Enrico Macias
Enrico Macias, né Gaston Ghrenassia à Constantine en Algérie, le , est un chanteur, musicien, compositeur et acteur français. Il est populaire dans le monde entier et a beaucoup voyagé pendant cinquante ans, du début des années 1960 à nos jours.

Nom de naissance | Gaston Ghrenassia[1] |
---|---|
Naissance |
Constantine (Algérie) |
Activité principale |
Chanteur Compositeur |
Activités annexes | Acteur |
Genre musical | Musique arabo-andalouse, world music, variété |
Instruments | Guitare, oud |
Années actives | depuis 1962 |
Site officiel | enricomacias.net |
Biographie
Origines
Gaston Ghrenassia[2] est le fils de Sylvain Ghrenassia et Suzanne Zaouch, famille juive d'Algérie de musiciens de malouf[3]. Il se définit lui-même comme juif « d'origine berbère »[4] d'Aïn Abid. Son père est violoniste dans l’orchestre de Raymond Leyris dit Cheikh Raymond (son futur beau-père) ; il apprend la guitare avec son cousin Jean-Pierre, mais aussi avec des amis gitans qui lui donnent le surnom de « petit Enrico », son futur prénom d’artiste. Son nom d’artiste résulte d’une erreur de la secrétaire de la maison de disques qui a mal compris son nom au téléphone et le baptise « Macias », alors qu’Enrico lui avait soufflé « Nassia »[5].
Carrière
Débuts
D’abord instituteur en 1956[6], il rejoint l’orchestre de Cheikh Raymond. Ce dernier, symbole de l’échange entre les communautés d’Algérie, est assassiné en juin 1961, à Constantine. La famille Ghrenassia se décide à quitter l’Algérie le , soit onze mois avant la fin de la guerre. C'est durant cette traversée nostalgique de la Méditerranée comme de nombreux expatriés, qu'il compose à la guitare « J'ai quitté mon pays, j'ai quitté ma maison »[7]. La famille s’installe à Argenteuil.


À Paris, Enrico travaille irrégulièrement, vit de petits boulots tout en se produisant dans les cabarets, jusqu’à ce qu’il soit repéré, qu'il fasse la première partie d’un concert de Gilbert Bécaud et passe en 1962 pour la première fois à la télévision dans l’émission Cinq colonnes à la une pour illustrer un reportage sur les rapatriés d'Algérie[5]. Son interprétation de la chanson Adieu Mon pays, devient le symbole de l’exil des Pieds-Noirs et il devient célèbre. Il adopte alors le pseudonyme d’Enrico Macias. Pathé Marconi sort son premier album en 1963, avec le titre phare Enfants de tous pays[7].
Reconnaissance

Reconnu internationalement, il reçoit le titre de Chanteur de la paix de Kurt Waldheim en 1980.
En 1985, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur des mains du Premier ministre Laurent Fabius. Il est promu au grade d’officier par le président Jacques Chirac en . En 2006, il est promu commandeur des Arts et des Lettres pour l'ensemble de sa carrière par Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture.
En 1998, il devient membre du conseil de surveillance du groupe Partouche. Il est également directeur général délégué de la Société européenne de grands restaurants, qui gère entre autres le Laurent, appartenant au groupe.
En 2008, il est ruiné, ayant perdu 20 millions d'euros dans la crise financière islandaise à la suite de la faillite de la banque Landsbanki dans laquelle il avait investi cette somme en hypothéquant sa villa de Saint-Tropez[8].
En 2008 également, son épouse Suzy meurt[9].
En 2014, il est condamné par un tribunal de Luxembourg à verser 30 millions d'euros à la filiale luxembourgeoise de cette banque[10]. Il conteste cette décision, qui n'est d'ailleurs pas exécutoire en France[11]. Il porte plainte pour escroquerie. Lors de l'ouverture du procès en mai 2017, Enrico Macias se montre déterminé. « Cela fait dix ans que je vis avec la peur au ventre de perdre mon seul bien. J'ai sué pour l'avoir. J'ai travaillé près de cinquante ans pour obtenir ce privilège d'avoir une belle propriété », a-t-il confié, tout en insistant sur le fait qu'on lui avait « menti, [et qu'on l'avait] trompé et escroqué ». Les liquidateurs lui réclament 35 millions d'euros. En 2014, le chanteur a assuré à Nice-Matin qu'il n'abandonnerait pas son combat judiciaire. « Je vais la garder. On ne me la prendra jamais », a-t-il indiqué. Le 28 août 2017, il perd son procès contre la banque islandaise[12].
