Charlton Heston

John Charlton Carter[1],[2], dit Charlton Heston [ˈt͡ʃɑɹltən ˈhɛstən][3], est un acteur, réalisateur et scénariste américain né le à Evanston, dans l'Illinois, et mort le (à 84 ans), à Beverly Hills.

Charlton Heston
Charlton Heston en 1961.
Nom de naissance John Charlton Carter
Surnom Chuck
Naissance
Evanston, Illinois, États-Unis
Nationalité Américaine
Décès
Beverly Hills, États-Unis
Profession Acteur
Réalisateur
Scénariste
Films notables Sous le plus grand chapiteau du monde
Les Dix Commandements
La Soif du mal
Ben-Hur
Le Cid
Les 55 Jours de Pékin
Major Dundee
La Planète des singes
Soleil vert
Antoine et Cléopâtre

Devenu une légende du cinéma à la suite de sa prestation dans Ben-Hur, pour laquelle il obtient l'Oscar du meilleur acteur, il est l'un des symboles du cinéma américain des années 1960. Il a associé son nom aux plus grandes superproductions de Hollywood telles que Les Dix Commandements, Le Cid ou Les 55 Jours de Pékin, avant de s'illustrer dans des films d'anticipation dont les plus connus sont La Planète des singes, Le Survivant et Soleil Vert. Il a également été l'un des pionniers du film catastrophe avec 747 en péril et Tremblement de terre. De par son impressionnante carrure et son visage dur, Charlton Heston fut l'interprète idéal tout au long de sa vie de personnages virils et, la plupart du temps, honnêtes et bons.

Il s'engage politiquement contre le racisme et devient l'une des figures hollywoodiennes du Mouvement des droits civiques dans les années 1960. Il s'engage par la suite auprès du Parti républicain et, à la fin de sa vie, milite au sein de la NRA pour la défense des armes à feu.

Atteint de la maladie d'Alzheimer dès 2002, il décide de mettre fin à toute activité cinématographique et politique. Le président George W. Bush lui décerne la médaille présidentielle de la Liberté, haute distinction civile américaine, en 2003.

Biographie

Charlton Heston est né le à Evanston, juste au nord de Chicago dans l'Illinois. Sa famille est d'ascendance anglaise et écossaise, il était d'ailleurs un membre du clan Fraser. Il monte sur les planches pour la première fois à l'âge de 5 ans et incarne le père Noël dans une pièce organisée dans son école[4]. Sa passion le conduit alors à étudier la comédie à l'université Northwestern. Il décroche son premier rôle au grand écran en 1941 dans Peer Gynt, film réalisé par un camarade de son université.

Le [5],[6], il s’engage dans les United States Army Air Forces et n’est incorporé qu’un an plus tard en janvier 1944. Il reçoit d’abord une formation sur le sol américain. Il épouse Lydia Clarke le 17 mars 1944 quelques semaines avant de partir deux ans en tant que sergent à bord d'un B-25 pendant la guerre du Pacifique[7]. Basé sur l'île Kodiak[8], il participe à la campagne des îles Aléoutiennes. Il est démobilisé en mars 1946. Ils auront ensemble un fils, Fraser, né le et ils adopteront une petite fille, Holly Ann, née le [4].

Il revient à Broadway après la guerre et multiplie les petits rôles et boulots. Des traits spécifiques et sa taille d'un mètre 93[9] lui permettent d'être modèle.

Carrière d'acteur

Charlton Heston dans Julius Cæsar (1950).

En 1947, Charlton Heston joue à Broadway dans une pièce de William Shakespeare, Antoine et Cléopâtre. Cecil B. DeMille le remarque et lui confie un premier rôle en tant que directeur de cirque dans Sous le plus grand chapiteau du monde (1952)[4] qui a permis de révéler l'acteur du grand public.

Charlton Heston est Moïse dans Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille (1956).
Charlton Heston dans Ben-Hur (1959).

