hugues Savay-Guerraz, Le Musée gallo-romain de Lyon, Fage,
  • A. Suspène, « Les débuts de l'atelier impérial de Lyon », Revue numismatique, no 171, , p. 31-44
  • W. Van Andringa, « Le cens, l'autel et la ville chef-lieu. Auguste et l'urbanisation des Trois Gaules », Gallia, nos 72-1, , p. 19-33
  • François Bérard, L'armée romaine à Lyon, Rome, École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome / 370e fascicule », (ISBN 978-2-7283-1085-2)
  • Séverine Lemaitre et Cécile Battigne-Vallet, Abécédaire pour un archéologue lyonnais. Mélanges offerts à Armand Desbat, Autun, Mergoil,
  • Claire Besson (dir.), Olivier Blin (dir.), Bertrand Triboulot (dir.), E. Dumas et F. Blaizot, « Le suburbium de Lyon : un état de la question », dans Franges urbaines, confins territoriaux. La Gaule dans l'empire : actes du Colloque international, Versailles, France, 29 février-3 mars 2012, Pessac, Ausonius, (ISBN 978-2-35613-150-8), p. 85-108
  • Armand Desbat, « Le sanctuaire des trois Gaules et la question du forum provincial », Revue archéologique de l'Est, t. 65, , p. 303-323
  • G. Maza et B. Clément, « Les processus de romanisation à Lyon au second âge du fer. : Entre traditions indigènes et influences méditerranéennes », Actes du 38e colloque de l'AFEAF (Amiens, 2014), Revue archéologique de Picardie, no spécial 30, , p. 532-552
  • Association Guillaume Budé, François Bérard (dir.) et Matthieu Poux (dir.), Lugdunum et ses campagnes : actualité de la recherche : actes de la Commission des antiquités régionales du XVIIe congrès international de l'Association Guillaume Budé, Lyon 26-29 août 2013, Éditions Mergoil, coll. « Archéologie et histoire romaine » (no 38), (ISBN 978-2-35518-064-4)
  • M. Lenoble, Atlas topographique de Lugdunum : 1. Lyon-Fourvière, Dijon, Société archéologique de l'Est (supp. 47),

Ouvrages utilisés

Sont listées dans cette section les sources exploitées de manière notable pour construire l'article. Les autres ouvrages et revues consultés de manière plus légère sont indiqués plus bas.

Auteurs antiques

  1. I, 64 - 66.
  2. I, 51.
  3. I, 65.
  4. I, 63.
  5. I, 64.
  6. II, 59.
  7. I, 59.
  8. II, 59. Traduction Henri Goelzer.
  9. II, 70.
  10. I, 66.
  1. III, 40. Traduction Burnouf.
  2. III, 41. Traduction Burnouf.
  3. XVI, 3. Traduction Burnouf.
  4. VI, 45.
  5. XII, 58.
  1. CIL X, 6087. Épitaphe de Munatius Plancus de son tombreau à Gaète (Italie).
  2. XIII, 1919 et 1805.
  3. XIII, 2000.
  4. XIII, 2036.
  5. XIII, 1995.
  6. XIII, 1805 et 1972.
  7. XIII, 2391.

Autres références antiques

  1. Dion Cassius, Histoire romaine, XLV, 50.
  2. Pseudo-Plutarque, Nommer le monde : origine des noms de fleuves, de montagnes et de ce qui s’y trouve, traduit, présenté et annoté par Charles Delattre (Mythographes) Presses universitaires du Septentrion, 2011. 192 pages. (ISBN 978-2-7574-0205-4), 6,4.
  3. I, 10-12 ; texte latin : Flumen est Arar, quod per fines Haeduorum et Sequanorum in Rhodanum influit, incredibili lenitate, ita ut oculis in utram partemfluat iudicari non possit. Id Heluetii ratibus ac lintribus iunctis transibant.
  4. Eusèbe de Césarée, dit Eusèbe Pamphile, Chroniques, Livre II.
  5. Strabon, IV, 6, 11.
  6. Suétone, Vie des douze Césars (Caligula, XX), traduction Henri Ailloud.
  7. Lettre à Lucilius 91.
  8. Histoire Auguste, Le Quadrige des Tyrans, XII-XIII.
  9. Eutrope IX, 17, 1 ; Epitome, 37, 2.
  10. Eutrope, Abrégé d'histoire romaine, VII.
  11. Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, livre V, 1 à 3.
  12. Irénée, Contre les hérésies, 1, 13, 7 ; Jérôme, Commentaire sur Isaïe, XVII, 64 et Lettres, IV, 75, 3.
  13. Grégoire de Tours, La gloire des confesseurs, 63.
  14. Grégoire de Tours, Histoire des Francs - livre I (lire sur Wikisource)

