Cloud computing

Le cloud computing[1] /klaʊd kəmˈpjuːtɪŋ/[2], en français « informatique en nuage »[3] (ou nuagique[3] ou encore infonuagique[3] au Québec), consiste à utiliser des serveurs informatiques distants par l'intermédiaire d'un réseau, généralement Internet, pour stocker des données ou les exploiter.

Les serveurs distants sont loués à la demande, le plus souvent par tranche d'utilisation, selon des critères techniques (puissance, bande passante, etc.), mais, également, au forfait. Le cloud computing se caractérise par sa grande souplesse : selon le niveau de compétence de l'utilisateur client, il est possible de gérer soi-même son serveur ou de se contenter d'utiliser des applicatifs distants[4],[5],[6].

Les principaux services proposés en cloud computing sont le SaaS (Software as a Service), le PaaS (Platform as a Service) et le IaaS (Infrastructure as a Service). En fonction du service, les systèmes d'exploitation, les logiciels d'infrastructure et les logiciels applicatifs seront de la responsabilité soit du fournisseur soit du client.

Les grandes entreprises du secteur informatique et de l'information (GAFAM notamment) développent le cloud computing en investissant massivement pour s'offrir et offrir à leurs clients de la puissance de calcul et de stockage d'information[7]. C'est un important changement de paradigme des systèmes informatiques, jusque-là constitués de serveurs éparpillés dans les entreprises et collectivités... Une conséquence environnementale est que les empreintes carbone et eau du secteur, déjà élevées, risquent de beaucoup croître ; on cherche à les réduire en optimisant le refroidissement des centres de données et leur fonctionnement, ainsi qu'en utilisant des énergies vertes[8] mais les perspectives de mégadonnées (en anglais big data), de l'informatique ubiquitaire associée aux objets connectés et de développement des blockchains (« chaînes de blocs ») et de l'intelligence artificielle évoquent plutôt une explosion des besoins en énergie.

Terminologie, sémantique

Schéma donnant un aperçu sur les facteurs principaux du cloud computing.

L'expression « cloud computing » vient de professionnels anglophones de l'informatique qui cherchaient à nommer les nouveaux systèmes informatiques fonctionnant par l'action conjointe d'éléments disparates réunis indépendamment de leur localisation géographique et de l'infrastructure sous-jacente. Ce nom est associé au symbole en forme de nuage (« cloud ») représentant parfois l'Internet dans les schémas des réseaux informatiques[9].

Les francisations « informatique en nuage »[10], « informatique dématérialisée »[11], ou plus rarement « infonuagique »[12] sont également utilisées.
En France, selon la Commission générale de terminologie et de néologie c'est une forme particulière de gérance de l'informatique, dans laquelle l'emplacement et le fonctionnement dans le nuage ne sont pas portés à la connaissance des clients[10]. L'anglicisme cloud computing[13] est largement utilisé en France.

Principes

Un cloud (« nuage ») est un ensemble de matériels, de raccordements réseau et de logiciels[6] fournissant des services qu'individus et collectivités peuvent exploiter depuis n'importe où dans le monde[4]. Un basculement de tendance fait qu'au lieu d'obtenir de la puissance de calcul par acquisition de matériel et de logiciel, le consommateur se sert de puissance mise à sa disposition par un fournisseur via l'Internet[4].

Un nuage est caractérisé par sa disponibilité mondiale en libre-service, l'élasticité, l'ouverture, la mutualisation et le paiement à l'usage :

  • ressources en libre-service avec adaptation automatique à la demande de la capacité de stockage et puissance de calcul, selon le besoin du consommateur, tant qu'il peut payer. Ceci contraste avec la technique classique des hébergeurs où une demande écrite doit être faite au fournisseur pour obtenir une augmentation de capacité - demande nécessitant en outre un certain temps. En cloud computing la demande est automatique et la réponse immédiate[9] ;
  • ouverture : les services de cloud computing sont accessibles via l'Internet, via des techniques standardisées, tant pour un ordinateur qu'un téléphone ou une tablette[9] ;
  • mutualisation : elle permet de combiner des ressources hétérogènes (matériel, logiciel, trafic réseau) pour servir plusieurs consommateurs à qui les ressources sont automatiquement attribuées[7]. La mutualisation améliore l'évolutivité et l'élasticité ; elle facilite l'adaptation automatique des ressources aux variations de la demande[7] ;
  • paiement à l'usage : la quantité de service consommée dans le cloud est mesurée, à des fins de contrôle, d'adaptation des moyens techniques et de facturation[7].

