Prescrire (revue)
Prescrire, est une revue médicale indépendante, mensuelle et française, qui traite de l'actualité des maladies, des médicaments et des techniques et technologies médicales.
Prescrire | ||
![]() | ||
Titre abrégé | Prescrire Rev. Prescrire |
|
---|---|---|
Discipline | Médecine, médicaments | |
Langue | Français | |
Directeur de publication | Bruno Toussaint [1] | |
Publication | ||
Maison d’édition | Association mieux prescrire (![]() |
|
Période de publication | Depuis 1981 | |
Fréquence | mensuel | |
Indexation | ||
ISSN | 0247-7750 | |
OCLC | 46999191 | |
Liens | ||
Description
Prescrire est réputée pour son indépendance vis-à-vis des lobbies pharmaceutiques, mais aussi du ministère de la santé, de l'Assurance maladie ou des agences du médicament. Elle dénonce régulièrement des traitements sans effet voire dangereux, ou dont la balance bénéfices/risques est défavorable. Elle a ainsi été parmi les premières à mettre en garde contre la dangerosité du Mediator[2].
Elle destine ses informations aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens, etc.[3]), et non pas dans la communication directe vers le grand public même si le « but final est que les patients soient mieux soignés »[4].
Prescrire est la propriété d'une association à but non lucratif dont la direction est élue par une assemblée réunissant notamment des représentants de ses rédacteurs et de ses lecteurs. Elle ne contient pas de publicité, afin de se prémunir des pressions des firmes pharmaceutiques : ces dernières ne peuvent en effet se servir de leur rôle d'annonceur pour obtenir une quelconque mansuétude de la revue vis-à-vis de leurs produits[2]. Elle est financée intégralement par les abonnements et la vente de différentes formations destinées au personnel soignant[3]. Par ailleurs, les rédacteurs de la revue signent chaque année une déclaration de non conflit d'intérêt avec les firmes pharmaceutiques et une charte où ils s'engagent à ne prendre en compte que l'intérêt supérieur des patients[5].
Avant la publication, chaque article suit un processus collectif de rédaction[6],[7],[8]. Lors de la phase de documentation Prescrire demande, par exemple, aux laboratoires pharmaceutiques « les comptes rendus de tous les essais cliniques »[9]. Puis l'article créé est relu par dix à trente-cinq personnes[2] ce qui prend au minimum trois mois[10]. « Les articles de synthèse peuvent prendre entre un an et demi et deux ans »[10].
La revue publie également des synthèses standardisées appelées « L'essentiel sur les soins de premier choix ». Elles sont destinées aux professionnels de santé et les aident à faire face à diverses situations cliniques fréquentes[11],[12]. Ceux-ci peuvent également transmettre à leurs patients des fiches « Infos-Patients Prescrire »[13].
Prescrire publie aussi une édition internationale en anglais, intitulée Prescrire International. Elle organise des programmes de formation continue destinés aux professionnels de santé et des « Rencontres internationales » tous les deux ans.
Depuis janvier 2018, Prescrire publie aussi une édition pour les infirmiers, intitulée Compétence 4 : pratique infirmière et médicaments[3].
Palmarès et prix annuels
Prescrire dévoile chaque année plusieurs palmarès[14] :
Depuis 1981, « La Pilule d'Or [...] récompense des médicaments qui constituent un progrès thérapeutique décisif dans un domaine où patients et soignants étaient totalement démunis a été attribuée seulement 15 fois en 38 ans. »[15],[16],[17],[18],[19],[20],[21] ;
Depuis 2012, Prescrire publie un bilan « des médicaments à écarter pour mieux soigner »[22]. Ce bilan est souvent repris dans la presse sous l'appellation de « liste noire des médicaments de la revue Prescrire »[23],[24],[25]. Début 2019, cette liste recense 93 médicaments « dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés »[22] ;
Sont décernés, par ailleurs, un palmarès du conditionnement de médicaments avec l'attribution de palmes, de cartons jaunes ou rouges ; ainsi qu'un palmarès de l'information qui récompense les efforts de transparence documentaire des firmes pharmaceutiques envers Prescrire (« Firmes à l'honneur » et « Lanternes rouges »)[14],[18].