Ouvrages et articles archéologiques

  • [Desbat 1981] Armand Desbat, « Vases à médaillons d'applique des fouilles récentes de Lyon », Figlina, nos 5-6, 1980-1981
  1. Desbat 1980-1981, p. 153, 161.
  • Armand Desbat, Les fouilles de la rue des Farges : 1974-1980, Groupe Lyonnais de recherche en archéologie gallo-romaine, , 107 p. (notice BnF no FRBNF36606143)
  • Mathieu Poux, Hugues Savay-Guerraz, Lyon avant Lugdunum, Infolio éditions, , 151 p. (ISBN 2-88474-106-2)
  1. Poux Savay-Guerraz, p. 28 à 33.
  2. Poux Savay-Guerraz, p. 102.
  • [Le Mer & Chomer 2007] Anne-Catherine Le Mer et Claire Chomer, Carte archéologique de la Gaule, Lyon 69/2, Paris, , 883 p. (ISBN 2-87754-099-5)
  • Françoise Villedieu, Lyon St-Jean, les fouilles de l'avenue Adolphe Max, coll. « Documents d'archéologie en Rhône-Alpes »,
  1. Villedieu 1990, p. 19.
  2. Villedieu 1990, p. 26 - 28.

Ouvrages historiques

  • [Audin 1965] Amable Audin, Lyon, miroir de Rome dans les Gaules, Fayard, , 223 p.
  1. Audin 1965.
  2. Audin 1965, p. 79.
  3. Audin 1965, p. 83.
  4. Audin 1965, p. 88.
  5. Audin 1965, p. 133.
  6. Audin 1965, p. 139.
  7. Audin 1965, p. 128.
  8. Audin 1965, p. 120.
  9. Audin 1965, p. 123.
  10. Audin 1965, p. 124.
  11. Audin 1965, p. 106.
  12. Audin 1965, p. 109.
  13. Audin 1965, p. 117.
  14. Audin 1965, p. 134.
  15. Audin 1965, p. 190.
  16. Audin 1965, p. 194.
  17. Audin 1965, p. 196.
  18. Audin 1965, p. 200.
  19. Audin 1965, p. 202.
  20. Audin 1965, p. 142.
  21. Audin 1965, p. 142-147.
  22. Audin 1965, p. 101.
  • [Decourt & Lucas 1993] Jean-Claude Decourt et Gérard Lucas, Lyon dans les textes grecs et latins : La géographie et l'histoire de Lugdunum de la fondation de la colonie (43 av. J. C.) à l'occupation burgonde (460 ap. J. C.) (Dossiers F. Courby), Lyon, coll. « Travaux de la maison de l'orient » (no 23), (lire en ligne)
  • Armand Desbat (dir.) et Collectif, Lugdunum, naissance d'une capitale, , 184 p. (ISBN 9782884741200, Catalogue de l'exposition présentée au musée gallo-romain de Lyon du 15 oct. 2005 au 8 mai 2006)
  • Pierre Renucci, Caligula l'impudent, infolio,
  1. Renucci 2007, p. 15.
  2. Renucci 2007, p. 156 et 157.
  3. Renucci 2007, p. 172.
  • [GaF 2012] Armand Desbat (dir.), Hugues Savay-Guerraz (dir.), Jean-Paul Bravard et Anne Pariente, Lyon antique : Guide archéologique de la France, Paris, Éditions du patrimoine - Centre des monuments nationaux, , 136 p. (ISBN 978-2-7577-0195-9)
  1. GaF 2012, p. 33.
  2. GaF 2012, p. 58.
  • André Pelletier, Quand Lyon s'appelait Lugdunum, Éditions lyonnaise d'art et d'histoire, , 160 p. (ISBN 978-2-84147-334-2)
  1. Pelletier 2016, p. 110.
  2. Pelletier 2016, p. 111.
  3. Pelletier 2016, p. 112.
  4. Pelletier 2016, p. 117.
  5. Pelletier 2016, p. 113.
  6. Pelletier 2016, p. 118.
  7. Pelletier 2016, p. 120.
  8. Pelletier 2016, p. 114-115.
  9. Pelletier 2016, p. 121.
  10. Pelletier 2016, p. 108.
  11. Pelletier 2016, p. 109.
  • Patrice Faure, « Lyon lointain, Lyon romain, des origines au Ve siècle ap. J.-C. », dans Paul Chopelin & Pierre-Jean Souriac, Nouvelle histoire de Lyon et de la métropole, Privat, coll. « Histoire des villes et des régions : histoire », , 958 p. (ISBN 978-2-7089-8378-6), p. 53-128
  1. Faure 2019, p. 55.
  2. Faure 2019, p. 57.
  3. Faure 2019, p. 58.
  4. faure 2019, p. 57.
  5. Faure 2019, p. 62 - 63.
  6. Faure 2019, p. 64.
  7. Faure 2019, p. 65.
  8. Faure 2019, p. 66.
  9. Faure 2019, p. 68.