Le nuage (public, privé ou communautaire) bénéficie de technologies telles que la virtualisation du matériel informatique, les grilles, l'architecture orientée services et les services web[4]. Un nuage public est mis à disposition du grand public. Les services sont généralement mis à disposition par une entreprise utilisant une infrastructure lui appartenant[9]. Un nuage privé est destiné exclusivement à une organisation qui peut le manipuler elle-même ou faire appel à des services fournis par des tiers[9]. Un nuage communautaire utilise une infrastructure provenant d'un ensemble de membres partageant un intérêt commun, comme dans le cas des milieux universitaires pour des études de grande envergure[9].

Parmi les services grand-public fournis en cloud computing figure le jeu à la demande (ou « jeu sur demande », gaming on demand (GoD) ou cloud gaming pour les anglophones). Il permet de jouer normalement à des jeux vidéo sur son écran d’ordinateur, alors que le ou les logiciels de jeu tournent sur des serveurs à distance, qui renvoient la vidéo de ce qui a été joué en lecture en continu (en anglais streaming). Le jeu est hébergé et stocké sur des serveurs, dont l'utilisateur ne connait pas la localisation ni les caractéristiques. Il ne nécessite plus de supports, comme les CD, ou de matériel, comme les consoles de jeux. Les joueurs doivent seulement posséder un ordinateur relié à Internet, et les périphériques requis (clavier, souris, manette de jeu...).

Services

Cette représentation des différents modèles de service montre comment les responsabilités sont théoriquement réparties suivant les modèles internes, IaaS, PaaS, SaaS.

Du point de vue économique, le cloud computing est essentiellement une offre commerciale d'abonnement économique à des services externes. Selon le National Institute of Standards and Technology aux États-Unis, il existe trois catégories de services qui sont proposées en cloud computing : IaaS, PaaS et SaaS[9].

IaaS (infrastructure as a service)
En français infrastructure en tant que service. C'est le service de plus bas niveau. Il consiste à offrir un accès à un parc informatique virtualisé. Des machines virtuelles sur lesquelles le consommateur peut installer un système d'exploitation et des applications. Le consommateur est ainsi dispensé de l'achat de matériel informatique. Ce service s'apparente aux services d'hébergement classiques des centres de traitement de données (datacenters), et la tendance est en faveur de services de plus haut niveau, qui font davantage abstraction de détails techniques[9].
PaaS (platform as a service)
En français plate-forme en tant que service. Dans ce type de service, situé juste au-dessus du précédent, le système d'exploitation et les outils d'infrastructure sont sous la responsabilité du fournisseur. Le consommateur a le contrôle des applications et peut ajouter ses propres outils. La situation est analogue à celle de l'hébergement Web, où le consommateur loue l'exploitation de serveurs sur lesquels les outils nécessaires sont préalablement placés et contrôlés par le fournisseur. La différence étant que les systèmes sont mutualisés et offrent une grande élasticité - capacité de s'adapter automatiquement à la demande, alors que, dans une offre classique d'hébergement Web, l'adaptation fait suite à une demande formelle du consommateur[9].
SaaS (software as a service)
En français logiciel en tant que service. Dans ce type de service, des applications sont mises à la disposition des consommateurs. Les applications peuvent être manipulées à l'aide d'un navigateur Web ou installées de façon locative sur un PC, et le consommateur n'a pas à se soucier d'effectuer des mises à jour, d'ajouter des patches de sécurité et d'assurer la disponibilité du service.

Un fournisseur de software as a service peut exploiter des services de type platform as a service, qui peut lui-même se servir de infrastructure as a service[4].

