Gucci

Gucci (ou encore Maison Gucci) est une entreprise italienne spécialisée dans le prêt-à-porter et la maroquinerie de luxe, fondée à Florence en 1921. Elle appartient depuis plusieurs années à Kering, anciennement PPR. Alessandro Michele est le directeur de la création de la maison[2].

Pour les articles homonymes, voir Gucci (homonymie).
Ne pas confondre avec l'ancien groupe de luxe de PPR Gucci Group

Gucci

Création
Fondateurs Guccio Gucci
Personnages clés Alessandro Michele, Marco Bizzarri (PDG)
Forme juridique Société par actions de droit italien (en)
Siège social Florence, Toscane
 Italie
Actionnaires Kering
Activité Mode
Produits Habillement, parfums, maroquinerie,
Société mère Kering
Sociétés sœurs Brioni
Filiales Florence, Rome, Paris, New-York
Site web www.gucci.com

Chiffre d'affaires 8,2 milliard d'euros en 2018[1]

Historique

Guccio Gucci ouvre en 1921 une petite boutique de maroquinerie[3]. Le succès est au rendez-vous et l'entreprise se développe autour du domaine équestre ; le mors et l'étrier en deviennent l’emblème. En 1930, la marque s'est diversifiée dans les chaussures, gants, caleçons… La période de la dictature fasciste marque la pénurie de cuir et matières premières, le créateur doit faire preuve d'imagination : c'est ainsi qu'il commercialisera juste après la Seconde Guerre mondiale le « sac Bamboo », en sanglier avec une anse en bambou au tout début, modèle devenu iconique de la marque : devant le succès de ce sac, le bambou sera utilisé sur plusieurs autres produits. Les bandes vert/rouge/vert, signe de reconnaissance, apparaissent vers la même époque.

Guccio Gucci meurt en 1953, et la marque passe sous la direction de ses quatre fils. Ceux-ci entament dans les années 1960 l'internationalisation de l'entreprise, avec les États-Unis, puis l'Asie. Le logo « GG » (pour « Guccio Gucci ») est créé, ainsi qu'en 1975 le sac Stirrup (étrier) qui sera remis au goût du jour bien plus tard sous forme souple[4].

Les années 1980 sont une période de déclin pour la marque.

Dans les années 1990, alors que l'Américain Tom Ford arrive chez Gucci, l'entreprise marque, au même titre que Versace, le renouveau d'une création d'origine italienne avec le retour d'une mode voyante, bling-bling[5], mais surtout sexuée et réinterprétant les classiques rétro pour Gucci, en opposition à la tendance minimaliste et unisexe de Margiela ou de Yohji Yamamoto qui prévalait en France à cette époque. Cette volonté de marquer les esprits atteint son maximum avec l'avènement du Porno chic[5] développé par Tom Ford, et sa muse Carine Roitfeld alors à la tête du magazine Vogue français.

En 1993, Maurizio Gucci (en) vend la marque familiale pour l'équivalent de 100 millions d'euros à Investcorp, un fonds basé au Bahreïn[6]. Il meurt assassiné en 1995.

En 1999, en pleine « bataille Gucci » dans laquelle les hommes d'affaires français Bernard Arnault et François Pinault tentent de prendre le contrôle de la marque (Arnault détient à cette époque 34 % du capital), le groupe Pinault-Printemps-Redoute (devenu depuis « Kering ») devient majoritaire, grâce à un accord attribuant quatre millions de stock-options à Tom Ford (valeur 3,75 milliards de francs) et un million à Domenico De Sole, le PDG de Gucci (valeur 750 millions de francs)[7],[8].

Une boutique Gucci à Sydney.

Après le départ retentissant en 2004 de Tom Ford et de Domenico De Sole qui exigeaient une véritable autonomie de gestion alors que PPR leur réclamait une rentabilité qui faisait défaut[9], pas moins de trois stylistes succéderont à l'Américain : Alessandra Facchinetti, John Ray et Frida Giannini (it). Cependant, Frida Giannini devient l'unique directrice artistique des lignes femmes, hommes et accessoires de la marque au double « G ». L'année 2008 voit la naissance d’un nouveau concept de la marque ainsi que l’ouverture de sa plus grande boutique basée à New York au cœur de la cinquième avenue. Deux ans plus tard, l'héritière Charlotte Casiraghi devient l'égérie de la marque[10],[11],[12].

