Jonathan Swift
Jonathan Swift (né le à Dublin, en Irlande, et mort le dans la même ville) est un écrivain, satiriste, essayiste, pamphlétaire politique anglo-irlandais. Il est aussi poète et clerc et à ce titre il a été doyen de la cathédrale Saint-Patrick de Dublin.

Naissance |
Dublin, ![]() |
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Décès |
Dublin, ![]() |
Activité principale |
prêtre, écrivain, pamphlétaire |
Langue d’écriture | anglais |
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Œuvres principales
- Les Lettres du drapier (1724)
- Les Voyages de Gulliver (1726)
- Humble Proposition (1729)
- Le Conte du tonneau (1704)
Il est célèbre pour avoir écrit Les Voyages de Gulliver. Swift est probablement le plus grand satiriste en prose de la langue anglaise[1]. Il publie ses œuvres en usant des pseudonymes comme Lemuel Gulliver, Isaac Bickerstaff et M. B. Drapier, ou même anonymement. Il est connu enfin pour deux styles de satire, la satire horacienne et la satire juvénalienne. Il fut membre du Scriblerus Club.
Biographie
Les premières années
Jonathan Swift a un père anglican et sera élevé, assez modestement, par ses oncles issus de la bourgeoisie anglicane. De 1681 à 1688, il effectue ses études à Trinity College de Dublin.
En 1689, il quitte Dublin, et ses tensions entre protestants et catholiques, pour se rendre en Angleterre, où il rejoint sa mère, établie dans le comté de Leicester. Il sert alors de secrétaire au diplomate Sir William Temple, un homme d'État, parent très éloigné de sa mère.
Après 1689 il a été initié en franc-maçonnerie dans la loge « Goat at the Foot of the Haymarket » n. 16[2].
Début de carrière
Il devient précepteur d'Esther Johnson, probablement la fille illégitime de Temple, qu'il surnomme Stella et qui lui inspire une longue passion. Il poursuit ses études de théologie qui s'achèvent en 1692 par un doctorat. En 1694, il est nommé pasteur à Kilroot (en), près de Belfast, mais ne reste que quelques mois sur place. Sa qualité de membre de l'Ordre maçonnique[3] reste douteuse[4].
Premières œuvres
Il revient à Moor Park, là où habite William Temple. Il écrit alors la Bataille des livres pour défendre celui-ci dans la querelle des Anciens et des Modernes et en 1704, Le Conte du tonneau, œuvre critique de ses contemporains et qui déplaît à la reine Anne. En 1701, il publie anonymement son premier pamphlet politique, A Discourse on the Contests and Dissentions in Athens and Rome, où il prend parti pour les Whigs.
En 1702, trois ans après la mort de Temple, il rentre en Irlande avec Esther Johnson (désormais âgée de 20 ans). Il obtient rapidement le bénéfice de Laracor dans le Comté de Mealth et une prébende à la cathédrale Saint-Patrick de Dublin.
Lors de l'arrivée au pouvoir des tories en 1710, Swift les soutient au travers des articles qu'il écrit pour l’Examiner de 1711 à 1714, un journal dont il est le rédacteur en chef. En 1711, Swift publie le pamphlet politique The Conduct of the Allies attaquant le gouvernement whig pour son incapacité à mettre fin à la guerre avec la France. Il se charge ainsi de préparer l'opinion publique à la paix. C'est à cette époque que le gouvernement tory mène des négociations secrètes avec la France qui aboutissent aux Traités d'Utrecht en 1713, ce qui contribue à mettre fin à la guerre de Succession d'Espagne.
Parvenu à l'état de doyen de sa cathédrale, Swift n'accède pas à l'évêché, la reine Anne lui tenant toujours rigueur de son virulent Conte du tonneau.
Jonathan Swift s'engage dans quelques batailles littéraires de son époque, notamment la Querelle des Anciens et des Modernes, du côté des Anciens.
En 1714, la chute des Tories rend définitif son exil en Irlande. Il publie un nombre important d'ouvrages politiques.
Les Voyages de Gulliver
Il publie en 1726, Les Voyages de Gulliver, satire considérée comme l'une de ses deux œuvres majeures (l'autre étant le Conte du tonneau).