D'autres services sont également disponibles :

Data as a service
Correspond à la mise à disposition de données délocalisées quelque part sur le réseau. Ces données sont principalement consommées par ce que l'on appelle des applications composites (en anglais mashups). Business process as a service (BPaaS)
Il s'agit du concept de BPaaS, qui consiste à externaliser une procédure d'entreprise suffisamment industrialisée pour s'adresser directement aux maîtres d'ouvrage, sans nécessiter l'aide de professionnels de l'informatique.
Desktop as a service (DaaS)
Aussi appelé en français « bureau en tant que service », « bureau virtuel » ou « bureau virtuel hébergé » est l’externalisation d'une infrastructure de bureau virtuel (en anglais virtual desktop infrastructure) auprès d’un fournisseur de services. Généralement, le desktop as a service est proposé avec un abonnement payant.
Network as a service (NaaS)
Le network as a service correspond à la fourniture de services réseaux, suivant le concept de software defined networking (SDN).
Storage as a service (STaaS)
STaaS : STorage as a Service correspond au stockage de fichiers chez des prestataires externes qui les hébergent pour le compte de leurs clients. Des services grand public proposent ce type de stockage le plus souvent à des fins de sauvegarde ou de partage de fichiers. L'architecture de tels services peut être centralisée ou décentralisée.
Communication as a service (CaaS)
Correspond à la fourniture de solutions de communication substituant aux matériels et serveurs locaux (PABX, ACD, SVI…) des ressources partagées sur Internet.
Workplace as a service (WaaS)

Les caractéristiques du cloud sont qualifiées par les anglophones sous le vocable elastic computing capacity. Le National Institute of Standards and Technology en a donné une définition succincte qui reprend ces principes de base : « L'informatique dans les nuages est un modèle permettant d'établir un accès par le réseau à un réservoir partagé de ressources informatiques standard configurables (réseau, serveurs, stockage, applications et services) qui peuvent être rapidement mobilisées et mises à disposition en minimisant les efforts de gestion ou les contacts avec le fournisseur de service[14]. »

Les caractéristiques du cloud computing intéressantes pour les entreprises sont la réduction du coût total de possession des systèmes informatiques, la facilité d'augmenter ou de diminuer les ressources. Le recours au cloud computing permet de décharger les équipes informatiques des entreprises, qui ont alors plus de disponibilité pour des activités à haute valeur ajoutée. Le cloud computing permet également aux petites entreprises d'avoir accès à des services jusque-là réservés aux grandes entreprises en raison de leur coût[7].

Histoire

Les principes sous-jacents au cloud computing remontent aux années 1950 (longtemps avant que ne naisse l'expression « cloud computing »). À cette époque, les utilisateurs accédaient depuis leurs terminaux à des applications fonctionnant sur des systèmes centraux (les mainframes), qui correspondaient aux ancêtres des serveurs du cloud. Les architectes de réseaux (ceux qui conçoivent les réseaux intra- et interentreprises) schématisaient Internet par un nuage dans leurs croquis. En anglais, on parlait alors de « the cloud », ce qui signifiait à peu de chose près Internet.

Au début des années 2000 sont apparus des hébergeurs web capables d'héberger des applications dans leurs locaux informatiques. Dans ce contexte, l'ancêtre du SaaS correspondait au ASP[15]. Les premières applications Web 2.0, qui ont été déployées en cloud computing, sont le courrier électronique, les outils collaboratifs, le CRM, les environnements de développement et de test (informatique)[16].

La promotion du cloud computing public a été rendue possible par la généralisation des accès à Internet des particuliers (avec 75 % des ménages français équipés d'Internet à domicile, selon les données de 2011 du Crédoc[17]) et des entreprises. Le phénomène a aussi bénéficié de l'augmentation considérable de la puissance des équipements informatiques qui ont permis aux hébergeurs de proposer des tarifs de plus en plus intéressants. En ce sens, la mode du cloud computing tire parti : de l'augmentation considérable de puissance des serveurs (la fréquence de fonctionnement des serveurs a été multipliée par un facteur 10, entre 1998 et 2008, les processeurs comportent entre quatre et dix cœurs); et de la baisse des coûts de stockage (pour le prix d'un disque dur de 1,2 Go en 2000, on a, en 2013, un disque de 1 000 Go).