Le « Prix Prescrire » récompense des ouvrages médicaux ou pharmaceutiques notables depuis 1989[26],[27].
Histoire
Gilles Bardelay[28], médecin généraliste lance en 1975[29] avec son épouse Danielle, pharmacienne, la revue Pratiques, les cahiers de la médecine utopique[30],[31] dans laquelle sont épluchés tous les nouveaux médicaments mis sur le marché[28],[32]. Reprenant l'idée de celle-ci, la revue Prescrire naît en janvier 1981. Elle est fondée par un groupe de pharmaciens et de médecins (Pierre Ageorges, Pierre Simon, Gilles Bardelay et Patrick Nochy[33]) grâce à des subventions du ministère de la Santé[2]. De 1981 à 1986, elles s'élèvent à 2 160 000 francs (329 290 euros) par an ; puis elles baissent les années suivantes pour s'arrêter en 1993[34]. Depuis, la revue est financée par les cotisations de ses abonnés (en 2010 la cotisation de 270 euros est versée chaque année par 29 000 abonnés[2]) ainsi que par des formations[3].
Avec un article de décembre 1997[35], Prescrire est la première publication à demander le retrait du Mediator[36],[37], contre lequel elle avait déjà émis de nombreuses réserves (en 1977, 1986 et 1990 ; puis en 2003 et 2005[38],[32],[39],[40]).
Le 2 mars 2011, Prescrire gagne un procès, le premier de son histoire, contre le laboratoire Astellas Pharma[41],[42].
Critique
Cas de la dompéridone
Selon le professeur Bernard Bégaud, directeur d'une unité de recherche en pharmaco-épidémiologie : « Prescrire justifie sa position par une étude présentée comme scientifique. Elle estime un nombre de décès d'origine cardiaque liés au Motilium à partir d'un risque mesuré à l'étranger et appliqué à la population française. Or, la dose utilisée et la durée du traitement peuvent être très différents. Il faut au minimum mettre un bémol ». L’Agence française du médicament (ANSM) a également émis des réserves, et deux études scientifiques semblent confirmer les critiques de Prescrire[43],[44],[45],[46],[47].
Notes et références
- https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/linterview-la-carte-le-dr-bruno-toussaint
- Nolwenn Le Blevennec, « Prescrire, la revue médicale qui dit « non, merci » aux labos », sur Rue89, (consulté le 23 janvier 2011)
- « Les finances de l’Association Mieux Prescrire : bilan de l’exercice 2017-2018 », Prescrire, (lire en ligne [PDF])
- « Le directeur de la revue "Prescrire" souligne l'influence des laboratoires dans l'information sur les médicaments », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 20 octobre 2019)
- « "Non merci..." », sur www.prescrire.org (consulté le 20 octobre 2019)
- « L'histoire collective du chemin d'un texte de Prescrire », Prescrire, (lire en ligne [PDF])
- « Un travail d'équipe », sur www.prescrire.org (consulté le 19 octobre 2019)
- « Qualité des textes de Prescrire : le rôle important des relecteurs », sur www.prescrire.org (consulté le 19 octobre 2019)
- « Quoi de neuf, docteur? », sur LExpress.fr, (consulté le 21 octobre 2019)
- « «Prescrire», justicier de l'ordonnance », sur Libération.fr, (consulté le 17 octobre 2019)
- « Premiers Choix Prescrire », sur www.prescrire.org (consulté le 19 octobre 2019)
- « Premiers Choix Prescrire », sur www.prescrire.org (consulté le 19 octobre 2019)
- « Infos-Patients Prescrire », sur prescrire.org (consulté le 20 octobre 2019)
- « Pilule d'Or Prescrire 2019 », sur www.prescrire.org (consulté le 17 octobre 2019)
- « 38 ans de Palmarès Prescrire », sur www.prescrire.org (consulté le 17 octobre 2019)
- « Les Pilules d'or 1989 », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 21 octobre 2019)
- Catherine Petitnicolas, « Médicaments : deux palmarès concurrents », Le Figaro (no. 18495), , p. 11
- « La revue "Prescrire" stigmatise "les travers du système actuel d'évaluation des médicaments" », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 21 octobre 2019)
- Chloé Durand-Parenti, « Progrès en berne, la palme d'or du médicament sans lauréat », sur Le Point, (consulté le 21 octobre 2019)
- « Les 68 médicaments à éviter selon Prescrire », sur Les Echos, (consulté le 21 octobre 2019)
