Emmanuel Kant

Emmanuel Kant (en allemand : Immanuel Kant [ʔɪˈmaːneːl kant][1]), né le à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, et mort dans cette même ville le , est un philosophe allemand, fondateur du criticisme et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal »[2].

« Kant » redirige ici. Pour les autres significations, voir Kant (homonymie).
Emmanuel Kant
Emmanuel Kant (tableau du XVIIIe siècle).
Naissance
Décès

Königsberg en Prusse-Orientale
Sépulture
Nationalité
Formation
École/tradition
Principaux intérêts
Idées remarquables
Œuvres principales
Influencé par
A influencé
Adjectifs dérivés
« Kantien »
Père
Johann Georg Kant (d)
signature

Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général. Son œuvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques – à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger – fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.

Biographie

Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse-Orientale (actuellement Kaliningrad en Russie) dans un milieu modeste : son père, d'origine écossaise, est sellier, et sa mère, qu'il qualifie de très intelligente, est foncièrement piétiste. Il est le quatrième d'une famille de onze enfants. Il fréquente durant sept ans le Collegium Fridericianum, dirigé par Franz Albert Schultz, pasteur piétiste qui considère la piété de l'âme comme supérieure au raisonnement.

L’université Albertina de Königsberg, où Kant a enseigné.

En 1740, il entre à l'université de Königsberg pour étudier la théologie. Il suit les cours de Martin Knutzen, professeur de mathématiques et de philosophie ; ce professeur, lui aussi piétiste et disciple de Wolff, combat le dualisme et en revient à la pure doctrine de Leibniz, suivant laquelle la force représentative et la force motrice participent l'une de l'autre et se supposent réciproquement.

C'est là qu'il découvre Newton et la physique, preuve, selon lui, qu'une science a priori de la nature est possible (c’est-à-dire les mathématiques et la physique)[3]. Plus tard, il créditera aussi l'astronomie de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a « découvert l'abîme de l'ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance], n'aurait jamais pu se représenter qu'il était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme doit produire un grand changement dans la détermination des fins ultimes à assigner à notre usage de la raison »[4].

En 1746, la mort de son père l’oblige à interrompre ses études pour donner des cours : il est engagé comme précepteur par des familles aisées et il accomplit cette tâche durant neuf ans. C'est également cette année-là qu'il publie sa première dissertation : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives[5].

En 1755, il obtient une promotion universitaire et une habilitation grâce à une dissertation sur les principes premiers de la connaissance métaphysique. Il commence à enseigner à l’université de Königsberg avec le titre de Privatdozent (enseignant payé par ses élèves).

Kant est le premier grand philosophe moderne à donner un enseignement universitaire régulier.[réf. nécessaire] Ses cours, tout comme ses publications à cette période, sont très diversifiés : mathématiques et physique apprises chez Newton, morale inspirée de Rousseau, Shaftesbury, Hutcheson et Hume, pyrotechnie, théorie des fortifications.

À partir de 1760, ses cours ont pour nouveaux objets la théologie naturelle, l'anthropologie, et surtout la critique des « preuves de l'existence de Dieu » ainsi que la doctrine du beau et du sublime.

En 1766, Kant demande et obtient le poste de sous-bibliothécaire, à la Bibliothèque de la Cour, fonction qu'il occupe jusqu’en avril 1772. C’est la seule démarche qu’il ait jamais faite pour obtenir une faveur[6].

En 1770, il est nommé professeur titulaire, après avoir écrit une dissertation intitulée De la Forme des principes du monde sensible et du monde intelligible.

En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze années de travail, ne rencontre pas le succès espéré par son auteur. Une seconde édition voit le jour en 1787.

En 1786, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin.

En 1788 est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres œuvres majeures (Fondation de la métaphysique des mœurs et Vers la paix perpétuelle notamment) sont écrites durant cette période.

Kant n'a jamais quitté sa région natale[7] mais il fut très attentif aux mouvements du monde, comme en témoignent de nombreuses publications qui traitent de sujets variés et contemporains de son époque. Il recevait également très souvent de nombreux amis à dîner et déjeunait chaque jour avec un inconnu. La tradition rapporte que Kant ne modifia son emploi du temps immuable et la trajectoire de sa promenade quotidienne que deux fois : la première en 1762 pour se procurer le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, la seconde en 1789 afin d'acheter la gazette après l'annonce de la Révolution française[8]. Cette image apparaît sujette à caution à certains universitaires qui y voient une exagération et un transfert des habitudes de ponctualité de son ami à partir de 1764, Joseph Green, célèbre pour son rigorisme au point d'avoir été en son temps le sujet du livre satirique L'homme d'après l'horloge de Theodor Gottlieb Hippel (un autre ami de Kant)[9].

Favorable à la révolution française, il affirme, après Thermidor, que « les méfaits des Jacobins ne sont rien comparés à ceux des tyrans du passé »[10].