En cloud computing, les entreprises ne se servent plus de leurs serveurs informatiques, mais accèdent à des services en ligne d'une infrastructure gérée par le fournisseur. Les applications et les données ne se trouvent plus sur l'ordinateur local, mais dans un nuage composé de serveurs distants interconnectés. Compte tenu de la complexité des liaisons réseau et de la multiplicité des intervenants (fournisseur d'accès à Internet, hébergeur, éditeur, distributeur, revendeur), le fonctionnement en cloud diminue la continuité et la qualité du service par rapport à celle d'une application de qualité professionnelle hébergée en interne. En 2009, moins de 10 % des entreprises interrogées mentionnaient recourir à des services de cloud computing dans le domaine de l’hébergement de leurs infrastructures et applications informatiques[18]. Ce concept est présenté comme une évolution majeure par certains analystes très connus, comme le Gartner Group [19], et comme une mode correspondant à des motivations commerciales, par d'autres spécialistes.

On peut considérer que le cloud computing, associé à une disponibilité des accès au réseau internet en haut débit et en très haut débit interconnectés, a fait émerger tout un secteur d'activité, des entités qui, de manière transverse, offrent des services Web à destination du grand public sous forme d'applications Web ou, plus spécifiquement, à destination du secteur professionnel, nécessitant une approche orientée services et des prestations productives (dématérialisation, gestion de contenus), architecturés sur mesure.

Applications

Représentation symbolique des briques de construction du cloud computing.

Les grandes entreprises du secteur informatique se sont massivement impliquées dans les activités liées au cloud computing, et proposent un éventail de services attenants, espace de stockage alloué, service de messagerie, outils collaboratifs, agilité, disponibilité, productions, RS, CRM, relation client.

Principaux acteurs

Amazon, Citrix, Google, HP, IBM, Intel, Microsoft, SalesForce ou Sidetrade figurent parmi les principales entreprises du secteur[20].

En France, les principaux acteurs sont représentés par Orange Business Services et SFR Business Team ainsi que de plus petites entités parmi lesquelles des SSII, des fournisseurs de services en mode SaaS tels que Dassault Systèmes, Oodrive et des fournisseurs d'hébergement, comme Gandi, Ozitem, Ikoula, Outscale, OVH, PHPNET, Atemis ou le Groupe Sigma.

Fin juillet 2008, Intel, Hewlett Packard et Yahoo! ont noué un partenariat visant à promouvoir la recherche dans le domaine du cloud computing[21]. La première initiative concerne la création d'un environnement distribué (cloud computing test bed) facilitant la recherche et les tests de logiciels, d'administration de centres de données et de matériels associés à l'informatique dans le nuage à une échelle jamais atteinte. Pour cette opération, les trois partenaires ont associé l'Infocomm Development Authority of Singapore (en), l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign et l'Institut de technologie de Karlsruhe. Depuis le printemps 2009, l’Open cloud manifesto réunit des éditeurs qui estiment que le cloud computing devrait être ouvert[22], contrairement à Microsoft et Google qui ne l'ont pas signé[23]. Quatre éditeurs de logiciels libres (IELO, Mandriva, Nexedi et TioLive) ont fondé la Free Cloud Alliance (FCA) le [24]. Cette dernière propose une offre globale réunissant Iaas, Paas et SaaS, constituée de tous les composants libres nécessaires aux applications progiciel de gestion intégré (ERP), gestion de la relation client (CRM) ou gestion de la connaissance (KM)[25].

Le 22 novembre 2010, le gouvernement des États-Unis a lancé sa politique de cloud prioritaire : des économies substantielles étaient attendues sur son budget annuel informatique de 80 milliards de dollars, par la consolidation d'au moins 40 % des 2 100 centres de données d'ici 2015[26].

En France, dans le cadre des investissements d'avenir, deux consortiums, Cloudwatt mené par Orange et Thales[27], et Numergy, mené par SFR et Bull[28], ont été mis en place à la suite d'un appel à projet gouvernemental[29]. Un investissement de la Caisse des dépôts et consignations de 75 millions d'euros par projet a été réalisé pour permettre le développement des deux sociétés[30],[31],[32]. Un autre projet important financé sous le même appel à projet est le projet Nu@ge[33], qui regroupe huit PME (opérateurs nationaux, centres de données, virtual desktop providers, etc.) et le LIP6 (équipe de Guy Pujolle).
Ces consortiums ont pour objectif de fournir aux entreprises françaises et européennes une solution souveraine de cloud computing avec des données hébergées en France.

En 2016, Microsoft a investi trois milliards de dollars en vue de doubler la puissance de calcul de ses nuages en Europe[34].

