Adonis (mythologie)

Dans la mythologie grecque, Adonis (en grec ancien Ἄδωνις / Ádônis) est le fils de Cinyras et de sa fille Myrrha. C'est un humain, amant d'Aphrodite. Il est associé à la rose et au myrte. Adonis est une divinité d'origine orientale, dont le nom est certainement sémitique, Adon signifiant « notre maître »[1]. Il apparaît en Orient, avec le même mythe à peu de détails près, sous les noms de Tammouz ou de Thamous[2].

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Adonis

Aphrodite et Adonis, lécythe aryballisque attique à figures rouges d'Aison, v. 410 av. J.-C., musée du Louvre

Sexe Masculin
Espèce Humaine
Caractéristique Kalos kagathos
Famille Cinyras (père), Myrrha (mère)

Mythe

Vénus et Adonis par Hendrick Goltzius, 1614

Adonis est fils de Cinyras, roi de Chypre, et de sa propre fille Myrrha, qui fut transformée en arbre à myrrhe en punition de son inceste. Cinyras ne fut pas réprimandé, mais son fils et petit-fils Adonis, devenu adulte, le défia en concours pour déterminer lequel d'eux était meilleur joueur de lyre : Cinyras perdit et se suicida.

Doté d'une grande beauté, Adonis fut aimé d'Aphrodite. Selon le pseudo-Apollodore, il fut envoyé par Aphrodite dans un coffre en bois à Perséphone, afin que celle-ci le garde en sécurité. Perséphone s'en éprit et le disputa à Aphrodite. Zeus demanda à Calliope de résoudre leur querelle. Alors, elle ordonna au jeune homme de passer un tiers de l'année avec Aphrodite, un tiers avec Perséphone et le dernier avec la personne de son choix. La décision de Calliope sembla, dans un premier temps, apaiser les tensions entre les deux déesses. Cependant, si Adonis respecta à la lettre les exigences du roi des dieux, il choisit de consacrer le tiers de l'année restant à Aphrodite afin de vivre pleinement son amour pour elle.

Dès lors, le partage n'était plus équitable et l'amour qui liait Aphrodite à Adonis attisa la colère de Perséphone et des autres dieux. Car si la déesse de l'Amour, épouse légitime d'Héphaïstos, avait coutume de multiplier les infidélités, elle semblait cette fois-ci véritablement éprise de son jeune amant. Un jour Adonis parcourait la forêt pour chasser et fut mortellement blessé à la jambe par le sanglier qu'il avait touché. Une goutte de son sang tomba par terre et Aphrodite versa une larme sur cette goutte de sang qui donna naissance à l'adonis goutte-de-sang.

Toutes les légendes s'accordent sur cette fin tragique, mais elles diffèrent quant à l'instigateur de ce drame. Certains mythes affirment qu'Arès (dieu de la Guerre), l'amant officiel d'Aphrodite, ne supportait pas d'être ainsi délaissé au profit d'un autre. Fou de jalousie, il décida de reconquérir la déesse de l'Amour en éliminant Adonis qu'il fit tuer par un sanglier. D'autres prétendent qu'Apollon (dieu des Arts et de la Divination entre autres) fut à l'origine de la mort d'Adonis. Furieux contre Aphrodite qui rendit aveugle son fils, Érymanthe, pour l'avoir surprise dans son bain, Apollon aurait arraché son bel amant à la déesse. D'autres versions encore indiquent que c'est le sang d'Adonis qui donne sa couleur brun-rouge à la rivière Adonis du Liban, lors des crues (cette rivière prend source dans la grotte d'Aphaca où Adonis est censé être né)[3].

Les amours d'Adonis avec Aphrodite et Perséphone symbolisent les cycles des saisons et de leurs capacités à produire des richesses dont pouvaient profiter les hommes. « On reconnaît dans ce mythe une personnification des forces productrices de la nature et une image du rythme des saisons. »[4] On a aussi rapproché le mythe de la mort d'Adonis par les faits d'un sanglier, de celui du sanglier d'Érymanthe où c'est l'animal qui succombe.

Pour les grecs antiques, la Rose est née du sang d'Adonis et des pleurs que versa Aphrodite sur son amant.

