Kehl

Kehl (/keːl/) est une commune allemande composée d'une ville-centre et de plusieurs anciennes communes rattachées. Elle rassemble environ 35 000 habitants. Située sur la rive droite du Rhin au niveau de l'Île aux Épis, face à Strasbourg dont elle forme la partie est de l'agglomération, elle dépend du Land de Bade-Wurtemberg et de l'arrondissement de l'Ortenau (Ortenaukreis).

Kehl

Vue générale de Kehl.

Héraldique
Administration
Pays Allemagne
Land  Bade-Wurtemberg
District
(Regierungsbezirk)
Fribourg-en-Brisgau
Arrondissement
(Landkreis)
Ortenaukreis
Nombre de quartiers
(Ortsteile)
12
Bourgmestre
(Oberbürgermeister)
Toni Vetrano
depuis le 1er mai 2014
Partis au pouvoir CDU
Code postal 77694
Code communal
(Gemeindeschlüssel)
08 3 17 096
Indicatif téléphonique +49-07851 0 +49-07854
Immatriculation OG, BH, LR
KEL et WOL
Démographie
Gentilé kehlois/e
Population 35 032 hab. (31 décembre 2015)
Densité 467 hab./km2
Géographie
Coordonnées 48° 34′ 17″ nord, 7° 48′ 32″ est
Altitude 139 m
Superficie 7 507 ha = 75,07 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
Kehl
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
Kehl
Liens
Site web www.kehl.de

    Incendié au XVIIIe siècle, le centre-ville a été reconstruit sur la base d'un plan en damier.

    L'habitat de la commune est réparti entre une ville-centre située au bord du Rhin et des villages (Stadtteile), intégrés au ban communal lors de la réforme communale entreprise entre 1965 et 1975 dans les Länder de la République fédérale d'Allemagne (RFA). Cette répartition en plusieurs entités urbaines explique l'emploi du terme de ville-centre pour le noyau urbain historique et central.

    Géographie

    Kehl se situe dans le fossé rhénan, à environ trois kilomètres de l'embouchure de la Kinzig dans le Rhin, ce qui en fait une ville portuaire idéale. Elle se trouve dans l'ancienne zone inondable de la Schutter, de la Kinzig et du Rhin.

    Communes limitrophes

    Composition de la ville

    Le ban communal de Kehl se compose de la ville du même nom et dans le cadre de la réforme communale des années 1970 aux communes de Sundheim, d'Auenheim, de Bodersweier, de Goldscheuer, de Hohnhurst, de Kork, de Leutesheim, de Neumühl, d'Odelshofen, de Querbach et de Zierolshofen. Ces quartiers de la ville sont des anciens villages qui étaient chacun dirigé par son propre magistrat et sa propre administration.

    À ces quartiers s'ajoutent quelques hameaux ou lieux-dits mais qui n'ont que peu d'habitants et où les délimitations ne sont pas clairement identifiées. Ainsi l'on trouve les lieux-dits de Kittersburg (Kittersbourg), Kittersburger Mühle (le moulin de Kittersbourg), Kommissionsinsel (l'île de la Commission), dans le centre de Kehl : le Niedereich et le Wolfsgrube, Auenheimer Mühle (le moulin d'Auenheim), Korker Mühle (le moulin de Kork), Ziegelei Kork (la tuilerie de Kork), tout comme à Honau et le Leutersheimer Mühle (Moulin de Leutesheim) à Leutesheim.

    Situation de la ville

    Kehl est une ville de taille moyenne dans la zone d'influence d'Offenbourg au sein de la région du Rhin supérieur. Kehl a des relations avec les communes voisines de Rheinau et de Willstätt. Elle est interdépendante de Strasbourg et est de fait le « quartier allemand » de l'agglomération strasbourgeoise.

    Histoire

    Batterie de canons de 24 livres allemands à Kehl utilisé durant le siège de Strasbourg de 1870.
    Le monument en mémoire de la guerre de 1870-71.
    Toni Vetrano, maire de Kehl depuis le 1er mai 2014.

    Kehl est mentionnée pour la première fois en 1038. En 1333, un premier pont entre Strasbourg et Kehl fut érigé et dès 1388, une liaison permanente se mit en place entre les deux côtés du fleuve.