Aspects contractuels

Si les particuliers ont peu de marge de manœuvre, les entreprises peuvent contractualiser les services de cloud computing qu'elles achètent. Les clauses de leurs contrats visent notamment la disponibilité, la sécurité, la confidentialité et le support. Les garanties relatives à la confidentialité des données, à la traçabilité des opérations et à la qualité des services sont à définir clairement, dont pour les applications critiques ou manipulant des données à caractères personnel, stratégique ou encadrées par une quelconque législation. En termes de conformité réglementaire, c'est l'entreprise cliente qui en reste juridiquement responsable, le fournisseur agissant comme sous-traitant… La réversibilité doit être encadrée avec précision dans le contrat qui lie tous les acteurs concernés. Sont aussi à surveiller : les engagements de disponibilité, la fréquence des sauvegardes et le rôle respectif des acteurs (de un à quatre généralement : par exemple éditeur, hébergeur, intégrateur et opérateur réseau)[35].

Le recours professionnel à des services décentralisés nécessite de préalablement prendre en compte des réflexions spécifiques liées aux offres d'externalisation commerciales, notamment des limites imposées par certaines ingérences, du respect des engagements et des responsabilités contractuelles.

À ce titre, la CNIL publie des recommandations pratiques[36] et des modèles de clauses contractuelles clés qui peuvent être insérés dans les contrats de services de cloud computing.

Conséquences

Pour les fournisseurs, le développement du cloud computing entraîne le développement des centres de données ou centres de traitement de données. Les fournisseurs de service doivent augmenter leurs infrastructures (serveurs, bande passante, surface au sol…) pour faire face aux besoins croissants des clients. Les modèles proposés par ces prestataires doivent également évoluer, le cloud privé transformant les modèles économiques qui prévalaient jusqu’ici[37].

Pour les utilisateurs, particuliers et entreprises, la location de services associée au cloud computing permet généralement de réaliser des économies à court terme. Mais le coût total à moyen et long termes peut se révéler, au bout de quelques années, supérieur au coût d'une application hébergée en interne. Cela dépend du mode d'utilisation (fréquence, nombre d'utilisateurs…) et de la durée de vie de l'application. Un calcul comparatif s'impose avant de faire son choix. Ce calcul ne doit pas se limiter aux coûts directs, mais doit aussi intégrer l'ensemble des coûts cachés pour que le cloud permette d'économiser ainsi que l'effet des avantages du cloud sur le business de l'entreprise (productivité accrue, recentrage métier…). La tâche n'est pas forcément facilitée par les modes de facturation proposés qui sont parfois peu « lisibles » et dépendent de plusieurs paramètres : l'utilisation des fonctions (volumétrie), le coût de production ou de mise à disposition, incluant les évolutions, le degré de complexité et, enfin, le tarif locatif du service. Les durées d'engagement peuvent varier d'un prestataire à l'autre, mais restent pour la plupart autour de deux ou trois ans[35].

Avantages

Le cloud computing peut permettre d'effectuer des économies, notamment grâce à la mutualisation des services sur un grand nombre de clients. Certains analystes indiquent que 20 à 25 % d’économies pourraient être réalisées par les gouvernements sur leur budget informatique s’ils migraient vers le cloud computing[38]. Comme pour la virtualisation, l'informatique dans le nuage peut être aussi intéressante pour le client grâce à son évolutivité. En effet, le coût est fonction de la durée de l'utilisation du service rendu et ne nécessite aucun investissement préalable (homme ou machine). L'« élasticité » du nuage permet de fournir des services évolutifs et peut permettre de supporter des montées en charge. Inversement, le fournisseur a la maîtrise sur les investissements, est maître des tarifs et du catalogue des offres et peut se rémunérer d'autant plus facilement que les clients sont captifs.

À titre d'exemple, une entreprise possédant une boutique en ligne pourra facilement mettre en œuvre des serveurs supplémentaires pour faire face à un pic d'activité très limité dans le temps, tel que la période de Noël ou des soldes, puis les supprimer après coup. Cela lui reviendra certainement moins cher que si elle avait du acheter et gérer toute l'année une infrastructure informatique capable d'absorber cette charge importante mais éphémère.