Autres références

  1. André Chagny, La fondation de Lyon et le souvenir de L. Munatius Plancus, Lyon, Hôtel de Ville, 1957, p. 26.
  2. Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Ed. Errance, 1994.
  3. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions Errance 2003, p. 210.
  4. Xavier Delamarre, Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne, éditions Errance, , 383 p. (ISBN 978-2-87772-483-8), p. 183.
  5. Jacques Lacroix, Les noms d'origine gauloise: La Gaule des dieux, éditions Errance, , 286 p. (ISBN 2-87772-349-6), p. 155-164.
  6. Bachellery Édouard. VII. « Le nom antique de Lyon. » Dans : Études Celtiques, vol. 12, fascicule 2, 1970. p. 678.
  7. Lacroix 2007, p. 110-113.
  8. Delamarre 2003, article branos.
  9. Lacroix 2007, p. 155-169.
  10. Delamarre 2003, article lugus.
  11. Camille Jullian, Histoire de la Gaule, Paris, 1908-1926, tome IV, p. 47 ; tome III p. 122 et 142.
  12. Christian Goudineau, Note sur la fondation de Lyon, Gallia, 1986, 44-1, pages 171-173. Lire en ligne sur Persée; consulté le 27 juin 2015.
  13. Christian Goudineau, Les textes antiques sur la fondation et la signification de Lugdunum in Regard sur la Gaule, éditions Babel, 2007, p. 440-471, (ISBN 978-2742769247).
  14. Michel Rambaud, L'origine militaire de la colonie de Lugdunum, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1964, 108-2, pages 252-277. Lire en ligne sur Persée; consulté le 27 juin 2015.
  15. Pour une opinion cependant opposée à cette thèse, voir : Gascou Jacques. César a-t-il fondé une colonie à Vienne ?. In: Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité T. 111, no 1. 1999. p. 157-165. Lire en ligne sur Persée; consulté le 20 juin 2015.
  16. Christian Goudineau, "La Gaule de la mort de César à celle de Néron" in Regard sur la Gaule, éditions Babel, 2007, p. 368.
  17. Daniel Frascone, La voie de l'océan et ses abords, nécropoles et habitats gallo-romains, à Lyon Vaise, documents d'archéologie en Rhône-Alpes, 1999, p. 22-23.
  18. Frédérique Blaizot, « Archéologie d'un espace suburbain de Lyon à l'époque romaine », Gallia, CNRS éditions, vol. 67, t. 1, (ISBN 2271070635 et 978-2271070630)
  19. L'aqueduc romain de l'Yzeron, Lyon, 1991, p. 125.
  20. Gilbert Charles-Picard, analyse comparée de la modénature romaine en Gaule de la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. in Amable Audin, Lyon, miroir de Rome dans les Gaules, Résurrection du passé, Fayard, 1965, p. 64.
  21. Christian Goudineau, « La Gaule de la mort de César à celle de Néron » in Regard sur la Gaule, éditions Babel, 2007, p. 377-378.
  22. Inscription latine des Trois Gaules, no 217 (AE 1959, no 61).
  23. André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard et Pierre Cayez, Histoire de Lyon : des origines à nos jours, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, Lyon, 2007, (ISBN 978-2-84147-190-4), page 18.
  24. André Steyert, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes, t. 1 : Antiquité, Lyon, Bernoux et Cumin, , 661 p. (OCLC 759766177, lire en ligne), « Lyon, citadelle romaine », p. 237.
  25. Guide des collections, musée archéologique, Saint-Romain-en-Gal, 1996, p. 27 : épitaphe de Decimanus trouvé à Lyon en 1884.
  26. François Jacques, Les curateurs de cités dans l'Occident romain, Paris, 1983, no 109, p. 220-223.
  27. Vitruve, I, 7.
  28. Aen., I, 422.
  29. Ambroise Comarmond, Notice du musée lapidaire de la ville de Lyon, 1855, p. XX, en ligne.
  30. Jean Pelletier, Charles Delfante, Atlas historique du Grand Lyon, éditions Xavier Lejeune-Libris, 2004, p. 31.
  31. Ouvrage collectif, Lyon Saint-Jean, les fouilles de la rue Tramassac, documents d'archéologie en Rhône-Alpes, 1994, p. 19.
  32. Christian Goudineau, "Vaison-la-Romaine a-t-elle usurpé son nom" in Regard sur la Gaule, éditions Babel, 2007.
  33. Yves Burnand, « Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule romaine sous le Haut-Empire », In: Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité T. 102, no 2, 1990, p. 554-555, .
  34. Lettre de Saint-Cyprien (Epistula LXVIII) adressée au pape Etienne.
  35. (it) Attilio Carpin, Cipriano di Cartagine: il vescovo nella chiesa, la chiesa nel vescovo, 2006, Edizioni Studio Domenicano, p. 282, (ISBN 8870946126).
  36. Collectif, Le trésor de Vaise, documents d'archéologie en Rhône-Alpes, 1999, (ISBN 2-906190-21-7).
