Flamme (combustion)

Une flamme est une réaction de combustion vive se produisant dans une zone d'épaisseur faible : elle produit de la chaleur et émet en général de la lumière. Elle est à l'origine de la production du feu.

Flamme de torche.
Schéma de combustion du bois : combustion vive avec flammes et combustion lente avec braises incandescentes.

Phénomène visuel

Différents types de flammes d'un bec Bunsen selon la quantité de dioxygène disponible.

La lumière produite par une flamme résulte d'une réaction de combustion. Celle-ci est une réaction d'oxydo-réduction. Dans le cas des métaux - dans le cas de la combustion du magnésium par exemple - la combustion est bien décrite par un échange d'électrons qui produit des ions entre le métal (donneur) et l'oxygène (accepteur). Dans le cas des molécules (cas du méthane), la réaction est mieux décrite par un échange d'atomes d'oxygène. Dans tous les cas, l'exothermicité de la combustion porte le solide ou le gaz à une température élevée (parfois plusieurs milliers de kelvins).

Un solide à température élevée (par exemple le fer en brûlant) produit un rayonnement continu dont la longueur d'onde d'intensité maximale est bien décrite par la loi de Wien. Dans le cas des gaz (par exemple la flamme du sodium), la désexcitation résulte de transition électronique produisant des photons de longueur d'onde caractéristique du corps émetteur. La lumière possède alors un spectre de raies.

Typologie

On distingue deux types de flamme :

  • la flamme de diffusion : dans ce cas-là, les réactifs — combustible et comburant — sont séparés ;
  • la flamme de prémélange : dans ce cas-là, les réactifs forment une phase homogène.

Flamme de diffusion

Flamme de diffusion avec une lampe à huile.

La flamme de diffusion est appelée ainsi car, les réactants étant séparés, ils doivent venir au contact l'un de l'autre, par le phénomène de diffusion. Les cas typiques sont :

  • la combustion des solides (bois, bougie, papier, etc.) ;
  • la combustion des liquides (essence, gazole, pétrole, etc.), sous forme « massive » (flaque, réservoir) ou de brouillard (moteur Diesel) ;
  • le moteur-fusée utilise des flammes de diffusion, typiquement hydrogène/oxygène ou kérosène/oxygène ;
  • la combustion des gaz non mélangés à l'air, par exemple un gaz sortant directement d'une bouteille ne contenant pas d'air, une fuite sur une canalisation qui s'enflamme tout de suite.

Dans le cas d'un feu de solides ou de liquides, la combustion produit de la chaleur ; cette chaleur provoque un phénomène de distillation, de pyrolyse ou simplement de fusion puis de vaporisation qui produit un gaz inflammable, qui vient alimenter la flamme. Que ce soit donc un feu de solide, de liquide ou de gaz, on a :

  • au centre de la flamme : un gaz combustible ;
  • la flamme elle-même est une mince couche de gaz au sein de laquelle se déroule la réaction de combustion ;
  • à l'extérieur de la flamme : le gaz comburant, en général le dioxygène de l'air, et les produits de réaction (gaz et particules).

Ce phénomène peut être très complexe ; par exemple, la combustion du kérosène dans les moteurs d'avion peut être décrite par 3 500 réactions faisant intervenir 225 espèces chimiques[1].

Cette réaction est souvent incomplète, puisque sur le lieu de la réaction, la mince couche de la flamme, le rapport entre combustible et comburant n'est pas idéal (non-stœchiométrique). On a donc des gaz très divers — dioxyde de carbone (CO2) et vapeur d'eau (H2O), souvent monoxyde de carbone (CO), autres gaz de réaction et gaz imbrûlés — ainsi que des particules de suie qui brûlent à leur tour. De plus, la haute température atteinte grâce à la combustion provoque la formation d'oxydes d'azote.

Anatomie

Flamme de diffusion.