L'abonnement à des services de cloud computing peut permettre à l'entreprise de ne plus avoir à acquérir des actifs informatiques comptabilisés dans le bilan sous forme de CAPEX et nécessitant une durée d'amortissement. Les dépenses informatiques peuvent être comptabilisées en tant que dépenses de fonctionnement.

La maintenance, la sécurisation et les évolutions des services étant à la charge exclusive du prestataire, dont c'est généralement le cœur de métier, celles-ci ont tendance à être mieux réalisées et plus rapidement que lorsque sous la responsabilité du client (principalement lorsque celui-ci n'est pas une organisation à vocation informatique).

Inconvénients

Impact environnemental

L'informatique en nuage induit une consommation d'énergie croissante et contribue au réchauffement climatique et des milieux par leur énergie grise et via les fermes de serveurs nécessaires à l'informatique en nuage. L'ONG Greenpeace, par exemple dénonce ceci dans un rapport de 2010 sur l'impact écologique du secteur informatique[39]. Ainsi, si toutes les fermes de serveurs d'informatique en nuage constituaient un pays, celui-ci viendrait au quatrième rang mondial des plus grands consommateurs d'énergie[40].

Si le cloud existe, c'est pour accéder à ses données en situation de mobilité, à partir de terminaux tels qu'ordinateurs personnels, tablettes, smartphones, avec une connexion réseau, en 4G (réseau mobile de 4e génération). Cloud et 4G sont indissociables. Or, la 4G réclame, selon certaines études, 20 fois plus d'énergie qu'une connexion filaire (fibre, ADSL) pour transporter une quantité analogue de données[41].

La facilité qu'offre le cloud à activer de nouveaux services risque de conduire à un accroissement de la consommation de ressources par effet rebond[42], voire à une augmentation des coûts s'ils ne font l'objet d'un contrôle[43].

Autres inconvénients

Il existe d'autres inconvénients :

  • l'utilisation des réseaux publics, dans le cas du cloud public, entraîne des risques liés à la sécurité du cloud. En effet, la connexion entre les postes et les serveurs applicatifs passe par le réseau Internet et expose à des risques supplémentaires de cyberattaques et de violation de confidentialité. Le risque existe pour les particuliers, mais aussi pour les grandes et moyennes entreprises, qui ont depuis longtemps protégé leurs serveurs et leurs applications des attaques venues de l'extérieur, grâce à des réseaux internes cloisonnés ;
  • le client d'un service de cloud computing devient très dépendant de la qualité du réseau pour accéder à ce service. Aucun fournisseur de service cloud ne peut garantir une disponibilité de 100 %[44]. Par exemple, des défaillances sur les services cloud sont référencées par l'International Working Group of Cloud Resiliency [45] ;
  • les entreprises perdent la maîtrise de l'implantation de leurs données. De ce fait, les interfaces interapplicatives (qui peuvent être volumineuses) deviennent beaucoup plus complexes à mettre en œuvre que sur une architecture hébergée en interne ;
  • les entreprises n'ont plus de garanties (autres que contractuelles) de l'utilisation qui est faite de leurs données, puisqu'elles les confient à des tiers[réf. nécessaire] ;
  • des questions juridiques sont posées par l'absence de localisation précise des données du cloud computing[46]. Les lois en vigueur s'appliquent, mais pour quel serveur, quel centre de données et, surtout, quel pays ? ;
  • comme les logiciels installés localement, les services de cloud computing permettent de lancer des attaques (cassage de mot de passe, déni de service…)[47]. En 2009 par exemple, un cheval de Troie a utilisé illégalement un service du cloud public d'Amazon pour infecter des ordinateurs[48] ;
  • du fait que l'on ne peut pas toujours exporter les données d'un service cloud, la réversibilité (ou les coûts de sortie associés) n'est pas toujours prise en compte dans le cadre du projet. Le client se trouve souvent « piégé » par son prestataire, et c'est seulement lorsqu'il y a des problèmes (changement des termes du contrat ou des conditions générales d'utilisation, augmentation du prix du service, besoin d'accéder à ses données en local, etc.) qu'il se rend compte de l'enfermement propriétaire (vendor lock-in) dans lequel il se trouve[réf. nécessaire].