D'après le récit biographique de Thomas de Quincey, les capacités mentales du philosophe s'affaiblirent de manière importante vers la fin de sa vie : l'un des signes « du déclin de ses facultés fut que désormais il perdit tout sens précis du temps »[11]. Selon Harald Weinrich, les « symptômes » décrits par le narrateur Wasianski dans l'ouvrage de Quincey, notamment les pertes de mémoire de Kant, pourraient faire penser à la maladie d'Alzheimer[12].

Désormais célèbre, bien qu'incomplètement compris par ses contemporains, Emmanuel Kant meurt en 1804 à Königsberg[13]. Ses derniers mots furent : « Es ist gut » (« c'est bien » ou « c'est suffisant »)[14]. Son tombeau est situé à l'extérieur nord-est de la Cathédrale de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).

Philosophie

Division générale

Les trois grandes branches de la philosophie kantienne sont les suivantes : philosophie de la connaissance (développée surtout dans la Critique de la raison pure), philosophie pratique (exposée dans la Critique de la raison pratique et la Fondements de la métaphysique des mœurs) et esthétique (dans la Critique de la faculté de juger).

  • La philosophie de la connaissance a pour but de répondre à la question « que puis-je savoir ? »[15]. Elle ne tente donc pas de connaître un objet particulier, comme la nature pour la physique ou le vivant pour la biologie, mais de limiter et de déterminer la portée de nos facultés de connaissance ou pouvoirs de connaître, c’est-à-dire de l'intuition sensible, de l'entendement et de la raison en langage kantien. L'ouvrage principal à ce sujet est la Critique de la raison pure.
  • La philosophie pratique veut répondre à la question « que dois-je faire ? », et elle comporte aussi bien la philosophie morale que la philosophie du droit et la philosophie politique. La philosophie pratique s’intéresse aussi à la question « que puis-je espérer ? ». Elle montre que les idées transcendantales, bien qu'elles ne puissent pas devenir objets de notre connaissance, doivent être postulées pour permettre la moralité et l'espérance. La connaissance doit ainsi être limitée par la raison elle-même afin de faire place à la croyance.
  • L'esthétique kantienne prend place dans la Critique de la faculté de juger, consacrée à cette question « que puis-je espérer ? ».

Enjeux du criticisme

La statue de Kant à Kaliningrad.

Les enjeux de la philosophie kantienne sont multiples car Kant a apporté d'importantes contributions tant en théorie de la connaissance, qu'en éthique, en esthétique, en métaphysique et en philosophie politique.

Sa première grande contribution fut d’avoir fondé, dans la Critique de la raison pure, la théorie de la connaissance en tant que telle : il en fit une discipline relativement autonome aussi bien de la métaphysique que de la psychologie.

D’autre part, et à partir des acquis de la Critique de la raison pure, Kant élabore une philosophie morale profondément nouvelle qui part du concept de loi morale valable pour tout « être raisonnable », universelle et nécessaire, et de son corrélat, la « liberté transcendantale ». Exposée en particulier dans la Critique de la raison pratique, l'éthique kantienne a été qualifiée de déontologique, c'est-à-dire qu'elle considère l'action en elle-même et le devoir ou obligation morale, indépendamment de toute circonstance empirique de l'action[16]. Elle s'oppose donc aussi bien à l'éthique conséquentialiste, qui estime la valeur morale de l'action en fonction des conséquences prévisibles de celles-ci, qu'à l'eudémonisme, qui considère que l'éthique doit viser le bonheur. Du fait du caractère absolument impératif de la notion de devoir, et de la connexion non nécessaire entre le bonheur et la morale, la position kantienne a souvent été qualifiée de rigoriste[17].

Enfin, dans la Critique de la faculté de juger, il exposa une théorie esthétique qui est le fondement de la réflexion esthétique moderne. La troisième Critique est aussi une réflexion sur la nature et la téléologie.

Il existe de façon incontestable un « avant » et un « après » Kant dans ces trois domaines. La réflexion kantienne fut prise en compte dès son élaboration, par l'idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel, Schopenhauer), et poursuivie par le néokantisme (Cassirer).

Théorie de la connaissance

Le point de départ de la réflexion élaborée dans la Critique de la raison pure est, de l'aveu même de Kant, le scepticisme empiriste de Hume, qui l'a réveillé de « [s]on sommeil dogmatique »[18]. Hume a, en effet, construit une critique radicale des fondements de la métaphysique de Leibniz et de Wolff, dont Kant avait été un adepte. « Depuis les essais de Locke et de Leibniz, ou plutôt depuis la naissance de la métaphysique, si loin que remonte son histoire, aucun événement ne s'est produit qui eût pu être plus décisif pour la destinée de cette science que l'attaque dont elle fut l'objet de la part de David Hume », dit-il encore dans les Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science, œuvre visant à expliquer de façon plus simple le projet de la première Critique[19].