Culte d'Adonis

Les Adonies, fêtes en l'honneur d'Adonis, étaient célébrées en divers lieux, et plusieurs auteurs de l'Antiquité grecque les ont évoquées. Aphrodite tint à rendre hommage à son amant défunt et organisa en son honneur une fête funèbre célébrée chaque 19 juillet par les femmes phéniciennes. Ce rituel consistait à planter des graines et à les arroser d'eau chaude de manière à accélérer leur croissance. Ces plantations, surnommées « jardins d'Adonis », mouraient également très rapidement, symbolisant la mort du jeune homme[5]. À Athènes dès le Ve siècle av. J.-C., les femmes rendaient à Adonis un culte vibrant, dont s'est moqué Aristophane[6]. Elles se lamentaient alors bruyamment sur le sort tragique des deux amants, gémissant et criant : « Il est mort, le bel Adonis. »[7] Ces fêtes avec grande pompe étaient célébrées à Byblos[8], à Alexandrie, entre autres. Elles duraient deux jours : le 1er était consacré au deuil, le 2e à la joie. Seules les femmes prenaient part à ces fêtes. Adonis était appelé Adon en Phénicie, et possiblement « Thammouz » en Mésopotamie (voir le dieu Dumuzi/Tammuz du Proche-Orient ancien et le mois de Tammouz, qui en dérive, dans le calendrier juif, et qui veut dire « juillet » en arabe et en turc). Salomon Reinach a proposé de voir dans ce rite l'explication de la légende relatée par Plutarque de Chéronée, concernant un pilote de navire égyptien qui aurait entendu une voix venue du rivage de l'île de Paxos, l'appelant par son nom et lui demandant d'annoncer que « le grand Pan est mort » : selon lui, il faudrait comprendre que la voix disait « Thamous, Thamous, Thamous, le très-grand (Panmegas) est mort », Thamous étant à la fois l'hétéronyme d'Adonis et le nom du pilote[9]. Marcel Detienne propose une interprétation tout à fait différente (Les Jardins d'Adonis..., 1972).

Évocations artistiques


Références

  1. Louis Séchan et Pierre Lévêque, Les grandes divinités de la Grèce, Éditions E. de Boccard, Paris, 1966, p. 369.
  2. Salomon Reinach, Manuel de philologie classique, Hachette, Paris, vol. I, 1883, vol. II & Appendice, 1884, rééd. 1904.
  3. Fernand Comte, Les grandes figures des mythologies, Larousse Bordas, (ISBN 2-03-507130-5), page 51
  4. Platon, Phèdre, 276 b.
  5. Aristophane, Lysistrata, vers 389 à 398.
  6. Louis Séchan et Pierre Lévêque, Les grandes divinités de la Grèce, E. de Boccard, Paris, 1966, p. 381.
  7. Lucien de Samosate 2015, p. 638.
  8. Salomon Reinach, Cultes, mythes et religions (édition établie par Hervé Duchêne), Robert Laffont, 1996 (ISBN 2-221-07348-7) p. 325-333 (La mort du grand Pan).
  9. Musée d'Orléans

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Émile Chambry, Alain Billault, Émeline Marquis et Dominique Goust (trad. Émile Chambry, préf. Alain Billault), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 9782221109021), « La déesse syrienne ». 
  • Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 14, 3-4).
    Apollodore transmet principalement la version de Panyassis d'Halicarnasse.
  • Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CCXLVIII).
  • Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (X, 298 et suiv.).
  • James George Frazer, Adonis. Étude de religions orientales comparées, trad.française, Paris, Geuthner, 1921.
  • W. Atallah, Adonis dans la littérature et l'art grec (coll. « Études et commentaires », 62), Paris, Klincksieck, 1966.
  • Marcel Detienne, Les Jardins d'Adonis. Mythologie des aromates en Grèce, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1972.
  • Jean-Pierre Vernant, Mythe et société en Grèce ancienne, La Découverte, 1981 (ISBN 978-2707106797) (rééd. 2004). Chapitre Entre bêtes et dieux : Des jardins d'Adonis à la mythologie des aromates. (Ce texte a été publié en introduction au livre de Marcel Detienne, Les Jardins d'Adonis).
  • Jean-Pierre Thiollet, Je m'appelle Byblos, H & D, 2005 (ISBN 2 914 266 04 9)
  • Luc Brisson (dir.), Phèdre : Platon, Œuvres Complètes, Éditions Gallimard, (1re éd. 2006) (ISBN 978-2-0812-1810-9). 

Articles connexes

Liens externes

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