Distribution

Le cloud, comme le SaaS, interpellent les métiers de la distribution informatique et télécoms, l'aspect dématérialisé et la simplification des processus d'administration permettant de se passer de nombreux intermédiaires. Mais si la dématérialisation simplifie la technique, les à côtés se complexifient, que ce soit le côté légal, les garanties de niveaux de performance et de disponibilité ou SLA, la sécurité et, enfin, la réversibilité. Ces aspects, et la volonté des sociétés de l'offre de toucher les grands comptes comme les PME impliquent une distribution indirecte dont le métier devra évoluer vers des activités plus liées à l'évaluation, au support, à l'accompagnement et au pilotage, tout en tenant compte des spécificités du client final. Dans ce cadre, le rôle des grossistes informatiques évoluera aussi[49] vers un rôle d'agrégateur d'offres sous la forme de portails de solutions. Dans ce mouvement, les usagers, c'est-à-dire les éditeurs de services ou de solutions en mode SaaS, auront une position clé dans la génération de besoins[50].

Les activités traditionnelles de la distribution informatique et télécoms seront revues avec un prisme cloud, avec comme pour toute émergence d'une nouvelle industrie, de nouveaux métiers, et l'évolution de métiers existants. Beaucoup d'acteurs tentent de mieux cerner cet écosystème en définissant des métiers selon la valeur que les acteurs apportent dans la chaîne de valeurs de la distribution de solution cloud et SaaS. Selon le livre blanc du cloud[51] édité à l'occasion d'un événement annuel réunissant les acteurs du cloud[52], les activités suivantes peuvent être distinguées :

Cloud technology provider
Constructeur ou éditeur qui fournit du matériel ou des solutions logicielles pour la réalisation de centres de données.
Centre de données
Espace physique conçu pour accueillir des serveurs et gérant en priorité les problèmes d’énergie, d’accès à des réseaux haut débit et de sécurité physique.
Cloud advisor
Consultant spécialisé dans les évolutions ou la transition d’un système d’information vers le cloud. Le consultant peut être externe au domaine IT, mais doit savoir intégrer ou conseiller sur des briques cloud et SaaS dans son offre.
Cloud builder
Intégrateur ou revendeur qui commercialise et met en place l’infrastructure et les solutions afin de créer des clouds privés ou publics.
Cloud provider
Société qui utilise des centres de données et qui revend ses services sous la forme de ressource syndicalisée, le plus souvent facturée à l’usage.
Cloud application provider
Fournisseur d’un logiciel ou d’une application en mode SaaS.
Managed services resellers
Revendeur d’une prestation de services dans le cloud facturée sous la forme d’abonnement ou à l’usage. Il n’est pas à l’origine du service proposé, mais le diffuse.
Cloud market place
Plateforme agrégeant des services et solutions en mode SaaS de différents fournisseurs. Ces bouquets de solutions peuvent être commercialisés aussi sous forme de plateformes en marque blanche.
Cloud broker platform
Intermédiaire (courtier) référençant différentes offres cloud ou SaaS sous la forme de catalogue, arbitrant de leurs avantages et de leurs inconvénients, et ceci, afin de les commercialiser auprès d'une cible de partenaires.

Critiques

Pour Richard Stallman[53],[54], à l'origine du projet GNU, l'informatique dans le nuage « est un piège », les utilisateurs perdent le contrôle de leurs applications. Il le considère comme un concept publicitaire sans intérêt, rejoignant les critiques exprimées par Larry Ellison, fondateur d'Oracle, selon lequel il s'agit d'un phénomène de mode[55].

Steve Wozniak, cofondateur d'Apple, prévoit également des problèmes avec le développement croissant du cloud computing et l'externalisation des données[56].

Poids du marché

D'après le cabinet IDC, le marché français du cloud computing (public, privé et les services associés) aurait progressé de 46 % en 2012 pour atteindre près de 2 milliards d'euros[57].

Solutions/alternatives

Solutions obsolètes

États-Unis

Les États-Unis détiennent la plus grande part du Cloud, cadré par une loi spécifique : le Cloud Act[58].