Le titre même de cet ouvrage explicite le projet kantien : il s'agit, après Hume, de refonder la métaphysique sur des bases solides, et d'en faire une science rigoureuse, en imitant l'exemple de la révolution copernicienne. De la même façon que Copernic a montré que la Terre tournait autour du soleil et non l'inverse, Kant affirme que le « centre » de la connaissance est le sujet connaissant (l'homme ou l'être raisonnable), et non une réalité extérieure par rapport à laquelle nous serions simplement passifs. Ce n'est donc plus l'objet qui oblige le sujet à se conformer à ses règles, c'est le sujet qui donne les siennes à l'objet pour le connaître[20]. Ceci a pour conséquence immédiate que nous ne pouvons pas connaître la réalité en soi (nouménale), mais seulement la réalité telle qu'elle nous apparaît sous la forme d'un objet, ou phénomène.

La critique kantienne est ainsi une tentative de dépasser l'opposition entre le « dogmatisme », dont l'idéalisme est selon Kant une forme dominante, et le « scepticisme », représenté par l'empirisme humien : « la métaphysique est un champ de bataille », dit-il ainsi dans la première Critique[21]. D'après Heidegger, Kant aurait été le premier philosophe à ne pas se contenter de rejeter la métaphysique traditionnelle, mais à comprendre son travail philosophique comme une refondation de la métaphysique[22].

Cette refondation est, dans le même temps, une assignation de limites à l'entendement humain : Kant va établir une ligne de partage entre ce qui est accessible à la raison humaine, et ce qui la dépasse, permettant ainsi de distinguer ce qui relève de la science d'une part, et ce qui relève de la croyance (c'est-à-dire de la spéculation) d'autre part. Tout énoncé prétendant formuler une vérité certaine sur Dieu est ainsi qualifié de « dogmatique » : le projet même d'une théologie rationnelle, dans sa forme classique (qui passe par exemple par les « preuves de l'existence de Dieu ») est ainsi invalidé. Réciproquement, toute profession d'athéisme qui voudrait s'appuyer sur la science pour affirmer l'inexistence de Dieu est, elle aussi, renvoyée du côté de la simple croyance : toutes ces questions, qui concernent les « Idées transcendantales » (Dieu, l'âme et le monde), sont hors de portée de l'entendement humain. C'est pourquoi Kant écrit, dans sa préface à la seconde édition de Critique de la raison pure : « J'ai limité le savoir pour laisser une place à la croyance. »

Limiter les prétentions de la raison : telle est dans le fond la solution que veut apporter Kant à la crise de la métaphysique. Cette limitation n’est possible que par une critique complète de la raison par elle-même. Il faut entreprendre une critique de la raison par la raison : voilà le sens véritable du titre Critique de la raison pure. Le terme de critique renvoie étymologiquement au grec ancien krinein, qui signifie « juger une affaire » (au sens juridique). La raison organisera donc un procès de ses propres prétentions, « dogmatiques », à connaître des objets situés par delà l’expérience, appelés par Kant noumènes (par opposition aux phénomènes). Bien que restrictive, cette tâche permet aussi, en limitant le savoir et en départageant clairement le champ du savoir et celui de la croyance (spéculation), de mettre en sûreté tous les acquis du savoir contre les attaques du scepticisme.

Philosophie pratique

La tombe d'Emmanuel Kant près de l'ex Cathédrale de Königsberg.

La philosophie pratique de Kant est exposée principalement dans la Fondation de la métaphysique des mœurs et dans la Critique de la raison pratique. La Fondation de la métaphysique des mœurs fut d’ailleurs sévèrement critiquée par Schopenhauer, ce dernier établissant, entre autres, le caractère fondamentalement empirique de l’analyse kantienne du processus décisionnel humain et de la morale[23]. Cet ouvrage est une reprise des thèses finales de la Critique de la raison pure, mais précise sensiblement les thèses kantiennes, surtout en ce qui concerne le statut de la liberté dans la morale. D'autre part, Kant élabore aussi, à côté de cette philosophie morale, une philosophie politique qui lui est liée. Celle-ci est explicitée dans plusieurs opuscules, dont Vers la paix perpétuelle, qui prône un fédéralisme cosmopolite afin d'établir une véritable paix ; l’Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, qui précise les conceptions kantiennes au sujet du progrès du droit et de la morale dans l’histoire, ou encore de ce que Hegel appellera — en en modifiant considérablement l’approche — La Raison dans l'Histoire ; ou enfin Qu'est-ce que les Lumières ?, un opuscule très bref qui formule comme devise de l'Aufklärung (les Lumières allemandes) : Sapere aude (« Ose penser par toi-même »).