- « Pas de Pilule d'Or dans les prix Prescrire, mais trois médicaments primés », Le Quotidien du Médecin, (lire en ligne)
- « Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2019 », Prescrire, (lire en ligne [PDF])
- « Médicaments : la liste noire de la revue "Prescrire" », sur Franceinfo, (consulté le 19 octobre 2019)
- « Médicaments : la revue « Prescrire » publie sa traditionnelle liste noire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 19 octobre 2019)
- « "Prescrire" publie sa liste noire de médicaments », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 19 octobre 2019)
- « Prix Prescrire 2019 », sur www.prescrire.org (consulté le 21 octobre 2019)
- Le 6 février 2016 à 07h00, « Ces étudiants en médecine veulent se prémunir de l'influence des labos », sur leparisien.fr, (consulté le 21 octobre 2019)
- « Un scandale national », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 17 octobre 2019)
- pratiques, « Historique de la revue Pratiques, depuis 1975 », sur pratiques, (consulté le 17 octobre 2019)
- « Mediator – Prescrire, ou l’importance d’une information indépendante… », sur www.quechoisir.org (consulté le 17 octobre 2019)
- « Au procès Mediator, de vieilles alertes sur un médicament qui "ne valait rien" », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le 17 octobre 2019)
- « Justice. Dès 1976, Prescrire alertait sur le Mediator », sur L'Humanité, (consulté le 17 octobre 2019)
- « La mort du docteur Pierre Ageorges Un combattant de la médecine générale », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 17 octobre 2019)
- « « Prescrire » : la revue médicale qui dérange », sur Les Echos, (consulté le 21 octobre 2019)
- « Benfluorex pour quoi faire ? », La revue Prescrire, décembre 1997 - tome 17 - n°179 (lire en ligne [PDF])
- « Mediator° : beaucoup de temps perdu et de vies gâchées », sur www.prescrire.org (consulté le 17 octobre 2019)
- « Il faudrait un Prescrire pour le grand public ! », sur arretsurimages.net, (consulté le 23 janvier 2011)
- Corinne Audouin, « Mediator : "La méthode Servier, c’est la falsification" juge le fondateur de la revue médicale Prescrire », sur www.franceinter.fr, (consulté le 17 octobre 2019)
- « « Ce médicament n’a strictement aucun intérêt » : au procès du Mediator, la tornade Gilles Bardelay », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 2 novembre 2019)
- « « Tout était prévisible » dans le scandale du Mediator pour Bruno Toussaint », sur www.20minutes.fr (consulté le 17 octobre 2019)
- « Le laboratoire Astellas Pharma perd son procès contre la revue Prescrire », sur LExpansion.com, (consulté le 21 octobre 2019)
- « Peser sur la balance les bénéfices et les risques », Centre Presse (Vienne), , p. 30
- « «Prescrire» sans contestation », sur Libération.fr, (consulté le 21 octobre 2019)
- « Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2015 », Prescrire, (lire en ligne [PDF])
- « Motilium : 231 morts subites chaque année en France ? », sur Sciences et Avenir (consulté le 21 octobre 2019)
- «La France consomme quatre fois trop de Motilium», sur sante.lefigaro.fr, (consulté le 21 octobre 2019)
- « « Prescrire », le « poil à gratter » de l'information médicale », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le 21 octobre 2019)
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Dominique Broclain, Philippe Mura, Dominique Nivet-Carre et Janine Barbot, « Quasi-experimental study on the effectiveness of the readers' test in the medical journal La revue Prescrire », Journal of Continuing Education in the Health Professions, vol. 18, no 1, , p. 47–57 (DOI 10.1002/chp.1340180108)
- (en) J. Ahlqvist‐Rastad, D. Bardelay, B. Beermann et G. Mignot, « Judging the therapeutic value of drugs : A comparison between La revue Prescrire and Information från Läkemedelsverket, the bulletin of the Swedish Medical Products Agency », International Journal of Risk & Safety in Medicine, vol. 16, no 2, , p. 83–90 (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Portail de la médecine
- Portail de la pharmacie
- Portail de la presse écrite