En septembre 2011, Gucci ouvre un musée de 1 700 m2 à Florence, au sein du Palazzo della Mercanzia[13].

La marque met en œuvre une stratégie de montée en gamme. Le prix de vente des sacs à mains augmente ainsi de 40 % entre 2009 et 2013[14].

Comme annoncé le , Frida Giannini, directrice de la création, et Patrizio di Marco, CEO, quittent Gucci. Marco Bizzarri, ex-dirigeant de Bottega Venetta est nommé CEO[15].

Le , Alessandro Michele succède à 42 ans à Frida Giannini en tant que directeur de la création, ce qui lui procure la responsabilité créative de toutes les collections de la marque et de l'image de la marque. Alessandro Michele a étudié à l'Accademia di Costume e di Moda de Rome avant de commencer sa carrière chez Fendi en tant que Designer Senior pour les accessoires. En 2002, il rejoint le studio de création de Gucci où il assume des responsabilités au sein du département créatif avant d’être nommé associé sous Frida Giannini en [2]. Son style est qualifié d'« exubérant et romantique »[16]. Après plusieurs années difficiles, en 2013 et 2014, la marque entame, sous l'impulsion du PDG Marco Bizzarri, un repositionnement radical. Alessandro Michele impose dès sa première collection un « style décalé [...] à l'esprit maximaliste », selon Marco Bizzarri[17].

En 2017, le PDG de la société, Marco Bizzarri, annonce l'arrêt du recours à la fourrure, par éthique envers les animaux[18]. C'est à partir de l’été 2018 que la marque ne commercialisera plus de vêtements ou d'accessoires utilisant de la fourrure, une geste qui fait écho à celui d'Armani qui avait décidé la même chose en 2016[19].

En , le chanteur britannique Harry Styles devient la nouvelle égérie de Gucci, pour sa ligne Tailoring à destination des hommes[20].

En , la marque lance sa collection de haute joaillerie dans une boutique parisienne située place Vendôme aux côtés des grands noms de la joaillerie[21].

Controverses

En , Gucci confirme que des perquisitions ont été menées dans ses bureaux en Italie, où la justice enquête sur des soupçons d'évasion fiscale. Selon le quotidien italien La Stampa, l'entreprise est soupçonnée d'avoir pendant plusieurs années déclaré en Suisse des activités menées en Italie, faisant échapper jusqu'à 1,3 milliard d'euros au fisc italien[22]. Plusieurs médias partenaires de l'European Investigative Collaborations relatent que « Kering a artificiellement transféré [en Suisse] les contrats de travail d’une vingtaine de cadres dirigeants de Gucci, selon des documents obtenus par le procureur italien », afin de prétendre que le travail des salariés de Gucci est bel et bien effectué en Suisse[23].

D'après Mediapart, Marco Bizzarri, le PDG de la société, est rémunéré sur la base d'un montage d’évasion fiscale via une société offshore au Luxembourg et une résidence fiscale en Suisse. Il s'agit pour l'entreprise de ne payer que très peu d’impôts sur les 8 millions d'euros de rémunération négociés par Marco Bizzarri à partir de 2010[24]. Mediapart, L'Espresso et NRC Handelsblad précisent en que, suite au rachat de Gucci par le groupe Kering en 2000, ce dernier aurait étendu le système conçu par le groupe italien à toutes ses marques de luxe (hors joaillerie) : Bottega Veneta (Italie), Stella McCartney et Alexander McQueen (Royaume-Uni), Balenciaga et Yves Saint Laurent (France)[23].

Caractéristiques économiques et sociales

Le siège social de Gucci se situe à Florence en Italie. Fin 2015, Gucci possédait 522 boutiques de la marque dans le monde[25].

En 2019, Gucci est la deuxième marque de luxe après Louis Vuitton dans le classement mondial des marques du magazine Forbes[26].