L’articulation entre la philosophie théorique et la philosophie pratique est la suivante. Le seul usage légitime des concepts de la métaphysique est un usage dans le cadre de la morale[réf. nécessaire]. Dans la Critique de la raison pure Kant ne fait encore qu’évoquer cette thèse sans lui donner toute l’importance qu’elle mérite. Il va combler cette lacune avec la Critique de la raison pratique. Mais dans cet ouvrage, il va montrer que le devoir moral est, par essence, inconditionné (c’est l'impératif catégorique déjà présenté dans la Fondation de la métaphysique des mœurs) et qu’il est impensable sans les concepts de liberté, de Dieu et d’immortalité de l'âme.

D'une manière générale, on peut dire qu'il s'agit d'une éthique déontologique, en ce que la loi morale, telle qu'elle est découverte par la raison pure pratique, ne dérive aucunement de l'expérience empirique et s'impose à la conscience morale commune en tant qu’impératif catégorique. Le devoir — ou obligation morale — par lequel la loi morale se présente à nous, êtres raisonnables finis, ne considère donc pas l'action dans son enchaînement empirique de causes et de conséquences (principal souci d'une éthique conséquentialiste), mais l'acte moral en lui-même. Une illustration des enjeux soulevés par l'approche kantienne est fournie par le débat avec Benjamin Constant à propos du mensonge. Ce dernier critiquait « un philosophe allemand » en ce qu'il interdisait de façon absolue le mensonge[24], même si cela pouvait avoir des conséquences fâcheuses, ce qui lui a valu une réplique de Kant dans D'un prétendu droit de mentir par humanité (1797)[25]. De façon assez significative, si Kant interdit catégoriquement le mensonge, il admet la légitimité de la peine de mort, fustigeant ainsi les thèses de Beccaria et la « sensiblerie sympathisante d'une humanité affectée », ainsi que le raisonnement qui fonde « l’illégitimité de la peine de mort sur le fait qu'elle ne peut être contenue dans le contrat social » : pour lui, « tout cela n'est que sophisme et chicane »[26].

Selon Kant, l’acte moral obéit nécessairement à un impératif catégorique (le devoir pour le devoir), et non à un impératif hypothétique (qu'il soit dicté par la prudence, vise le bonheur, ou procède par habileté). Cela signifie que cet acte ne vise pas d’autres fins que lui-même. On agit moralement uniquement pour agir moralement, et non pas par recherche d’un quelconque intérêt personnel. Un impératif catégorique se distingue d’un impératif hypothétique, en ce que ce dernier porte seulement sur les moyens à utiliser pour atteindre une fin particulière déjà déterminée.

Un acte libre est une action dont le mobile qui détermine la volonté de l'agent à agir n'est pas empirique : il ne peut s'agir de suivre la représentation du bonheur, ou même d'agir par vertu parce que cela nous rendrait heureux, comme dans le cas de l’éthique eudémoniste d’Épicure[27]. Il faut au contraire agir non pas « conformément au devoir », mais « par devoir », c'est-à-dire que le mobile de la volonté doit être la loi morale elle-même, laquelle est nécessairement universelle et a priori[28].

Critique de la faculté de juger

La troisième Critique, ou Critique de la faculté de juger, vise principalement à combler l'abîme creusé entre l'usage théorique de la raison, qui est au fondement de la connaissance de la nature par l'entendement (Critique de la raison pure), et l'usage pratique de la raison, qui commande toute action morale (Critique de la raison pratique). La faculté de juger est ainsi le point d'articulation entre la raison théorique et la raison pratique. Kant veut ainsi achever l'édifice de la métaphysique dont il a entamé la refondation avec la première Critique.

La première partie de la Critique de la faculté de juger est consacrée à l'esthétique (analyse du jugement esthétique), la deuxième partie à la téléologie (analyse de la place de la finalité dans la nature). C'est dans cet ouvrage que Kant expose sa distinction entre « jugement déterminant » et « jugement réfléchissant ». Il y a en fait trois problématiques principales dans cet ouvrage, qui semblent, à première vue, hétérogènes : d'une part le « jugement de goût », réflexion qui part d'une critique de l'esthétique telle qu'elle est envisagée par Baumgarten, qui voulait en faire une science rationnelle ; d'autre part une réflexion sur les êtres organisés où se manifeste l'individualité biologique ; enfin une interrogation sur la finalité et la systématicité de la nature[29].

Selon Alain Renaut, qui reprend ainsi une thèse d'Alfred Bäumler de 1923, le point de rencontre entre la problématique de la beauté et des êtres organisés, c'est la question de l'irrationnel[29]. La querelle du panthéisme (ou du spinozisme), qui oppose à partir de 1775 Mendelssohn et Jacobi autour des conséquences du rationalisme des Lumières, forme l'arrière-fond de la troisième Critique[29].

