Le Secret de Brokeback Mountain
Le Secret de Brokeback Mountain (Brokeback Mountain) ou Souvenirs de Brokeback Mountain au Québec et au Nouveau-Brunswick, est un film dramatique américain réalisé par Ang Lee, sorti en 2005, inscrit au National Film Registry en 2018.
Titre québécois | Souvenirs de Brokeback Mountain |
---|---|
Titre original | Brokeback Mountain |
Réalisation | Ang Lee |
Scénario |
Larry McMurtry Diana Ossana |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Focus Features |
Pays d’origine |
![]() |
Genre | Drame |
Durée | 134 minutes |
Sortie | 2005 |
Adapté de la nouvelle Brokeback Mountain d'Annie Proulx, le film raconte la passion secrète vécue pendant vingt ans par deux hommes, Ennis del Mar et Jack Twist qui « avaient grandi dans deux misérables petits ranchs aux deux extrémités de l'État du Wyoming ».
Synopsis
Ennis del Mar et Jack Twist, deux cow-boys de l'État du Wyoming, se rencontrent au printemps 1963, employés par le Farm and Ranch Employment, l'un comme berger, l'autre comme responsable de camp, assignés au même élevage de moutons au nord de Signal, dans un alpage situé sur la Brokeback Mountain, une ville et une montagne imaginaire du Wyoming, « ils n'avaient pas vingt ans ». Malgré cette intense idylle dans la montagne, ils font leur vie chacun de leur côté, se marient, ont des enfants. Ils ne se retrouvent que quatre ans plus tard et vivent une histoire d'amour caché, ne se rencontrant qu'épisodiquement pendant 15 ans entre le Wyoming et le Texas, avant que Jack Twist ne soit tué dans des circonstances dramatiques, victime d'un crime homophobe, laissant Ennis seul avec ses souvenirs.
Fiche technique

- Titre français : Le Secret de Brokeback Mountain
- Titre québécois : Souvenirs de Brokeback Mountain
- Titre original : Brokeback Mountain
- Réalisation : Ang Lee
- Scénario : Larry McMurtry et Diana Ossana, d'après la nouvelle du même nom d'Annie Proulx
- Décors : Judy Becker (en)
- Costumes : Marit Allen
- Photographie : Rodrigo Prieto
- Montage : Geraldine Peroni (en) et Dylan Tichenor (en)
- Musique : Gustavo Santaolalla et Marcelo Zarvos (en)
- Production : Diana Ossana et James Schamus, Scott Ferguson (coproducteur), Michael Costigan (en), Tom Cox, Michael Hausman, Larry McMurtry et William Pohlad, Murray Ord et Alberta Film Entertainment sont également crédités.
- Société de production : Focus Features (une société indépendante du groupe Universal Pictures)
- Société de distribution : Ascot Elite (Suisse romande)[1]
- Budget : 14 000 000 de dollars[réf. nécessaire]
- Pays d'origine : États-Unis
- Langue originale : anglais
- Format : couleur — 35 mm — 1,85:1 — son DTS / Dolby Digital
- Genre : drame
- Durée : 134 minutes
- Dates de sortie en salles :
Italie : (Mostra de Venise 2005) États-Unis : (Festival de Telluride), (sortie nationale) Canada : (Festival de Toronto), (sortie nationale) France : (Festival gay et lesbien de Paris), (sortie nationale) Suisse romande : Belgique :
- Classification :
- R (États-Unis)
- Tous publics (France)
Distribution


- Heath Ledger (VF : Jean-Michel Fête et VQ : Frédéric Paquet) : Ennis del Mar
- Jake Gyllenhaal (VF : Rémi Bichet et VQ : Martin Watier) : Jack Twist
- Michelle Williams (VF : Julie Sicard et VQ : Pascale Montreuil) : Alma del Mar
- Anne Hathaway (VF : Ludmila Ruoso et VQ : Geneviève Désilets) : Lureen Newsome Twist
- Randy Quaid (VF : Enrique Carballido et VQ : Guy Nadon) : Joe Aguirre
- Valerie Planche : serveuse
- Graham Beckel : L.D. Newsome
- David Harbour : Randall Malone
- Kate Mara (VQ : Claudia-Laurie Corbeil) : Alma Jr. à l'âge de 19 ans
- Roberta Maxwell (en) : la mère de Jack
- Peter McRobbie : John Twist
- Anna Faris (VQ : Violette Chauveau) : Lashawn Malone
- Linda Cardellini : Cassie Cartwright
- Scott Michael Campbell (en) : Monroe
- David Trimble : un berger nommé Basque
- Brooklynn Proulx : Jenny, à 4 ans
Bande originale
L'album est sorti en , édité par Verve.