On tient souvent cet ouvrage pour un « conte pour enfants » (sans doute parce que de nombreuses éditions très édulcorées ont rapidement paru dans les bibliothèques spécialisées en littérature enfantine). Il s'agit en fait, au-delà de la satire, d'un conte philosophique[5].
Vie familiale
Dernières années
Swift a souffert toute sa vie d'une maladie associant vertiges, acouphènes et nausées, maintenant connue sous le nom de maladie de Menière, jusqu'à sa mort, le . L'argent qu'il laissa fut employé à la fondation d'un hôpital soignant les maladies mentales, le St. Patrick’s Hospital for Imbeciles (en), créé en 1757.
Jonathan Swift est enterré dans l'enceinte de sa propre cathédrale, près du cercueil de sa supposée femme Stella. Sur la pierre tombale, on peut toujours lire l'épitaphe qu'il avait lui-même écrite en latin : « Ici repose la dépouille de Jonathan Swift, D.D., doyen de cette cathédrale, qui désormais n'aura plus le cœur déchiré par l'indignation farouche. Va ton chemin, voyageur, et imite si tu le peux l'homme qui défendit la liberté envers et contre tout. »
Astronomie
Dans son roman Voyage à Laputa (1727), Swift indique l'existence de deux satellites de Mars, il donne leur période de rotation et leur distance par rapport à la planète (qui sont cependant inexactes). En 1877, l'astronome Asaph Hall découvre ces satellites et leur donne le nom des deux fils de Mars, l'Arès des Grecs, « Phobos » et « Deimos », mentionnés dans le chant XV de l’Iliade[6]. En hommage à cette prédiction de Swift, l'un des cratères de Deimos a été nommé Swift.
Œuvres
- Pamphlets et Satires (1703-1735)
- La Bataille des livres (en) (1704)
- Le Conte du tonneau (en) (1704)
- Argument sur l'abolition du christianisme (en) (1708)
- Méditation sur un balai (1710)
- A Description of a City Shower (1710)
- Lettre de conseils à un jeune poète (A Letter of Advice to a Young Poet) (1721)
- Les Lettres du drapier (en) (1724)
- Cadenus et Vanessa (en) (1726)
- Les Voyages de Gulliver (1726)
- Modeste Proposition (1729)
- Dernières paroles d'Ebenezer Elliston (The Last Speech and Dying Words of Ebenezer Elliston) (1732)
- La Conversation polie (1738)
- Instructions aux domestiques (en) (1745), traduction et postface par Charles Le Blanc, Paris, Mille et une nuits, 1998
- Journal à Stella (en) (1762-1766)
- Journal de Holyhead, tenu du 22 au et publié pour la première fois en 1882, traduit de l'anglais par David Bosc, 2002, Éditions Sulliver
- Œuvres (éd. La Pléiade 1965)
- L'Art du mensonge politique, attribué à Jonathan Swift (1733)
Ouvrages inspirés par Jonathan Swift
- Manuel de Diéguez, La Caverne, Gallimard, Bibliothèque des Idées, 1974.
Notes et références
- Encyclopaedia Britannica : « Anglo-Irish author, who was the foremost prose satirist in the English language ».
- Lambros Couloubaritsis, La complexité de la Franc-Maçonnerie. Approche Historique et Philosophique, Bruxelles, 2018, Ed. Ousia, p. 211.
- Biographie sur le site de Grand Lodge of British Columbia and Yukon
- [PDF]Lettre de la Grande-maîtresse des francs-maçonnes à M. Harding imprimeur, attribuée à Jonathan SWIFT (1724)
- Hippolyte Taine, La Littérature anglaise (T. 4/5) d’, Paris, Éd. Hachette et Cie, 1878, p. 5.
- (en) A. Hall, « Names of the Satellites of Mars », Astronomische Nachrichten, vol. 92, no 2187, , p. 11–14 (lire en ligne, consulté le 18 octobre 2011).
Annexes
Bibliographie
- Augustin Cabanès, Grands névropathes, t. 3, Paris, Albin Michel, , 382 p. (lire en ligne), « Jonathan Swift », p. 73-97
Liens externes
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- Histoire de la littérature anglaise par Hippolyte Taine, Hachette, (1905) T. IV Livre III L'âge classique (disponible sur Internet Archive)
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