En février 2019, il donne un concert à Casablanca malgré les protestations de pro-Palestiniens[13].
Vie privée
En 1962, il épouse Suzy Leyris, la fille de Raymond Leyris.
Le couple aura deux enfants Jocya (1964) et Jean-Claude (1969)[14] et cinq petits-enfants : Symon (1994), Elyot (1996), Julia (1995), Ethel (2000) et Jérémie (2008)
Née en 1940, Suzy meurt le 23 décembre 2008 des suites d'une longue pathologie cardiaque qui l'a fragilisée toute sa vie, avec quatre opérations à cœur ouvert[15],[16].
Parcours musical
S’il a grandi dans la musique judéo-arabe, Enrico Macias se lance rapidement à son arrivée en France dans des chansons de variétés orientalistes (Adieu mon pays, Les filles de mon pays), où l’influence de Lili Boniche est patente (L’Oriental)[alpha 1].
Le style de ses disques évolue vers une musique moins marquée et plus facilement accessible au grand public ; il reste néanmoins attaché à ses racines musicales dans les chansons qu’il interprète en concert – ou en 1979, quand il invite les Gipsy Kings à assurer sa première partie à l’Olympia après qu’il eut fait de même avec la chanteuse Danièle Danaé.
Parmi les divers paroliers qui ont signé les textes du répertoire de Macias, Jacques Demarny accompagna une grande partie de la carrière de cet interprète (dans les années 1960 à 1980) et fut l’auteur de la majorité de son répertoire (une centaine de chansons).
Engagements
Engagement en faveur d’Israël
En , Enrico Macias est décoré par le ministère israélien de la Défense « pour son soutien à l’État d’Israël et à son armée tout au long de sa carrière »[17].
Enrico Macias participe ponctuellement à des événements et manifestations de soutien à Israël. En janvier 2008, il parraine le gala de l’association Migdal, destiné à apporter un soutien aux militaires de l’unité Magav, chargée de la surveillance des frontières israéliennes[18]. Le , il est présent à un rassemblement de solidarité avec les victimes israéliennes[19],[20], organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en réaction à une manifestation ayant eu lieu la veille dénonçant l’intervention de l’armée israélienne (Tsahal) dans la bande de Gaza[21],[22].
En janvier 2015, dans une interview au journal Le Parisien, il se montre perplexe face aux juifs qui se sentent mal à l'aise en France et qui décident de partir pour Israël. Il aborde également la cause palestinienne avec une anecdote qui lui est arrivée peu de temps auparavant, en déclarant :
« L'antisémitisme, il faut le combattre, pas le fuir. J'en ai été victime à mes débuts. Aujourd'hui, on ne m'insulte plus, mais parfois je me retrouve dans des situations délicates. Il y a peu, un jeune Maghrébin m'a interpellé dans la rue en me disant : Salut Enrico, et en ajoutant Vive la Palestine. Je lui ai dit : Je suis d'accord, vive la Palestine. Moi aussi je peux le crier. Mais je veux que tu cries aussi vive Israël. Et tous les deux on a crié Vive Israël, vive la Palestine ! Quelle leçon je lui ai donnée. »
Dans son autobiographie, L'Envers du ciel bleu, parue en 2015, il évoque son combat pour la paix dans le conflit israélo-palestinien[23].

Engagement politique
Il soutient François Mitterrand aux élections présidentielles de 1981 et de 1988[24].
En mars 1992, lors des élections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Enrico Macias est candidat sur la liste Énergie Sud, menée par Bernard Tapie[25].
Le , Macias annonce son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy dans l’émission de Laurent Ruquier, mais se déclare n'être ni de gauche ni de droite. Il déclare à cette occasion qu’il aurait pu soutenir Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn s’ils avaient été candidats, et critique vivement l’attitude de Ségolène Royal vis-à-vis d’Israël et du Hezbollah.
Il prévoit d’accompagner le président Sarkozy, lors d’un voyage officiel en Algérie en , mais il doit renoncer à la suite de l’opposition des autorités algériennes, en particulier du Premier ministre Abdelaziz Belkhadem et du ministre des Anciens Combattants Cherif Abbas.
Il n'est pas autorisé à retourner en Algérie depuis 1961[26].
Enrico Macias soutient la candidature de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle de 2012.
