Radioisotope

Cette instabilité peut être due à un excès de protons ou de neutrons, voire des deux. Les radioisotopes existent naturellement mais peuvent aussi être produits artificiellement par une réaction nucléaire.

  • Un radionucléide (contraction de radioactivité et de nucléide) est un nucléide radioactif, c'est-à-dire qui est instable et peut donc se décomposer en émettant un rayonnement.
  • Un radioisotope (contraction de radioactivité et d'isotope) est un isotope radioactif (parce que son noyau est un radionucléide).
  • Un radioélément (contraction de radioactivité et d'élément) est un élément chimique dont tous les isotopes connus sont des radioisotopes.

Lors d'une catastrophe nucléaire (telle que la catastrophe de Tchernobyl) ou lors d'une explosion atomique (telle qu'un essai nucléaire), une grande quantité de radionucléides sont propulsés dans l'atmosphère, se propagent autour du globe terrestre et retombent plus ou moins rapidement sur le sol.

Ce graphique à barres compare les relevés de radioisotopes constatés sur le terrain en juin 2011 à 500 mètres de la centrale de Fukushima Unité I (à gauche) avec les données équivalentes fournies dans un rapport de l'OCDE pour la catastrophe de Tchernobyl (à droite).

Utilisation des radioisotopes

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, un nombre croissant de radionucléides est produit dans le monde pour la médecine et divers usages techniques (traçage isotopique, etc.)[1]

En médecine nucléaire

Les radioisotopes sont largement utilisés à des fins de diagnostic ou de recherche. Les radioisotopes présents naturellement ou introduits dans le corps, émettent des rayons gamma et, après détection et traitement des résultats, fournissent des informations sur l'anatomie de la personne et sur le fonctionnement de certains organes spécifiques. Lorsqu'ils sont utilisés ainsi les radioisotopes sont appelés traceurs.

La radiothérapie utilise aussi des radioisotopes dans le traitement de certaines maladies comme le cancer. Des sources puissantes de rayons gamma sont aussi utilisées pour stériliser le matériel médical.

Dans les pays occidentaux, environ une personne sur deux est susceptible de bénéficier de la médecine nucléaire au cours de sa vie, et la stérilisation par irradiation gamma est quasiment universellement utilisée.

Dans l'industrie

Les radioisotopes peuvent être utilisés pour examiner les soudures, détecter les fuites, étudier la fatigue des métaux et analyser des matériaux ou des minéraux. Ils sont aussi utilisés pour suivre et analyser les polluants, étudier les mouvements des eaux de surface, mesurer l'écoulement de la pluie et de la neige, ainsi que le débit des cours d'eau[réf. nécessaire].

De nombreux détecteurs de fumées utilisent un radioisotope dérivé du plutonium ou de l'américium produit artificiellement, ainsi que certains paratonnerres[2]. Ceux-là ont été interdits en France par un décret d'avril 2002, promulgué par le gouvernement Jospin et « relatif à la protection générale des personnes contre les dangers des rayonnements ionisants », conduisant au retrait du marché de plus de 7 millions de détecteurs de fumées d'ici 2015[3].

Un arrêté du 5 mai 2009, promulgué par le gouvernement Fillon et pris après avis défavorable de l'Autorité de sûreté nucléaire, permettrait toutefois l'usage de produits contenant des radionucléides dans les biens de consommation[4].

Dans l'environnement

On trouve aujourd'hui dans l'environnement et la biosphère des radioisotopes naturels et artificiels (principalement issus des mines d'uranium, de la combustion de certains combustibles fossiles, de déchets industriels (ex : phosphogypse) de la médecine nucléaire…, mais surtout des retombées des armes nucléaires et essais nucléaires (dans les années 1950 et 1960), de l'industrie nucléaire, et du retraitement des déchets radioactifs ou des accidents nucléaires). Ils sont parfois utilisés comme « radiotraceurs » pour l'étude de la cinétique de la radioactivité artificielle dans l'environnement ou le secteur agroalimentaire[5]. Ils peuvent localement poser des problèmes, parfois sérieux et durables de contamination de l'air, de l'eau, du sol ou des écosystèmes.