    À cette époque Kehl était une composante de la ville de Strasbourg. Au XVe siècle eurent lieu trois colonisations, Kehl même (nommé Bruckenkopf ou « tête de pont » en français), le lieu-dit Mitteldoerfel (quartier qui s'ensuit pour cause d'inondations des lieux-dits Iringheim au sud et Hundsfeld dans la partie supérieure de l'actuelle Kehl), et le village de Sundheim. Ces trois implantations étaient liées aux différentes seigneuries comme les seigneurs De Geroldseck et De Boeklin, De Nassau, Grohstein et Bock qui se partageaient les droits. En 1497 la moitié de la ville faisait partie du ban du Margrave de Bade (Grand Duc).

    En 1678, la ville est annexée par la France de Louis XIV et considérée comme une section du système de défense de Strasbourg. En 1681, Strasbourg - en tant qu'ancienne ville libre impériale du Saint-Empire romain germanique - capitule et devient française. De fait, Kehl est transformée en une forteresse en 1683 par Vauban et l'ingénieur Jacques Tarade, la citadelle subira trois autres sièges en 1703, 1733 et 1796-1797.

    «  Les têtes de pont de Huningue, de Khell, de Cassel, etc. ont procuré ces grands avantages à l'armée française pendant la dernière guerre. »

    Simon François Gay de Vernon Traité élémentaire d'art militaire et de fortification[1]

    Ce n'est que plusieurs années après la chute de Strasbourg que Kehl est cédée à Frédéric VII, margrave de Bade en 1698.

    Le , Marie-Antoinette est officiellement « échangée » entre la France et l'Autriche sur une île du Rhin près de Kehl. Cette île, encore habitée dans les années précédant la Première Guerre mondiale, est connue sous le nom d'« île de la Commission » (Kommissionsinsel), en référence à la commission d'échange de Marie-Antoinette.

    Monuments aux morts de la guerre 1914-1918 dans le « Jardin des roses » (Rosengarten)

    À l'est de la forteresse de Kehl, les habitants de l'ancien village Kehl fondent une nouvelle cité, Kehl ville qui demeure une commune autonome jusqu'en 1910.

    En 1774, les droits sur la commune de Kehl, à l'intérieur de la forteresse homonyme sont concédés au margrave Charles-Frédéric de Bade. Après plusieurs échanges entre la France, le pays de Bade et l'Autriche, les installations fortifiées sont démantelées en 1815 conformément au traité de Paris, mettant fin au Premier Empire de Napoléon. La ville et le village de Kehl (Sundheim y compris) appartiennent alors à la circonscription administrative de Kehl, dont le siège est alors à Kork.

    Les premières installations portuaires sont bâties entre 1842 et 1847 par l'administration des chemins de fer de Bade. Avec la construction du pont ferroviaire sur le Rhin en 1861, il est possible pour la première fois de relier directement Paris à Vienne en train. Les nécessaires changements de locomotives et correspondances s'effectuèrent alors à Kehl.

    Pendant la guerre franco-allemande de 1870, la ville est à nouveau la cible d'attaques françaises et subit alors d'importants dommages.

    En 1881, le siège de l'administration locale est transféré de Kork à Kehl. À la fin du XIXe siècle, dans le but de protéger Strasbourg contre les Français, un réseau de douze forts autour de la ville est bâti par Von Biehler. Le fort Blumenthal à Kehl Auenheim est détruit pendant la Première Guerre mondiale, cependant que les forts Bose et Kirchbach sont dynamités pendant la Seconde Guerre mondiale. Il existe encore des forts de ce type sur la colline de Hausbergen ou à Reichstett. Kehl est occupée par les Français de 1919 à 1930.

    En 1924, l'administration de Kehl est transférée dans le Landkreis (canton) de Kehl qui reprend quelques communes délaissées après la suppression du Landkreis d'Oberkirch.

    Après la bataille de France en 1940, lors de l'annexion allemande de l'Alsace et de la Moselle, Kehl est, à l'instar des communes de Schiltigheim, Bischheim, Hœnheim, Eckbolsheim, Oberhausbergen, Lingolsheim, Ostwald et Illkirch-Graffenstaden, fondue dans la nouvelle Großstadt Straßburg. Ce statut perdure après la libération jusqu'en 1953 lorsque la ville retrouve son indépendance vis-à-vis de Strasbourg et est réintégrée dans le Land du Bade-Wurtemberg en République fédérale d'Allemagne.

    Le pont de l'Europe entre Strasbourg et Kehl est inauguré en 1960.

    Dans le cadre de la réforme de remembrement communal allemand de 1971, la ville de Kehl franchit le cap des 20 000 habitants. À cette occasion la municipalité fait une demande de changement de statut en « Große Kreisstadt » (Grande ville-canton), ce que le gouvernement du Bade-Wurtemberg accepte avec entrée en vigueur au . Avec la réforme des arrondissements du , l'arrondissement (Kreis) régional de Kehl est dissous et son territoire intégré dans l'arrondissement de l'Ortenau.