Le jugement esthétique

Le but de Kant n'est pas de proposer des normes du beau, mais d'expliquer pourquoi nous jugeons qu'une chose est belle, et de préciser en quoi consiste « un jugement de goût ». Le beau serait un produit du sens esthétique. En ce sens, ce n'est pas vraiment l'objet qui est beau, mais la représentation que l'on s'en fait. Kant en donne les définitions suivantes :

  • L'universalité sans concept : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Le beau est un intermédiaire entre la sensibilité et l'entendement : ce n'est pas un concept définissable par notre seul entendement.
  • Une finalité sans fin : Le beau n'est pas l'utile, il n'a donc pas de fin extérieure. Il a néanmoins une fin interne (l'harmonie des facultés subjectives).
  • Un plaisir désintéressé : Le beau ne se confond pas avec l'agréable, qui relève pour sa part d'une perception strictement personnelle : « Quand je dis que le vin des Canaries est agréable, je souffre volontiers qu'on me reprenne et qu'on me rappelle que je dois dire seulement qu'il est agréable à moi. » Alors que pour l'exemple d'un jugement sur la beauté d'une chose, il explique : « Je ne juge pas seulement pour moi, mais pour tout le monde, et je parle de la beauté comme si c'était une qualité des choses. »[30] Si le beau apporte plaisir et satisfaction, c'est de manière désintéressée.

Kant distingue deux types de beau : la beauté libre et la beauté adhérente.

  • Le « sublime » : Pour Kant, le sublime se distingue du beau en ce qu'il « dépasse » ou excède notre entendement.

« L'art ne veut pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose. »[31] On retrouve ici la place qu'occupe chez Kant la faculté de juger, et l'interprétation de « l’esthétisme » se fait par une appréciation variable d'un individu à l'autre.

Les neurosciences ont récemment prouvé la thèse de Kant stipulant que, pour apprécier proprement une œuvre d'art, il est nécessaire de se distancer émotionnellement de celle-ci. En effet, on se rend compte que présenter une photo comme œuvre d'art change l'appréciation de celle-ci, ainsi que l'activité cérébrale qui lui est reliée. Il y aurait en fait un mécanisme de régulation émotionnelle implicite, induit par le contexte artistique, jouant un rôle dans la distance psychologique et l'attention devant les propriétés esthétiques. Ainsi, l'art est profondément dépendant de notre faculté de jugement[32].

Le jugement téléologique

La téléologie est l'étude de la finalité (du grec ancien telos, finalité, but, et logos, discours, raison). Selon la conception téléologique, l’humanité évolue vers un point de perfection.

Dans ses Opuscules sur l'histoire, Kant émettra l’hypothèse d'un système téléologique de la nature permettant de faire l'hypothèse du progrès historique de l'humanité. Il ne le présente donc pas comme certain, mais seulement comme un « idéal régulateur ». C'est le fameux « comme si » de Kant (als ob) : la connaissance des fins dernières de l'humanité échappe à l'expérience, mais cela n'empêche pas de postuler, dans et pour la pratique, l'idée de progrès à des fins morales. C'est en raison de ce même avantage pratique (mais irréductible à l'utilitarisme) que Dieu est pour Kant une idée « pratique ».

La conception théologique

En ce qui concerne la conception kantienne de la religion, certains critiques ont mis en lumière le déisme de Kant, comme Peter Byrne qui a écrit sur la relation précise de Kant avec le déisme[33]. D'autres ont montré que par la morale Emmanuel Kant se déplace du déisme au théisme, comme Allen W. Wood[34] et Merold Westphal[35]. En référence à La Religion dans les limites de la simple raison, il a été souligné que Kant a réduit le religieux au rationnel, la religion à la morale et la morale au christianisme[36].

Philosophie de l'histoire

Les textes sur l'histoire

Kant a écrit plusieurs opuscules sur l'histoire, qui réunis et interprétés en lien avec les trois Critiques forment sa propre philosophie de l'histoire. Parmi ces opuscules, il y a des textes consacrés au concept de « race » dans le cadre de travaux géographiques et anthropologiques, des textes sur le progrès et le sens de l'histoire, des articles polémiques contre Johann Gottfried von Herder[37].

Kant écrit en 1775 Des différentes races humaines, où il soutient à la suite de Buffon que l'humanité est une seule espèce biologiquement parlant, à partir du critère de la reproduction possible et des rejetons non stériles. Mais l'humanité se divise en tant qu'espèce en quatre races, les Blancs, les Noirs, les Huns et les Indiens. Le critère de distinction est la transmission de caractère héréditaires, qui ne changent pas même si les membres d'une race sont « transplantés » sur un autre sol et sous un autre climat. Kant fait également remarquer que le métissage est possible entre races[38].

En 1784, Kant publie L'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, son ouvrage principal sur l'histoire. Il y soutient que les humains travaillent à l'accomplissement du dessein de la nature, sans en avoir conscience. Cela ne veut pas pour autant dire que les humains agissent mécaniquement, au contraire cette même nature les a dotés de la « liberté du vouloir » et de la « raison » par lesquelles ils réalisent les fins de l'humanité. Dans la proposition III, Kant écrit : « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ou perfection que celle qu'il s'est créée lui-même, indépendamment de l'instinct par sa propre raison »[39].