La cinétique environnementale des radionucléides est complexe et dépend de nombreux facteurs. Elle varie pour chaque famille de radio-éléments, dans l'environnement et dans les organismes (de nombreux radioéléments ont des affinités propres en termes de ligands, protéines-cibles ou organes-cibles et par suite un comportement différent dans le métabolisme ; par exemple l'iode radioactif est essentiellement concentré par la thyroïde). Dans ce cadre, l'étude des analogues chimiques apporte aussi des renseignements utiles.
Pour étudier ces questions on se base sur le traçage environnemental des radionucléides, ainsi que sur des dosages faits in situ pour la cartographie des contaminations, l'évaluation des risques directs ou le calage de modèles[6]). On essaye aussi de comprendre le comportement de chaque type de radionucléide, via des modélisations, encore incertaines, notamment basées sur des Matrices d'interaction, méthode semi-quantitative facilitant l'identification et la hiérarchisation des multiples interactions (dont relations de type cause à effet) entre composantes biotiques et abiotiques de l'écosystème[6]. C'est ainsi qu'on a par exemple étudié la migration de radiocésium dans les écosystème prairiaux touché par les retombées de Tchernobyl en 137Cs[6]. Ces matrices d'interaction ont dans le même temps permis d'explorer les changements dynamiques dans les voies de migration du césium et de comparer les conséquences des différentes voies d'exposition de rayonnement pour les organismes vivants[6]. ce travail doit être effectué pour tous les compartiments des écosystèmes. La migration du césium est par exemple très différente en plaine (lessivage intense) et en forêt où les champignons peuvent fortement le bioaccumuler, le remonter en surface (bioturbation) où il est alors biodisponible pour les sangliers, écureuils ou autres animaux (ou humains) mycophages.

La bioaccumulation et bioconcentration de certains radionucléides est possible en mer où les invertébrés fouisseurs et les animaux filtreurs (moules pour l'iode par exemple) jouent un rôle important dans la concentration de certains radioéléments. Sur terre où le nombre et la quantité de radionucléide artificiel a beaucoup augmenté à partir des années 1950 environ, puis après la catastrophe de Tchernobyl[5], ce sont les champignons (parfois symbiotes obligatoires de certaines plantes, arbres notamment via la mycorhization) qui peuvent également fortement les bioconcentrer ou les remobiliser. On s'en est aperçu dans les années 1960 en comptant et étudiant des taux croissants de radioactivité de certains horizons organiques de sols forestiers qui se sont avérés liés essentiellement à la biomasse fongique [7]. La compréhension du rôle des champignons s'améliore grâce à des modèles plus précis, notamment pour le radiocésium dans les écosystèmes forestiers [8]. L'activité fongique joue un rôle pivot dans la matrice d'interaction des éléments radioactifs du sol avec le vivant, via la chaine alimentaire (Réseau trophique). Ils sont l'un des "régulateurs" les plus importants connus du mouvement biotique des radionucléides dans les sols (de la mobilisation à la bioconcentration en passant par la bioturbation) [9]