- Opening (Gustavo Santaolalla)
- He Was a Friend of Mine (Willie Nelson)
- Brokeback Mountain 1 (Gustavo Santaolalla)
- A Love That Will Never Grow Old (Emmylou Harris)
- King of the Road (Roger Miller)
- Snow (Gustavo Santaolalla)
- The Devil’s Right Hand (Steve Earle)
- No One’s Gonna Love You Like Me (Mary McBride)
- Brokeback Mountain 2 (Gustavo Santaolalla)
- I Don’t Want To Say Goodbye (Teddy Thompson)
- I Will Never Let You Go (Jackie Greene (en))
- Riding Horses (Gustavo Santaolalla)
- An Angel Went Up In Flames (The Gas Band)
- Its So Easy (Linda Ronstadt)
- Brokeback Mountain 3 (Gustavo Santaolalla)
- The Maker Makes (Rufus Wainwright)
- The Wings (Gustavo Santaolalla)
Accueil
Box office
Le film a été un très gros succès commercial, avec plus de 80 000 000 de dollars aux États-Unis et 170 000 000 de dollars dans le monde, ce qui en fait le film produit par Focus Features le plus rentable (il n'aurait coûté que 14 000 000 de dollars, sans les coûts de promotion). Il se classe d'ores et déjà au 8e rang des films dramatiques depuis 1980, d'après IMDb. En France, au bout de la 12e semaine d'exploitation, il a dépassé 1 255 000 spectateurs, dont plus de 405 000 rien qu'à Paris, ce qui en fait l'un des plus beaux succès du début 2006 en France. Le film est l'un des plus gros succès pour un film traitant de l'homosexualité.
Accueil critique
Un des essais critiques les plus complets, disponible en français, est dû à Daniel Mendelsohn, in Si beau, si fragile (Flammarion, 2011), intitulé « Une liaison exemplaire »[4]. La difficulté d'être homosexuel, que ce soit vis-à-vis de soi-même ou vis-à-vis de la société, est au cœur de ce film qui emprunte au genre western tout en s'en démarquant. « Brokeback est une grande histoire d'amour épique qui représente le rêve d'une complicité totale et honnête avec une autre personne », résume son auteur Ang Lee. Une réplique de la nouvelle d'Annie Proulx a particulièrement marqué le réalisateur (« Tout ce que nous avons, c'est Brokeback Mountain »). « C'est-à-dire un endroit hors du temps, hors du monde, où, en toute innocence, ils se sont aimés, où ils ont cru pouvoir s'aimer. […] C'est ce qui m'intéressait : faire un film sur l'illusion de l'amour. Pas sur le véritable amour. On ne sait pas ce que c'est. »
« Il y a une certaine beauté dans l'état d'attente amoureuse. L'amour est comme la montagne du film. Il faut grimper, encore et encore, pour l'atteindre. C'est une question existentielle. À quoi reconnaît-on l'amour ? Et que sommes-nous prêts à faire pour le garder ? »
— Ang Lee, fin 2005.
Télérama remarque que « s'il manque parfois à la réalisation, le génie spécial d'un… Wong Kar-wai pour dire le lent et vain écoulement de l'énergie vitale loin de l'être aimé, deux personnages bouleversants s'incarnent bel et bien. […] Comme s'il n'y avait qu'un seul instant d'éternité dans toute une vie et, ensuite, des décennies vouées, en solitaire ou à deux, au culte de cet instant » (Télérama no 2923, Louis Guichard). Le Monde, quant à lui souligne que « c'est dans cette universalité que l'on trouvera une éventuelle portée sociale et politique à ce qui est d'abord un beau film, grave et déchirant » (Le Monde, , Thomas Sotinel, « À l'Ouest, un amour impossible).
Deux principales voix dissonantes, dans un concert quasi unanime de louanges qui vont de L'Humanité au Figaro. Les Cahiers du cinéma, tout en reconnaissant au cinéaste Ang Lee d'être « décidément aussi passionnant qu'inégal ». regrettent que le film « bloque toute effusion et condamne au surplace de la belle image, hormis quelques forts passages de montagne et le court éblouissement d'un soir de fête foraine. » (no 608, ). La revue française de critique de cinéma Positif (no 539, ) est encore plus sévère en considérant qu'Ang Lee a tiré de la nouvelle « un film académique et longuet qui collectionne les cartes postales. […] L'ensemble sombre assez vite dans le mélodrame lourdaud où tout est surligné et dans la guimauve. »
Ce film « risquait fort d'être contesté » lors du 62e festival du film à Venise où il a été présenté pour la première fois dans la grande salle du Lido le jeudi . « Mais c'est un surprenant tonnerre d'applaudissements qui a conclu la projection de ce qu'il faut bien appeler le premier western homosexuel épique et hollywoodien » (Libération, 05/09/2005) et le film a remporté le Lion d'or, « après avoir été un des pics d'émotion du festival ».
