Yvonne Printemps

Yvonne Wigniolle, dite Yvonne Printemps, née à Ermont le et morte à son domicile 8 bis rue Saint-James, Neuilly-sur-Seine, le , est une soprano lyrique et une actrice dramatique française de l'entre-deux-guerres.

Yvonne Printemps
Yvonne Printemps avec Sacha Guitry (à gauche) et le général Ferrié.
Biographie
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Distinction

Enfance

Yvonne Printemps est la fille de Léon-Alfred Wigniolle, né à Valenciennes, et de Palmyre Vignolle, née au Cateau-Cambrésis.

Son père est caissier et délaisse le foyer familial pour courir les jolies filles et « faire la noce ». Sa mère l'élève ainsi que ses deux frères, Léon et Lucien, et sa sœur, Lucienne, en faisant de la couture à domicile. Léon est l’aîné, suivi de Lucienne et Lucien et enfin de la petite Yvonne, née au hasard d'un retour de flamme de son père. Sa mère aime toujours son père qui ne sait rester en famille et n'a de cesse que de les quitter pour finir par partir tout à fait. Yvonne a quatre ans lorsqu'elle lui dit de s'en aller. La vie n'est pas facile pour Palmyre. Il manque souvent le nécessaire et quand les aînés s'en vont, Palmyre s'occupe d'Yvonne.

Yvonne aime sa mère tendrement. À Ermont, tout le monde connaît la petite Wigniolle et aime l'entendre chanter. Elle est libre et gaie !

Carrière professionnelle

Débuts au music-hall

Remarquée par P.-L. Flers, chansonnier et ancien directeur du Moulin Rouge, à l'âge de dix ans, dans une pièce de théâtre amateur à Ermont, Yvonne commence à onze ans au music-hall des Folies Bergère sous le nom de « Mademoiselle Printemps » qu'il lui donne[1] (qualifiant sa mère au passage de « Madame Hiver »). À quatorze ans, la voici à la Cigale dans une revue au titre évocateur, Nue Cocotte, y campant un Petit Chaperon rouge assez déluré.

À quinze ans, elle entre aux Folies Bergère pour quatre années. À dix-huit ans, elle fait partie de la distribution de Ah ! les beaux nichons avec Maurice Chevalier. Son intelligence, son charme, sa beauté et sa voix exceptionnelle la font remarquer d'André Messager, de Sacha Guitry et d'Albert Willemetz, qui écrivent pour elle des comédies musicales, des pièces de théâtre et sept revues. En 1916, Sacha Guitry la fait débuter aux Bouffes-Parisiens dans sa comédie Jean de la Fontaine. Elle y interprète le rôle de sa maîtresse. Ne connaissant absolument pas la musique, elle chante « naturellement », se bornant à améliorer certains aspects de sa voix auprès de Mme Paravicini.

Diva de l'opérette

Sa voix unique de « vrai rossignol » marqua son époque et l'opérette.

On connaissait le mauvais caractère de cet archétype de la diva, ses frasques, ses bijoux (parmi les plus beaux de l'époque ; beaucoup, cadeaux de Sacha Guitry), ses chapeaux, ses petits chiens et ses toilettes qui alimentèrent la chronique. « Je ne suis pas ce que l'on pense … » lui fera chanter Albert Willemetz dans Trois Valses.

Entourée d'un nombre incalculable d'amants, Yvonne Printemps vécut jusqu'à la fin avec Pierre Fresnay, qui souffrait sans broncher des souffrances et des rebuffades qu'elle lui infligeait, lui qui n'était pas non plus un modèle de fidélité.

Morte à Neuilly-sur-Seine en 1977, des suites d'une fracture du col du fémur, elle est enterrée aux côtés de Pierre Fresnay au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.

Vie privée

Idylle avec Georges Guynemer

Pendant la Première Guerre mondiale, entre mars et avril 1916, Yvonne Printemps aurait visité Georges Guynemer, alors convalescent d'une blessure, à l'hôpital militaire de l'hôtel Astoria, à Paris[2].

Après une soirée au théâtre, début 1917[3], elle tombe sous le charme de l'as des as, Georges Guynemer[4]. Leur idylle courte et intense, dont l'existence est parfois contestée et la durée, imprécise, aurait duré dix mois. Il est d'abord sous-lieutenant[5] ; elle est au début de sa gloire.

Leur amour se défait bien vite. Yvonne est activement courtisée, notamment par Sacha Guitry, dont elle est peut-être déjà la maîtresse en 1917. Guynemer se console en travaillant aux plans de son avion, mais également auprès de Jane Renouardt, autre comédienne et ancienne maîtresse de son ami Maurice Lartigue.

Guynemer et Printemps resteront cependant liés jusqu'à la mort du capitaine-aviateur, le .

Le souvenir de Guynemer chez Yvonne Printemps aurait causé une algarade entre Sacha Guitry et Jean Navarre, en 1918[6],[7].

