Rue Montmartre
La rue Montmartre est une voie ancienne des 1er et 2e arrondissements de Paris. Elle se prolonge en direction du nord, au-delà du boulevard Montmartre, par la rue du Faubourg-Montmartre.
![]() 1re, 2e arrts Rue Montmartre
![]() ![]() ![]() ![]() | ||
La rue Montmartre entre les rues Étienne Marcel et Réaumur, Paris 2e. | ||
Situation | ||
---|---|---|
Arrondissements | 1er 2e | |
Quartiers | Halles Vivienne |
|
Début | Rue Rambuteau et 1, rue Montorgueil | |
Fin | 1, boulevard Montmartre et 29, boulevard Poissonnière | |
Morphologie | ||
Longueur | 939 m | |
Largeur | 15 m | |
Historique | ||
Ancien nom | Rue de Monmatre rue de la Porte de Montmartre |
|
Géocodification | ||
Ville de Paris | 6444 | |
Géolocalisation sur la carte : Paris
| ||
![]() |
||
Situation et accès
Origine du nom
La rue Montmartre est distincte du quartier de la butte Montmartre, mais en était l'ancienne route qui permettait de s'y rendre. Cette étymologie vient-elle de mons Martis, « mont de Mars » , parce qu'il existait sur ce mont, du temps de la domination des Romains dans les Gaules, un temple dédié à Mars ?
Ou bien de mons Martyrum, « mont des Martyrs », parce que l'on croit généralement que saint Denis et ses deux compagnons, Rustique et Éleuthère, furent martyrisés sur ce mont vers le milieu du IIIe siècle ?
Les historiens sont partagés entre ces deux opinions. Jean de La Tynna croit plutôt que Montmartre vient de « Mont-Martroi », parce que, sous les Romains, on exécutait les criminels sur des hauteurs près des grandes villes.
Historique
La rue Montmartre est distincte du quartier de la butte Montmartre, mais était l'ancienne route qui permettait de s'y rendre.
Elle prit forme quand Louis VI, vers 1137, créa le marché des Halles. Elle rejoignait un ancien chemin descendant de la butte Montmartre et devint l'un des axes majeurs du quartier.
La partie située à l’intérieur de la muraille de Philippe Auguste était appelée « rue de la Porte Montmartre », laquelle se situait aux environs du no 30 de la rue.
Elle est citée dans Le Dit des rues de Paris de Guillot de Paris sous la forme « rue de Monmatre ».
Au XIVe siècle, la partie de cette rue située à l’intérieur de la muraille de Philippe Auguste, c'est-à-dire entre l'église Saint-Eustache et la rue des Fossés-Montmartre, se nommait « rue de la Porte-Montmartre », à cause de la porte Montmartre qui, à cette époque, était entre les rues Neuve-Saint-Eustache et des Fossés-Montmartre, aux environs du no 30 de la rue actuelle.
Sous Charles V, la porte Montmartre fut déplacée vers le nord au niveau de la rue Léopold-Bellan. Cette voie, avec la porte de l'enceinte de Charles V, est représentée sur l'un des plans les plus vieux de Paris, le plan de Truschet et Hoyau de 1550, sous le nom de « LA GRANT R. MONMARTRE ».
- La (grande) rue Montmartre, dans le plan de Truschet et Hoyau (vers 1550).
Elle est citée sous le nom de « rue de Montmartre » dans un manuscrit de 1636 dont le procès-verbal de visite, en date du , indique : « fort orde, salle et pleine d'immundices ».
Une décision ministérielle, en date du 23 brumaire an VIII (), signée Quinette, fixe la moindre largeur de cette voie publique à 10 mètres. Les arrêtés préfectoraux des 4 mai et 17 décembre 1842 fixent la moindre largeur de la rue Montmartre à 15 mètres.
En 1817, la rue Montmartre commençait place de la Pointe Saint-Eustache et rue Trainée et finissait aux 1-2, boulevard Montmartre et 31, boulevard Poissonnière.
Les numéros de la rue étaient noirs[1]. Le dernier numéro impair était le no 183 et le dernier numéro pair était le no 182.
Les numéros impairs de 1 à 141 et l'ensemble des numéros pairs étaient situés dans l'ancien 3e arrondissement, les nos 1 à 49 et nos 2 à 72 quartier Saint-Eustache[2], les nos 51 à 141 quartier du Mail[3] et les nos 74 à 182 quartier Montmartre[4].
Les numéros impairs de 143 à 183 étaient situés dans l'ancien 2e arrondissement, quartier Feydeau[5].
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
- No 30 : emplacement de l'ancienne porte Montmartre de l'enceinte de Philippe Auguste.
- No 30 de la rue Montmartre avec la plaque historique.
- Plaque historique avec le plan de la porte.
- Angle rue Montmartre et de la rue de la Jussienne : emplacement de la chapelle de Sainte-Marie-l'Égyptienne.