Période radioactive des radioisotopes

Période radioactive des radioisotopes (par masse atomique croissante)
Nom Symbole Demi-vie - valeur Demi-vie - unité
Tritium12,31an
Béryllium 753,22jour
Carbone 1120,37minute
Carbone 145 700an
Azote 139,967minute
Azote 167,13seconde
Oxygène 152,041minute
Fluor 181,829heure
Sodium 222,603an
Phosphore 3214,284jour
Soufre 3587,32jour
Potassium 401,265milliard d'années
Scandium 4683,788jour
Chrome 5127,7jour
Manganèse 54312,13jour
Fer 528,26heure
Fer 5944,5jour
Cobalt 5870,83jour
Cobalt 605,271an
Nickel 6398,7an
Gallium 673,26jour
Krypton 8510,75an
Rubidium 8748,8milliard d'années
Strontium 9028,8an
Yttrium 902,668jour
Zirconium 9564,032jour
Niobium 9535jour
Molybdène 992,75jour
Technétium 99211 000an
Technétium 99m6heure
Ruthénium 10339,255jour
Ruthénium 106372,6jour
Indium 1112,805jour
Indium 113103mois
Tellure 1323,2jour
Iode 12313,2heure
Iode 12916,1million d'années
Iode 1318,023jour
Iode 1322,3heure
Xénon 1335,244jour
Xénon 1359,14heure
Césium 1342,065an
Césium 1352,3million d'années
Césium 13730,05an
Baryum 14012,8jour
Lanthane 14040,2heure
Tantale 182114,4jour
Rhénium 1863,7jour
Erbium 1699,4jour
Iridium 19273,8jour
Or 1982,69jour
Thallium 2013,04jour
Thallium 2083,07minute
Plomb 21022,3an
Plomb 21210,64heure
Plomb 21426,8minute
Bismuth 2105,01jour
Bismuth 21260,6minute
Bismuth 21419,9minute
Polonium 210138jour
Polonium 2120,305microseconde
Polonium 214164microseconde
Polonium 2160,15seconde
Polonium 2183,05minute
Radon 22055,8seconde
Radon 2223,82jour
Radium 2243,627jour
Radium 2261 600an
Radium 2285,75an
Actinium 2286,13heure
Thorium 2281,91an
Thorium 23075 380 (ou 77 000 ?)an
Thorium 23214,1milliard d'années
Thorium 23424,1jour
Protactinium 234m1,17minute
Uranium 234245 500an
Uranium 235704million d’années
Uranium 2384,47milliard d’années
Neptunium 2372,14million d'années
Neptunium 2392,36jour
Plutonium 23887,74an
Plutonium 23924 100an
Plutonium 2406 561an
Plutonium 24114,32an
Américium 241432,6an
Américium 2437 370an
Curium 24418,11an
Période radioactive des radioisotopes (par demi-vie croissante)
Nom Symbole Demi-vie - valeur Demi-vie - unité
Polonium 2120,305microseconde
Polonium 214164microseconde
Polonium 2160,15seconde
Azote 167,13seconde
Radon 22055,8seconde
Protactinium 234m1,17minute
Oxygène 152,041minute
Polonium 2183,05minute
Thallium 2083,07minute
Azote 139,967minute
Bismuth 21419,9minute
Carbone 1120,37minute
Plomb 21426,8minute
Bismuth 2121,01heure
Fluor 181,829heure
Iode 1322,3heure
Technétium 99m6heure
Actinium 2286,13heure
Fer 528,26heure
Xénon 1359,14heure
Plomb 21210,64heure
Iode 12313,2heure
Lanthane 14040,2heure
Neptunium 2392,36jour
Yttrium 902,668jour
Or 1982,69jour
Molybdène 992,75jour
Indium 1112,805jour
Thallium 2013,04jour
Tellure 1323,2jour
Gallium 673,26jour
Radium 2243,627jour
Rhénium 1863,7jour
Radon 2223,82jour
Bismuth 2105,01jour
Xénon 1335,244jour
Iode 1318,023jour
Erbium 1699,4jour
Baryum 14012,8jour
Phosphore 3214,284jour
Thorium 23424,1jour
Chrome 5127,7jour
Niobium 9535jour
Ruthénium 10339,255jour
Fer 5944,5jour
Béryllium 753,22jour
Zirconium 9564,032jour
Cobalt 5870,83jour
Iridium 19273,8jour
Scandium 4683,788jour
Soufre 3587,32jour
Tantale 182114,4jour
Polonium 210138jour
Manganèse 54312,13jour
Ruthénium 106372,6jour
Thorium 2281,91an
Césium 1342,065an
Sodium 222,603an
Cobalt 605,271an
Radium 2285,75an
Indium 113103mois
Krypton 8510,75an
Tritium12,31an
Plutonium 24114,32an
Curium 24418,11an
Plomb 21022,3an
Strontium 9028,8an
Césium 13730,05an
Plutonium 23887,74an
Nickel 6398,7an
Américium 241432,6an
Radium 2261 600an
Carbone 145 700an
Plutonium 2406 561an
Américium 2437 370an
Plutonium 23924 100an
Thorium 23075 380 (ou 77 000 ?)an
Technétium 99211 000an
Uranium 234245 500an
Neptunium 2372,14million d'années
Césium 1352,3million d'années
Iode 12916,1million d'années
Uranium 235704million d’années
Potassium 401,265milliard d'années
Uranium 2384,47milliard d’années
Thorium 23214,1milliard d'années
Rubidium 8748,8milliard d'années

Notes et références

  1. T.J. Ruth, B.D. Pate, R. Robertson, J.K. Porter, Radionuclide production for the biosciences Review Article International Journal of Radiation Applications and Instrumentation. Part B. Nuclear Medicine and Biology, Volume 16, Issue 4, 1989, Pages 323-336 (lien (article payant))
  2. Demande d'enlèvement des paratonnerres radioactifs. ANDRA
  3. Philippe Defawe, 7 millions de détecteurs ioniques de fumée doivent être retirés d'ici 2015, Le Moniteur, 24 novembre 2008
  4. Bientôt de la radioactivité dans nos objets de consommation ?, Rue89, 8 janvier 2010
  5. Jim Smith, Nick Beresford, G. George Shaw and Leif Moberg, Radioactivity in terrestrial ecosystems ; Springer Praxis Books, 2005, Chernobyl — Catastrophe and Consequences, p. 81-137 (Introduction)
  6. H. R. Velasco, J. J. Ayub, M. Belli and U. Sansone (2006), Interaction matrices as a first step toward a general model of radionuclide cycling: Application to the 137Cs behavior in a grassland ecosystem ; Journal of Radioanalytical and Nuclear Chemistry vol. 268, no 3, p. 503-509, DOI: 10.1007/s10967-006-0198-2 résumé
  7. Osburn 1967
  8. Avila et Moberg, 1999
  9. John Dighton, Tatyana Tugay and Nelli Zhdanova, Interactions of Fungi and Radionuclides in Soil ; Soil Biology, 1, Volume 13, Microbiology of Extreme Soils, Soil Biology, 2008, vol. 13, no 3, p. 333-355, DOI: 10.1007/978-3-540-74231-9_16, (Résumé)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


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