  37. A. Chastagnol éditeur, Histoire Auguste, Paris, 1994, p. 1109-1110 et 1127-1129.
  38. Justin Favrod Les Burgondes, un royaume oublié au cœur de l'Europe, coll. Le Savoir Suisse, PPUR, 2002, Lausanne.
    • M. Genin, J. Lasfargues, A. Schmitt-Dir, Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon, Gallia, 53, 1996, p. 1-249 ; M. Genin, J. Lasfargues, A. Schmitt -Dir, Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon. 2e partie : Les ateliers du Ier s. après J.-C., Gallia, 54, 1997, p. 1-117 .
    • J.P. Lascoux, W. Widlak, 1996.
    • A. Cochet, 1986.
    • Guide du site de Saint-Romain-en-Gal, 1999, p. 54-55 (ISBN 2-7118-3201-5).
    • Pline le Jeune, Lettres, IX, 11, traduction Annette Flobert dans Christian Goudineau, Regard sur la Gaule : Recueil d'articles, Actes sud, 2007, Paris, 537p., (ISBN 978-2742769247).
    • Parmi les ouvrages de références sur les cultes lyonnais se trouvent : Adrien Bruhl, Dieux et cultes à Lyon à l'époque gallo-romaine, dans Actes du 89e congr. nal. des Soc. sav., Lyon, 1964, Paris, 1965, p. 163-171 ou P. Wuilleumier, Lyon, métropole des Gaules, Paris, 1953.
    • Marcel Le Glay, « Le culte impérial à Lyon au IIe siècle Ap. J.C. : colloque international du Centre national de la recherche scientifique, Lyon, 20-23 septembre 1977 », dans Les martyrs de Lyon (177), Paris, Éditions du C.N.R.S., coll. « Colloques internationaux du Centre national de la recherche scientifique » (no 575), , 328 p. (ISBN 2-222-02223-1), p. 19–31, p. 24.
    • Sur le sujet des rites funéraires à Lugdunum, voir également Christian Goudineau dir. Rites funéraires à Lugdunum ; Exposition. Lyon, Musée de la civilisation gallo-romaine. 2009-2010, Errance, Paris, 2009, (ISBN 978-2-87772-406-7).
    • Lucien Lerat, « À Besançon aux premiers temps du christianisme : le sarcophage à asciae de Saint-Ferjeux », Mélanges Pierre Lévêque, Tome 1 : Religion. Besançon : Université de Franche-Comté, 1988. pp. 199-217 . (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 367)
    • G. Bowersock, Rome et le martyr, Paris, 2002, p. 129.
    • P. Wuilleumier, Lyon. Métropole des Gaules, Paris, 1953, p. 94.
    • Albert Champdor, Lyon, cité romaine, édition Bias, 1990.
    • Sidoine Apollinaire, Lettres II, 10, 2-4 et IX, 3.
    • J.-F. Reynaud dans A.C. Le Mer, C. Chomer et alii, Carte Archéologique de la Gaule. 69/2 : Lyon, Paris, 2007, p. 245.
    • datation confirmée par les fouilles archéologiques de 1973 - cf. André Pelletier, Histoire et Archéologie de la France ancienne – Rhône Alpes, édition Horvath, 1988, (ISBN 2717105611), p. 103-107.
    • Grégoire de Tours, La gloire des confesseurs, 61.
    • Philippe Fabia, « Fourvière en 1493 », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 62e année, N. 2, 1918, pp. 130-131 et 134 .
    • Philippe Fabia, « Fourvière en 1493 », p. 135
    • Philippe Fabia, Pierre Sala, sa vie et son œuvre avec la légende et l’histoire de l’Antiquaille, Lyon, 1934.
    • Ouvrage collectif, l’Antiquaille de Lyon, histoire d’un hôpital, éditions Lieux Dits, 2003, p. 21.
    • Jean Berger, Le Forum romain de Fourvière et la reconstitution de divers chapiteaux provenant de ce forum, Mem. Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon, 1905, p. 85 à 89.
    • Jean Pelletier, Charles Delfante, Atlas historique du Grand Lyon, éditions Xavier Lejeune-Libris, 2004, p. 38.
    • Françoise Villedieu, Lyon St-Jean, les fouilles de l'avenue Adolphe Max, documents d'archéologie en Rhône-Alpes, 1990, p. 29 à 38.
    • B. Mandy, Rapport 1983a et E. Delaval, 1994 et 1995.
    • [Delaval 1995] Éric Delaval et al., Vaise, un quartier de Lyon antique, Lyon, Alpara, , 291 p., sur books.openedition.org (ISBN 9782916125305, DOI 10.4000/books.alpara.2456, lire en ligne), « Le Quartier Saint-Pierre - La maison aux Xenia », p. 73-130.
    • [Clément et al. 2014] Benjamin Clément (dir.), Élise Vigier, Cécile Batigne-Vallet et al., Le quartier antique du clos de la Solitude, Lugdunum (Lyon 5e). Domus, habitats collectifs et urbanisme de la colonie de Lyon, vol. 1 : Texte et études (Rapport d'opération, fouilles du 22 avril au 7 juin 2013, Clos de la Solitude/Externat Sainte Marie – 23/29 chemin de Montauban), Lyon, DRAC Rhône-Alpes, Service Régional de l’Archéologie, , 384 p., sur academia.edu (lire en ligne).
    • J. Gruyer, 1973, p. 449.
    • Faure 2019, p. 914-916, GaF 2012, p. 132-133