Il va rapidement devenir l'acteur spécialiste des rôles historiques dans les grandes superproductions d'Hollywood des années 1950 et 1960. Cette orientation est rendue possible par la carrure athlétique de l'acteur et un visage rude. C'est ainsi qu'au cours de sa carrière Charlton Heston a été successivement Moïse, Le Cid, saint Jean Baptiste, Marc-Antoine (à deux reprises), le général Gordon, le président Jackson, le roi Henri VIII et Richelieu.

Il obtient la consécration avec Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille en 1956, puis avec Ben-Hur de William Wyler en 1959, pour lequel il obtient l'Oscar du meilleur acteur. Le Cid (1961), Les 55 jours de Pékin (1963) et Antoine et Cléopâtre (1972), qu'il met lui-même en scène, confirment son intérêt pour les films à grand spectacle.

Dans La Soif du mal, film mis en scène par Orson Welles en 1958, Charlton Heston apparaît dans le rôle inattendu d'un commissaire mexicain honnête, Ramon Miguel « Mike » Vargas, face à son homologue américain, Hank Quinlan, interprété par Orson Welles, personnage énorme, bouffi, véreux et manipulateur. Ce film représente dans sa carrière une exception noire, baroque, unique — comme sont uniques la moustache et les cheveux noirs qu'il arbore —, où l'acteur, loin des fastes bibliques, historiques et épiques, peut montrer une dimension humaine et moderne.

Le genre « grand spectacle » s'essoufflant, Charlton Heston réussit une reconversion dans les films d'anticipation au début des années 1970. Dans Le Survivant (1971), deuxième adaptation du roman Je suis une légende de Richard Matheson, seul rescapé d'une terre dévastée par le vampirisme, il doit chaque nuit renouveler un éternel combat pour la survie. Il joue aussi dans Soleil vert (1973), mettant en scène un monde dystopique et surpeuplé. Mais dans cette seconde carrière, son film le plus célèbre reste La Planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner.

Ayant débuté au théâtre, Charlton Heston n’abandonnera jamais sa carrière théâtrale, dégageant quelques mois entre deux tournages pour cela. Il joue ainsi à plusieurs reprises le rôle titre de Macbeth de William Shakespeare aux Bermudes, dans le Michigan et en 1975 à Los Angeles avec Vanessa Redgrave dans le rôle de Lady Macbeth. Il joue en 1972 à Los Angeles le rôle de John Proctor dans The crucible d’Arthur Miller. Il joue également à plusieurs reprises le rôle de Thomas More dans Un homme pour l’éternité de Robert Bolt. En 1977 il joue James Tyrone dans Le long voyage vers la nuit de Eugène O’Neill avec Deborah Kerr, puis le The crucifier of blood d’après Arthur Conan Doyle et Detective Story de Sidney Kingsley. Il joue ensuite à Londres avec de très bonnes critiques dans deux pièces : The Caine mutiny d’Herman Wouk où il joue le rôle du capitaine Queeg avec Ben Cross dans le rôle du lieutenant Greenwald en 1985 et de nouveau Un homme pour l’éternité en 1987. À la demande des autorités chinoises en 1989 il dirige à Beijing une version en chinois de The Caine mutiny. Sa dernière pièce sera Love letters de Albert Ramsdell Gurney avec sa femme Lydia, pièce qu’il avait jouée auparavant avec d’autres actrices.

Engagement politique

Charlton Heston lors de la marche pour les droits civiques à Washington (1963), en compagnie de Sidney Poitier et Harry Belafonte.

Charlton Heston s'est engagé pour de nombreuses causes tout au long de sa carrière.

Il s’engage ainsi dans les années 1960 en faveur du mouvement des droits civiques et participe à la marche sur Washington en 1963 avec Martin Luther King.