En 2014, il est membre du comité de soutien à la candidature d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris[27].
Style
Interprète et musicien
Sa première évolution musicale répond à la musique arabo-andalouse. Son professeur est Raymond Leyris, maître du maalouf constantinois, en filiation directe avec la musique arabo-andalouse. À son arrivée en France, il abandonne cette musique. Il change son instrumenent, le oud, pour la guitare. Pour toucher un large public, il compose des chansons dont la structure et l'harmonie sont occidentales. De même, il adopte les rythmes à la mode de la valse, de la bossa. Il continue néanmoins d'emprunter des éléments de son premier univers musical. Par exemple, les lignes mélodiques sinueuses de "J'ai quitté mon pays", le rythme syncopé de "Vous les femmes". Plus tard, il essaie de renouer de façon plus systématique avec la musique arabo-andalouse.
Controverses
Sa décision de jouer des concerts en Algérie a suscité une énorme controverse. Après l'annulation d'un projet de tournée en Algérie en 2000, il a écrit un livre Mon Algérie (Editions Plon en octobre 2001) commercialisé comme une « véritable histoire d'amour entre un homme et sa patrie ».
Discographie
Albums studio
- 1968 : Un rayon de soleil
- 1970 : Bravo Enrico
- 1971 : Un grand amour
- 1973 : Un homme a traversé la mer
- 1975 : Mélisa
- 1977 : Aimez-vous les uns les autres
- 1979 : Ou la poésie de la Méditerranée
- 1980 : La France de mon enfance
- 1981 : Un berger vient de tomber
- 1983 : Deux ailes et trois plumes
- 1984 : Générosité
- 1986 : Mon chanteur préféré
- 1989 : Macias (Quand les hommes vivront d'amour)
- 1991 : Enrico (Gitano)
- 1993 : À Suzy
- 1995 : Et Johnny Chante L'amour
- 1999 : Hommage à Cheikh Raymond
- 2003 : Oranges amères
- 2006 : La Vie populaire
- 2011 : Voyage d'une mélodie
- 2012 : Venez tous mes amis!
- 2016 : Les clefs
- 2019 : Enrico Macias & Al orchestra
Albums en direct
- 1964 : Olympia 64
- 1965 : Olympia 65
- 1968 : Olympia 68
- 1972 : À la face de l'humanité
- 1976 : La fête à l'Olympia
- 1977 : Le violon de mon père
- 1979: En Égypte
- 1980 : Olympia 80
- 1982 : Olympia 82
- 1985 : Olympia 85
- 1990 : Olympia 89
- 1996 : La Fête à l'Olympia (95)
- 2003 : Concerts Musicorama
- 2006 : Olympia 2003
Compilations
- 1987 : 17 chanson d'or
- 1988 : Master Série
- 1992 : Pour ton mariage
- 1992 : Le plus grand bonheur du monde
- 2003 : Les Indispensables de Enrico Macias
- 2006 : Les Concerts Exclusifs Europe
- 2008 : Platinum Collection
Chansons
Liste des chansons
Filmographie
Cinéma
- 1965 : Déclic et des claques par Philippe Clair
- 1978 : Mamma Rosa ou La farce du destin par Raoul Sangla
- 2002 : La Vérité si je mens ! 2
- 2011 : Bienvenue à bord
- 2012 : La Vérité si je mens ! 3
Télévision
- 1967 : Le Parapluie des vedettes (téléfilm)
- 2019 : Family Business (série télévisée) : lui-même
Documentaires
- 2003 : Guerre d'Algérie: la mémoire retrouvée?
Distinctions
Décorations
France
Officier de la Légion d'honneur (2007)[28] ; chevalier (1985) Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres (2006)[29]
Israël
- Médaille du ministère de la Défense (2006)
Récompenses
- En 1965, il reçoit le Prix Vincent Scotto.
- Il a reçu un disque d'or en 1976 pour Mélisa.
- Il a été nommé Chanteur de la paix par le Secrétaire général des Nations unies Kurt Waldheim en 1980 après avoir fait don de la recette de son single Malheur à celui qui blesse un enfant à l'Unicef.
- En 1997, Kofi Annan l’a nommé ambassadeur itinérant pour la paix et la défense des enfants.
Notes et références
Notes
- En 1962, il enregistre la chanson Adieu mon pays, qu’il a composée à bord du navire et qui l’exile.
