Savon d'Alep
Le savon d'Alep est un savon originaire de la ville d'Alep (Syrie), fabriqué à partir d'huile d'olive, et contenant de l'huile de baies de laurier.

Description

Aspect
Le savon d'Alep traditionnel se présente toujours sous la forme d'un pain cubique marron à l'extérieur et vert à l'intérieur, sur lequel sont inscrits le nom du fabricant, le lieu de fabrication (حلب pour Alep en arabe), ainsi que la qualité du savon.
Ingrédients
Les ingrédients de la recette originale sont l'huile d'olive, l'eau, l'huile de baies de laurier et la soude végétale.
Le savon traditionnel ne contient aucun produit de synthèse, aucun solvant autre que l'eau, aucun colorant autre que ceux propres aux huiles, aucun fixateur de parfum, aucun dérivé de graisse animale.
Les ingrédients tels que « tallowate de sodium et lardate de sodium » sont des preuves de non-authenticité d'un savon d'Alep, ces graisses étant d'origine animale et figurant fréquemment sur la liste d'ingrédients d'autres savons.
Propriétés
Le savon d'Alep est dit « surgras » car il lui est ajouté en fin de saponification de l'huile de baie de laurier, dont la concentration et les pourcentages varient pour des utilisations diverses. Cette huile, aussi appelée « beurre de laurier », ne doit pas être confondue avec l'huile essentielle de laurier, obtenue par distillation des feuilles et non pas du fruit (baie).
Le savon d'Alep a la particularité de flotter dans l'eau[1] (sauf si la concentration en huile de baie de laurier est très importante)[2].
Ce savon peut se garder dans un endroit sec des années sans perdre ses propriétés[1]. Il est d'ailleurs considéré que plus le temps de séchage (affinage) est important, plus le savon gagne en douceur[3].
L'huile de baie de laurier offre des propriétés anti-bactériennes et cicatrisantes[4][source insuffisante].
Histoire

Le savon d'Alep a été élaboré, à l'origine, dans la ville d'Alep il y a 3 500 ans. Il est considéré comme le plus vieux savon du monde[2],[5].
Sa recette aurait atteint l'Europe au XIIe siècle lors des croisades. Des savonneries virent le jour en Espagne (voir savon de Castille) et en Italie. La production reste cependant faible. Il est le lointain ancêtre de l'ensemble des savons durs et, en particulier, celui du savon de Marseille[2],[5], qui lui date de la fin du XVe siècle.
Même si l'appellation d'origine n'est pas protégée[6],[7], il est surtout fabriqué à Alep et alentour comme la vallée de l’Afrin. La violence de la bataille d'Alep lors de la guerre civile syrienne compromet sa fabrication[5], et pousse les fabricants à délocaliser la production ailleurs en Syrie[8] et à l'étranger[6], comme notamment en Tunisie[7] ou en France[9].
Depuis la fin de la bataille, plusieurs savonniers ont repris la production à Alep et dans sa banlieue, où « la production en 2018 devrait atteindre environ 1 000 tonnes... contre 20 000 en 2010 »[7].
Fabrication
Pour obtenir la saponification, l'huile d'olive est mise dans une cuve enterrée, avec de l'eau et de la soude d'origine végétale (salicorne, salsola kali). Le contenu est chauffé à ébullition pendant trois jours dans des chaudrons de cuivre, durant lesquels la réaction chimique transforme l'huile en savon liquide. L'huile de baie de laurier est ajoutée à la fin de ce processus.
La pâte est étalée sur le sol de l'atelier, recouvert de papier paraffiné. Pendant que le savon refroidit, des ouvriers, avec une planche attachée à chacune de leurs chaussures, marchent sur le savon pour uniformiser son épaisseur. Ensuite, le savon, toujours sur le sol, est coupé en blocs avec un instrument qui ressemble à un râteau et les pains sont estampés.
Après l'estampillage et avoir suffisamment séché, les savons sont stockés dans une cave où ils vieillissent entre 6 mois et 3 ans[10]. Pendant le vieillissement, plusieurs modifications se produisent : la soude qui n'a pas réagi avec l'huile se décompose ; le taux d'humidité diminue.
- Saponification
- Tranchage
- Refroidissement
- Séchage
Notes et références
- « Consommation - Le savon d’Alep, le plus vieux savon du monde, en voie de disparition ? », la Voix du Nord, (lire en ligne)
- « La Quotidienne - Savon d'Alep : attention aux arnaques ! », sur France5 (consulté le 9 octobre 2015)
- « Choisir son savon d'Alep », sur www.alepia.com (consulté le 18 septembre 2017)
- « Savon d'alep - Pourquoi le savon d'alep est efficace ? », sur pratique.leparisien.fr (consulté le 18 septembre 2017)
- (en-GB) Golda Arthur, « Aleppo soap: War threatens an ancient tradition », sur BBC News, BBC World Service, (consulté le 5 juillet 2016)
- « Le savon d'Alep emporté par la guerre civile en Syrie », sur Le Figaro, (consulté le 9 octobre 2015)
- France 24, « À Alep, avec l'accalmie, les affaires des savonniers reprennent », France 24, (lire en ligne)
- Laura-Mai Gaveriaux, « Les irréductibles du savon d’Alep », lesechos.fr, (lire en ligne, consulté le 21 février 2017)
- « Samir Constantini fait revivre le Savon d’Alep en France », sur Les Echos Executives, (consulté le 3 juillet 2019)
- (en) Khaled Yacoub Oweis, « Modern threat to Syria's ancient Aleppo soap industry », Reuters, (lire en ligne, consulté le 5 juillet 2016)
Annexes
Bibliographie
- Françoise Cloarec, L'Âme du savon d'Alep, éd. Noir sur Blanc, 2013, (ISBN 978-2-88250-298-8).
Voir aussi
- Portail des odeurs, des senteurs et du parfum
- Portail de la chimie
- Nettoyage et hygiène
- Portail de la Syrie