    Notes

    1. dont l'archéologue Amable Audin dans son Essai sur la topographie de Lugdunum.
    2. Sénèque, dans l'Apocoloquintose du divin Claude, présente Lyon comme un « sommet dominant deux cours d'eau, que Phoebus à son lever voit toujours en face ».
    3. L'Arar désigne la Saône.
    4. « Colonie prospère, heureuse, munatienne »
    5. Vienne) des colons qui auraient été installés sur ordre de celui-ci par Tiberius Néron et sous le statut de droit latin (statut moindre obligeant ses habitants à un passage par la magistrature pour obtenir la citoyenneté romaine et se voir conférer le droit romain
    6. Colonie romaine et partie de l'armée
    7. La date est donnée par la curatelle de Fulvius Aemilianus datée le plus souvent des années 160, mais parfois placé sous Septime Sévère ; voir François Jacques, Les curateurs des cités dans l'occident romain, Paris, 1983, p. 221 n.2.
    8. Une hypothèse a longtemps été avancé qu'il se trouve à Fourvière, mais les fouilles menées par A. Desbat en 1991 l'ont contredite.
    9. Description des fouilles faites dans le quartier, site du service archéologique de la ville de Lyon.
    10. Cette maison sera agrandie, puis transformée en couvent et enfin en hôpital, fermé définitivement en 2003. Il est actuellement en partie occupé par un musée du Christianisme.
    11. La Déserte est un couvent détruit pendant la Révolution qui a laissé sa place à la place Sathonay.
    12. Voir le site archéologique.
    13. voir le site du musée.
    14. Félix Benoit, dans son ouvrage Lyon secret, se fait l'écho d'historiens et autres érudits lyonnais du XIXe siècle pour évoquer le lieu de naissance de Ponce Pilate. Il serait né en 19 av. J.-C. dans le quartier de Fourvière à Lugdunum où son père aurait occupé un poste de haut fonctionnaire romain. L'historien Eusèbe de Césarée prétend que Ponce Pilate serait revenu à Lugdunum en 37 en étant l'objet d'une disgrâce et se serait alors donné la mort.

    Compléments

    Articles connexes

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