Mariage avec Sacha Guitry

Dès 1916, Sacha Guitry, alors marié à Charlotte Lysès, courtise Yvonne Printemps, qu'il fait jouer pour la première fois dans l'une de ses pièces, « Il faut l'avoir ». Elle épouse Guitry le à la mairie du 16e arrondissement de Paris. Les témoins de la mariée sont Sarah Bernhardt et Georges Feydeau et ceux du marié Tristan Bernard et Lucien Guitry, son père. Brouillés depuis longtemps, le fils et le père se sont réconciliés, Lucien Guitry allant même jusqu'à accompagner les jeunes époux sur le quai de la gare pour la Côte d'Azur. La collaboration entre Yvonne et Sacha, très fructueuse artistiquement en France, en Angleterre et aux États-Unis, satisfera leurs deux passions et durera douze ans. En 1926, de passage à Londres, Yvonne provoque l'admiration du public pour son interprétation de Mozart de Sacha Guitry et Reynaldo Hahn. En 1927, Sacha et Yvonne partent en tournée à New York, Toronto, et Montréal[8] et Yvonne parlera plus tard de sa « merveilleuse aventure américaine ».

En 1931, Guitry la fait jouer dans Franz Hals auprès de Pierre Fresnay. Les deux comédiens tombent fortement amoureux et formeront dès lors un couple tumultueux, mais inséparable. Le coûteux et bruyant divorce d'avec Sacha Guitry fera les beaux jours des prétoires ainsi que des journaux à scandales.

En couple avec Pierre Fresnay

En 1934, Yvonne Printemps et Pierre Fresnay, encore marié, qu'elle n'épousera jamais, entament en nouveau couple d'artistes une tournée en Angleterre et aux États-Unis avec Conversation Piece, de Noël Coward (dans lequel elle chante en anglais phonétiquement), qui restera à l'affiche douze semaines à Broadway et O Mistress Mine de Cole Porter. Ils jouent ensemble dans huit films dont : La Dame aux camélias de Fernand Rivers et Abel Gance, Trois Valses (musique de Johann Strauss père et fils et d'Oscar Straus, livret de Léopold Marchand et Albert Willemetz d’après Knepler et Robinson), qui eut un succès considérable au théâtre et au cinéma en 1938[9],[10], la Valse de Paris de Marcel Achard en 1949 et Le voyage en Amérique. Yvonne Printemps poursuit sa carrière de chanteuse jusqu'à la fin des années 1950 tout en prenant la direction du théâtre de la Michodière, où elle fera sa dernière apparition sur scène dans Hyménée, avec un rôle d'infirme bien éloigné de ceux qui avaient fait sa gloire.

Postérité

En 1994, La Poste française a édité un timbre à son effigie[11].

Le couple mythique que formèrent Sacha Guitry et Yvonne Printemps est le sujet de la comédie The Guitrys, écrite par Eric-Emmanuel Schmitt et créée au Théâtre Rive Gauche par Claire Keim et Martin Lamotte dans une mise en scène de Steve Suissa[12].

Filmographie

Sa tombe au cimetière de Neuilly.

Théâtre

En 2012, Éric-Emmanuel Schmitt a écrit une pièce en hommage à Sacha Guitry, The Guitrys, une comédie créée en 2012 au théâtre Rive Gauche avec Claire Keim (Yvonne Printemps) et Martin Lamotte (Sacha Guitry).

Citations

  1. Yvonne Printemps : « Les femmes préfèrent être belles, plutôt qu'intelligentes parce que, chez les hommes, il y a plus d'idiots que d'aveugles ».
  2. Yvonne Printemps : « On vous pardonne d'avoir réussi, mais pas d'avoir l'air heureux » et " Bien faire et laisser dire"
  3. Portrait d'Yvonne Printemps par Colette, dans La Jumelle noire (1938) : « Son sourire, aussi lumineux que la lune par froid clair et comme elle en forme de croissant, sourire célèbre aux coins relevés, gaieté que parfois dément la confidence mélancolique de deux yeux pers — le sourire de la meilleure actrice d'opérette de ce temps. »

Références

  1. Charlus, « le côté de chez moi: Rossignol de mes amours - Yvonne Printemps - 1 », sur le côté de chez moi, (consulté le 27 décembre 2019)
  2. Bernard Mark, Le Dernier Vol de Guynemer, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-00716-0, lire en ligne)
  3. Jules Roy, Guynemer, l'ange de la mort, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-21680-9, lire en ligne)
  4. « YVONNE PRINTEMPS,UN ROSSIGNOL INFERNAL », sur Le Soir (consulté le 27 décembre 2019)
  5. Régis IGLESIAS, « Guynemer », sur Regis Iglesias (consulté le 27 décembre 2019)
  6. Bernard Marck, Le dernier vol de Guynemer, Frédérique PATAT (ISBN 978-2-37324-020-7, lire en ligne)
  7. « Jean Navarre, des témoignages », sur www.navarre-jean.com (consulté le 27 décembre 2019)
  8. « From the archives : Glamorous Guitrys made an impression », site de The Gazette.
  9. Richard Traubner, « Gallic light opera : From London, Paris, and New York », dans American Record Guide, 69.4, juillet 2006, p. 26–27.
  10. Fiche de la base IMDB.
  11. « Timbre : 1994 YVONNE PRINTEMPS 1894-1977 | WikiTimbres », sur www.wikitimbres.fr (consulté le 27 décembre 2019)
  12. Éric-Emmanuel Schmitt, The Guitrys, A. Michel, (ISBN 978-2-226-25199-2, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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