Références
- Voir sur le site Légifrance, la nomination au grade d'officier de la Légion d'honneur
- Patronyme d'origine arabe du nom de la tribu des « Ghenaissia », Laurent Herz, Dictionnaire étymologique de noms de famille français d'origine étrangère et régionale : avec l'étymologie de quelques noms étrangers célèbres, L'Harmattan, 1997, p. 130.
- Roger Berg, Chalom Chemouny, Franklin Didi, Guide juif de France, Éditions Migdal, 1971, p. 429.
- Enrico Macias, L'Envers du ciel bleu, Le Cherche Midi, 2015, p. 16
- Isabelle Morizet, « Enrico Macias » dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie sur Europe 1, 17 février 2013
- Ina Talk Shows, « Enrico Macias "Mon métier d'instituteur et mon départ d'Algérie" » [vidéo], sur youtube.com, (consulté le 8 octobre 2018)
- Véronique Mortaigne, « Enfants de tous pays », sur lemonde.fr,
- Élisabeth Eckert, « « Donnez, dooonnez »… Enrico Macias est ruiné », sur Tribune de Genève,
- Jean-Louis Le Touzet, « Enrico Macias : non, il n’a pas oublié » sur Libération, 14 janvier 2016
- « Enrico Macias doit rembourser 30 millions d'euros à une banque islandaise », sur lemonde.fr,
- « Enrico Macias conteste sa condamnation », sur lefigaro.fr,
- « Escroquerie : Enrico Macias perd son procès contre une banque islandaise », lemonde.fr, 28 août 2017.
- « Casablanca: manifestation contre un concert d'Enrico Macias, accusé de sionisme », sur Le Figaro,
- Caroline Rochmann, « Enrico Macias le patriarche enchanté », sur parismatch.com,
- « Enrico Macias : L'enfant de tous pays », Le Parisien, 4 janvier 2015.
- « Enrico Macias fond en larmes face à Sophie Davant en évoquant le décès de sa femme », C'est au programme (YouTube), 14 octobre 2015.
- Article de l'agence Guysen : Le bon choix, c’est Israël
- Ambre Grayman, « Migdal/Magav : Le même combat pour la paix », sur Guysen news international, (consulté le 25 mars 2009) : « À noter enfin que le gala a bénéficié du parrainage d’Enrico Macias »
- Article paru avant la manifestation sur le site de France-Soir
- Article paru après la manifestation de l'agence de presse franco-israélienne Guysen
- Article paru avant la manifestation sur le site de l'Humanité
- Article paru après la manifestation sur le site du journal 20 minutes
- « Enrico Macias : L'enfant de tous pays », sur leparisien.fr,
- Enrico Macias, interviewé par Claire Bommelaer et Olivier Nuc, « Enrico Macias : "Je suis un symbole de l'exil" », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 10 / dimanche 11 octobre 2015, pages 28-29.
- La Vie.fr.
- « Enrico Macias renonce à accompagner Nicolas Sarkozy en Algérie, où il « n'est pas le bienvenu » », Libération, .
- « Le soutien surprise d'Enrico Macias à Anne Hidalgo », consulté le 1er mars 2014.
- Décret du 6 avril 2007 portant promotion et nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur
- Arrêté du 2 janvier 2006 portant nomination ou promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres
Voir aussi
Bibliographie
- Martin Monestier, Enrico Macias, l'enfant de tous pays, 1980
- Enrico Macias et Jacques Demarny, Non, je n’ai pas oublié, 1982
- Enrico Macias avec Françoise Assouline Mon Algérie, 2001
- Enrico Macia et Cheb Mami Koum Tara Live Au Grand Rex, 2004
- Gérard Calmettes, Rien que du bleu, 2005
- Musicien de cœur, préfacé par Jacques Leyris, Éditions Horizon, 2005
- Armand Carval, Enrico Macias, Un homme libre pour la Paix (180 Pages), 2008
- Armand Carval, Enrico Macias, Le Chanteur de la Paix (200 pages), 2009
- Armand Carval, Enrico Macias, Le Chanteur de la Paix (180 pages), Second edition, 2010
- Idir et Enrico Macias, Cnu ay afṛux (Achenu Aya Frukh) (le duo berbère Kabylie), 2011
- Enrico Macias, L'envers du ciel bleu, 2015
Articles connexes
Liens externes
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- Discographie détaillée
- Ressources relatives à la musique :
- Taratata
- (en) AllMusic
- (he) Bait La Zemer Ha-Ivri
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