Membre de la Screen Actors Guild[10], un syndicat d’acteur, il est élu au comité directeur en 1960[11], puis en devient le troisième vice-président en 1961 et président pendant six mandats successifs de 1965 à 1971[12]. À cette époque, il dut faire face au problème des films tournés à l'étranger pour être diffusés aux États-Unis[13] et contribua à le résoudre. Il soutient le Senate Bill 393, proposition de loi du gouverneur de Californie Ronald Reagan en 1968, permettant de supprimer une taxe sur l’industrie cinématographique[11]. À la fin de 1969, Heston défend devant le Congrès l'instauration d'une taxe pour la création d’une redevance télévisée, afin de renforcer la production nationale et la qualité des programmes télévisés[11].

Il soutient trois candidats démocrates à la présidentielle (notamment Adlai Stevenson contre Dwight Eisenhower et John Kennedy contre Richard Nixon) avant de devenir républicain en 1972, avec le soutien de son ami l'ancien acteur Ronald Reagan[4]. Ses positions politiques évoluent ensuite nettement vers la droite. À la suite de l’élection de Ronald Reagan, Charlton Heston accepte de devenir « conseiller culturel » auprès du président en 1981[14].

En 1987, connu pour son engagement pro-life[15], il soutient le film de Bernard Nathanson, Eclipse of Reason (en), contre l’avortement en faisant l’introduction du film.

Il est également membre honoraire à vie de la National Rifle Association (NRA) dont il a été le président de 1998 à 2003[16]. Cette association, pour laquelle Charlton Heston s’est beaucoup impliqué en participant notamment à de nombreux clips télévisuels, défend avec acharnement le deuxième amendement à la Constitution américaine autorisant la possession d’armes à feu pour les particuliers. La présidence de Charlton Heston sera marquée par un combat contre la présidence de Bill Clinton, qui voulait restreindre la possession des armes à feu[16], et par un entretien de Michael Moore dans le documentaire Bowling for Columbine, dernière apparition de l'acteur à l'écran.

En , il reçoit du président George W. Bush la médaille présidentielle de la Liberté, l’une des plus hautes distinctions civiles américaines[17].

Maladie et mort

En 1998 lui est diagnostiqué un cancer de la prostate, mais Charlton Heston connaîtra une rémission après quelques séances de radiothérapie. En , il révèle au grand public qu’il est atteint de la maladie d'Alzheimer[18]. En 2005, des rumeurs font état de l’aggravation de la maladie, mais celles-ci ne seront jamais confirmées par la famille. En 2006, la progression de la maladie fait craindre à sa famille que ses jours ne soient comptés. Il meurt le , à l’âge de 84 ans, dans sa maison de Beverly Hills, auprès de sa femme Lydia.

Filmographie

Voir sa filmographie détaillée ici.

Comme acteur

Années 1940

Charlton Heston et Katharine Bradley dans Peer Gynt (1941).

Années 1950

Charlton Heston et Orson Welles sur le tournage de La Soif du mal (1958).
Charlton Heston et Marina Berti dans Ben-Hur (1959).

Années 1960

Charlton Heston et Linda Harrison dans La Planète des singes (1968).

Années 1970

Années 1980

  • 1980 : La Fureur sauvage (The Mountain Men) de Richard Lang : Bill Tyler
  • 1982 : La Fièvre de l'or (Mother Lode) de Charlton Heston : Silas McGee/Ian McGee
  • 1983 : Chiefs (en) (mini-série télévisée) : Hugh Holmes
  • 1984 : Sale affaire à Nairobi (Nairobi Affair) de Marvin J. Chomsky (téléfilm) : Lee Cahill
  • 1984 : Seule face au crime (Original Sin) de Ron Satlof (téléfilm) : Louis Mancini
  • 1985 : Dynastie (Dynasty) (série télévisée, 3 épisodes) : Jason Colby
  • 1985 - 1987 : Dynastie 2 : Les Colby (Dynasty II: The Colbys) (série télévisée, saisons 1 et 2) : Jason Colby
  • 1987 : Proud Men de William A. Graham (téléfilm) : Charley MacLeod Sr.
  • 1987 : The Dame Edna Experience (en) (série télévisée, 1 épisode) : Chuck (non crédité)
  • 1987 : The Two Ronnies (en) (série télévisée, 1 épisode) : un client du bar
  • 1987 : Christmas Night with the Two Ronnies (émission spéciale)
  • 1988 : Un homme pour l'éternité (en) (A Man for All Seasons) de Charlton Heston (téléfilm) : Thomas More

Années 1990

Années 2000

Comme réalisateur

Charlton Heston au Festival du cinéma américain de Deauville en 1982.