- Angle rue Léopold-Bellan/rue Montmartre : Jacques Vergier y fut assassiné par la bande de Cartouche
- No 83 : siège du Figaro Magazine de sa fondation aux années 1980[6].
- No 144 : immeuble à journaux qui a remplacé le marché Saint-Joseph, qui avait lui-même remplacé la chapelle Saint-Joseph, construite en 1640 et détruite au commencement de la Révolution et le cimetière où ont été enterrés Molière, en 1673 et La Fontaine, en 1695[7]. La chapelle était située au no 144, au coin de la rue Saint-Joseph, et le marché était au même numéro, rue Saint-Joseph et rue du Croissant. C'est dans cet immeuble, construit en 1883 par l'architecte Ferdinand Bal pour le journal La France, que fut imprimé le numéro de L'Aurore avec l'article « J'accuse… ! » d'Émile Zola. prenant la défense d'Alfred Dreyfus. Il a également abrité d'autres journaux, tels que Le Radical (de 1884 à 1915) et le Paris.
- No 144, plaque commémorant l'article « J'accuse… ! » d'Émile Zola.
- No 146, à l’angle du côté pair de la rue du Croissant : le Café du Croissant. Jean Jaurès y fut assassiné par Raoul Villain le à 21 h 40.
- No 148 : étude de Toussaint-Auguste Gouffé, victime de la malle sanglante de Millery.
- Vis-à-vis de la rue Saint-Marc : emplacement de la fontaine de la rue Montmartre.
- No 205 : Joseph Lesurques, victime d'une des plus célèbres erreurs judiciaires de l'histoire de France, connue sous le nom de l'affaire du courrier de Lyon, y demeurait le jour de son arrestation.
- Autres vues de la rue
- Le no 136.
- Dans cette rue se trouvaient au milieu du XVIIIe siècle les bureaux des banquiers Biost, Horion & Cie, spécialistes des traites et des remises de place en place[8].
Dans la littérature et le cinéma

La rue Montmartre a inspiré de nombreux romanciers. Honoré de Balzac disait, au début de son roman Ferragus : « Quelques rues, ainsi que la rue Montmartre, ont une belle tête et finissent en queue de poisson[9]. »
Ici, la tête de la rue est le haut de la rue, où se trouvait, à l'époque de Balzac, l'hôtel d'Uzès, tandis que la queue correspond aux premiers numéros actuels, au quartier des Halles[10].
Meurtre rue Montmartre de Pascal Dayez-Burgeon (Hatier, 1992) évoque la rue dans les années 1930.
Le no 125, rue Montmartre est situé dans un quartier à l’époque dédié avant tout à la presse. D’où le titre du film 125, rue Montmartre, film policier de Gilles Grangier, sorti en 1959 où Lino Ventura tient le rôle de Pascal, le crieur de journaux[11].
Le 17, rue Montmartre est l'adresse fictive du local de SOS Détresse Amitié dans Le père Noël est une ordure alors que le film a été tourné devant l'immeuble du 17, rue du Faubourg-Montmartre.
Notes et références
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 11e quartier « Saint-Eustache », îlot no 3, F/31/78/03, îlot no 4, F/31/78/04, îlot no 5, F/31/78/05, îlot no 6, F/31/78/06, îlot no 7, F/31/78/07, îlot no 9, F/31/78/09.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 12e quartier « Mail », îlot no 3, F/31/77/03, îlot no 4, F/31/77/04, îlot no 5, F/31/77/05, îlot no 6, F/31/77/06, îlot no 7, F/31/77/07, îlot no 8, F/31/77/08.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 10e quartier « Montmartre », îlot no 1, F/31/78/12, îlot no 2, F/31/78/13, îlot no 3, F/31/78/14, îlot no 7, F/31/78/18, îlot no 8, F/31/78/19, îlot no 9, F/31/78/20, îlot no 10, F/31/78/21.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 7e quartier « Feydeau », îlot no 1, F/31/76/12, îlot no 5, F/31/76/16.
- Jean Sévillia, « Scènes de combats », Le Figaro Magazine, semaine du 1er juin 2018, p. 34-38.
- Jean de La Tynna, Dictionnaire des rues de Paris accompagné d'un plan de Paris, p. 240, lire en ligne.
- Tugdual de Langlais, L'Armateur préféré de Beaumarchais, Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France, Éd. Coiffard libraire, 2015, 340 p. (ISBN 978-2-919339-28-0), p. 28.
- Honoré de Balzac, Ferragus, t. V, Éditions Gallimard, coll. « La Pléiade / La Comédie Humaine », (ISBN 2-07010849-X).
- Roland Chollet, « Notes et variantes pour Ferragus », La Comédie Humaine, tome V, La Pléiade.
- Virginie Descure et Christophe Casazza, Ciné Paris. 20 balades sur des lieux de tournages mythiques, Éditions Hors Collection, 2003, 167 p. (ISBN 2-258-06019-2), p. 22.