    En 2004, le rapprochement entre Kehl et Strasbourg est relancé grâce au festival des Deux Rives et par la construction de la passerelle des Deux Rives qui crée une liaison piétonne et cycliste entre les deux villes.

    De plus, en partenariat avec Strasbourg Eurométropole, la réalisation du pont Beatus-Rhenanus sur le fleuve permet d'étendre la ligne D du tramway de Strasbourg à la gare de Kehl en 2017 puis à la mairie de la ville en 2018[2].

    Politique et administration

    La ville est administrée par un conseil de vingt-six membres, dont le maire, élus pour cinq ans. Les dernières élections se sont tenues le .

    Accès

    Kehl est desservi depuis le centre-ville de Strasbourg par la ligne D du tramway de Strasbourg via 3 stations : depuis Kehl Bahnhof, et depuis Hochschule/Läger et Kehl-Rathaus son terminus à proximité de la mairie.

    Culture et patrimoine

    Le jardin des Deux Rives

    Passerelle reliant les deux rives

    D'avril à , Kehl a accueilli le festival de l'art paysager (Landesgartenschau), organisé en collaboration avec Strasbourg. Événement culturel d'importance en Allemagne, il attire souvent près de trois millions de visiteurs. Le point d'orgue de cette manifestation fut l'inauguration du Jardin des Deux Rives, parc transfrontalier qui fut l'objet d'un concours remporté par l'équipe allemande Brosk (paysagiste) et Agirbas-Wienstroer (architectes-urbanistes). Le parc, créé sur les deux rives du Rhin, est doté d'une passerelle en son centre, réservée aux piétons et cyclistes, conçue par l'architecte parisien Marc Mimram. Du côté allemand, on décline le concept des floralies et on présente des technologies liées à l'environnement. Côté français, on insiste davantage sur une approche artistique et conceptuelle avec 19 « jardins éphémères » sur le thème de l'eau.

    Cette manifestation transfrontalière a permis aux officiels de lancer le processus de constitution d'un Eurodistrict entre l'Eurométropole de Strasbourg et l'Ortenau, avec la mise en place d'un GLCT (groupement local de coopération transfrontalière).

    Aujourd'hui, de sa situation particulière sur les deux rives du Rhin, le jardin des deux Rives est un symbole de la profonde amitié entre la France et l'Allemagne mais également de l'esprit européen. A quelques minutes de Strasbourg et de Kehl et s'étendant sur 150 hectares, le Jardin des deux Rives offre à ses visiteurs le plaisir d'une balade internationale où les langues française et allemande se côtoient de façon naturelle. Le Jardin dispose d'aires de jeux pour les enfants, d'endroits de détente, d'une tour panoramique avec vue imprenable, et un peu plus loin au fond du parc, de la piscine municipale de Kehl.

    Représentation symbolique de la Mère Kinzig

    C’est le sculpteur Franz Xaver Reich qui a créé cette statue en fonte , la « Mère Kinzig ». À l'origine elle était un symbole de la rivière Kinzig et se trouvait dans une niche de la tour du pont de chemin de fer, inauguré en 1861. Lorsqu’en 1870 le pont a été partiellement détruit, la sculpture a sombré dans le Rhin, mais a pu être récupérée par la suite. Elle a été ensuite placée devant l'ancien hôtel de ville dans le cadre d'un monument aux morts. Aujourd'hui, elle constitue la figure centrale sur la place du marché de la ville.

    Bateau-pompe Europa 1

    La ville de Kehl est un des principaux exploitants, avec le département du Bas-rhin et le Sdis 67 du bateau-pompe Europa 1. Les pompiers de la ville assurent avec les sapeur-pompiers strasbourgeois, les différentes interventions.[3]

    Vues de Kehl

    Jumelages

    Notes et références

    1. Simon François Gay de Vernon, Traité élémentaire d'art militaire et de fortification : à l'usage des élèves de l'École polytechnique, et des élèves des écoles militaires, vol. 2, Paris, Allais, .
    2. Philippe Dossmann, « Une motion pour célébrer l’entente », (consulté le 14 mai 2013)
    3. https://www.oberrheinkonferenz.org/de/katastrophenhilfe/downloads.html?file=files/assets/Katastrophenhilfe/docs_de/DE-FR-FLYER_EUROPA1.pdf

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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