Comme scénariste

Animation

Distinctions

Récompenses

Décorations

Répliques

  • Dans le fameux plan-séquence du début du film La Soif du mal d'Orson Welles, il lance à Janet Leigh qui joue le rôle de sa jeune épouse : « Do you realize I haven't kissed you in over an hour? », en français : « Tu te rends compte que ça fait plus d'une heure que je ne t'ai pas embrassée ? ».
  • Les derniers mots de Judah Ben Hur dans le film éponyme de William Wyler restent très présents dans la culture de tradition chrétienne[réf. nécessaire] : « Juste au moment de sa mort je l'ai entendu dire « Mon Père, pardonnez leur car ils ne savent ce qu'ils font » et au son de sa voix, tout esprit de haine m'a abandonné ».

Dans la culture

Voix françaises

En France, Raymond Loyer et Jean-Claude Michel furent les deux voix régulières en alternance de Charlton Heston. Parmi les autres comédiens ayant doublé occasionnellement l'acteur, figuraient Jean Davy, René Arrieu, Georges Aminel ou encore Marc Cassot.

Par ailleurs en 1960, Charlton Heston avait écrit une lettre à Jean-Claude Michel pour le féliciter de son travail de doublage sur le film Ben-Hur après la projection française de gala donnée au Gaumont Palace à Paris.

Notes et références

  1. David Fisher, « David Fisher's Data Corner :: Transit - the newsletter of the Astrological Association », sur astrologicalassociation.com (consulté le 31 mars 2016).
  2. « Charlton J Carter », sur United States Census, 1930, sous le nom Charlton J Carter…âge 6… par FamilySearch.org, consulté le 31 mars 2016.
  3. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  4. Décès de l'acteur Charlton Heston à 84 ans, Reuters.
  5. Robert Berkvist, « Charlton Heston, Epic Film Star and Voice of N.R.A., Dies at 84 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le 31 mars 2016).
  6. « Charlton L Heston », sur United States World War II Army Enlistment Records, 1938-1946, Charlton L Heston...11 décembre 1942...par FamilySearch.org, consulté le 31 mars 2016.
  7. http://militarysalute.proboards.com/index.cgi?board=stories&action=display&thread=48.
  8. http://www.strategypage.com/respect/articles/military_2007528.asp.
  9. « Charlton Heston s'est éteint à l'âge de 83 ans », article posthume de Pure people.
  10. Biographie de Charlton Heston, article posthume du Nouvel Observateur faisant état de son engagement syndical.
  11. (en) Site du syndicat Screen Actors Guild, retraçant ses activités de syndicaliste.
  12. (en) Site du syndicat Screen Actors Guild sur la présidence de Charlton.
  13. runaway production (en).
  14. Charlton Heston sur Allociné.
  15. Mort de Charlton Heston, dépêche AFP.
  16. NRA : Charlton Heston laisse son siège, article de 2003 du site d’actualité cinématographique Allociné faisant part de sa démission.
  17. Havel reçoit la plus grande distinction des États-Unis, article de 2003 mentionnant Havel et Heston comme dignitaires de la médaille de la Liberté.
  18. (en) Charlton Heston has Alzheimer’s symptoms, article de CNN du lors de l’annonce de la maladie.
  19. Film amateur en format 16 mm.
  20. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  21. Duval & Pécau - Wilson, Qui a tué le Président ?, série Jour J (tome 5), 2011, page 53.
  22. Bustes sculptés par Daniel Druet.

Voir aussi

Liens externes

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