Bibliographie

  • Romain Hennion, Hubert Tournier, Eric Bourgeois, Cloud computing : Décider - Concevoir - Piloter - Améliorer, Eyrolles, 2012
  • Guillaume Plouin, Cloud Computing, Sécurité, gouvernance du SI hybride et panorama du marché, 4e édition, Collection InfoPro, Dunod, 2016
  • Guillaume Plouin, Tout sur le Cloud Personnel, Travaillez, stockez, jouez et échangez… dans le nuage, Dunod, 2013
  • Microsoft, Cloud economics, Livre blanc, novembre 2010 [lire en ligne] [PDF]
  • Eurocloud France, Livre Blanc : Le Cloud et la Distribution et de la distribution, 2011 [lire en ligne] [PDF]
  • Rapport Cigref, Fondamentaux du Cloud Computing : Le point de vue des Grandes Entreprises, mars 2013 [lire en ligne] [PDF]

Notes et références

  1. Abrégé en français en « cloud ».
  2. Prononciation en anglais standard retranscrite selon la norme API.
  3. Office québécois de la langue française, « infonuagique », sur Le grand dictionnaire terminologique (consulté le 18 avril 2018).
  4. (en) Rajkumar Buyya, James Broberg, Andrzej M. Goscinski, Cloud Computing: Principles and Paradigms, John Wiley & Sons, 2010 (ISBN 9781118002209).
  5. (en) Lee Gillam, Cloud computing, Springer, 2010 (ISBN 9781849962414).
  6. (en) Judith Hurwitz, Robin Bloor, Marcia Kaufman et Fern Halper, Cloud Computing for Dummies, John Wiley & Sons, 2009 (ISBN 9780470484708).
  7. (en) Zaigham. Mahmood - Richard Hill, Cloud Computing for Enterprise Architectures, Springer, 2011 (ISBN 978-1-4471-2236-4).
  8. (en) Saurabh Kumar Garg, Chee Shin Yeo, et Rajkumar Buyya, « Green Cloud Framework For Improving Carbon Efficiency of Clouds », in European Conference on Parallel Processing, 2011, Springer, Berlin, Heidelberg, [lire en ligne] pp. 491-502 [PDF].
  9. (en) Brian J.S. Chee, Curtis Franklin Jr., Cloud Computing: Technologies and Strategies of the Ubiquitous Data Center, CRC Press, 2010 (ISBN 978-1-4398-0617-3).
  10. JORF no 0129 du 6 juin 2010 p. 10453 texte no 42, informatique virtuelle, informatique dans le nuage. L'OQLF propose « informatique en nuage » comme synonyme d'« infonuagique ».
  11. « cloud computing », Encyclopédia Universalis (consulté le 19 février 2014).
  12. Le terme « infonuagique » est le néologisme proposé en novembre 2009 par l'Office québécois de la langue française pour pallier l'absence d'un mot unique pour traduire l'expression « cloud computing » (dont on observera qu'elle n'était elle-même pas un mot unique). Le mot s'utilise aussi comme adjectif (exemple : « les services infonuagiques », « des opérations infonuagiques »)
  13. (en) « What is Cloud Computing », Everon Technology Services (consulté le 20 octobre 2011).
  14. (en) « NIST.gov – Computer Security Division – Computer Security Resource Center », Csrc.nist.gov.
  15. Livre blanc Quelle est la place pour la distribution indirecte sur le marché du SaaS ? - ADEN, Compubase et Orange Business Services, janvier 2011, p. 24.
  16. Libre blanc du Syntec numérique sur le cloud computing par le Syntec numérique, 5 mai 2010, page 7 [PDF].
  17. « Rapport Credoc 2011 : Les connexions internet à domicile » [PDF], Arcep, p. 68.
  18. Source : étude de Markess International - Référentiel de pratiques Approches d'hébergement avec le cloud computing & la virtualisation, 2009-2011
  19. (en) « Gartner Says Cloud Computing Will Be As Influential As E-business »
  20. (en) Jeremy Geelan, « Le top 250 acteurs dans l'écosystème du cloud computing », Virtualization Journal, (consulté le 2 juin 2010).
  21. Intel, HP et Yahoo s’associent autour du cloud computing
  22. Open cloud manifesto [PDF].
  23. Liste des membres de l'Open cloud manifesto
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  57. Le Cloud Computing pèsera 12 % des dépenses informatiques des entreprises en 2016 - Julien Bonnet, L'Usine Digitale, 30 mai 2013
  58. Luc d’Urso, « Cloud Act : Un nuage noir sur l’océan des données », L'Usine nouvelle, .

Annexes

Articles connexes

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