« Spécialisé dans ce registre de la vie gay en milieu hétéro (Garçon d'honneur), l'Américain Ang Lee récidive avec la mise en images grandioses de l'un des plus tenaces fantasmes homo : le western pédé, l'amour entre cow-boys (en l'espèce, on pourrait dire «co-boys»), sur fond de paysages magnifiques, de feux de camp et de baignades nues dans les rivières édéniques du Wyoming. De ce motif, on connaissait déjà la version avant-garde mutique d'Andy Warhol (Lonesome Cow-boys), d'innombrables versions pornos ou même le point de vue lesbien développé par Gus Van Sant dans Even Cow-girls Get the Blues. Mais il manquait la version hollywoodienne et grand-public, panoramique et classique, qu'Ang Lee vient de signer avec une belle audace, après le succès mondial de Tigre et Dragon. Le plus réussi dans cette passion déployée sur plus de vingt ans entre deux très beaux cow-boys hétéros et mariés (Heath Ledger et Jake Gyllenhaal : on prend les deux), c'est justement que leur amour ne s'explique pas : il s'impose, et d'abord à eux-mêmes. »
« J'étais au Texas avec Larry McMurtry et des amis. L'un d'eux m'a donné le New Yorker en me recommandant d'y lire la nouvelle d'Annie Proulx. Aux deux tiers, j'avais déjà les larmes aux yeux. Je me suis levée le lendemain matin et l'ai relue, parce que je voulais voir si elle me faisait autant d'effet que la veille. Elle m'a touché encore davantage et j'ai demandé à Larry de la lire. Larry a trouvé que c'était la meilleure nouvelle qu'il ait jamais lue dans le New Yorker et nous avons décidé d'écrire à Annie Proulx pour lui faire part de notre souhait d'écrire un scénario à partir de cette histoire. »
— Diana Ossana, scénariste et productrice du film, Notes de production, « Dossier de presse »
Polémique
Le , la chaîne italienne Rai Due a diffusé une version censurée du film dans laquelle deux scènes ont été coupées (la scène où est évoquée la première relation sexuelle entre les deux héros et la scène où ils s'embrassent)[6]. Cette diffusion a suscité une polémique en Italie de la part de certains téléspectateurs et des associations homosexuelles. Rai Due rediffuse alors le film, sans aucune censure cette fois, le à 23 h 40[7].
Distinctions
Récompenses
- 63e cérémonie des Golden Globes :
- Meilleur film dramatique
- Meilleur réalisateur pour Ang Lee
- Meilleur scénario pour Larry McMurtry et Diana Ossana
- Meilleure chanson originale pour A Love That Will Never Grow Old. Interprétée par Emmylou Harris, composée par Gustavo Santaolalla avec des paroles de Bernie Taupin
- 17e cérémonie des Producers Guild of America Awards : Meilleur producteur pour Diana Ossana et James Schamus
- 58e cérémonie des Directors Guild of America Awards : Meilleur réalisateur pour Ang Lee
- 58e cérémonie des Writers Guild of America Awards : Meilleur scénario adapté pour Larry McMurtry et Diana Ossana
- The Independent le classe à la première place de leur Top Ten Gay Movies[8], devant Querelle et Maurice.
Le film est finalement le plus primé de l’année 2005.
Nominations et sélections
- Mostra de Venise 2005 : sélectionné en compétition officielle
- 59e cérémonie des British Academy Film Awards :
- Meilleur acteur pour Heath Ledger
- Meilleure actrice dans un second rôle pour Michelle Williams
- Meilleure photographie pour Rodrigo Prieto
- Meilleure musique pour Gustavo Santaolalla
- Meilleur montage pour Geraldine Peroni et Dylan Tichenor
- 12e cérémonie des Screen Actors Guild Awards :
- Meilleur acteur pour Heath Ledger
- Meilleur acteur dans un second rôle pour Jake Gyllenhaal
- Meilleure actrice dans un second rôle pour Michelle Williams
- Meilleure distribution pour l'ensemble du casting
- 2e au palmarès de la rédaction et 3e du palmarès des lecteurs de Télérama pour l'année 2006.
Une polémique concerne l'Oscar du meilleur film, qui est revenu à la surprise générale à Collision. Brokeback Mountain fut pourtant, avec La liste de Schindler et Titanic, le film ayant reçu le plus de récompenses préliminaires en Amérique, dominant même trois des quatre prix des Guildes cinématographiques, en sachant que ce sont les mêmes votants qu'aux Oscars. De plus, Collision eu beaucoup moins de succès critique et commercial, sans même être nommé aux Golden Globes (le seul film dans ce cas est L'Arnaque qui gagna l'Oscar en 1974). Une accusation d'homophobie se porte sur des membres de l'académie très influents qui déconseillèrent le visionnage du film[9],[10],[11],[12].