La maroquinerie représente plus de la moitié du chiffre d’affaires de la marque[14]. Gucci commercialise également du prêt-à-porter, des chaussures, des lunettes, des montres et des bijoux. La maroquinerie, les chaussures et le prêt-à-porter Gucci sont fabriqués en Italie[27].

Références

  1. « KERING : Gucci porte de nouveau le groupe au plus haut », sur capital.fr,
  2. http://www.lexpress.fr/styles/mode/alessandro-michele-nomme-directeur-artistique-de-gucci_1642974.html
  3. « Gucci, 90 ans de luxe italien », Vogue Paris, .
  4. « Anatomie d'un sac », L'Officiel Paris, Éditions Jalou, no 969, , p. 152 (ISSN 0030-0403).
  5. Thiébault Dromard, « PPR dope sa cash machine Gucci », Challenges, .
  6. Abigail Haworth, « Le sang des Gucci », Vanity Fair no 41, novembre 2016, pp. 102-107 et 153.
  7. Nathalie Bensahel, « Le feuilleton Gucci rebondit sur des « stock-options » », Libération, .
  8. Nathalie Bensahel, « Stocks pas en toc chez Gucci », Libération, .
  9. « Gucci », Tendances-de-mode.com, (consulté le 28 août 2013).
  10. (en) Gabby Morgan, « Riding in style: Gucci announces second year collaboration with Charlotte Casiraghi », Daily Mail, .
  11. Eugénie Trochu, « Gucci dédie sa ligne équestre à Charlotte Casiraghi », Vogue Paris, .
  12. Note : Charlotte Casiraghi est la petite fille de Grace Kelly, qui reçoit en 1966 de Rodolfo Gucci un foulard de soie avec 37 couleurs en cadeau, intitulé « Flora ».
  13. « Gucci fête ses 90 ans », Puretrend.com, .
  14. « Gucci, la locomotive du groupe Kering, est en panne », Le Monde, .
  15. « Gucci se sépare de son PDG Patrizio di Marco », Le Figaro/AFP, .
  16. Charlotte Brunel, « Le gourou de Gucci », L'Express Styles, vol. supplément à L'Express, no 3373, , p. 80-83.
  17. « Dans les coulisses du sauvetage de Gucci », Challenges, .
  18. Juliette Camus, « Gucci arrête la fourrure », Paris Match/AFP, .
  19. Pierrick Bourgeois, « Victoire pour la cause animale : Gucci va arrêter de vendre des vêtements en fourrure », Daily Geek Show, .
  20. (en) « Harry Styles Is Starring in a Gucci Tailoring Campaign », Fashionista.com, .
  21. « Gucci installe sa joaillerie Place Vendôme », Journalduluxe.fr, (consulté le 8 juillet 2019).
  22. « Italie: Gucci soupçonné d'évasion fiscale », Challenges/AFP, (consulté le 20 décembre 2017).
  23. Yann Philippin, Vittorio Malagutti (L'Espresso) et Esther Rosenberg (NRC Handelsblad), « Le système Pinault : une évasion à 2,5 milliards d'euros », Mediapart, (consulté le 19 mars 2018) (inaccessible sans abonnement).
  24. Yann Philippin, Vittorio Malagutti (L'Espresso) et Jürgen Dahlkamp (Der Spiegel), « François-Henri Pinault pris la main dans le sac », Mediapart, (consulté le 16 mars 2018) (inaccessible sans abonnement).
  25. Olivier Tosseri, « Gucci remet à plat son style pour rebondir », Les Échos, .
  26. (en) « The World's Most Valuable Brands », Forbes.
  27. Isabelle Lefort, « "Le « made in Italy » est une valeur intrinsèque de Gucci" », La Tribune, .

Voir aussi

Bibliographie

  • Sara Gay Forden, La Saga Gucci : Du Luxe au meurtre, de la création à la guerre boursière, Lattès, , Broché (ISBN 9782709622448)
  • Les dynasties du luxe, Yann Kerlau, Perrin - 2010 - (ISBN 978-2-262-02317-1)

Articles connexes

Liens externes

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