Sur le concept de « race »

Dans The Color of Reason: The Idea of ‘Race’ in Kant’s Anthropology (« La Couleur de la raison : l'idée de « race » dans l'anthropologie de Kant »), le philosophe postcolonialiste Emmanuel Chukwudi Eze écrit : « La position de Kant sur l'importance de la couleur de la peau non seulement comme codification mais comme preuve de la codification de la supériorité ou de l'infériorité rationnelle se fait jour dans un commentaire qu'il fait concernant la capacité de raisonnement d'une personne « noire » »[40]. En rapportant ce commentaire de 1764 où, au moment d'évaluer une déclaration énoncée par un Africain, Kant la rejette et ajoute : « Cet homme était tout à fait noir de la tête aux pieds, ce qui prouve manifestement que ces propos étaient stupides »[41], Chukwudi Eze commente quant à lui en 1997: « Dès lors, on ne peut pas avancer que la couleur de peau n'était pour Kant qu'une caractéristique physique. C'était bien plutôt la marque d'une qualité morale (Idee) permanente et immuable »[40].

Selon le philosophe Robert Bernasconi, Kant « n'a pas seulement appuyé l'idée d'une hiérarchie raciale permanente mais a signifié sur cette base que les noirs n'étaient dignes qu'à l'esclavage »[42].

Œuvres

Sources pour la biographie

La meilleure source de renseignements concernant la biographie de Kant est sa correspondance, deuxième partie du tome XI de l’édition Rosenkranz et Schubert des œuvres de Kant, Kuno Fischer, Geschichte der n. Philosophie, tome III. En français : Correspondance[43].

On dispose aussi des ouvrages de ses amis Hasse, Borowski, Wasianski et Jackmanu, dont des extraits ont été traduits en français sous les titres : Kant intime[44], Aphorismes sur l'art de vivre[45].

On a si peu de renseignements précis sur la vie de Kant, que l'on se contente souvent de dire qu’il la consacra tout entière à l’étude et à l'enseignement : « Je suis par goût un chercheur », écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l’avide inquiétude de progresser. »

Les renseignements suivants[Lesquels ?] ont été extraits des articles de dictionnaires et d'encyclopédies cités en fin d'article et tout particulièrement : La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts.

Postérité

L'influence de Kant affecte la majeure partie de la philosophie européenne et américaine.

Sa postérité immédiate : l'idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel), qui voit la philosophie de Kant comme une propédeutique en vue d'un système qui reste à accomplir. Mais aussi le romantisme allemand (Schiller, Goethe, Novalis...).

Le néokantisme (École de Marbourg : Cohen, Natorp, Cassirer ; École de Bade : Windelband, Rickert), qui revendique un retour à Kant par-delà les philosophes postkantiennes.

Les « maîtres du soupçon » (Schopenhauer, Kierkegaard, Marx, Nietzsche), qui peuvent aussi se montrer très critiques à l'égard de Kant.

La phénoménologie, l'existentialisme et l'herméneutique (Dilthey, Husserl, Jaspers, Heidegger, Sartre, Levinas, Merleau-Ponty, Ricœur), héritent tous de Kant.

Foucault et sa notion de modernité, Deleuze et son concept d'empirisme transcendantal sont des lecteurs de Kant.

La philosophie analytique discute les thèses de Kant, sa philosophie de la connaissance (Russell, Strawson...), sa philosophie morale (voir le débat entre l'éthique déontologique, qui se réclame parfois de Kant, et l'éthique conséquentialiste, à laquelle appartient John Stuart Mill), mais aussi son esthétique.

Une partie de la philosophie politique contemporaine (Habermas, Rawls, Apel, Arendt, Alain Renaut, Luc Ferry) se situe dans la postérité de Kant.