Autour du film
- Le tournage s'est déroulé en Alberta (Canada), de mai à , dans les montagnes Rocheuses autour de Calgary, à Bieseker, Carseland, Cowkey, Crossfield, Fort Macleod, Irricana, Rockyford et Seebe, ainsi qu'à La Mesilla, dans l'État du Nouveau-Mexique, aux États-Unis.
- Le film a été censuré lors de sa sortie à Sandy (Utah) au début de 2006 par une chaîne de cinéma de cet État. Il a été également censuré aux Bahamas, en Asie (en Chine mais pas à Taïwan ni à Hong Kong où il a eu un grand succès au box-office) et dans la plupart des pays islamiques (tous les pays du golfe Persique, l'Égypte, etc.).
- Le Monde y a consacré une page entière de son édition du tandis que Libération y consacrait ledit jour la moitié de sa Une.
- Michelle Williams et Heath Ledger se sont rencontrés sur le tournage et ont eu par la suite une enfant, Matilda, qui a pour parrain Jake Gyllenhaal.
- Gus van Sant a déclaré qu'il aurait pu réaliser ce film en 1999, il en détenait les droits, mais qu'il avait renoncé, étant incapable de trouver des acteurs connus pour monter le projet.
- Pedro Almodóvar également a travaillé pendant plus d'un an sur le projet, sous le titre de The Paper Boy. Il a lui aussi abandonné, et a déclaré que le film d'Ang Lee était son film préféré de l'année.
- Mark Wahlberg a refusé d'y participer pour l'un des rôles principaux, car il ne se voyait pas embrasser un autre homme[13].
Retentissement
Ce film semble avoir déclenché un mouvement et un intérêt qui va bien au-delà de son succès commercial. Un grand nombre de spectateurs, à un niveau rarement atteint par un film, en discutent sur différents forums (près de 300 000 billets postés sur le site de l'IMDb début ). Le site d'AlloCiné le classe depuis sa sortie comme le film préféré des spectateurs et il compte plus de 2 300 critiques. Le site de l'écrivaine Annie Proulx[14] atteint également une fréquentation plus que remarquable. Les fans du film ont levé en deux jours la somme de 20 000 $ pour publier le vendredi une page entière de publicité dans le Daily Variety, immédiatement épuisé le jour de sortie. Cette page remerciait l'équipe du film pour les avoir « rassemblés » autour du « Meilleur film ». Enfin, le New Yorker du , qui a publié la nouvelle éponyme, est le seul numéro de la revue à être épuisé et se vend aujourd'hui pour les collectionneurs à plus de 300 $. En , est édité un livre en anglais (Beyond Brokeback: The Impact of a Film), recueil d'impressions.
Bibliographie
- David Groison, Phosphore nº 296, Groupe Bayard, Paris, , p. 22, (ISSN 0249-8138)
Notes et références
- ProCinéma - Consulté le 22 octobre 2008 - Site de la société de distribution.
- « Fiche du doublage français du film » sur Allodoublage, consulté le 27 novembre 2014
- « Fiche du doublage québécois du film » sur Doublage Québec, consulté le 27 novembre 2014
- Publié dans The New York Review of Books, janvier 2006
- L’amour cow-boy d’Ang Lee
- Philippe Ridet, « Cowboys, gays, et privés de baisers sur la Rai », dans Le Monde du 13-12-2008, [lire en ligne], mis en ligne le 12-12-2008
- Article de La Repubblica du 10 mars 2009.
- The Top Ten Gay Movies, The Independant, 23 janvier 2009
- « Les pires Oscars de ces 15 dernières années », sur Film de Culte,
- (en) « Biggest Oscar shocks : When Crash pipped Brokeback Mountain », sur What Culture
- « Crash burned: Academy members reassess past Oscar decisions », sur The Guardian,
- « Brokeback Mountain victime d'une Collision », sur DHNET,
- https://www.linternaute.com/sortir/cinema/star-cinema/dossier/ces-roles-qu-ils-n-auraient-jamais-du-refuser/mark-wahlberg-refuse-le-secret-de-brokeback-mountain.shtml
- Consulter le site web de Annie Proulx (annieproulx.com) « Copie archivée » (version du 4 avril 2007 sur l'Internet Archive)
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- (en) Site officiel
- Portail du cinéma américain
- Portail du western
- Portail LGBT
- Portail des années 2000