La flamme de diffusion se compose de trois parties[2] :

  1. une partie bleue : c'est là que se déroule principalement la combustion, on a le combustible d'un côté (la cire qui s'évapore en vapeur de cire), le comburant (l'oxygène) et les produits de réaction de l'autre ; la température de luminescence (principalement émission de lumière bleue par le CO2) est d'environ 1 200 °C ;
  2. une partie opaque, brillante, plutôt jaune-blanc mais tirant vers le jaune-orangé à son sommet : les produits de combustion de la zone bleue chassent l'air, la zone est donc plus pauvre en dioxygène, on atteint une température d'incandescence de 1 500 °C par combustion incomplète et il y a production de suie par excès de combustible[note 1]. À 1 500 °C, les particules de suie émettent une lumière blanche (rayonnement du corps noir). Puis, en s'élevant, leur température s'abaisse, et elles émettent une lumière jaune orangé ;
  3. une zone autour de la mèche quasi transparente et sombre : cette région est également pauvre en dioxygène si bien que la cire y brûle peu et à une température assez faible pour qu’elle ne forme pas de suie[3].

La forme de cette flamme est en grande partie due à la gravité et au phénomène de convection qui en découle : les gaz chauds montent du fait de la poussée d'Archimède. L'alimentation en comburant ne peut donc se faire que par les côtés.

Flamme en microgravité

Flamme en microgravité.

En situation de microgravité (impesanteur), les différences de densité entre air chaud et air froid n'interviennent plus : la convection n'emporte pas les produits de la combustion (CO2 par exemple) loin de la flamme. En conséquence, la flamme de diffusion adopte une forme sphérique et les produits de la combustion bloquent l'accès du dioxygène à la flamme. En l'absence de mouvements d'air provoqués (souffle par exemple), celle-ci tend à s'éteindre d'elle-même dans un délai assez bref.

Flamme de prémélange

Dans le cas de la flamme de prémélange, le combustible est toujours un gaz, parfaitement mélangé au comburant. On parle aussi de flamme aérée.

Les exemples les plus courant sont :

Même si le mélange n'est pas parfait, le mélange intime des réactants fait que la combustion est plus efficace, la flamme est donc plus chaude et produit peu de particules imbrûlées, elle est donc bleue.

Anatomie

La flamme est une mince couche de gaz, qui est la frontière entre deux milieux :

  1. les « gaz frais » (mélange combustible-comburant) d'un côté ;
  2. les gaz brûlés (produits de réaction) de l'autre.

Le schéma ci-dessus montre une flamme de bec Bunsen ; dans ce cas-là, les gaz frais arrivent avec une certaine vitesse, le front de flamme progresse en sens inverse, ce qui fait que globalement, la flamme est immobile.

Dans de nombreux cas, les gaz frais sont au repos par rapport au référentiel ; dans ce cas-là, le front de flamme se déplace. Selon sa vitesse de propagation, on parle de détonation (dans le cas supersonique) ou de déflagration (pour des vitesses de flamme subsoniques).

Propagation

Les trois paramètres principaux de propagation de la flamme sont :

  • les proportions du mélange : plus on est proche de la stœchiométrie, plus la flamme se propage vite ;
  • la température des gaz frais : plus la température est élevée (proche de la température provoquant l'inflammation spontanée), plus la propagation est élevée ;
  • l'écoulement des gaz : les obstacles et turbulences modifient la progression de la flamme.

Le refroidissement du gaz frais permet ainsi de ralentir la progression de la flamme de prémélange, voire de l'arrêter :

  • dans un feu d'intérieur (local clos ou semi-clos), les sapeur-pompiers refroidissent la fumée en pulvérisant de l'eau (voir l'article Lutte contre l'incendie > Feu en lieu clos) ;
  • une grille peut bloquer la flamme : la grille, du fait de sa grande surface spécifique, absorbe la chaleur de la flamme et l'empêche de se propager de l'autre côté ; cette propriété a été utilisée par Humphry Davy pour la conception des lampes de sûreté dans les mines, mais aussi pour protéger les machines fonctionnant dans un milieu potentiellement explosif.

Forme et cinétique

La forme et la cinétique de la flamme sont étudiés dans l'article Front de flamme.

Notes et références

Notes

  1. Un dépôt de suie se fait sur une assiette au-dessus de la flamme.

Références

Annexes

Bibliographie

  • [Boyer 2006] Louis Boyer, Feu et flammes, Paris, Belin, coll. « Pour la science », , 189 p. (ISBN 2-7011-3973-2).
  • [Valeur 2011] Bernard Valeur, La couleur dans tous ses éclats, Belin, , 224 p. (ISBN 978-2-7011-5876-1 et 2-7011-5876-1).

Articles connexes

Liens externes

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