Galerie

Notes et références

  1. Prononciation en haut allemand standardisé retranscrite selon la norme API.
  2. Voir Prolégomènes à toute métaphysique future, 1re partie : « Car, de ce que j’ai moi-même donné à ma théorie le nom d’idéalisme transcendantal, je ne puis avoir autorisé personne à le confondre avec l’idéalisme empirique de Descartes […], ou avec l’idéalisme mystique et fanatique de Berkeley. » Kant affirme aussi : « J’avoue donc bien qu’il y a hors de nous des corps, c’est-à-dire des choses qui, bien qu’elles nous soient tout à fait inconnues en elles-mêmes, nous sont connues par les représentations que nous procure leur action sur notre sensibilité, et auxquelles nous donnons le nom de corps, mot qui n’indique par conséquent que le phénomène de cet objet à nous non connu mais néanmoins réel. Peut-on bien appeler cela idéalisme ! C’en est tout juste le contraire. » (ibidem)
  3. Voir à ce sujet les deux premières parties des Prolégomènes à toute métaphysique future… qui traitent de la mathématique et de la physique pures, c'est-à-dire a priori.
  4. Note de la Critique de la Raison pure, « L'idéal de la raison pure », 2e section : « De l'idéal transcendantal », A575/B603.
  5. Voir l'édition italienne et le commentaire : Emmanuel Kant, Pensieri sulla vera valutazione delle forze vive, par Stefano Veneroni, Milan-Udine, Mimésis, 2019, 4 vol., 1.567 p.
  6. G. Fonsegrive Revue Philosophique de la France et de l'Étranger T. 39, (JANVIER A JUIN 1895), pp. 224-227. P.U.F.
  7. Histoire de la vie et de la philosophie de Kant (Amand Saintes), pp 22-23.
  8. Dominique Vallaud, Dictionnaire historique, Librairie Arthème Fayard, 1995, p. 515.
  9. Kühn Manfred : Kant-Biographien. Bristol : Thoemmes.
  10. Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, , p. 336
  11. Thomas de Quincey, Les derniers jours d'Emmanuel Kant, éditions Mille et une nuits, 1996, p. 27-33.
  12. Harald Weinrich, Lethe. The Art and Critique of Forgetting, Cornell University Press, , p. 76. Weinrich avance toutefois cette hypothèse avec beaucoup de précautions : « The debility was evident above all in the gradual waning and then an increasingly rapid decline of his memory which might perhaps be diagnosed, if the symptoms can still be correctly identified, as Alzheimer’s disease avant la lettre. »
  13. Livre "Les Dix Philosophes incontournables au bac philo" par Charles Pépin, page 51
  14. Karl Vorländer: Immanuel Kant. Der Mann und das Werk. Hamburg: Meiner, p. II 332
  15. E. Kant, Logique (1800), traduction de L. Guillermit, Paris, Vrin, 1970, p. 25-26.
  16. Eirick Prairat, « Introduction. Questions éthiques enjeux déontologiques », Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, vol. 40, no 2, , p. 7-17 (lire en ligne, consulté le 25 avril 2017).
  17. Claude Piché, « Le rigorisme kantien et la thèse du mal radical », Laval théologique et philosophique, vol. 71, no 2, , p. 233-245 (lire en ligne, consulté le 25 avril 2017).
  18. Emmanuel Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science, Paris, Vrin, coll. « Bibliothèque des textes philosophiques », (1re éd. 1986), 240 p. (ISBN 978-2-7116-1151-5, lire en ligne), p. 18.
  19. Kant 1997, p. 15.
  20. Kant, Critique de la raison pure, préface de la seconde édition, III, 12.
  21. Préface de la première édition à la Critique de la raison pure.
  22. Heidegger, Kant et le problème de la métaphysique.
  23. Fondement de la morale (Schopenhauer)
  24. Benjamin Constant, Des réactions en politique, 1796, seconde édition, p. 74 et suivantes (voir sur Wikisource).
  25. D'un prétendu droit de mentir par humanité, dans Doctrine de la vertu, trad. Jules Barni, éd. Auguste Durand, 1855, p. 251 et suivantes (lire sur Wikisource).
  26. Citations extraites de la Doctrine du droit, VI, 335, in Métaphysique des mœurs, Gallimard, La Pléiade, vol. 3, p. 605
  27. Cf. critique de l'épicurisme au chapitre I de la Critique de la raison pratique
  28. Chapitre III de la Critique de la raison pratique, « Des mobiles de la raison pure pratique »
  29. Introduction à la Critique de la faculté de juger (Aubier, 1995), par Alain Renaut.
  30. Critique de la faculté de juger, ch. 7.
  31. Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, I, § 48.
  32. Noah N. N. Van Dongen, Jan W. Van Strien et Katinka Dijkstra, « Implicit emotion regulation in the context of viewing artworks: ERP evidence in response to pleasant and unpleasant pictures », Brain and Cognition, vol. 107, , p. 48–54 (DOI 10.1016/j.bandc.2016.06.003, lire en ligne, consulté le 21 septembre 2016).
  33. Peter Byrne, Kant on God, « Kant sur Dieu », Londres, Maison d’éditions Ashgate, 2007, page 159.
  34. Allen W. Wood, Kant’s Moral Religion, « La religion morale de Kant », Ithaca et Londres, Cornell University Press, 1970, page 16.
  35. Merold Westphal, The Emerge of Modern Philosophy of Religion, « L’émergence de la philosophie moderne de la religion », en Charles Taliaferro, Paul Draper et Philip Quinn, A Companion to Philosophy of Religion, « Un guide à la philosophie de la religion », Oxford, Maison d’éditions Balckwell, 2010, page 135.
  36. Mircea Itu, Dumnezeu şi religia în concepţia lui Immanuel Kant din Religia în limitele raţiunii, « Dieu et la religion telle qu'elle est comprise par Immanuel Kant dans « La religion dans les limites de la simple raison », dans Studii de istorie a filosofiei universale, « Recherches sur l'histoire de la philosophie universelle », édité par Alexandru Boboc et N. I. Mariş, volume 12, Bucarest, Maison d’édition de l'Académie roumaine, 2004.
  37. Emmanuel Kant (trad. Stéphane Piobetta, préf. Philippe Raynaud), Opuscules sur l'histoire, Paris, Flammarion, coll. « GF », , 256 p. (ISBN 9782081331778).
  38. Kant 1990, p. 47 et 51.
  39. Kant 1990, p. 72.
  40. (en) Emmanuel Chukwudi Eze, The Color of Reason : The Idea of "Race" in Kant's Anthropology, Bucknell University, Lewisburg, PA, , p. 119.
  41. Emmanuel Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime, , Section IV. Des caractères nationaux, en tant qu’ils reposent sur le sentiment différencié du sublime et du beau, p. 170.
  42. (en) Robert Bernasconi, « Defining Race Scientifically: A Response to Michael Banton », Ethnicities, , p. 145.
  43. 3. Immanuel KANT, Correspondance, traduite de l'allemand par M.-C. Challiol, M. Halimi, V. Séroussi, N. Aumônier, M.B. de Launay et M. Marcuzzi, Paris, Gallimard, 1991, 909 pages.
  44. 1. L.E. Borowski, R.B. Jachmann, E.A. Wasianski, Kant intime, textes traduits de l'allemand, réunis et présentés par Jean Mistier, Paris, B. Grasset, 1985, 164 pages (voir Résumé critique de l'ouvrage sur Érudit).
  45. Emmanuel Kant, Aphorismes sur l'art de vivre, textes réunis et présentés par Didier Raymond, Paris, éd. du Rocher, coll. « Alphée », 1990, 219 pages.

Voir aussi

Bibliographie

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  • Bernard Bourgeois, « Kant (Emmanuel) », dans Dictionnaire du monde germanique, sous la direction de Élisabeth Décultot, Michel Espagne et Jacques Le Rider, Paris, Bayard, 2007, p. 579-582 (ISBN 9782227476523)
  • Victor Delbos, La philosophie pratique de Kant, Presses Universitaires de France 1905
  • Gilles Deleuze, La philosophie critique de Kant, PUF - Quadrige, 2004 (ISBN 2-1305-4696-X)
  • Olivier Dekens, Comprendre Kant, Armand Colin, 2003, Coll. Cursus. philosophie (ISBN 2-2002-6426-7)
  • Andreas Dorschel, Die idealistische Kritik des Willens: Versuch über die Theorie der praktischen Subjektivität bei Kant und Hegel, Meiner, 1992, Schriften zur Transzendentalphilosophie 10 (ISBN 3-7873-1046-0)
  • Umberto Eco, Kant et l'Ornithorynque, LGF - Livre de Poche, 2001 (ISBN 2-2531-5026-6)
  • Maurizio Ferraris, Good bye Kant! Ce qu'il reste aujourd'hui de La Critique de la raison pure ?, Pascal Engel (préface), Ed. de l'Eclat, 2009, Coll. Tiré à part (ISBN 2-8416-2178-2)
  • Luc Ferry, Kant, une lecture des trois « Critiques », Bernard Grasset, 2006, Le Collège de philosophie (ISBN 978-2-24653911-7)
  • Jean Grondin, Kant et le problème de la philosophie : l'a priori, Vrin, 1989, Coll. Bibliothèque d'histoire de la philosophie (ISBN 2-7116-0979-0)
  • Martin Heidegger, Kant et le problème de la métaphysique, Gallimard, 1981, Coll. Tel (ISBN 2-0702-5790-8)
  • Alexandre Kojève, Kant, Gallimard, 1973, Coll. Bibl. Idées (ISBN 2-0702-8163-9)
  • Jean Lacroix, Kant et le kantisme, Presses Universitaires de France - QSJ ?, 1966
  • Gérard Lebrun, Kant sans kantisme, Fayard, 2009, Coll. Ouvertures (ISBN 2-2136-3734-2)
  • Domenico Losurdo, Autocensure et compromis dans la pensée politique de Kant, Septentrion, 1998 (ISBN 978-2859394325)
  • Alexandra Makowiak, Kant, l’imagination et la question de l’homme, Jérôme Millon, Coll. Krisis, 2009 (ISBN 978-2841372447)
  • Jean-Renaud Seba, Le partage de l'empirique et du transcendantal. Essai sur la normativité de la raison, Kant, Hegel, Husserl, Bruxelles, Ousia, 2006.
  • Thomas de Quincey, Les Derniers jours d'Emmanuel Kant, Ombres, 1998 (ISBN 2-8414-2030-2)
  • Giorgio Tonelli, Kant's Critique of Pure Reason within the Tradition of Modern Logic. A Commentary on its History, Hildesheim, Olms 1994
  • Émile Boutroux, La philosophie de Kant, Vrin, 1926 disponible sur Gallica

Articles connexes

Liens externes

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